mercredi 20 mars 2019

Indo-européens. Le point sur les avancées scientifiques avec Nouvelle Ecole

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Par Henri Levavasseur ♦ L’existence des Indo-Européens est une évidence depuis des décennies grâce aux travaux de nombreux chercheurs. Et les progrès scientifiques récents sont venus valider définitivement l’existence de ce peuple qui a eu un impact considérable sur la formation du substrat européen. La revue Nouvelle Ecole fait le point sur l’ensemble de ces données dans un numéro spécial.
Polémia
nouvelle-ecole-68-indo-europeens-207x300.jpgDès 1972, la pres­ti­gieuse revue Nou­velle Ecole, fon­dée en 1968 par Alain de Benoist, consa­crait l’un de ses numé­ros à l’œuvre de Georges Dumé­zil, contri­buant ain­si à sus­ci­ter l’intérêt du grand public culti­vé pour l’œuvre de cet immense savant, spé­cia­liste de la mytho­lo­gie, de la reli­gion et de la vision du monde des Indo-Euro­péens.
En 1997, la même revue publiait de nou­veau un dos­sier com­plet sur les Indo-Euro­péens, abor­dant cette fois l’historiographie, les ques­tions lin­guis­tiques et archéo­lo­giques, ain­si que la notion de « tra­di­tion indo-euro­péenne », déve­lop­pée par le pro­fes­seur Jean Hau­dry.
En marge de ces deux dos­siers parus à plus de vingt ans d’intervalle, Nou­velle Ecole a par ailleurs accueilli dans la qua­si-tota­li­té de ses numé­ros d’importantes contri­bu­tions à ce domaine de recherche, tan­dis que la revue ras­sem­blait dans son comi­té de patro­nage d’éminents archéo­logues, lin­guistes, anthro­po­logues et his­to­riens (notam­ment Björn Col­lin­der, Fran­çois-Xavier Dill­mann, Mir­cea Eliade, Mari­ja Gim­bu­tas, Jean Hau­dry, Her­bert Jan­kuhn, Lothar Kilian, C. Scott Lit­tle­ton, Man­fred May­rho­fer, Edgard Polo­mé, Colin Ren­frew, Robert Schil­ling, Rüdi­ger Schmitt et Jean Varenne).
Tou­jours à la pointe de l’information scien­ti­fique, Nou­velle Ecole publie aujourd’hui un numé­ro excep­tion­nel (et riche­ment illus­tré en cou­leurs) sur la paléo­gé­né­tique des Indo-Euro­péens, pré­sen­tant un bilan extrê­me­ment pré­cis des pers­pec­tives tota­le­ment inédites offertes par cette nou­velle dis­ci­pline.
Grâce au séquen­çage du génome humain et au per­fec­tion­ne­ment des tech­niques d’extraction des don­nées géné­tiques, il devient en effet pos­sible, en ana­ly­sant les restes humains exhu­més par les archéo­logues, de recons­ti­tuer le pro­ces­sus d’indo-européanisation de l’Europe et d’une bonne par­tie de l’Asie à par­tir d’un « der­nier habi­tat com­mun » situé dans les steppes pon­tiques (entre le Dnie­pr et la Vol­ga), au qua­trième mil­lé­naire avant notre ère. Ce foyer de dis­per­sion se confond plus ou moins avec la culture dite de Yam­na, carac­té­ri­sée par des sépul­tures indi­vi­duelles sous tumu­li (tra­di­tion des « kour­ganes »), par l’importance cen­trale du che­val et l’usage des cha­riots, par une éco­no­mie de type pas­to­ral ain­si qu’un modèle de socié­té patriar­cal et guer­rier. Se mêlant pro­gres­si­ve­ment à des popu­la­tions de chas­seurs-cueilleurs et d’agriculteurs, ces conqué­rants indo-euro­péens impo­sèrent à la « vieille Europe » du néo­li­thique leurs idiomes, leurs divi­ni­tés et leur vision du monde.
Rédi­gé par Patrick Bouts, le pre­mier article de ce nou­veau numé­ro de Nou­velle Ecole, inti­tu­lé « Le peu­ple­ment de l’Europe. La révo­lu­tion de la paléo­gé­né­tique et les Indo-Euro­péens », pré­sente l’état actuel des connais­sances sur ce sujet com­plexe. Cette étude extrê­me­ment fouillée, fon­dée sur la syn­thèse de plu­sieurs dizaines d’études scien­ti­fiques très récentes menées par les plus pres­ti­gieuses uni­ver­si­tés (Har­vard, MIT, Ber­ke­ley, Leip­zig), est oppor­tu­né­ment com­plé­tée par un pré­cieux index tech­nique, de nom­breuses cartes et gra­phiques, ain­si qu’une biblio­gra­phie.
Jean-Michel Vivien consacre pour sa part de très belles pages au « cas fran­çais », abor­dant avec éru­di­tion et de manière nova­trice la ques­tion de « L’indo-européanisation du ter­ri­toire à tra­vers les migra­tions (pro­to-) cel­tiques et leur impact géné­tique ».
A la suite de ce remar­quable dos­sier sur la paléo­gé­né­tique figurent éga­le­ment la publi­ca­tion de la cor­res­pon­dance entre Georges Dumé­zil et Alain de Benoist, ain­si que la tra­duc­tion d’une étude de mytho­lo­gie com­pa­rée due au grand savant sué­dois Anders Hultgård, pro­fes­seur émé­rite d’histoire des reli­gions de l’université d’Upsal, cor­res­pon­dant étran­ger de l’Institut (Aca­dé­mie des ins­crip­tions et Belles-lettres) et membre de l’Académie royale Gus­tave Adolphe. L’article de M. Hultgård expose en par­ti­cu­lier trois « études de cas », dans les­quelles l’auteur fait brillam­ment usage de com­pa­rai­sons avec les domaines aves­tiques, grecs et sans­crits pour démon­trer le carac­tère « indo-euro­péen » de for­mules reli­gieuses et de mythes scan­di­naves sou­vent rap­pro­chés à tort de sources chré­tiennes plus récentes.
En asso­ciant lin­guis­tique, his­toire des reli­gions, archéo­lo­gie et paléo­gé­né­tique, l’ensemble des contri­bu­tions offre donc un bel aper­çu des prin­ci­pales dis­ci­plines qui contri­buent aujourd’hui à la recons­ti­tu­tion de la langue, de la culture et des ori­gines des Indo-Euro­péens. Ce dos­sier mérite à ce titre d’être lu, relu et médi­té par tout hon­nête homme euro­péen en quête de ses ori­gines ances­trales.
Le som­maire de ce 68e numé­ro de Nou­velle Ecole, d’une grande richesse, com­prend éga­le­ment des articles sur « La théo­rie de l’institution chez Mau­rice Hau­riou, San­ti Roma­no et Carl Schmitt » (par Paul Mati­lion), « Louis Ara­gon et les ambi­guï­tés du natio­nal-com­mu­nisme » (par Jean-Marie San­jorge), « Albert Camus ou la pen­sée de la limite » (par Marc Mul­ler) et « Le nihi­lisme, une affir­ma­tion à l’envers » (par Pierre Le Vigan).
Hen­ri Leva­vas­seur 18/03/2019
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