Maurice Barrès est mort en 1923. Le document sonore ci-dessous est le seul où l’on peut entendre sa voix.
Il s’agit d’un extrait de son intervention à la tribune de la Chambre des députés, dans le cadre du combat qu’il mena pour la défense des églises de France menacées de tomber en ruines. Il s’adresse aux parlementaires hostiles à l’idée que l’on réserve de l’énergie et des fonds à la restauration et à l’entretien des édifices cultuels, notamment ruraux. Nous sommes en 1912, et Maurice Barrès a 50 ans :
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Le texte de l’intervention :
Vous n’en êtes pas touchés ! Ce beau clocher qui est l’expression la plus ancienne et la plus saisissante du divin dans notre race, cette voûte assombrie où l’on prend le sentiment d’avoir vécu jadis et de devoir vivre éternellement, cette table de pierre où reposent les grands principes qui sont la vie morale de notre histoire, rien de tout cela ne vous persuade, rien ne vous retient de renverser cette maison qui, par sa porte ouverte à toute heure au milieu du village, crée une communication avec le divin et le mêle à la réalité quotidienne ? Et comme autrefois l’humanité rejeta les dieux de l’hellénisme, vous croyez le moment venu pour que le Christ n’ait plus ni temples, ni fidèles.
Si un tel calcul existe, ce calcul sera trompé et cette haine déçue ; si quelqu’un se réjouit de pouvoir un jour, en passant près des églises rurales effondrées insulter le cadavre d’un ennemi, il n’aura pas cette honteuse satisfaction. Le catholicisme ne serait pas écrasé sous des pierres qui s’écroulent, il s’en irait dans les granges et sur des autels improvisés. Et, je vous le prédis, une immense jeunesse l’y suivrait, indignée de notre brutalité et de notre ingratitude. Un opprobre éternel tomberait sur cette Assemblée si elle laissait s’écrouler les plus vieux monuments de notre vie spirituelle. J’ai la certitude que les nouvelles générations nous mépriseraient un jour, si elles dataient de notre passage l’écroulement des vénérables églises de France.
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