Le ministère de la Culture est pour moi le plus grand des mystères. Je pensais que sa principale mission était de sauvegarder et de valoriser notre patrimoine en faisant preuve, à la fois, de réalisme - c'est une ressource touristique - mais aussi de hauteur de vue, d'intelligence et de sincérité. Hélas !
J'ai publié sept ouvrages. Sur Agoravox, on peut lire 321 de mes articles. Celui-ci est le troisième que j'écris pour expliquer la bataille de Lutèce. Si les médias ne se décident pas à en faire écho, j'en prendrai acte, avec le constat amer qu'un simple citoyen ne peut pas se faire entendre, même s'il a quelque chose à dire. Si les archéologues, professeurs, politiques et autres, refusent de descendre de leurs petits nuages, alors, foi de militaire, je n'ai plus que la solution de l'exil en abandonnant ma tour de Taisey à l'islam radical pour qu'il en fasse un minaret.
Dans le croquis qui suit, je reprends mes deux croquis précédents mais en mettant en relief les tribulations du chef gaulois Camulogène que Labiénus a manipulé comme il en est peu d'exemples dans l'histoire.
Dans mes deux précédents articles http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-bataille-de-lutece-d-apres-le-172983 et http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-la-bataille-de-lutece-au-pilier-173083 j'ai mis en exergue "le miracle de la discipline" de l'armée romaine car c'est bien l'enseignement que l'on peut tirer de cette étonnante manoeuvre qu'a réussie Labiénus en transportant avec 50 bateaux, quatre légions plus une cavalerie, en pleine nuit, en seulement une nuit, et par ruse. En comparaison, l'arrivée tardive de l'armée gauloise, au lever du jour seulement, ne peut s'expliquer que par une incapacité à réagir dans l'heure et de nuit. Il est vrai que la surprise à joué et qu'au temps de l'alerte, il faut ajouter celui pour comprendre la situation. Camulogène n'était pas sensé savoir que 50 bateaux avaient été amenés de Melun.
Je suis surpris de la légèreté avec laquelle on traite les textes anciens de référence et la logique militaire au profit d'une archéologie exclusive de fouilles qui ne peut être crédible que si ses interprétations sont bonnes.
Lorsque Labiénus descend la Seine sur la rive droite, il est écrit dans la ligne qui suit que les Gaulois coupent les ponts et incendient Lutèce ; c'est le texte. Labiénus raconte, en réalité, ce qu'il voit. Il faut comprendre que les Gaulois n'ont coupé que le pont nord pour empêcher Labiénus d'entrer dans l'île de la cité. Ils n'ont incendié que les greniers de blé des granges voisines pour empêcher qu'il s'y ravitaille ; c'est la logique militaire.
Après tout ce que j'ai écrit, je suis très étonné que les archéologues Matthieu Poux, à Corent, et Vincent Guichard, au mont Beuvray, continuent à imposer à l'archéologie française cette absurdité de capitales qui n'auraient été construites qu'en bois. Il faudrait, selon eux, attendre l'arrivée des Romains pour voir apparaître les premières constructions en pierres http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/corent-l-utopie-d-une-gergovie-qui-170906 . Il s'agit là d'un tour de passe passe pour évacuer une histoire gauloise beaucoup plus complexe et plus riche que ce qu'ils disent : selon cette méthodologie simpliste, ce qui est en bois est gaulois, ce qui est en pierre est romain. On touche au comble de l'absurde. Je ne suis pas archéologue, mais quand je vois, à Paris, les murs antiques des thermes de Cluny, avec ses rangées de briques intercalées, je fais instinctivement le rapprochement avec le mur dit "sarrazin" de Clermont-Ferrand. Le mont Lucotitius me fait penser au faubourg de Lux de ma ville de Chalon-sur-Saône et au soleil qui décorait sa porte séquane. Mais le plus significatif, ne serait-ce pas les fabuleuses médailles en or du trésor de Puteaux que les spécialistes datent, à juste raison, d'avant l'arrivée des Romains ?
Sur l'avers, la tête ne diffère des monnaies éduennes que par des variantes. Sur le revers, le cheval bondissant pourrait évoquer la cité, certes, mais aussi le cours sinueux de la Seine, de même que les monnaies éduennes pourraient évoquer la Saône. Quant au soi-disant filet que les numismates voient à l'emplacement privilégié habituel de l'aurige, ce n'est pas possible malgré son profil de casque. Cela ne peut être que l'évocation d'une ville cadastrée. Orgueil et image de la cité, on comprend que l'inventeur ait placé la nouvelle ville à la place d'honneur.
Voyez cette médaille attribuée aux Aulerques Cénomans qui prouve d'une façon indubitable que les Gaulois mettaient un message dans leurs médailles.
"L'esprit d'en haut, symbolisé par l'Apollon gaulois, dressé sur son char solaire, lance dans un éclair, en avant de son coursier, un rectangle bien mystérieux. Ce coursier, c'est la cité des Aulerques Cénomans. Le peuple en est le corps, son “Premier” la tête. Le conducteur projette en avant du coursier ce curieux rectangle, de la même façon qu'on faisait, jadis, avancer un âne, en lui balançant au bout d'un fouet, devant le museau, une carotte. Ce rectangle, c'est la Petite Ourse, symbole du Paradis, avec son trapèze si caractéristique et sa queue à trois étoiles ou trois segments d'étoiles. Ce personnage, couché en long sous le sol, c'est l'esprit de la Terre, qui emmène les esprits défunts dans l'inconnu de la mort. Ces têtes coupées, ce sont des âmes. Le conducteur divin tient par une mèche l'esprit du “Premier” qui entraîne la cité, de la même façon qu'on prenait jadis un ami par la barbichette. De toute évidence, ce n'est pas pour lui couper la tête" (extrait de mon Histoire de Bibracte, le bouclier éduen, publié en 1992).
Oui, il n' y a aucun doute, pour l'inventeur de la médaille des Parisii, la merveille qu'il fallait représenter à l'emplacement privilégié, c'était bien la ville nouvelle "cadastrée". Exit les Romains et la colonisation romaine ; la cité de Lutèce a bien été fondée, ou refondée, par les Gaulois.
Depuis les temps antiques, écrit César, les Senons étaient dans la "fides" des Éduens (DBG VI, IV : foi, serment, alliance, protectorat). Les Parisii, quant à eux, "de mémoire", leur étaient rattachés (VI,V). Le fait qu'ils ne soient pas nommés parmi les peuples celtes des grandes invasions celtiques laisse supposer que son développement était récent. Selon mon hypothèse, sa refondation suivant un plan cadastral préétabli ne peut s'expliquer que par la volonté du peuple le plus puissant d'avant la guerre des Gaules : le peuple éduen ; une volonté d'étendre sa puissance vers le nord par la fondation d'une colonie éduenne. La ville éduenne d'Autun a été cadastrée de même, apparemment plus tard, il est vrai à l'image de Rome.
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