vendredi 15 mai 2015

Défense de l’histoire comme roman national

Le géoraphe Michel Lussault, qui préside le Conseil supérieur des programmes (CSP), dénonce la volonté de faire de l’histoire un roman national. Pour Maxime Tandonnet, ce dernier est, au contraire, un bon moyen de faire aimer la France aux élèves.
Dans une interview donnée au Monde de l’Education, le 13 mai, M. Michel Lussault, président du conseil supérieur des programmes, affirme : « Il y a quelque chose de dérangeant dans l’idée, récurrente, de vouloir faire de l’histoire un « roman national » [...] Cela renvoie à une conception de l’histoire qui ne serait pas un outil de lucidité [...] Or, il s’agit de reconnaître la pluralité de l’histoire de France. »
Le roman national était pourtant présent dans l’enseignement de l’histoire sous la IIIe République. Celui-ci avait parmi ses objectifs, de contribuer à former les enfants à l’amour de la patrie. Cet état d’esprit se retrouve dans l’introduction du célèbre manuel d’histoire de 1912 d’Ernest Lavisse : « Tu dois aimer la France parce que la nature l’a faite belle et parce que l’histoire l’a faite grande ». L’objectif d’enseigner l’amour de la France était au centre des objectifs de l’instruction publique sous la IIIe République et le roman national a été l’un des outils de l’affirmation de la Nation moderne, de son unité et de la solidarité entre ses membres. C’est en partie parce que les jeunes Français, pendant des générations, sous l’influence de leurs maîtres, se sont identifiés aux mêmes héros, aux mêmes évènements, à ses gloires et à ses tragédies, que la France a pu se constituer en nation moderne et unifiée.
Ce principe du roman national, porté à sa quintessence par Jules Michelet dont l’oeuvre présente la France à l’image d’une « personne humaine », ne doit pas être confondu avec la propagande (le conditionnement idéologique fondé sur le mensonge) ni être compris comme un obstacle à la lucidité. Promouvoir une histoire nationale n’implique en rien que les personnages qui la peuplent et les évènements qui l’animent soient fictifs, inventés ou magnifiés. Les collégiens et lycéens qui ont connu les manuels de Malet et Isaac comprennent que le roman national n’a rien de fictif ni de mythique. Ils ont appris, à travers cet enseignement, à aimer la France, une France réelle, non inventée et ouverte sur le monde et présentée dans son contexte européen et international. « Il existe, pour le passé, une évidente vérité de l’événement, car le passé est figé, bloqué à jamais. Et une même chose ne peut pas à la fois être et ne pas être » écrit l’historien Jean-Baptiste Durosselle dans Europe, Histoire de ses peuples (Perrin). L’histoire enseignée comme un roman vrai, authentique, un récit chronologique, a suscité la passion pour l’histoire de générations de collégiens et de lycéens. [....]
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