Pas à pas, Charles VII force l'Anglais à rentrer chez lui. Tandis qu'il lui reste à reconquérir la Guyenne, la rencontre finale a lieu sur la Dordogne le 17 juillet.
Sa victoire lui permettra de mettre fin à la guerre de Cent ans.
Cette année-là, la trente et unième de son règne, Charles VII, cinquante ans, en reprenant la Guyenne, mettait fin à la guerre de Cent ans. On a trop souvent médit de ce roi, le taxant d'ingratitude à l'égard de sainte Jeanne d'Arc, laquelle, le retirant du fin fond du gouffre, lui avait permis d'être sacré à Reims le 17 juillet 1429 et de reprendre ainsi, fort de sa légitimité affirmée et affermie, la lutte contre les Anglais toujours trop présents sur le sol de France.
L'oeuvre de Jeanne
On ne saurait nier que l'arrestation de la Pucelle par les ennemis avait jeté dans les armées royales un découragement profond, d'autant plus cruel pour le roi que le procès qu'intentait à Jeanne une assemblée ecclésiastique, avec la complicité de l'évêque félon Cauchon et de l'université de Paris, donc avec les apparences de la légalité, le visait personnellement. À cela s'ajoutait le fait que Paris était toujours aux mains de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, allié des Anglais.
Charles VII avait peu de moyens pour mener la grande politique qu'il eût fallu. Il n'en continua pas moins l'oeuvre de Jeanne, laquelle n'avait pas apporté le salut mais seulement remis en place l'instrument du salut. Le reste devait encore être gagné : "Aide-toi, le Ciel t'aidera"...
Le roi reconquit bientôt les territoires du Nord. Son rapprochement, tant souhaité par l'héroïne, avec le duc de Bourgogne, effaçant quelque peu dès 1435 (traité d'Arras) une animosité sanglante de trois générations entre descendants de Charles V, fut un succès pour l'unité nationale.
Car tout en forçant pas à pas, mais prudemment, l'Anglais à rentrer chez lui, Charles VII s'appliquait à restaurer la France ruinée par la douloureuse incapacité de son père Charles VI. Les décennies d'après 1430 virent un remarquable redressement des finances grâce à l'aide avisée du financier berrichon Jacques Coeur, nommé grand argentier en 1440, puis membre du conseil du roi deux ans plus tard. On ne peut ici passer sous silence le rôle de la riche belle-famille du roi, son épouse Marie d'Anjou, sa belle-mère Yolande d'Aragon, ni celui d'Agnès Sorel, splendide maîtresse de Charles VII...
Pour accomplir un véritable redressement il importait que fût rétablie l'intégrité du territoire national. Paris avait été repris sans trop de difficultés en 1436. Furent peu à peu libérés Dieppe, Eu, Aumale... Puis en 1449, Charles VII put commencer une grande offensive sur la Normandie qui aboutit à la victoire de Formigny (15 avril 1450). En vrai Capétien, entrant dans Rouen - c'était tout un symbole ! - il accorda des lettres de rémission et déclara maintenir les libertés et franchises des villes.
Parvenu dans la ville même du procès et de l'immolation de 1431, il put enfin entreprendre de faire éclater la vérité sur Jeanne : il s'empressa alors de confier à Guillaume Bouillé, membre de l'université de Paris, le soin de faire interroger les témoins. Un procès de réhabilitation qui devait aboutir entièrement dès 1456.
La bataille de Castillon
Restait à reconquérir une province où les Anglais se croyaient chez eux depuis trop longtemps : la Guyenne. Le 17 juillet 1453 la rencontre finale eut lieu à Castillon sur la Dordogne entre 6 000 soldats français commandés par le maître de l'artillerie Jean Bureau et 4 000 soldats anglais commandés par John Talbot. Les Français perdirent une centaine d'hommes, les Anglais 4 000... Comme à Formigny, le canon joua un rôle décisif. Aussitôt après, les villes gasconnes se rendirent, dont Bordeaux le 17 octobre.
C'en était fini pour longtemps des prétentions de la Maison anglaise de Lancastre au trône de France. La guerre dite de Cent ans était close. Crécy, Poitiers, Azincourt étaient effacés ! Seule la ville de Calais restait anglaise.
Charles VII, la paix rétablie, entreprit avec une autorité non de contrainte mais d'attraction de limiter les pouvoirs des grands féodaux en créant les parlements locaux (cours de justice). Il créa les premiers offices, embryon de la fonction publique, soutint la prospérité économique et orienta le commerce extérieur en direction de la Méditerranée (la Renaissance n'était pas loin...). Comme l'écrit le duc de Lévis Mirepoix, Charles VII, qui devait mourir en 1461, « a rendu le sang libre aux veines de la France et rétabli dans ses destinées le beau royaume blessé que Jeanne d'Arc avait remis entre ses mains ». Le turbulent dauphin Louis allait hériter d'une heureuse situation quand il deviendrait Louis XI.
L'Histoire n'est jamais de tout repos. 1453 vit la délivrance de la France, mais en même temps, de l'autre côté de l'Europe, la prise de Constantinople par les Turcs...
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 1er au 14 avril 2010
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