Le colonel Hélie Denoix de Saint Marc vient, voici
peu, de nous quitter. Il emmène avec lui ma toute première jeunesse
militante. Le rapport que nous entretenons au temps est fonction en
partie de notre âge. A titre d’exemple, la vie va en s’accélérant alors
qu’elle semble si lente aux plus jeunes. C’est ainsi que quinze ans,
c’est long pour un adolescent, alors que c’est peu pour un homme mur.
Je me souviens que durant les années soixante-dix, on trouvait sur les étals dans les hypermarchés, beaucoup de livres consacrés aux guerres d’Indochine et d’Algérie. En 1977, cela faisait quinze ans que la guerre d’Algérie était finie et cela me semblait si loin. Pour autant, issu d’un milieu Vieille France, thuriféraire des valeurs militaires, je lisais souvent des ouvrages issus des plumes d’Erwann Bergot, Georges Fleury, Pierre Sergent et Jean Mabire. Si chez nous, l’engagement dans la Résistance allait de soi, bien davantage conséquence du patriotisme que de l’idéologie politique, je ne me souviens plus avoir entendu le Maréchal critiqué. Quelque part, le slogan qu’allait prononcer Raymond Barre d’un « travail, famille, patrie dans une France libre » nous convenait très bien.
Je ne sais le pourquoi de l’intérêt majeur pour la guerre d’Algérie chez l’adolescent que je fus. Je sais en revanche que j’avais sur le sujet des idées assez arrêtées qui déjà à l’époque n’étaient pas appréciées. Il est vrai aussi que ma fascination, tant pour l’armée que pour la politique, laissait camarades de collège et de lycée indifférents, quand elle ne les faisait pas fuir.
A l’époque, je ne songeais en aucun cas à la civilisation que pouvait apporter la France mais au fait qu’étant la France, elle ne pouvait être simplement qu’hexagonale. De surcroît, antisoviétique, je savais les liens privilégiés entre Moscou et les pays arabes : cela suffisait à me faire choisir le camp que l’on imagine.
On ne comprendra pas le putsch à Alger si on méconnait la guerre d’Indochine et notamment sa fin. Quand les soldats français partirent de là-bas, les autochtones qui avaient choisi la France, coururent derrière les camions militaires, bien conscients de ce qu’ils allaient leur arriver s’ils étaient laissés sur place. Ce sont les mêmes officiers qui furent obligés d’abandonner les Indochinois sur place, que l’on retrouva munis de quelque barrettes de plus sur l’épaule, effectuant le putsch : il n’était à leurs yeux pas acceptable de recommencer la même erreur que celle commise en Asie. C’est ce que l’on appela le respect de la parole donnée, parole que ni l’Indochine ni l’Algérie ne seraient abandonnées.
Si le sujet n’était si grave, on pourrait s’amuser du procès en fascisme des officiers supérieurs putschistes, alors que ces derniers furent très majoritairement présents et actifs durant la Résistance. Combien peuvent, parmi les procureurs de l’époque, en dire autant ?
On sait que le 1er Rep fut le fer de lance du putsch. Et qu’Hélie Denoix de Saint Marc en prit le commandement. On sait aussi la gêne des accusateurs durant son procès, au motif de la valeur de l’homme qu’ils avaient à juger, eux qui étaient très inférieurs à lui, lui qui imposait le respect à presque tous.
Je me souviens que durant les années soixante-dix, on trouvait sur les étals dans les hypermarchés, beaucoup de livres consacrés aux guerres d’Indochine et d’Algérie. En 1977, cela faisait quinze ans que la guerre d’Algérie était finie et cela me semblait si loin. Pour autant, issu d’un milieu Vieille France, thuriféraire des valeurs militaires, je lisais souvent des ouvrages issus des plumes d’Erwann Bergot, Georges Fleury, Pierre Sergent et Jean Mabire. Si chez nous, l’engagement dans la Résistance allait de soi, bien davantage conséquence du patriotisme que de l’idéologie politique, je ne me souviens plus avoir entendu le Maréchal critiqué. Quelque part, le slogan qu’allait prononcer Raymond Barre d’un « travail, famille, patrie dans une France libre » nous convenait très bien.
Je ne sais le pourquoi de l’intérêt majeur pour la guerre d’Algérie chez l’adolescent que je fus. Je sais en revanche que j’avais sur le sujet des idées assez arrêtées qui déjà à l’époque n’étaient pas appréciées. Il est vrai aussi que ma fascination, tant pour l’armée que pour la politique, laissait camarades de collège et de lycée indifférents, quand elle ne les faisait pas fuir.
A l’époque, je ne songeais en aucun cas à la civilisation que pouvait apporter la France mais au fait qu’étant la France, elle ne pouvait être simplement qu’hexagonale. De surcroît, antisoviétique, je savais les liens privilégiés entre Moscou et les pays arabes : cela suffisait à me faire choisir le camp que l’on imagine.
On ne comprendra pas le putsch à Alger si on méconnait la guerre d’Indochine et notamment sa fin. Quand les soldats français partirent de là-bas, les autochtones qui avaient choisi la France, coururent derrière les camions militaires, bien conscients de ce qu’ils allaient leur arriver s’ils étaient laissés sur place. Ce sont les mêmes officiers qui furent obligés d’abandonner les Indochinois sur place, que l’on retrouva munis de quelque barrettes de plus sur l’épaule, effectuant le putsch : il n’était à leurs yeux pas acceptable de recommencer la même erreur que celle commise en Asie. C’est ce que l’on appela le respect de la parole donnée, parole que ni l’Indochine ni l’Algérie ne seraient abandonnées.
Si le sujet n’était si grave, on pourrait s’amuser du procès en fascisme des officiers supérieurs putschistes, alors que ces derniers furent très majoritairement présents et actifs durant la Résistance. Combien peuvent, parmi les procureurs de l’époque, en dire autant ?
On sait que le 1er Rep fut le fer de lance du putsch. Et qu’Hélie Denoix de Saint Marc en prit le commandement. On sait aussi la gêne des accusateurs durant son procès, au motif de la valeur de l’homme qu’ils avaient à juger, eux qui étaient très inférieurs à lui, lui qui imposait le respect à presque tous.
Philippe Delbauvre
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