« Le parlementarisme est un régime dintrigues et de corruption où la tyrannie est partout et la responsabilité nulle part.
Depuis plus de trente ans que je tiens la plume philosophique, j’ai toujours représenté la souveraineté du peuple comme une mystification oppressive et l’égalité comme un ignoble mensonge.
Tout choix des supérieurs par les inférieurs est profondément anarchique. Il n’a jamais
servi qu’à dissoudre graduellement un ordre vicieux.
Tout être devant se former de ses semblables, l’Humanité se décompose d’abord en cités, puis en familles, mais jamais en individus.
Aucune institution finale ne saurait surgir tant que persistera l’anarchie actuelle des opinions et des murs. Jusqu’à ce que de fortes convictions et des habitudes systématiques aient librement prévalu envers tous les cas essentiels de la vie sociale, il n’y aura de véritable avenir que pour les diverses mesures propres à faciliter cette reconstruction fondamentale »
Auguste COMTE
Auguste Comte (1798-1857) est peu connu, peu aimé, peu lu. Littré, disciple infidèle, a déformé sa pensée en faisant du positivisme un ennemi de la religion catholique alors que Comte a toujours affirmé son respect, son admiration de l’Église et la dette de reconnaissance que lui doit à jamais la civilisation pour avoir sauvé l’héritage antique. Toutes les autres religions sont destructrices, à commencer par le protestantisme, « insurrection mentale de l’individu contre l’espèce ».
Doctrine de constatation
« Le positivisme est une doctrine de constatation » écrit Maurras dans La Démocratie religieuse. En s’appuyant sur Aristote qu’il appelle « prince des philosophes », Auguste Comte, désireux de donner à l'art qu'est la politique un fondement ferme, a étudié scientifiquement les lois de l’ordre et du mouvement dans la constitution et le développement des sociétés. Il a fondé la science des phénomènes sociaux, la physique sociale ou sociologie. C’est dans le 4e volume de sa Philosophie positive qu'il emploie pour la première fois ce néologisme devenu depuis un terme courant. Comte et Sainte-Beuve ont inspiré « l’empirisme organisateur ».
« Les morts gouvernent les vivants », dit aussi Auguste Comte. Cette image saisissante montre le poids du passé dans la vie sociale. La morale sera donc dépendante et non indépendante comme celle de Kant. La famille étant le fondement de toute société humaine, Comte tourne le dos à tout individualisme. Ses raisonnements positifs le mènent à des conclusions identiques à celle du catholique Bonald. Pour que la famille, base de toute vie humaine, soit préservée, le mariage sera indissoluble car « la seule idée du changement y provoque ».
Évolution de Comte
Les disciples abusifs ont déformé l’image du maître. Certes, marqué par les préjugés de son temps, Comte s’est affirmé républicain et a écrit des pages critiques contre la monarchie, mais son idée républicaine est intéressante par l’horreur qu’elle manifeste envers le parlementarisme et le suffrage universel. Sa république est dirigée par un dictateur qui choisit lui-même son successeur. D’ailleurs, l’anarchie dans laquelle sombra l’Europe après 1848 le mena à considérer la monarchie comme « moyen de salut extrême ». Son Appel aux conservateurs (1854) représente une étape décisive dans cette évolution, conservateur désignant à ses yeux les hommes qui se rattachent à l’école de Maistre et de Bonald.
En dépit de ses faiblesses et ses insuffisances, le positivisme d’Auguste Comte occupe une place considérable dans la philosophie politique. Charles Maurras a pu dire qu’il était allé par lui à la « vieille doctrine nationale de la monarchie » (AF mensuelle, 1er mars 1904).
Gérard Baudin L’Action Française 2000 du 7 au 20 septembre 2006
* Le vocabulaire et le style de Comte rebutent le lecteur. Taine a écrit sur une page : « je renonce à aller plus loin ». Pour aborder l’œuvre vaste et difficile de ce puissant penseur (Cours de philosophie positive, Système de politique positive, Considérations sur le pouvoir spirituel… ), on lira deux études : Le Système Politique d’Auguste Comte de Léon de Montesquiou, livre tiré du cours donné par l’auteur à l’Institut d’AF en 1906, et Auguste Comte dans Romantisme et Révolution de Charles Maurras.
Depuis plus de trente ans que je tiens la plume philosophique, j’ai toujours représenté la souveraineté du peuple comme une mystification oppressive et l’égalité comme un ignoble mensonge.
Tout choix des supérieurs par les inférieurs est profondément anarchique. Il n’a jamais
servi qu’à dissoudre graduellement un ordre vicieux.
Tout être devant se former de ses semblables, l’Humanité se décompose d’abord en cités, puis en familles, mais jamais en individus.
Aucune institution finale ne saurait surgir tant que persistera l’anarchie actuelle des opinions et des murs. Jusqu’à ce que de fortes convictions et des habitudes systématiques aient librement prévalu envers tous les cas essentiels de la vie sociale, il n’y aura de véritable avenir que pour les diverses mesures propres à faciliter cette reconstruction fondamentale »
Auguste COMTE
Auguste Comte (1798-1857) est peu connu, peu aimé, peu lu. Littré, disciple infidèle, a déformé sa pensée en faisant du positivisme un ennemi de la religion catholique alors que Comte a toujours affirmé son respect, son admiration de l’Église et la dette de reconnaissance que lui doit à jamais la civilisation pour avoir sauvé l’héritage antique. Toutes les autres religions sont destructrices, à commencer par le protestantisme, « insurrection mentale de l’individu contre l’espèce ».
Doctrine de constatation
« Le positivisme est une doctrine de constatation » écrit Maurras dans La Démocratie religieuse. En s’appuyant sur Aristote qu’il appelle « prince des philosophes », Auguste Comte, désireux de donner à l'art qu'est la politique un fondement ferme, a étudié scientifiquement les lois de l’ordre et du mouvement dans la constitution et le développement des sociétés. Il a fondé la science des phénomènes sociaux, la physique sociale ou sociologie. C’est dans le 4e volume de sa Philosophie positive qu'il emploie pour la première fois ce néologisme devenu depuis un terme courant. Comte et Sainte-Beuve ont inspiré « l’empirisme organisateur ».
« Les morts gouvernent les vivants », dit aussi Auguste Comte. Cette image saisissante montre le poids du passé dans la vie sociale. La morale sera donc dépendante et non indépendante comme celle de Kant. La famille étant le fondement de toute société humaine, Comte tourne le dos à tout individualisme. Ses raisonnements positifs le mènent à des conclusions identiques à celle du catholique Bonald. Pour que la famille, base de toute vie humaine, soit préservée, le mariage sera indissoluble car « la seule idée du changement y provoque ».
Évolution de Comte
Les disciples abusifs ont déformé l’image du maître. Certes, marqué par les préjugés de son temps, Comte s’est affirmé républicain et a écrit des pages critiques contre la monarchie, mais son idée républicaine est intéressante par l’horreur qu’elle manifeste envers le parlementarisme et le suffrage universel. Sa république est dirigée par un dictateur qui choisit lui-même son successeur. D’ailleurs, l’anarchie dans laquelle sombra l’Europe après 1848 le mena à considérer la monarchie comme « moyen de salut extrême ». Son Appel aux conservateurs (1854) représente une étape décisive dans cette évolution, conservateur désignant à ses yeux les hommes qui se rattachent à l’école de Maistre et de Bonald.
En dépit de ses faiblesses et ses insuffisances, le positivisme d’Auguste Comte occupe une place considérable dans la philosophie politique. Charles Maurras a pu dire qu’il était allé par lui à la « vieille doctrine nationale de la monarchie » (AF mensuelle, 1er mars 1904).
Gérard Baudin L’Action Française 2000 du 7 au 20 septembre 2006
* Le vocabulaire et le style de Comte rebutent le lecteur. Taine a écrit sur une page : « je renonce à aller plus loin ». Pour aborder l’œuvre vaste et difficile de ce puissant penseur (Cours de philosophie positive, Système de politique positive, Considérations sur le pouvoir spirituel… ), on lira deux études : Le Système Politique d’Auguste Comte de Léon de Montesquiou, livre tiré du cours donné par l’auteur à l’Institut d’AF en 1906, et Auguste Comte dans Romantisme et Révolution de Charles Maurras.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire