Restaurateur de l'unité de foi, grand rassembleur du royaume, Louis VIII mena en Languedoc la croisade contre les albigeois et l'hérésie cathare. La menace "séparatiste" était tout juste écartée lorsqu'il s'éteint, victime de la dysenterie.
Cette année-là, la troisième de son règne, Louis VIII, trente-neuf ans, menait en Languedoc la croisade contre les albigeois. « Majestueux et compréhensif », comme le décrit Ivan Gobry dans son récent et excellent ouvrage (1), il savait, en habile capétien, montrer suffisamment de force pour, sans en abuser, intimider les rebelles, les amener à se désolidariser de l'hérésie cathare et à se rallier à la couronne.
Implacable
Cela n'était pas allé tout seul. Louis, que nous avons vu dans nos articles précédents s'illustrer tout jeune auprès de son père Philippe II Auguste, avait déjà multiplié les prouesses au point d'être appelé « le Lion ». Implacable contre le fourbe et méchant Jean Sans Terre, roi d'Angleterre, qu'il avait vaincu magnifiquement, à La Roche-aux-Moines (2 juillet 1214) en conquérant l'Anjou quelques jours avant que Philippe Auguste ne remportât la victoire de Bouvines (27 juillet) contre toute une coalition germano-anglo-flammande (voir L'AF 2000 du 20 novembre 2008), le jeune Louis s'était alors vu offrir la couronne d'Angleterre par les barons anglais révoltés contre Jean Sans Terre. Il était entré solennellement dans Londres mais, à la mort de Jean, il n'avait pas tardé à renoncer sagement à cette entreprise démesurée et s'était effacé devant l'héritier anglais qui allait devenir Henri III (1217).
Le jeune Louis était encore prince héritier quand l'hérésie cathare, pourtant déjà combattue par la prédication de saint Dominique, était devenue un grave danger, non plus seulement pour la foi, mais aussi pour le royaume puisqu'elle animait dans tout le midi de la France un sentiment qu'on dirait aujourd'hui séparatiste. Cette curieuse religion, comme toute hérésie caricature de la vraie et dont le premier "concile" s'était tenu en 1165 à Albi (d'où le nom d'albigeois donné à ses adeptes), se prétendait assoiffée de pureté et assimilait la matière au mal. Elle niait le mariage et la famille, autorisait la débauche secrète et préconisait la désobéissance à toute autorité civile ou religieuse. De nombreux seigneurs languedociens, dont le comte de Toulouse, y voyaient une occasion de refuser l'allégeance au roi et aussi de s'emparer des biens de l'Église.
Non seulement le pape, mais aussi les seigneurs du Nord pressaient Philippe Auguste de se lancer dans une croisade, surtout après l'assassinat du légat du pape Pierre de Castelnau en 1208 par un écuyer du comte de Toulouse. Simon de Montfort, à la tête des seigneurs du Nord, avait remporté des victoires et avait offert en hommage au roi son suzerain les terres confisquées aux seigneurs hérétiques, mais il était mort en reprenant Toulouse (1218). Tout était à recommencer. Le prince Louis était alors allé les aider, avait pris Marmande, puis avait dû rentrer.
La soumission du midi
Devenu roi, Louis avait d'abord dû se soucier des domaines occupés par les Anglais. Ainsi avait-il pris Niort et soumis le Périgord (1224). Mais en 1226, plus possible de résister au pape : il dut se décider à réunir une armée à Bourges et s'en alla mettre le siège devant Avignon, ville stratégique aux confins du Comtat Venaissin inféodé au comte de Toulouse et du royaume d'Arles allié à l'empereur. La croisade prit trois mois de retard, mais la porte du Languedoc s'ouvrait et la rébellion put constater la force et la détermination du roi de France. Une ruée d'actes de soumission s'ensuivit (Beaucaire, Nîmes, Béziers, Narbonne, Carcassonne, Pamiers...), tandis que le comte de Toulouse s'enfermait chez lui.
Suivre la coutume capétienne
Ainsi, dit Ivan Gobry, Louis VIII venait « d'éteindre l'hérésie cathare et de réunir à la couronne les terres des barons qui la soutenaient ». Hélas, au retour, cette armée couverte de gloire fut frappée par la dysenterie. Beaucoup moururent. À Clermont, le roi tomba gravement malade. À Montpensier il fallut le transporter à l'abbaye bénédictine. Les Grands réunis d'urgence reconnussent sans mal que la succession reviendrait au fils aîné du roi, Louis, alors âgé de treize ans. Celui-ci n'avait pas encore été sacré mais il était évident pour tous que le salut de la royauté et de la France consistait à suivre la coutume capétienne.
Il fut aussi décidé que l'épouse du roi, Blanche de Castille, serait régente du royaume, et les Grands qui pouvaient penser qu'une femme ne saurait pas leur en imposer allaient vite s'apercevoir qu'ils se trompaient...
Alors mourut en paix le 8 novembre Louis VIII, restaurateur de l'unité de foi et grand rassembleur du royaume, chef d'État pacifique. Ce « fastueux personnage, mort trop jeune, dit Gobry, n'en a pas moins préparé le règne glorieux de son fils »... le futur saint Louis, sacré à Reims dès le 29 novembre. Il ne fallait pas laisser le trône vacant !
Michel Fromentoux L’Action Française 2000 du 1er au 14 octobre 2009
1 - Ivan Gobry : Louis VIII, fils de Philippe II ; Pygmalion, 238 p., 20,90 €.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire