Si le libéralisme a commencé avant la Révolution de 1789, c’est cependant à partir de cette date qu’il a pu s’imposer en France. Raison de l’engagement de Charles Maurras et de la création de son mouvement royaliste,
« l’Action Française », qui organisait ce samedi 24 janvier son Carrefour Royal autour du thème « Le Libéralisme contre les libertés », articulé autour de deux tables rondes : Les institutions libérales sont-elles au service du peuple ? et Ma propriété est-elle ma liberté ?
Marion Sigaut est en premier lieu revenue (par vidéoconférence) sur les fondements du libéralisme au XVIIIe siècle ; « ce sont les philosophes des Lumières qui ont introduit le libéralisme dans sa forme barbare », explique-t-elle. La première expression du libéralisme, dont l’épanouissement a été rendu possible par des contingences séculaires, se fait ressentir dès 1774 : les édits libéraux de Turgot concernant le marché agricole sont mis en place au détriment des agriculteurs et au mépris des réactions populaires, la répression des associations de travailleurs (loi Le Chapelier du 14 juin 1791), comptent parmi les mesures liberticides véhiculées par cet instinct libéral au profit d’une politique économique et sociale globalisée.
Centrer le libéralisme sur sa doctrine économique est une erreur trop souvent commise parmi les critiques de ce mouvement ; Charles Robin, auteur de l’ouvrage « La Gauche du Capital », a insisté sur le caractère global de ce qu’il rappelle être une vision du monde à part entière. Le libéralisme, ne répondant qu’à la satisfaction de ses propres désirs dans l’immédiat, est d’essence individualiste et en fait un matérialisme intégral. Relevant d’un bonheur concupiscent, à quel titre pourrait il cohabiter avec la liberté, qu’une soumission naturelle à un déterminisme supérieur ne peut associer à un bonheur superficiel ? Véritable substitut du règne de l’être sur celui de l’avoir, le libéralisme ne peut être pérenne, la nature de l’Homme ne pouvant se satisfaire d’un monde sans valeurs transcendantales. L’approche intéressante de M.Robin, d’autant plus louable de la part d’un essayiste issu de la gauche radicale, aura eu le mérite de dépasser la critique unilatérale généralement invoquée à l’égard du libéralisme ; mesurer le problème à l’aune de son influence économique équivaut à ignorer ses impacts à l’échelle sociale et le cantonne à une formule conceptuelle aux conséquences informelles. Que Jean-Frédéric Poisson, dont le statut d’élu local de Rambouillet aurait pu enrichir le débat d’une expérience politique concrète, se soit quant à lui borné à quelques rappels historiques et à un constat purement factuel sur la question du libéralisme aura pu décevoir l’assistance.
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