Le 6 février 1929, M. Montagu Norman, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, se rendit à Washington pour s’entretenir avec Andrew Mellon, le Secrétaire au Trésor. Immédiatement après cette mystérieuse visite, le Board de la Réserve Fédérale changea brusquement sa politique et adopta une politique de taux d’escompte élevé, abandonnant la politique d’argent « bon marché » qu’il avait inaugurée en 1927, à la suite d’une autre visite de M. Norman. Le krach boursier et la déflation de la structure financière du peuple américain étaient programmés pour avoir lieu en mars. Pour démarrer le processus, Paul Warburg lança un avis officiel en direction des opérateurs de bourse les incitant à se retirer du marché. En mars 1929, dans le rapport annuel aux actionnaires de sa Banque d’Acceptation Internationale, M. Warburg disait :
« Si l’on permet aux orgies d’une spéculation effrénée de se propager, l’effondrement ultime est certain d’affecter non seulement les spéculateurs eux-mêmes, mais d’entraîner une crise générale impliquant l’ensemble du pays. »
Durant trois années de « spéculation effrénée », M. Warburg n’avait pas cru bon de faire la moindre remarque sur l’état de la Bourse. Un organe de presse ami, le New York Times, offrit à ce compte-rendu, non seulement deux colonnes sur sa page éditoriale, mais il fit remarquer, en édito, la sagesse et la profondeur des observations de M. Warburg. La préoccupation de M. Warburg était sincère, puisque la bulle boursière était allée beaucoup plus loin que ce qu’il avait été prévu, et les banquiers avaient peur des conséquences si jamais le peuple réalisait ce qui se passait. Alors que ce reportage du New York Times déclencha à la Bourse une vague soudaine de ventes, les banquiers commencèrent à paniquer et il fut décidé d’apaiser le marché d’une manière ou d’une autre. En conséquence, la National City Bank de Warburg injecta d’urgence vingt-cinq millions de dollars de liquidités sur le marché monétaire à court terme et repoussa le jour du krach.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la révélation de la décision finale du Board de la Réserve Fédérale de déclencher le Krach de 1929 fut publiée dans le New York Times. Le 20 avril 1929, le New York Times titra, « Le comité Consultatif de la Réserve se réunit à la hâte. Une atmosphère de mystère enveloppe ses débats à Washington. [La perspective de nouveaux développements d’importance au regard de l’attitude du gouvernement sur la situation du crédit est apparue aujourd’hui lorsque les membres du Comité Consultatif Fédéral auprès du Board de la Réserve Fédérale, venant de dix districts de la réserve, se sont rencontrés en session extraordinaire...] Des résolutions furent adoptées par le comité et transmises au conseil des gouverneurs, mais leur but fut jalousement gardé. Une atmosphère de profond mystère a entouré les débats, tant ceux du board que ceux du comité consultatif. Tous les efforts ont été faits, lors de cette session extraordinaire, pour protéger les débats. Des réponses évasives furent données aux correspondants du journal. »
Seul le « premier cercle » de la London Connection savait que lors de cette « réunion mystérieuse » il avait été décidé de mettre fin au plus grand boom spéculatif de l’histoire des Etats-Unis. Ceux qui étaient dans la confidence commencèrent à se débarrasser de toutes leurs obligations spéculatives et placèrent leur argent dans les obligations d’Etat. Ceux qui n’étaient pas au courant de cette information secrète – et, parmi eux, quelques-uns des hommes les plus riches d’Amérique – gardèrent leurs actions spéculatives et perdirent tout ce qu’ils possédaient.
Dans FDR, Mon Beau-Père Exploité, le Colonel Curtis B. Dall, qui était courtier à Wall Street à ce moment-là, écrit à ce propos du Krach : « En réalité, il s’agissait de la « tonte » calculée du public par les puissances monétaires mondiales, déclenchée par la brusque pénurie programmée de l’offre monétaire à très court-terme sur le marché monétaire de New York. » Du jour au lendemain, la Fed porta à vingt pour cent le loyer de l’argent au jour le jour. Incapables de payer un tel taux, la seule alternative des spéculateurs était de se jeter par les fenêtres.
Le taux de la Banque de Réserve Fédérale de New York, qui dictait les taux d’intérêts nationaux, passa à six pour cent le 1er novembre 1929. Après la mise en faillite des investisseurs, il chuta à un et demi pour cent le 8 mai 1931. Le Député Wright Patman, dans A Primer On Money [L’abécédaire de l’argent], écrivait que la masse monétaire s’était contractée de huit milliards de dollars entre 1929 et 1933, provoquant la faillite de 11 630 banques, sur les 26 401 que comptaient les Etats-Unis, et celles-ci durent fermer définitivement leurs portes.
Eustace Mullins, Les secrets de la Réserve Fédérale
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