mardi 26 juillet 2016

Oui, le Brexit est un vrai tsunami !

Pourquoi la finance, les média, les journaleux stipendiés ne goûtent-ils pas le Brexit anglais ? Parce que si un pays maîtrise sa propre monnaie et recouvre le contrôle national de celle-ci, il se délivre aussitôt de la soumission muette aux forces économiques qui l’oppriment.
La création monétaire ex nihilo par des entités privées enchaîne les peuples à bas bruit en les gavant de dettes ; c'est un préalable technique pour les tenir en laisse. Le capitaliste international déteste deux choses : la nation, et les monnaies indépendantes dont il ne peut contrôler la masse et le flux. On remarque que la pratique à grande échelle de l'usure - celle qui précisément a été imposée au monde après la défaite de l'Allemagne - est concomitante à la création d'Israël. Le prélude ? Les accords de Bretton Woods, sacrant le dollar comme monnaie de référence, à partir de laquelle toutes les autres devises se positionnent.
Retournons dans le passé... Les Accords de Bretton Woods signés par quarante-quatre nations en juillet 1944, après d'interminables joutes entre 730 délégués, consacrent les Yankees comme les donneurs d'ordre du futur ordre mondial. Le FMI et la Banque Mondiale sont créés, mais la décision principale est l'abandon de l’étalon-or au profit de l’étalon-change-or. Le nouveau système pose le principe suivant : le dollar devient la référence monétaire de l'après-guerre, et les autres monnaies s'indexent sur lui. Les réserves des banques centrales sont dorénavant constituées de devises prétendument diversifiées (un panier de monnaies) mais où en réalité le dollar prédomine. La création monétaire est désindexée de l'or comme auparavant au profit du billet vert, qui est le seul à garder une équivalence avec lui.
L'Oncle Sam installera l'Etat d'Israël deux ans plus tard, dans des conditions qui seront examinées plus loin.
Le principal instigateur de ces accords en apparence fructueux est Keynes économiste fétiche des socialistes, qui fut dans la pratique le petit télégraphiste de la coalition GB/USA. La France ressort elle mystifiée et très affaiblie par ces accords. Fait étrange : c'est le fils de Sion Mendès France qui conduit la délégation française. Aura-t-il ici défendu son pays hôte ou au contraire préparé en douce la naissance de la future patrie-mère ? Nul ne le sait et l'histoire jugera.
Tous les économistes sérieux s'accordent à dire que les dits accords ne produisent aucun des effets escomptés. La convertibilité dollar/or (pénalisante à l'usage pour les États-Unis) est finalement abandonnée en août 1971 par Nixon. Après une période intermédiaire, où l'on tente en vain de maintenir tant bien que mal des parités fixes, le système des changes flottants est mis en place en 1973, puis entériné par les Accords de la Jamaïque en 1976. Et c'est précisément dans les années 1980 qu'une fois pour toute la création monétaire - c'est à dire la faculté d'imprimer des billets de banque en échange de lettres de créances - est abandonnée peu ou prou au secteur privé : l'usure devient l'impératrice des cœurs, les citoyens sots se transforment en consommateurs-robots apportant leur obole au matérialisme imposé au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et ce en échange de jouets (télé, Iphone, voiture, etc).
Quand la Torah tonne...
La genèse d'Israël, porté sur les fonts baptismaux à la suite de la Seconde Guerre mondiale, n'est pas dénuée d'intérêt puisque elle est consubstantielle à la nouvelle organisation mondiale économique ainsi créée. Or, dans les faits, la coalition États-Unis/Israël va peser d'un poids écrasant sur les orientations monétaires et économiques du monde : ce qu'on appelle la "financiarisation" des activités, qui consiste entre autres à spéculer sur tout, même sur les matières premières (blé, orge, etc) au risque même de mettre en famine les peuples, en est directement issu.
Revenons un peu en arrière. L'Agence juive est une organisation créée en 1929. Son but initial consiste à devenir l'exécutif de l'Organisation Sioniste Mondiale (OSM) en Palestine, territoire "neutre" alors sons mandat britannique. Si cette entité a aujourd'hui disparu, n'évoquant plus rien à personne, son importance historique dans le mouvement qui a conduit à la création d'un État par les vainqueurs de 1945 est absolument déterminante : à partir des années 1930, elle deviendra en effet le gouvernement de fait de la population juive palestinienne, et va constituer la matrice du gouvernement israélien proclamé en 1948, ce que nous allons voir.
Dès 1922, la Société des Nations a donné au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine, afin « d'instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l'établissement du foyer national pour le peuple juif » (article 2 du mandat). Pour assister le Royaume-Uni « un organisme juif convenable sera officiellement reconnu et aura le droit de donner des avis à l'administration de la Palestine et de coopérer avec elle dans toutes questions économiques, sociales et autres, susceptibles d'affecter rétablissement du foyer national juif et les intérêts de la population juive en Palestine, et, toujours sous réserve du contrôle de l'administration, d'aider et de participer au développement du pays. » (article 4 du mandat). Il n'est nullement question dans les attendus officiels de créer un État, avec tous les risques politiques inhérents à une telle décision, mais simplement d'organiser la cohabitation entre Arabes et Juifs.
De 1922 à 1929, c'est donc l'Organisation sioniste mondiale (OSM) qui assume le rôle d'interlocuteur des Britanniques. En 1929, l'OSM prend 2 décisions : créer une Agence juive spécifique, sous sa responsabilité, et ouvrir celle-ci, l’Agence juive, à des juifs non sionistes (religieux, juifs américains, etc.) Le socialiste militant Haïm Arlozoroff devient le directeur du département politique de l'Agence juive. Le lecteur notera qu'à ce poste, le sieur Arlozoroff négocie en 1933 avec le Troisième Reich un accord favorisant les transferts des fonds des juifs allemands émigrant vers la Palestine mandataire, ce qu'on a totalement occulté de nos jours.
Après une vigoureuse campagne contre le « péril fasciste », la gauche obtient 44 % des suffrages aux élections de l'OSM de 1933. Des lors, les partis de gauche basés en Palestine exercent une influence déterminante au sein de l'OSM et de l’Agence juive. Après 1933-1935, l’Agence juive devient le véritable centre du pouvoir sioniste, plus que l'OSM, ou plus que l'assemblée des juifs de Palestine, appelée Asefat ha-nivharim.
Voilà donc le cœur du pouvoir sioniste basé en Palestine, et non plus dispersé aux quatre coins du monde. Il a la particularité de ne pas être élu par les seuls juifs de Palestine, mais par l'ensemble des juifs sionistes du monde. L'Agence juive se transforme donc, disons-le tout net, en véritable gouvernement de combat. Elle a une diplomatie, en particulier à travers son département politique et indirectement à travers les structures diplomatiques de FOSM, une police, la « police juive de Palestine », un parlement, Asefat ha-nivharim, et même une armée, la Haganah , force organisée illégale mais tolérée par les Britanniques, qui ferment les yeux.
La population juive a augmenté rapidement depuis les années 1920. Mais dans les années 1930, on franchit une étape : c'est l'Agence juive qui reprend le rôle d'intégration des immigrants en Palestine, en détournant souvent les quotas prévus. Faire venir et intégrer les juifs (surtout européens) est la priorité de l'Agence juive et de Ben Gourion. La population juive de Palestine passera de 83 000 fin 1918 à 650 000 en 1947, ce qui permet au passage de rappeler qu'il y a cent vingt ans il n'y avait quasiment pas de juifs dans l'actuel Israël.
De la fin 1935 à 1939, les Arabes palestiniens se soulèvent contre le mandat britannique et la colonisation sioniste. Ce soulèvement est réprimé avec l'aide de la Haganah (l'armée, soi-disant fantôme, juive) qui trouve par là-même une reconnaissance légale de fait.
Cependant, en 1939, les Britanniques estiment non sans raison qu'ils doivent trouver une solution politique au problème palestinien. Ils publient donc le « troisième livre blanc pour la Palestine » et l'immigration juive est aussitôt stoppée ; plus grave encore, en 1949, il est prévu que la Palestine devra devenir un Etat indépendant unitaire, donc à majorité arabe.
Quelle terrible volte-face pour les enfants de David ! La réaction du mouvement sioniste ne se fait pas attendre et va s'organiser précisément autour de l’Agence juive.
Les premières intrigues se nouent dans le domaine de l’immigration. L’Agence juive crée le Mossad Le'aliyah Bet, structure clandestine qui organise à grande échelle l'immigration clandestine des Juifs vers la Terre sainte. Son succès est patent ; si l'immigration clandestine est pratiquement interrompue entre 1942 et 1945 par la guerre, elle amènera néanmoins près de 80 000 personnes en Palestine entre 1939 et 1947. La réaction de l'Agence juive s'organise également sur le terrain diplomatique : n'oublions pas qu'en 1942, au congrès sioniste de Biltmore, l’OSM avait déjà décidé de demander la création d'un État juif en Palestine. Les diplomates sionistes du département politique de l'Agence juive s'étaient mis dès cette date au travail auprès des gouvernements et des opinions publiques pour défendre cette orientation, relayée par la presse, les amis, les obligés.
Mais c'est surtout après 1945 - la victoire des Alliés créant des conditions politiques uniques - que cette action se déploiera vraiment. Il se trouve que l’OSM n'a plus de président, démissionnaire, entre 1946 et 1956 : ceci accroît davantage encore le pouvoir de l'Agence juive, dont on peut dire que l'apogée de son action trouvera sa conclusion en 1947. Les Soviétiques comme les Français s'alignent sur la position affirmée des Etats-Unis, au sujet desquels il n'est pas inutile de rappeler l'importance de sa communauté hébraïque, et décident de soutenir la création d'Israël. On le sait, en 1948, FONU décide la création d'Israël. Il faut noter qu'à l'expiration du mandat britannique,
le plan de partage de la Palestine de 1947 prévoyait de manière formelle que Jérusalem devînt un Corpus Separatum sous contrôle international. Cette disposition pleine de sagesse devait ainsi garantir à tous les cultes le libre accès aux lieux saints : pour les chrétiens notamment, l'Eglise du Saint-Sépulcre est sacrée, rappelons-le, et nombre de nos croisés des temps jadis ont donné leur vie pour elle. Hélas, les juifs ne l'entendirent pas de cette oreille : en 1949, Jérusalem-Ouest est unilatéralement proclamée capitale d'Israël. En 1967, au cours de la guerre des Six Jours, Tsahal conquiert Jérusalem-Est : Israël s'adjuge la ville, qu'elle proclame sa capitale « éternelle et indivisible ». En 1980, une loi dite fondamentale - c'est-à-dire une disposition institutionnelle ne pouvant être remise en cause ensuite, même si la majorité politique change - est votée par la Knesset. Israël promulgue la fameuse « Loi de Jérusalem », qui institue que les juifs possèdent la ville pour toujours.
Résumons-nous : le Brexit semble parfois un événement secondaire, dont on distingue mal les répercussions possibles ; maintenant que le choc est passé, on en minimise les conséquences : grave erreur ! Le Brexit contrevient à une doxa qui est la colonne vertébrale du système occidental érigé après la guerre. Les conséquences d'une Grande-Bretagne qui deviendrait prospère sans le dieu Euro pourraient lézarder la passivité des Européens - un vrai danger pour les anonymes possédants qui prêtent de la monnaie de singe pour prospérer, et se défient comme de la peste d'une banque centrale indépendante créant sa propre monnaie, selon les besoins de son peuple.
Louis Beaumont Rivarol 21 juillet 2016

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