La
Révolution française, intimement associée à la maçonnerie, est un essai
de vie humaine en société sans l’idée de Dieu. Elle est un pari qui ne
pouvait être que perdu, un pari que devait légitimer un massacre. Elle
s’est incarnée dans deux hommes littéralement infernaux, Marat et
Robespierre, et elle a abouti à Bonaparte. Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses,
fut, en littérature, l’un des propagateurs de l’incendie
révolutionnaire. Mais il ne fut pas le seul. Avant lui, il y avait eu
Rousseau, chez lequel la folie avait pris la forme politique et qui
écrivit le Contrat social, table posée de travers et sur
laquelle rien ne pouvait tenir, car on partait de ce principe
essentiellement faux, que l’homme est naturellement bon et que ce sont
les lois qui le font méchant en le réglementant. L’homme est en fait le
seul animal qui ait eu en lui l’instinct pervers de dominer, et
d’esclavager son semblable et s’il s’agit de la femme, de tirer d’elle,
par la force, à laquelle elle opposera la ruse, son assouvissement
immédiat et brutal. Mallet du Pan raconte qu’en 1788, il vit à Paris,
Marat soulever la foule, dont il était alors inconnu, en lui lisant à
haute voix des passages du Contrat social. Ainsi la Révolution
partant de la folie, aboutissait-elle naturellement au crime, et le
glaive de la Justice, dans ses mains, devint la guillotine.
Léon Daudet
Sauveteurs et incendiaires, Éd. Flammarion, 1941
S’agit-il d’un livre politique ou d’un livre de critique littéraire ? On peut se le demander quand on lit l’article consacré à Émile Zola. En fait, cette étude est à la fois politique et littéraire puisqu’elle touche à l’influence politique du livre et du journal. Léon Daudet étudie en psychologue un aspect de la Révolution : le malaise moral du révolutionnaire qui fait de lui un “incendiaire”. Les êtres humains ne forment pas des blocs : le caractère incendiaire apparaît chez des hommes qui, sans le levain de la révolte déposé par de mauvaises lectures, seraient des personnes normales et utiles à la société. Daudet rapporte que Michelet a noté que les révolutionnaires qui livraient aux égorgeurs, pendant les massacres de septembre, prêtres, “ci-devant“ et bourgeois suspects, hésitaient parfois entre l’admiration, voire l’affection pour leurs victimes, et la fureur sanguinaire. L’idéologie les faisait basculer dans la haine sociale.
Le brandon du Contrat social
Léon Daudet va nous montrer des incendiaires et des esprits qui combattent les méfaits de la subversion, et pour souligner la complexité de notre nature, il analysera des caractères qui présentent les deux aspects. Il commencera par Rousseau qu’il considère comme la source de tout le malaise de la pensée moderne, et les pages qu’il lui consacre rappellent les fortes pages de la préface de Romantisme et Révolution. Maurras y écrit : « Si dénués qu’ils fussent de philosophie générale, Montesquieu et Voltaire avaient pour eux un grand savoir, l’exercice de la raison et ce sens naturel des proportions humaines, le bon goût et le sens commun… Mais le misérable Rousseau ! » Ainsi, pour reprendre la terminologie de Léon Daudet, Maurras voyait en Montesquieu et Voltaire des incendiaires tempérés par d’excellents côtés, tandis que Jean-Jacques représente l’incendiaire à l’état pur qui, après avoir perverti la sensibilité et la morale, lancera le Contrat social comme un brandon dans les intelligences de la fin du XVIIIe siècle.
Après avoir parlé de Rousseau dans sa préface, Léon Daudet commence son étude par Choderlos de Laclos : « Beaucoup moins connu que Rousseau, il a été sans doute plus agissant. » Laclos était d’autant plus dangereux qu’il était parfaitement conscient du mal qu’il faisait, comme le Valmont de ses Liaisons dangereuses. Nous indiquons l’admirable étude sur Diderot et il faut lire les pages sur Karl Marx, incendiaire à cent pour cent.
Le culturel et le politique
Jules Vallès fut « réfractaire et incendiaire », comme Restif de la Bretonne dont La Vie de mon père est un éloge de la famille traditionnelle, de ses vertus et de ses bienfaits au milieu d’une oeuvre profondément destructrice.
Léon Daudet passe aussi en revue de véritables sauveteurs qui opposent aux incendiaires leur talent au service de leurs idées, Balzac, sauveteur de la société, Le Play ou le salut par la famille, Mistral, constructeur et sauveteur.
La grande leçon donnée par Léon Daudet est que le combat culturel est intimement lié au combat politique.
Gérard Baudin L’Action Française 2000 n° 2736 – du 15 au 28 novembre 2007
Léon Daudet
Sauveteurs et incendiaires, Éd. Flammarion, 1941
S’agit-il d’un livre politique ou d’un livre de critique littéraire ? On peut se le demander quand on lit l’article consacré à Émile Zola. En fait, cette étude est à la fois politique et littéraire puisqu’elle touche à l’influence politique du livre et du journal. Léon Daudet étudie en psychologue un aspect de la Révolution : le malaise moral du révolutionnaire qui fait de lui un “incendiaire”. Les êtres humains ne forment pas des blocs : le caractère incendiaire apparaît chez des hommes qui, sans le levain de la révolte déposé par de mauvaises lectures, seraient des personnes normales et utiles à la société. Daudet rapporte que Michelet a noté que les révolutionnaires qui livraient aux égorgeurs, pendant les massacres de septembre, prêtres, “ci-devant“ et bourgeois suspects, hésitaient parfois entre l’admiration, voire l’affection pour leurs victimes, et la fureur sanguinaire. L’idéologie les faisait basculer dans la haine sociale.
Le brandon du Contrat social
Léon Daudet va nous montrer des incendiaires et des esprits qui combattent les méfaits de la subversion, et pour souligner la complexité de notre nature, il analysera des caractères qui présentent les deux aspects. Il commencera par Rousseau qu’il considère comme la source de tout le malaise de la pensée moderne, et les pages qu’il lui consacre rappellent les fortes pages de la préface de Romantisme et Révolution. Maurras y écrit : « Si dénués qu’ils fussent de philosophie générale, Montesquieu et Voltaire avaient pour eux un grand savoir, l’exercice de la raison et ce sens naturel des proportions humaines, le bon goût et le sens commun… Mais le misérable Rousseau ! » Ainsi, pour reprendre la terminologie de Léon Daudet, Maurras voyait en Montesquieu et Voltaire des incendiaires tempérés par d’excellents côtés, tandis que Jean-Jacques représente l’incendiaire à l’état pur qui, après avoir perverti la sensibilité et la morale, lancera le Contrat social comme un brandon dans les intelligences de la fin du XVIIIe siècle.
Après avoir parlé de Rousseau dans sa préface, Léon Daudet commence son étude par Choderlos de Laclos : « Beaucoup moins connu que Rousseau, il a été sans doute plus agissant. » Laclos était d’autant plus dangereux qu’il était parfaitement conscient du mal qu’il faisait, comme le Valmont de ses Liaisons dangereuses. Nous indiquons l’admirable étude sur Diderot et il faut lire les pages sur Karl Marx, incendiaire à cent pour cent.
Le culturel et le politique
Jules Vallès fut « réfractaire et incendiaire », comme Restif de la Bretonne dont La Vie de mon père est un éloge de la famille traditionnelle, de ses vertus et de ses bienfaits au milieu d’une oeuvre profondément destructrice.
Léon Daudet passe aussi en revue de véritables sauveteurs qui opposent aux incendiaires leur talent au service de leurs idées, Balzac, sauveteur de la société, Le Play ou le salut par la famille, Mistral, constructeur et sauveteur.
La grande leçon donnée par Léon Daudet est que le combat culturel est intimement lié au combat politique.
Gérard Baudin L’Action Française 2000 n° 2736 – du 15 au 28 novembre 2007
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