« Après un oubli de près de 100 ans depuis la prise de la
Bastille, le 14 juillet devient fête Nationale en 1880, sous la IIIème
République.
La République toute nouvelle se cherche des symboles. Là encore,
comme souvent en cette période de notre Histoire Nationale, l’action des
francs-maçons sera importante.
C’est le frère Benjamain Raspail, député de la Seine pour la
gauche républicaine (fils aîné de François-Vincent Raspail, candidat
malheureux à la présidence de la République en 1848, carbonaro et
franc-maçon au sein de la célèbre loge parisienne Les Amis de la
Vérité), qui dépose le 21 mai 1880 la loi faisant du 14 juillet la fête
nationale. Ce projet de loi, signé par 64 députés, sera adopté par
l’Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin. Elle sera promulguée
le 6 juillet 1880.
Mais qu’est-ce qu’on commémore exactement? Cette loi a eu bien du
mal à passer car nombre de députés ne souhaitaient pas commémorer la
prise de la Bastille du 14 juillet 1789, épisode historique jugé trop
violent. Le frère Raspail propose donc de commémorer… le 14 juillet
1790, jour de la Fête de la Fédération, 1er anniversaire de la prise de
la Bastille.
(…)
La décision officielle est prise en juin 1790 par l’Assemblée Nationale.
Le 14 juillet 1790 ce sont 14 000 fédérés venus de province
(chaque garde nationale a été chargée de choisir parmi ses membres 2
hommes sur 100), rangés par départements sous 83 bannières, qui partent
de l’emplacement de la Bastille, empruntent les rues Saint-Antoine,
Saint-Denis, Saint-Honoré et se rendent par le Cours-La-Reine par le
pont de bateaux qui leur permet d’accéder au Champ de Mars. Ils sont
plus de 60 000 fédérés avec ceux de Paris qui les ont rejoint.
Plus de 400 000 parisiens assistent à la Fête.
C’est le frère La Fayette qui le premier jure fidélité à la
Constitution et au Roi. Louis XVI lui-même fait ensuite serment de
respecter la Constitution.
Puis une grande Messe est célébrée par l’Evêque constitutionnel d’Autun, le frère Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
Enfin le « Te Deum de la Fraternité » pour 3 voix, chœur d’homme
et orchestre d’harmonie, composé et dirigé par le frère François-Joseph
Gossec (membre de la Loge « La Réunion des Arts » à l’Orient de Paris)
est joué devant la foule.
Pour la première fois le drapeau de la jeune République
américaine est déployé hors des Etats-Unis. Une délégation menée par le
frère John Paul Jones (fondateur de la Marine Américaine) et par le
frère Thomas Paine (qui sera plus tard élu à la Convention) se joint au
cortège des fédérés. Elle comprend également James Swan, Georges Howell,
Benjamin Jarvis, Samuel Blackden, Joël Barlow, William Henry Vernon.
Elle arrive au Champ de Mars avec son drapeau et est acclamée par la
foule des patriotes.
C’est pourquoi en 1880, la jeune République veut retrouver autour
de ses valeurs cet élan populaire et choisit de célébrer la Fête de la
Fédération. Elle a d’ailleurs fait les choses en grand. Le ministre de
l’Intérieur prescrit aux préfets de veiller à ce que cette journée
« soit célébrée avec autant d’éclat que le comportent les ressources
locales ».
Un défilé militaire est organisé sur l’hippodrome de Longchamp
devant 300 000 spectateurs, en présence du frère Président de la
République Jules Grévy. Il s’agit de montrer le redressement de l’armée
française après la défaite contre la Prusse en 1870.
Ce défilé militaire, toujours en vigueur aujourd’hui le 14 juillet, s’inspire aussi du défilé des gardes fédérés de 1790.
En 1880 on inaugure également le monument surmonté de la statue
de la place de la République, et partout sont donnés concerts et feux
d’artifices. « La colonne de Juillet » qui surplombe la place de la
Bastille, elle, ne se réfère pas au 14 juillet 1789. Elle porte le nom
des victimes des journées révolutionnaire de juillet 1830, les « Trois
glorieuses ». »
http://www.contre-info.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire