Laurent Wetzel, normalien de la rue d’Ulm, agrégé d’histoire, ancien inspecteur régional d’histoire-géographie.
A la suite de mon article récemment publié sur Polémia (*) pour dénoncer les funestes projets de programmes d’histoire et de géographie à l’école et au collège, un lecteur suggère de « recommander une liste d’ouvrages d’histoire et de géographie à offrir à vos enfants ou petits-enfants selon leur âge ou leur classe ». Je m’empresse de le faire.
Je ne recommande aucun des manuels d’histoire et de géographie actuellement en circulation dans nos établissements scolaires : ils sont rédigés à la va-vite, en quelques semaines, par des équipes de cinq, dix ou quinze auteurs, sans le moindre souci d’homogénéité.
Parmi ces ouvrages, je distinguerai les manuels et les livres qui n’ont pas directement d’utilité scolaire.
1) Je ne recommande aucun des manuels d’histoire et de géographie actuellement en circulation dans nos établissements scolaires : ils sont rédigés à la va-vite, en quelques semaines, par des équipes de cinq, dix ou quinze auteurs, sans le moindre souci d’homogénéité ; ils comportent trop de documents, tandis que la partie « cours » y est réduite à sa plus grêle expression ; ils altèrent la réalité en la soumettant à un « lit de Procuste » idéologique.
A l’exception de deux d’entre eux, publiés par La Librairie des Ecoles en 2007 et 2012 : le premier pour les élèves de CE1 et CE2, Manuel d’histoire de France des Celtes à la Seconde Guerre mondiale, signé par Jean Nemo (avec une préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie), le second pour les élèves de CM1 et CM2, Manuel d’histoire, des origines de l’homme jusqu’au XXIe, signé par Philippe Nemo.
Pour le collège et le lycée, il y eut d’excellents manuels, mais on ne les trouvera que sur le marché de l’occasion, dans certaines librairies ou sur des sites internet comme Amazon. En histoire, bien sûr, les Malet-Isaac, mais dans leurs éditions originales,
chez Hachette, et non dans leur réédition de 2002 en livres de poche, qui ne comportent pas les cartes, illustrations et documents accompagnés dans les éditions originales de légendes particulièrement instructives. Je recommande également Le Monde actuel – Histoire et civilisations (Belin 1963), de Suzanne Baille, Fernand Braudel et Robert Philippe, destiné à l’époque aux lycéens et aux étudiants de classes terminales, propédeutique et classes préparatoires aux grandes écoles. Le meilleur des manuels d’histoire fut, selon moi, Le Moyen Age de Jacques Le Goff (Bordas, 1962), qui part du « Monde et de l’Occident vers l’An Mille » pour parvenir aux « Débuts de la Renaissance et du monde moderne » ; c’était alors le programme de la classe de quatrième.
En géographie, on n’a jamais fait mieux que les manuels de Victor Prévot, publiés chez Belin dans les années 1960 pour la seconde, la première et les terminales. Dans ses préfaces, Victor Prévot expliquait notamment : « Ces livres sont le fruit de nombreuses années d’enseignement. Il est juste de signaler que mes élèves, par leur curiosité, ont participé à leur élaboration. Nous avons voulu présenter des manuels simples, bien charpentés, dépourvus de tout jargon. L’étude des climats, de la végétation, des océans, des formes de relief n’a pas été négligée. Elle permet de comprendre comment l’homme a organisé l’espace. Apprendre aux élèves à lire une photographie, à élaborer un croquis de mémoire, à décrire un paysage, à retenir quelques idées maîtresses, telles sont nos ambitions. Pour mettre nos élèves à même de participer, en toute liberté, à la vie et au progrès de leur pays, et de mieux connaître le monde dans lequel ils sont appelés à vivre et à agir. » La partie « géographie physique » de ces manuels n’a évidemment pas vieilli, la partie « géographie humaine » est naturellement à actualiser.
2) Quant aux livres qui n’ont pas d’utilité scolaire directe, je recommande, pour m’en tenir à l’histoire de France :
– La Petite histoire de France, Des origines à 1920 par Jacques Bainville, De 1920 à nos jours par Jean Tulard (Valmonde, 1994) ;
– L’Histoire de la France d’ André Maurois (Hachette ,1960) ;
– Sans oublier la magnifique Histoire des Français de Pierre Gaxotte (Flammarion, 1957). Mes grands-parents me l’avaient offerte dès sa parution : j’avais sept ans et je continue de la regarder souvent.
Car les ouvrages que je viens de recommander valent pour tous, des plus jeunes à ceux d’entre nous qui arrivent au soir de leur vie.
Laurent Wetzel, 7/05/2015
P.S. M. Sarkozy, président de l’UMP, s’indigne, dans Le Figaro du 6 mai, de la « détestable réforme des programmes scolaires », « la plus détestable de toutes les réformes entreprises depuis trois ans », celle dans laquelle « le gouvernement semble avoir voulu additionner toutes les erreurs à ne pas commettre ». Or, cette réforme a été approuvée et cosignée, en avril, par les deux parlementaires que l’UMP a délégués pour la représenter au sein du Conseil supérieur des programmes : le sénateur Jacques Grosperrin, professeur agrégé d’éducation physique et sportive, et la députée Annie Genevard, professeur de lettres, que M. Sarkozy a nommée, en décembre dernier, secrétaire nationale de l’UMP à l’animation des fédérations. Mais cela ne gêne pas M. Sarkozy : il prend, une fois de plus, ses militants et ses électeurs pour des imbéciles.
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