- Quel bienfait semble être un juif,
lorsque l’on vit parmi des Allemands !
lorsque l’on vit parmi des Allemands !
Nietzsche est fameux pour sa phrase sur ce qui ne nous tue
et nous rend plus fort, phrase qui s’applique merveilleusement aux
Juifs, ce peuple aussi, disait un ancien président, qui a tant de fois
su mourir pour renaître. Penseur polyfacétique et contradictoire, il fut
aussi récupéré par tous les partis et toutes les écoles philosophiques
au vingtième siècle. Son surhomme sert de catalyseur à la plateforme
trans-humaine en ce moment (qu’on le veuille ou non...).
Proche de Wagner et du pangermanisme dans sa jeunesse, Nietzsche
change vite de camp sous l’impulsion de son amourette avec Lou Von
Salomé (future égérie de Freud, Rilke et quelques autres) et de
l’intellectuel Paul Rée dont Cosima Wagner dénoncera une influence
malveillante sur l’ancien ami de son mari.
La portée subversive de la pensée de Nietzsche, très populaire un
temps chez les socialistes et les sionistes, a été soulignée par les
fameux Protocoles (avec Darwin, il est le penseur recommandé des
"sages") et par la pensée de mai 68, liquidatrice de ce qui nous reste
de famille et de nation.
Mais je préfère citer : on trouvera tout cela facilement sur le web dans "la Généalogie", "Par-delà le bien et le mal", "Humain trop humain" (ouvrage discret et pourtant le préféré de Gilles Deleuze et de la Gauche nietzschéenne).
***
Nietzsche hait et méprise les antisémites de son temps (un peu comme Léon Bloy, et presque pour les mêmes raisons). L’antisémite c’est le raté, l’homme jaloux, l’esprit plein de ressentiment...
« Eugène Dühring qui, dans l’Allemagne
contemporaine, fait l’usage le plus immodéré et le plus déplaisant du
tam-tam moral : Dühring, le plus grand hâbleur moral de notre époque,
même parmi ses pareils, les antisémites. Ce sont tous hommes du
ressentiment, ces disgraciés physiologiques, ces vermoulus, il y a là
une puissance frémissante de vengeance souterraine, insatiable,
inépuisable dans ses explosions contre les heureux, ingénieux dans les
travestissements de la vengeance, dans les prétextes à exercer la
vengeance. »
On voit que pour Nietzsche l’antisémite est un chrétien qui s’ignore,
le chrétien un antisémite qui s’ignore. C’est la pensée du soupçon en
état de marche.
Dans un célèbre aphorisme de Jenseits, Nietzsche professe ainsi son admiration pour le « peuple élu » ou « sûr de soi et dominateur » :
« Ce que l’Europe doit aux Juifs ? Beaucoup de
choses, bonnes et mauvaises, et surtout ceci, qui appartient au meilleur
et au pire : le grand style dans la morale, l’horreur et la majesté des
exigences infinies, des significations infinies, tout le romantisme
sublime des problèmes moraux, et par conséquent ce qu’il y a de plus
séduisant, de plus captieux et de plus exquis dans ces jeux de lumière
et ces invitations à la vie, au reflet desquels le ciel de notre
civilisation européenne, son ciel vespéral, rougeoie aujourd’hui,
peut-être de son ultime éclat. Nous qui assistons en artistes et en
philosophes à ce spectacle, nous en sommes reconnaissants aux Juifs. »
J’ai toujours trouvé ce passage un peu confus d’ailleurs (j’ai
pourtant presque quarante ans de nietzschéisme derrière moi...). Puis
Nietzsche pronostique même - comme Vacher de Lapouge - une domination
future des Juifs en Europe avec pour ce faire une nécessaire expulsion
des antisémites (et dire qu’il passe pour avoir inspiré Hitler !) :
« C’est un fait que les Juifs, s’ils voulaient - ou
si on les y forçait, comme semblent le vouloir les antisémites -,
pourraient dès maintenant exercer leur prépondérance et même
littéralement leur domination sur l’Europe ; c’est un fait également
qu’ils n’y travaillent pas et ne font pas de projets dans ce sens. Pour
le moment, ce qu’ils veulent et souhaitent, et même avec une certaine
insistance, c’est d’être absorbés dans l’Europe et par l’Europe, ils
aspirent à s’établir enfin quelque part où ils soient tolérés et
respectés, et à mettre enfin un terme à leur vie nomade de "Juifs
errants". On devrait bien tenir compte de cette aspiration et de cette
pression (où s’exprime peut-être déjà une atténuation des instincts
juifs) et les favoriser ; et pour cela il serait peut-être utile et
juste d’expulser du pays les braillards antisémites. »
Cela aurait été le décret Nuit et braillard...
***
Antichrétien fanatique à la fin de sa vie, Nietzsche recourt à sa
formation de philologue pour dénier au christianisme tout fondement
scientifique et donc moral :
« Mais, en fin de compte, que peut-on attendre des
effets d’une religion qui, pendant les siècles de sa fondation, a
exécuté cette extraordinaire farce philologique autour de l’Ancien
Testament ? Je veux dire la tentative d’enlever l’Ancien Testament aux
Juifs avec l’affirmation qu’il ne contenait que des doctrines
chrétiennes et qu’il ne devait appartenir qu’aux chrétiens, le véritable
peuple d’Israël, tandis que les Juifs n’avaient fait que se l’arroger. »
Sa haine des chrétiens est égale à sa haine des Allemands à qui il
finit par tout reprocher (les Croisades ou la réforme comme mise à mort
de la Renaissance, par exemple dans "l’Antéchrist"). Mais voici une longue parenthèse du "Gai savoir" :
« (L’Europe, soit dit en passant, doit avoir de la
reconnaissance à l’égard des Juifs, pour ce qui en est de la logique et
des habitudes de propreté intellectuelle ; et avant tout les Allemands,
une race fâcheusement déraisonnable, à qui, aujourd’hui encore il faut
toujours commencer par "laver la tête". Partout où les Juifs ont eu de
l’influence, ils ont enseigné à distinguer avec plus de sensibilité, à
conclure avec plus de sagacité, à écrire avec plus de clarté et de
netteté : cela a toujours été leur tâche d’amener un peuple "à la
raison"). »
***
Très hostile aux nations, indifférent à la notion de race, mais
favorable au métissage, à la civilisation maure du sud de l’Europe,
Nietzsche écrit encore que :
« Dès qu’il n’est plus question de conserver des
nations, mais de produire et d’élever une race mêlée d’Européens aussi
forte que possible, le Juif est un ingrédient aussi utile et aussi
désirable que n’importe quel autre vestige national. »
Pour Nietzsche le futur en Europe opposera Juifs et Russes :
« Le penseur que préoccupe l’avenir de l’Europe
doit, dans toutes ses spéculations sur cet avenir, compter avec les
Juifs et les Russes comme avec les facteurs les plus certains et les
plus probables du jeu et du conflit des forces. »
Enfin notre grand penseur de la droite occidentale (pensons au
GRECE !) insiste sur le génie juif qui a occidentalisé l’Europe aux
heures les plus sombres de son histoire (ie le Moyen Age) tandis que ce
pauvre christianisme ne songeait qu’à la retarder et l’orientaliser.
« En outre : aux temps les plus sombres du Moyen
Age, quand le rideau des nuages asiatiques pesait lourdement sur
l’Europe, ce furent des libres penseurs, des savants, des médecins juifs
qui maintinrent le drapeau des lumières et de l’indépendance d’esprit
sous la contrainte personnelle la plus dure, et qui défendirent l’Europe
contre l’Asie ; c’est à leurs efforts que nous devons en grande partie
qu’une explication du monde plus naturelle, plus raisonnable, et en tout
cas affranchie du mythe, ait enfin pu ressaisir la victoire, et que la
chaîne de la civilisation, qui nous rattache maintenant aux lumières de
l’Antiquité gréco-romaine, soit restée ininterrompue. Si le
christianisme a tout fait pour orientaliser l’Occident, c’est le
judaïsme qui a surtout contribué à l’occidentaliser de nouveau : ce qui
revient, en un certain sens, à faire de la mission et de l’histoire de
l’Europe une continuation de l’histoire grecque. »
Nietzsche défend une notion désormais classique : le gai savoir c’est
le savoir juif, mauresque, provençal, toulousain, cathare, courtois....
Chassé par le pape et par l’odieuse Inquisition. Ajoutons en passant
(c’est un autre sujet) que le rôle de Nietzsche dans la formation de la
pensée juive moderne, sioniste et conquérante, a été très bien étudié
par David Ohana ("Zarathoustra à Jérusalem", Controverses, mai 2008). Nous laisserons un sioniste conclure, son traducteur en hébreu, qui écrivait en 1944 :
« La jeunesse juive doit s’élever aux sommets de
Zarathoustra, là où règne un air pur et vif, non seulement pour le
plaisir esthétique, mais aussi pour apprendre ce que signifiait être un
homme libre. » (Israël Eldad).
Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info
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