Art républicain : les tanneries de peau humaine :
« Une demoiselle jeune,
grande et bien faite, s’était refusée aux recherches de Saint-Just ; il
la fit conduire à l’échafaud. Après l’exécution il voulut qu’on lui
présentât le cadavre et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages
furent commis, il la fit préparer (la peau) par un chamoiseur et la
porta en culotte. »
Ci-dessous une petite étude sur les
tanneries de peau humaine sous la Révolution française, dont se réclame
la totalité de la classe politique et qu’elle fête tous les 14
juillet...
Préambule
« La Révolution est un bloc »
affirmait Georges Clemenceau. Il ne faisait que constater une réalité
car il est évident à tout esprit réfléchi et indépendant que la Terreur
est sortie tout droit de 1789, de même que la Révolution est le fruit
pernicieux du XVIIIe siècle libertin aux mœurs relâchées et au
dérèglement de la morale, ce siècle abusivement appelé le “siècle des
lumières”.
Au demeurant la période sanglante de la
Révolution ne commença point en septembre 1792, mais dès les 26 et 27
janvier 1789 à Rennes, marqués par les premières émeutes sur lesquelles
chacun a en mémoire la réflexion de Chateaubriand. Cette sanglante
“émotion” populaire fut suivie les 27 et 28 avril par la mise à sac de
la manufacture Reveillon, au faubourg Saint-Antoine à Paris, par des
émeutiers soudoyés par le duc d’Orléans. Il y eut 25 morts et 22
blessés.
Il est donc mal venu de prétendre, que
la Révolution des “Droits de l’Homme”, celle de 1789, était la seule
dont on devait se réclamer et condamner la Révolution sanglante qui la
suivit. Subtile argutie ! Tout se tient, tout s’enchaîne : 1792 fut la
conséquence logique, inéluctable de 1789. On ne peut séparer de la
Révolution aucune partie de son ensemble : elle constitue bel et bien un
bloc, comme l’a dit Clemenceau.
Qui prône la Révolution doit endosser la
responsabilité de tous ses massacres, de toutes ses turpitudes, telles
les tanneries de peau humaine sur lesquelles existent trop de
témoignages pour qu’on les révoque en doute.
Le conventionnel Harmand témoigne
Citons d’abord le témoignage du
conventionnel Harmand (de la Meuse) qu’il a consigné dans un livre paru
en 1820 chez Maradan, à Paris, et intitulé Anecdotes relatives à
quelques personnes et à plusieurs événements remarquables de la
Révolution. Voici ce qu’il apporte :
Une demoiselle jeune, grande et bien
faite, s’était refusée aux recherches de Saint-Just ; il la fit conduire
à l’échafaud. Après l’exécution il voulut qu’on lui présentât le
cadavre et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent
commis, il la fit préparer (la peau) par un chamoiseur et la porta en
culotte. Je tiens ce fait révoltant de celui-même qui a été chargé de
tous les préparatifs et qui a satisfait le monstre ; il me l’a raconté
avec des détails accessoires que je ne peux pas répéter en présence de
deux autres personnes qui vivent encore. Il y a plus : c’est que,
d’après ce fait, d’autres monstres, à l’exemple de Saint-Just,
s’occupèrent des moyens d’utiliser la peau des morts et de la mettre
dans le commerce. Ce dernier fait est encore constant. Il ne l’est pas
moins que, il y a environ trois ans, on mit aussi dans le commerce de
l’huile tirée des cadavres humains ; on la vendait pour la lampe des
émailleurs.
Arrêtons-nous un instant sur cette
dernière accusation pour dire qu’il ne s’agit pas d’un racontar : il est
établi par des faits notoires, en particulier à Clisson où, le 6 avril
1794, des soldats de la compagnie de Marat dressèrent un bûcher sous
lequel ils placèrent des barils et, dans une seule nuit, ils firent
fondre les cadavres de cent cinquante femmes pour se procurer de la
graisse. Ces barils furent transportés à Nantes pour être vendus aux
hôpitaux et dans le registre de Carrrier on lit que « cette opération économique produisait une graisse mille fois plus agréable que le saindoux. »
La tannerie de Meudon
Le conventionnel Saint-Just
Saint-Just, dans son rapport du 14 août 1793 à la Commission des moyens extraordinaires, écrit : « On tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d’hommes est d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle du chamois. Celle des sujets féminins est plus souple mais elle présente moins de solidité. »
Saint-Just, dans son rapport du 14 août 1793 à la Commission des moyens extraordinaires, écrit : « On tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d’hommes est d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle du chamois. Celle des sujets féminins est plus souple mais elle présente moins de solidité. »
Aimée de Coigny
On ne peut négliger le témoignage d’une personne qui vécut sous la Révolution et était bien placée pour recueillir des confidences : c’est Aimée de Coigny qui écrit, dans le chapitre sur la Convention de son Journal :
On ne peut négliger le témoignage d’une personne qui vécut sous la Révolution et était bien placée pour recueillir des confidences : c’est Aimée de Coigny qui écrit, dans le chapitre sur la Convention de son Journal :
Trois tanneries de peaux humaines, aux
Ponts de Cé (près d’Angers), à Étampes, à Meudon, ont été identifiées ; à
la fête de l’Être Suprême plusieurs députés en portèrent des culottes.
Après Thermidor Galetti le prouva au péril de sa vie.
L’abbé de Montgaillard
L’abbé de Montgaillard corrobore les dires d’Aimée de Coigny dans le troisième (p. 290) des neuf tomes de son Histoire de France depuis la fin du règne de Louis XVI jusqu’en 1825 ; il a vu cette tannerie de Meudon et il confirme que :
L’abbé de Montgaillard corrobore les dires d’Aimée de Coigny dans le troisième (p. 290) des neuf tomes de son Histoire de France depuis la fin du règne de Louis XVI jusqu’en 1825 ; il a vu cette tannerie de Meudon et il confirme que :
on y tannait la peau humaine, et il est
sorti de cet affreux atelier des peaux parfaitement préparées. Le duc
d’Orléans (Égalité) avait un pantalon de peau humaine. Les bons et beaux
cadavres des suppliciés étaient écorchés et leur peau tannée avec un
soin particulier. La peau des hommes avait une consistance et un degré
de bonté supérieur à la peau de chamois ; celles des femmes présentait
moins de solidité à raison de la mollesse du tissu.
Le citoyen Dusaulchoy de Bergemont
Dusaulchoy de Bergemont, qui avait été l’ami de Camille Desmoulins et son collaborateur, publia en 1818 chez Rosa, à Paris, un livre en deux volumes portant pour titre Mosaïque historique, littéraire et politique, ou glanage instructif et divertissant d’anecdotes inédites ou très peu connues, de recherches bibliographiques, de traits curieux, de bons mots et de médisances. La concision n’était pas la qualité de cet auteur ! À la page 140 du premier volume, sous le titre « Tannerie de peau humaine », on lit :
Dusaulchoy de Bergemont, qui avait été l’ami de Camille Desmoulins et son collaborateur, publia en 1818 chez Rosa, à Paris, un livre en deux volumes portant pour titre Mosaïque historique, littéraire et politique, ou glanage instructif et divertissant d’anecdotes inédites ou très peu connues, de recherches bibliographiques, de traits curieux, de bons mots et de médisances. La concision n’était pas la qualité de cet auteur ! À la page 140 du premier volume, sous le titre « Tannerie de peau humaine », on lit :
Quel est le peuple d’Europe qui ne prend
pas pour une fable l’établissement de la tannerie de peau humaine de
Meudon ? On se souvient cependant qu’un homme vint à la barre de la
Convention annoncer un procédé simple et nouveau pour se procurer du
cuir en abondance ; que le Comité de Salut public lui accorda
l’emplacement de Meudon dont les portes furent soigneusement fermées et
qu’enfin plusieurs membres de ce Comité furent les premiers qui
portèrent des bottes faites de cuir humain. Ce n’était pas au figuré que
Robespierre écorchait le peuple, et comme Paris fournissait des
souliers aux armées, il a pu arriver à plus d’un défenseur de la patrie
d’être chaussé avec la peau de ses parents et amis.
L’homme en question s’appelait Seguin, « inventeur de nouveaux procédés pour le tannage des cuirs », auquel le Comité de Salut public procura « toutes espèces possibles de facilités »
pour la fondation des Tanneries de Sèvres, et non de Meudon comme dit
notre chroniqueur qui confond avec une usine de munitions de guerre
fondée à Meudon.
L’accusation
de Dusaulchoy de Bergemont, jointe à maintes autres du même genre, ne
laisse pas d’être troublante, comme l’est l’émotion qui saisit les
thermidoriens chargés de la surveillance de l’établissement de Meudon
devant les bruits persistants et de plus en plus fournis sur l’existence
d’une tannerie de peau humaine. Ils la manifestèrent près de la
Convention par une démarche que nous fait connaître le Moniteur. Les
représentants du peuple envoyés à Meudon adressent à la Convention une
lettre par laquelle ils réclament contre un bruit calomnieux, inséré
dans plusieurs journaux, qu’on tannait à Meudon des peaux humaines pour
en faire des cuirs. « La Convention passe à l’ordre du jour ».
On tanne les peaux humaines en pays rebelle
Les tanneries d’Angers
À Angers, le fondateur d’une tannerie de
peau humaine fut le major Péquel qui chargea le tanneur Langlais de les
préparer. Le manchonnier Prudhomme put ainsi confectionner trente-deux
culottes en peau de Vendéens que portèrent certains officiers Bleus.
Dans un ouvrage impartial et s’appuyant
sur des documents irréfutables, le professeur Raoul Mercier, professeur
honoraire de l’École de Médecine de Tours, membre correspondant de
l’Académie des Sciences, publia en 1939 chez Arrault et Cie, à Tours, Le
Monde médical dans la guerre de Vendée où il donne des précisions sur
le chirurgien-major Péquel du 4e bataillon des Ardennes qui «
s’est acquis, dit le Pr Mercier, une triste célébrité en dirigeant
l’atelier de tannerie de peaux des Vendéens fusillés près d’Angers. »
Le rôle de Péquel est certifié par deux témoins :
- l’un, Poitevin, agent national de la commune des Ponts-de-Cé, interrogé le 15 brumaire an III (6 novembre 1794), affirme avoir vu Péquel écorcher au bord de la Loire une trentaine de Vendéens fusillés.
- l’autre, un Angevin, Robin, raconta le 31 mai 1852, les scènes dont il fut témoin dans sa jeunesse : « J’avais, dit-il, l’âge de treize à quatorze ans, je puis affirmer avoir vu, sur les bords du fleuve (la Loire), les corps des malheureux Vendéens dont les cadavres avaient été écorchés. Il étaient écorchés à mi-corps parce qu’on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long des cuisses jusqu’à la cheville, de manière qu’après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé. Il ne restait plus qu’à tanner et à coudre. » Les peaux étaient envoyées à la tannerie de Langlais, aux Ponts-Libres, ci-devant les Ponts-de-Cé, où elles étaient travaillées par des soldats, les ouvriers refusant de faire ce travail.
- l’un, Poitevin, agent national de la commune des Ponts-de-Cé, interrogé le 15 brumaire an III (6 novembre 1794), affirme avoir vu Péquel écorcher au bord de la Loire une trentaine de Vendéens fusillés.
- l’autre, un Angevin, Robin, raconta le 31 mai 1852, les scènes dont il fut témoin dans sa jeunesse : « J’avais, dit-il, l’âge de treize à quatorze ans, je puis affirmer avoir vu, sur les bords du fleuve (la Loire), les corps des malheureux Vendéens dont les cadavres avaient été écorchés. Il étaient écorchés à mi-corps parce qu’on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long des cuisses jusqu’à la cheville, de manière qu’après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé. Il ne restait plus qu’à tanner et à coudre. » Les peaux étaient envoyées à la tannerie de Langlais, aux Ponts-Libres, ci-devant les Ponts-de-Cé, où elles étaient travaillées par des soldats, les ouvriers refusant de faire ce travail.
D’autres témoignages
Poursuivons notre quête de témoignages. L’existence de ces tanneries d’un nouveau genre est établie en Vendée pendant les années cruelles de 1793-1794.
Poursuivons notre quête de témoignages. L’existence de ces tanneries d’un nouveau genre est établie en Vendée pendant les années cruelles de 1793-1794.
Le général Beysser, rapporte
Crétineau-Joly (Histoire de la Vendée militaire, T1, p. 165, Ed. de
1851), osa être le premier à porter un pantalon fait avec la peau
préparée et tannée des Vendéens qu’on écorchait après la bataille.
En 1829, la comtesse de la Bouëre, qui
préparait la rédaction de ses Mémoires, se trouvait à passer par La
Flèche, a l’idée de recueillir, si possible, de quelqu’un du pays des
renseignements sur le passage des Vendéens dans cette ville pendant la
Virée de Galerne. Aux abords de la diligence elle s’adresse au hasard à
un homme qui flâne par là et lui pose des questions. « Vous ne pouviez mieux vous adresser, Madame, répond-il. J’ai servi sous les généraux Kléber, Canclaux, Turreau, Cordelier… »
Et cet ancien Bleu donne à Mme de la Bouëre de terribles précisions ;
il se vante même d’avoir écorché des “brigands” pour en faire tanner la
peau à Nantes. Et il conclut le récit de ses exploits par ce satisfecit
personnel : « Ah ! je bûchais bien. Aussi, on m’appelait “le
boucher des Vendéens”. Et si cela revenait, je recommencerais encore.
Je le ferais encore, si j’avais à le faire. »
Continuons nos recherches. Paul Lacroix,
plus connu sous le nom de Bibliophile Jacob, avait fait la connaissance
d’un nommé Souterre, ancien Hussard de la Mort, lequel lui assura avoir
porté une culotte de peau humaine. Il recueillit un aveu identique de
la bouche d’un architecte qui était, en 1823, un des plus terribles
exécuteurs de la Bande Noire : il rasait les châteaux avec une
impitoyable malerage. Cet architecte lui confia que, se trouvant à
l’armée, il avait porté une culotte de peau humaine « fort bien tannée,
fort souple et fort convenable. »
Des objets en peau humaine
La peau humaine exposée au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes
Des objets en peau humaine existent dans des collections privées ; mais l’on peut voir au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes, une peau humaine tannée [photo d'illustration ci-dessus]. Ce n’est pas celle d’un Vendéen, c’est celle d’un Bleu, tué à la défense de Nantes, en juin 1793, qui avait légué sa peau pour en faire un tambour soi-disant ! Selon sa volonté elle fut préparée dans une tannerie des bords de la Sèvre nantaise ; malheureusement son épaisseur insuffisante ne convint pas à un tel usage…
Des objets en peau humaine existent dans des collections privées ; mais l’on peut voir au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes, une peau humaine tannée [photo d'illustration ci-dessus]. Ce n’est pas celle d’un Vendéen, c’est celle d’un Bleu, tué à la défense de Nantes, en juin 1793, qui avait légué sa peau pour en faire un tambour soi-disant ! Selon sa volonté elle fut préparée dans une tannerie des bords de la Sèvre nantaise ; malheureusement son épaisseur insuffisante ne convint pas à un tel usage…
Un exemplaire de la Constitution du 24
juin 1793 reliée en peau humaine Louis Combe a fait connaître le texte
du placard, copié sur l’original même, dans ses Épisodes et curiosités
révolutionnaires et l’a fait suivre de sa Réponse à l’affiche de
Billaud-Varenne, Vadier, Collot et Barère dans laquelle il dit ceci :
Plusieurs journaux avaient parlé avant
nous des prétendues tanneries. Le fait nous parut si hasardé que nous le
reléguâmes dans les on-dit, et nous nous contentâmes, dans un mémoire
suivant, de rapporter littéralement les détails que donnait à ce sujet
une feuille accréditée. Billaud-Varenne, Vadier, Collot et Barère ont
cru bon et utile de signer une grande affiche bleue contre nous seuls. À
la première explication que nous venons de donner, nous ajouterons que
le fait de la tannerie humaine a certainement existé, puisqu’un de nos
abonnés nous envoie, comme un digne monument des decemvirs, une
Constitution de 1793, imprimée à Dijon chez Causse, sur un papier vélin
et reliée en peau humaine qui imite le veau fauve. Nous offrons de la
montrer à tous ceux qui seraient curieux de la voir…
Cet exemplaire de la Constitution a une
histoire. Il devint plus tard la propriété d’un historien de la
Révolution, Villeneuve, qui y joignit un exemplaire de l’affiche et une
note destinée à l’authentifier. Muni de telles références, le livre fut
mis en vente et acquis en 1849 par un libraire parisien. On en perd
ensuite la trace jusqu’en 1864 où, le 13 février de cette année, il
était vendu par les soins de M. France, le père d’Anatole, le maître
styliste et délicieux conteur, pour la coquette somme de 231 F or. Cet
exemplaire, après avoir eu plusieurs possesseurs, dont le marquis de
Turgot, fut acheté en 1889 par le musée Carnavalet. C’est un in-12,
joliment relié avec filets sur les plats et doré sur tranches.
Conclusion
Plusieurs mémorialistes et écrivains, se
posant en historiens, rapportent encore l’existence de ces tanneries de
peau humaine : Georges Duval dans ses Souvenirs de la Terreur, Granier
de Cassagnac dans son Histoire des Girondins et des massacres de
septembre, ou encore l’Histoire impartiale des Révolutions de
Prud’homme, Les brigands démasqués de Danican, etc.
L’intermédiaire des chercheurs et
curieux du 30 mars 1936 révélait qu’il s’était tout de même trouvé un
tribunal pour condamner l’officier de santé Morel et le bourreau,
coupables d’avoir détourné la peau de l’abbé Thomas, de Guebwiller,
guillotiné à Colmar.
Il reste que l’utilisation de sous-produits des massacres constitue une forme achevée du sadisme terroriste.
http://www.actionroyaliste.com
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