Rémy de Gourmont est né au manoir de la Motte à Bazoches-au-Houlme, près d'Argentan (Orne), le 4 avril 1858. Il est le fils du comte Auguste-Marie de Gourmont et de la comtesse, née Mathilde de Montfort. Une branche de sa famille, originaire du Cotentin, s'était installée à Paris dès le XVIe siècle pour y fonder une maison d'édition qui publia de nombreux livres, des gravures et des estampes. En 1866, sa famille s'installe près de Villedieu (Manche) et Rémy de Gourmont sera interne au lycée de Coutances de 1868 à 1876. Excellent élève, on note chez lui une imagination débordante. Bachelier en droit, il s'installe à Paris et obtient un emploi d'attaché à la Bibliothèque nationale. Débute sa collaboration à diverses revues catholiques. Son premier roman, Merlette, (1886) ne rencontre aucun succès. Il fait la connaissance de Berthe de Courrière, modèle et légataire universelle du sculpteur Auguste Clésinger, chez qui il s'installe, 71 rue des Saints-Pères, où il vivra jusqu'à sa mort. Il se lie d'amitié avec Villiers de l'Isle-Adam, Joris-Karl Huysmans, et fréquente les mardis de Stéphane Mallarmé. En 1889, Rémy de Gourmont sera, avec Jules Renard, un des fondateurs du Mercure de France, auquel il collaborera pendant vingt-cinq ans. Il y publiera en avril 1891 un article dont le titre est « Le joujou patriotisme ». Il y développe l'idée du rapprochement de la France et de l'Allemagne, les affinités artistiques et culturelles entre les deux pays étant profondes, et dénonce les passions nationalistes. La polémique qui s'en suit lui vaut d'être révoqué de la Bibliothèque nationale et lui ferme les colonnes de la majeure partie de la grande presse, malgré les efforts de son défenseur Octave Mirbeau, qui parvient tout de même à le faire entrer au Journal.
Mais Gourmont est atteint d'une forme de lupus, qui le fait terriblement souffrir et qui le défigure. Il restera longtemps cloîtré chez lui. Pour lui, désormais, n'existent plus que le travail et les livres. Il publie une œuvre vaste et abondante, composée de romans, de pièces de théâtre, de recueils de poésie et surtout d'essais qui témoignent d'une profonde érudition. La Première Guerre mondiale le déprime profondément. La plupart de ses amis sont sous l'uniforme, le Mercure de France est fermé. Il marche de plus en plus difficilement. L'abbé Munier raconte ainsi une de ses visites à Gourmont, en 1915 : « Nous avons été ensuite tous les trois (avec Mme de Brimont et Nathalie Clifford Barney) chez Rémy de Gourmont, rue des Saints-Pères, tout en haut d'un petit escalier où l'écrivain habite un modeste appartement uniquement rempli de livres. Je ne l'avais pas revu depuis 1892 ! Vêtu d'une robe qui avait l'air d'une bure, il ressemblait à un vieux capucin qui porte binocle mais un capucin studieux et avec cela boitant un peu et bégayant toujours. Il parle peu, trop peu et on ne se douterait guère qu'il soit l'auteur de tant d'articles et de livres sur tous les sujets [...] » Il meurt d'une congestion cérébrale en 1915 et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise dans le tombeau de Clésinger, aux côtés de Berthe de Courrière. Voici quelques-unes de ses citations : « Savoir ce que tout le monde sait, c'est ne rien savoir. Le savoir commence là où commence ce que le monde ignore » ; « Un vice est comme un amour, il n'y a rien qu'on ne lui sacrifie » ; « L'intelligence de l'homme n'a pas progressé depuis son apparition sur terre » ; « L'irréligion est une religion » ; « Le peuple, c'est tous ceux qui ne comprennent pas. »
R. S. Rivarol du 11 septembre 2014
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