Un
certain Pierre Boussel, dit Lambert, est mort le 16 janvier dernier. Il a
été réduit en cendres le 23 janvier, au Père-Lachaise. En présence de
MM. les camarades Mailly, Blondel et Bergeron, de la CGT-Force ouvrière,
syndicat créé avec les dollars de l’AFL-CIA. En présence aussi de MM.
Mélenchon et Filoche, ci-devant trotskistes du Parti socialiste, passé
du côté du désordre bourgeois depuis 1914. Lambert avait 88 ans. Il
avait répondu à l’appel de Lev Davidovitch Bronstein, dit Léon Trotski,
en 1938, et rejoint la IVe Internationale. Depuis 1954, il dirigeait
l’OCI, Organisation communiste internationaliste, l’un des trois
principaux débris de la IVe en France, « pour la reconstruction de la IVe Internationale ».
De mortuis nihil nisi bene : d’un mort on ne dit rien, sinon du bien. Je n’ai donc rien à dire de Lambert. Je m’en tiendrai à juger de ses fruits. Dans cet exercice, j’ai été précédé par les tribunaux, qui ont eu à juger des malversations trotskistes à la mutuelle étudiante MNEF, comme au comité d’entreprise de la Sécurité sociale.
Le Pété (Parti des Travailleurs), dernier avatar du lambertisme, vient d’annoncer un avatar de plus : le POI, Parti ouvrier indépendant. Le Pété comportant déjà de prétendues tendances socialope, stalinienne et anarcho-syndicaliste (simples sas vers la Vérité), on se demande quelle nouvelle succursale va encore tenir les pigeons en haleine. La fraction poivrot-schivardiste ?
La LCR (Ligue communiste révolutionnaire) ne saurait rester à la traîne, en fait d’opportunisme et de révisionnisme liquidateur. Son porte-parole Besancenot, miraculeux propriétaire d’un luxueux appartement à Montmartre, annonce qu’elle va se dissoudre dans une vague soupe “anticapitaliste”, sous l’effigie du “Che”, icône de « la grande distribution et de la friperie capitaliste », comme l’écrit si bien la NRH.
Quant à l’Union communiste, qui publie Lutte Ouvrière, la clique pourtant la plus sectaire du trio de frères ennemis, elle en est à faire listes communes avec des sociaux-traîtres du PS néo-libéral, à l’occasion des prochaines municipales.
Il est donc permis de penser que tous ces gens, tous, sont entrés dans la voie des trotskistes de Ceylan, qui en 1964 ont été autorisés à plonger le groin dans l’assiette au beurre gouvernementale, en échange d’un reniement pur et simple.
Le trotskisme en cendres
Comme Lambert, le trotskisme est en cendres. « J’y étais l’honnête homme qui cautionnais une escroquerie », a déclaré à Canal +, peu avant sa mort, Pierre Broué, historien du mouvement ouvrier si considérable que la NRH n’hésite pas à s’y référer. Mais dès les années cinquante, des dissidents (Claude Lefort) ont prédit que le trotskisme ne pourrait jamais se développer, parce qu’il n’était qu’un appendice du stalinisme, quelle que soit la violence de la concurrence entre ces deux variantes du léninisme totalitaire. Un stalinanisme, en somme.
Je ne suis pas seul à voir Trotski dans ces « poubelles de l’histoire » où il précipita si brutalement ses camarades mencheviks en 1917, avant d’inaugurer les massacres que Staline perfectionnerait. Stéphane Courtois – autorité mondiale depuis la publication de son Livre noir du communisme (1997), traduit en vingt-cinq langues – exprime la même vision au terme d’un entretien fouillé avec la NRH (La Nouvelle Revue d’histoire, n° 34, janvier-février 2008, remarquable dossier “Trotski et le trotskisme”) : « À partir du moment où la doctrine elle-même n’est plus assumée par ceux qui en sont les porte-parole, on peut penser que le phénomène va se diluer dans le courant altermondialiste. En résumé, je crois que le trotskisme n’est pas voué à un grand avenir. »
Beaucoup de nos camarades du mouvement national ne parviennent pas à le comprendre. Ainsi Jean Cochet, qui soutient que « la métamorphose des trotskos consiste juste à changer d’habits » dans Présent du 30 janvier. Mais nous ne sommes plus à la veille de l’Octobre rouge, quand Lénine rejetait la dénomination de “social-démocrate” « comme une chemise sale ». Nous sommes à l’autre extrémité du cycle historique qui a emporté très loin l’utopie communiste, un des plus vieux rêves de l’humanité, et qui la ramènera, on ne sait quand, dans une “chemise”, dans des “habits” que personne ne reconnaîtra. Ni Cochet, ni Besancenot.
Au moment de refermer la porte sur ma jeunesse et mes illusions mortes *, je ressens quelque chose d’assez semblable à l’amertume de Louis Aragon, dans Le Roman inachevé, quand la déstalinisation paraît inéluctable, malgré la résistance frénétique du PC”F” :
On sourira de nous comme de
[ faux prophètes
Qui prirent l’horizon comme une
[ immense fête
Sans voir les clous perçant les
[ paumes du Messie
Patrick Gofman L’Action Française 2000 n° 2741 – du 7 au 20 février 2008
* Patrick Gofman évoquait ses souvenirs de permanent trotskiste bénévole (!), de 1967 à 1979, dans Coeur-de-cuir (Flammarion, 1998). Il vient de publier Hillary démasquée, meilleure vente des éditions Pardès en janvier 2008 (128 pages, 12 euros (cf. L’Action Française 2000 n° 2740 du 17 janvier 2008).
De mortuis nihil nisi bene : d’un mort on ne dit rien, sinon du bien. Je n’ai donc rien à dire de Lambert. Je m’en tiendrai à juger de ses fruits. Dans cet exercice, j’ai été précédé par les tribunaux, qui ont eu à juger des malversations trotskistes à la mutuelle étudiante MNEF, comme au comité d’entreprise de la Sécurité sociale.
Le Pété (Parti des Travailleurs), dernier avatar du lambertisme, vient d’annoncer un avatar de plus : le POI, Parti ouvrier indépendant. Le Pété comportant déjà de prétendues tendances socialope, stalinienne et anarcho-syndicaliste (simples sas vers la Vérité), on se demande quelle nouvelle succursale va encore tenir les pigeons en haleine. La fraction poivrot-schivardiste ?
La LCR (Ligue communiste révolutionnaire) ne saurait rester à la traîne, en fait d’opportunisme et de révisionnisme liquidateur. Son porte-parole Besancenot, miraculeux propriétaire d’un luxueux appartement à Montmartre, annonce qu’elle va se dissoudre dans une vague soupe “anticapitaliste”, sous l’effigie du “Che”, icône de « la grande distribution et de la friperie capitaliste », comme l’écrit si bien la NRH.
Quant à l’Union communiste, qui publie Lutte Ouvrière, la clique pourtant la plus sectaire du trio de frères ennemis, elle en est à faire listes communes avec des sociaux-traîtres du PS néo-libéral, à l’occasion des prochaines municipales.
Il est donc permis de penser que tous ces gens, tous, sont entrés dans la voie des trotskistes de Ceylan, qui en 1964 ont été autorisés à plonger le groin dans l’assiette au beurre gouvernementale, en échange d’un reniement pur et simple.
Le trotskisme en cendres
Comme Lambert, le trotskisme est en cendres. « J’y étais l’honnête homme qui cautionnais une escroquerie », a déclaré à Canal +, peu avant sa mort, Pierre Broué, historien du mouvement ouvrier si considérable que la NRH n’hésite pas à s’y référer. Mais dès les années cinquante, des dissidents (Claude Lefort) ont prédit que le trotskisme ne pourrait jamais se développer, parce qu’il n’était qu’un appendice du stalinisme, quelle que soit la violence de la concurrence entre ces deux variantes du léninisme totalitaire. Un stalinanisme, en somme.
Je ne suis pas seul à voir Trotski dans ces « poubelles de l’histoire » où il précipita si brutalement ses camarades mencheviks en 1917, avant d’inaugurer les massacres que Staline perfectionnerait. Stéphane Courtois – autorité mondiale depuis la publication de son Livre noir du communisme (1997), traduit en vingt-cinq langues – exprime la même vision au terme d’un entretien fouillé avec la NRH (La Nouvelle Revue d’histoire, n° 34, janvier-février 2008, remarquable dossier “Trotski et le trotskisme”) : « À partir du moment où la doctrine elle-même n’est plus assumée par ceux qui en sont les porte-parole, on peut penser que le phénomène va se diluer dans le courant altermondialiste. En résumé, je crois que le trotskisme n’est pas voué à un grand avenir. »
Beaucoup de nos camarades du mouvement national ne parviennent pas à le comprendre. Ainsi Jean Cochet, qui soutient que « la métamorphose des trotskos consiste juste à changer d’habits » dans Présent du 30 janvier. Mais nous ne sommes plus à la veille de l’Octobre rouge, quand Lénine rejetait la dénomination de “social-démocrate” « comme une chemise sale ». Nous sommes à l’autre extrémité du cycle historique qui a emporté très loin l’utopie communiste, un des plus vieux rêves de l’humanité, et qui la ramènera, on ne sait quand, dans une “chemise”, dans des “habits” que personne ne reconnaîtra. Ni Cochet, ni Besancenot.
Au moment de refermer la porte sur ma jeunesse et mes illusions mortes *, je ressens quelque chose d’assez semblable à l’amertume de Louis Aragon, dans Le Roman inachevé, quand la déstalinisation paraît inéluctable, malgré la résistance frénétique du PC”F” :
On sourira de nous comme de
[ faux prophètes
Qui prirent l’horizon comme une
[ immense fête
Sans voir les clous perçant les
[ paumes du Messie
Patrick Gofman L’Action Française 2000 n° 2741 – du 7 au 20 février 2008
* Patrick Gofman évoquait ses souvenirs de permanent trotskiste bénévole (!), de 1967 à 1979, dans Coeur-de-cuir (Flammarion, 1998). Il vient de publier Hillary démasquée, meilleure vente des éditions Pardès en janvier 2008 (128 pages, 12 euros (cf. L’Action Française 2000 n° 2740 du 17 janvier 2008).
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