À qui appartient l’agrégation d’histoire ? Concours de recrutement des
enseignants du secondaire, il est également un critère majeur de
recrutement des professeurs de classes préparatoires et l’un des
éléments pris en compte pour l’entrée dans le supérieur. On comprend
aisément que les Inspecteurs Généraux, qui dépendent du ministère de
l’Éducation Nationale, et les enseignants-chercheurs, qui sont rattachés
à celui de l’Enseignement Supérieur, veuillent détenir les rênes de ce
concours de haut niveau. Mais il faut bien admettre que seuls les
enseignants-chercheurs ont les compétences nécessaires pour évaluer les
candidats sur des programmes très exigeants sur le plan scientifique. Il
est donc naturel que le président du jury soit issu des universités,
car c’est lui qui pilote le concours. Comme à chaque changement de
présidence, les enseignants-chercheurs avaient proposé la nomination
d’un professeur d’université à la tête du jury.
Or, cette fois-ci, le ministère a décidé d’imposer un Inspecteur
Général, Yves Poncelet, comme président du jury. Les
enseignants-chercheurs qui composaient le jury ont immédiatement
démissionné, mettant à exécution la menace qu’ils avaient brandie en
juillet dernier en cas de nomination autoritaire. Prévue le 28
septembre, la réunion de « concertation », organisée aux frais du
contribuable par Yves Poncelet fut un véritable fiasco. Yves Poncelet
risque bien de se trouver seul, ou presque, pour corriger les copies et
interroger les candidats… Autant, dans ces conditions, que ce nouveau
président jette l’éponge de lui-même plutôt que de constituer un jury «
inavouable » !
Si les enseignants-chercheurs redoutent tant la mise sous tutelle de l’agrégation par les Inspecteurs Généraux, c’est surtout en raison du contexte. Depuis plusieurs années, on assiste en effet à une offensive tous azimuts pour transformer l’enseignement de l’histoire. On se souvient des tentatives du pouvoir chiraquien pour imposer son opinion sur le « rôle positif de la colonisation ». La crainte est toujours très vive de voir les fonctionnaires et les technocrates du Ministère s’immiscer dans le recrutement des enseignants.
Quelques innovations « pédagogiques » ont récemment vu le jour. Oui, cette superbe « pédagogie » dont on rebattait les oreilles des enseignants stagiaires dans les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres), réapparus cette année sous le nom d’ESPE (Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation). Les IUFM se sont taillé une belle réputation par leur raffinement lexical. Devinette : qu’est-ce qu’une « évaluation sommative » ? C’est le contrôle. Et « l’interface scripturo-multispectrale » ? Le tableau blanc.
On a fait disparaître des programmes scolaires la chronologie afin de privilégier l’approche thématique. En d’autres termes, on étudie les « guerres » avant les « totalitarismes », ce qui revient à examiner la Seconde Guerre Mondiale avant de travailler sur le nazisme. Le ministre est heureusement revenu sur cette aberration, qui est un malheureux héritage du précédent gouvernement.
Cependant, la réforme des épreuves du CAPES d’histoire-géographie a de quoi laisser perplexes les enseignants du supérieur qui préparent les étudiants à ce concours. Autant dire que l’on n’y comprend rien. Ce concours, qui bénéficie notamment de la participation des enseignants-chercheurs acceptant de corriger les copies, est entièrement placé sous la coupe des Inspecteurs Généraux. Les nouvelles épreuves du CAPES visent à recruter de bons « pédagogues », entendez des gens qui sauraient transmettre un message (peu importe le contenu). Les connaissances comptent à peine, en particulier pour les deux épreuves orales telles que prévues à partir de 2014. Si vous savez parler, vous savez enseigner. Comment s’étonner alors que le niveau des élèves baisse ?
On peut toujours donner mille et une assurances que rien ne changera avec la nomination d’un Inspecteur Général comme président du jury de l’agrégation. Promis, juré, craché, on ne touche à rien. Mais alors pourquoi le ministère tient-il tant à l’imposer ? Que faut-il redouter ? Est-ce un nouveau cheval de Troie ?
Si les enseignants-chercheurs redoutent tant la mise sous tutelle de l’agrégation par les Inspecteurs Généraux, c’est surtout en raison du contexte. Depuis plusieurs années, on assiste en effet à une offensive tous azimuts pour transformer l’enseignement de l’histoire. On se souvient des tentatives du pouvoir chiraquien pour imposer son opinion sur le « rôle positif de la colonisation ». La crainte est toujours très vive de voir les fonctionnaires et les technocrates du Ministère s’immiscer dans le recrutement des enseignants.
Quelques innovations « pédagogiques » ont récemment vu le jour. Oui, cette superbe « pédagogie » dont on rebattait les oreilles des enseignants stagiaires dans les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres), réapparus cette année sous le nom d’ESPE (Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation). Les IUFM se sont taillé une belle réputation par leur raffinement lexical. Devinette : qu’est-ce qu’une « évaluation sommative » ? C’est le contrôle. Et « l’interface scripturo-multispectrale » ? Le tableau blanc.
On a fait disparaître des programmes scolaires la chronologie afin de privilégier l’approche thématique. En d’autres termes, on étudie les « guerres » avant les « totalitarismes », ce qui revient à examiner la Seconde Guerre Mondiale avant de travailler sur le nazisme. Le ministre est heureusement revenu sur cette aberration, qui est un malheureux héritage du précédent gouvernement.
Cependant, la réforme des épreuves du CAPES d’histoire-géographie a de quoi laisser perplexes les enseignants du supérieur qui préparent les étudiants à ce concours. Autant dire que l’on n’y comprend rien. Ce concours, qui bénéficie notamment de la participation des enseignants-chercheurs acceptant de corriger les copies, est entièrement placé sous la coupe des Inspecteurs Généraux. Les nouvelles épreuves du CAPES visent à recruter de bons « pédagogues », entendez des gens qui sauraient transmettre un message (peu importe le contenu). Les connaissances comptent à peine, en particulier pour les deux épreuves orales telles que prévues à partir de 2014. Si vous savez parler, vous savez enseigner. Comment s’étonner alors que le niveau des élèves baisse ?
On peut toujours donner mille et une assurances que rien ne changera avec la nomination d’un Inspecteur Général comme président du jury de l’agrégation. Promis, juré, craché, on ne touche à rien. Mais alors pourquoi le ministère tient-il tant à l’imposer ? Que faut-il redouter ? Est-ce un nouveau cheval de Troie ?
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