Tout ce qui nuit à la royauté et au peuple profite au trafiquant.
Ce sera un peu long, mais je pense un peu passionnant. Donc pas d’inquiétude, et profitez des sautes d’humour des intertitres !
En 1846, Toussenel publie son fameux pamphlet Les Juifs rois de l’époque
(réédité au éditions Déterna). Le mot juif désigne moins pour lui le
« peuple » que le comportement bancaire et financier moderne ; d’où un
malentendu qui a desservi le livre (ou l’a diabolisé, ce qui est une
manière d’être servi…). Il n’y a par exemple que dix ou douze références
sur les Juifs (surtout Rothschild bien sûr, qui tient les chemins de
fer ruineux et dangereux), mais cent sur l’Angleterre méphitique. Or,
tout ce qui a été dit après lui a été recopié sur lui, ou adapté de lui,
ou répété de lui. Toussenel est l’homme qui a décrit le premier pour la
modernité les « extrémistes ». C’est le rasoir d’Ockham de la réflexion
historique : l’explication la plus simple est toujours la meilleure !
Son style lyrique est d’une grande précision et le grand penseur
fouriériste a su mieux que tout le monde comprendre à quelle sauce
l’Europe, puis l’homme, allaient se faire manger ici ou là.
On n’avait qu’à lire la Bible, que Toussenel déteste et cite plus
intelligemment que tous nos curés et grands pasteurs yankees. Je cite
ces passages (on vend sa fille, on tond les peuples…) que j’ai piochés
moi-même dans mes lectures émerveillées de la Feinte Écriture !!!
« Et si un homme vend sa fille pour être servante, elle ne
sortira point comme sortent les serviteurs. Si elle déplaît aux yeux de
son maître qui se l’était fiancée, il la fera racheter ; il n’aura pas
le pouvoir de la vendre à un peuple étranger, après l’avoir trompée » (Exode, 21, 7).
« Et prenez votre père et vos familles, et venez vers moi ; et je
vous donnerai ce qu’il y a de meilleur au pays d’Égypte, et vous
mangerez la graisse du pays » (Genèse, 45, 18).
« Car l’abondance de lamer se tournera vers toi… Les richesses
des nations viendront vers toi. Et les fils de l’étranger bâtiront tes
murs, et leurs rois te serviront » (Isaïe, 60, 5-10).
Drumont, c’est du Joly !
J’en profite pour recommander à mon lecteur la lecture ou la relecture du Dialogue aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, l’inspirateur décrété des protocoles (republié dans Protocoles des sages de Sion : un paradoxe politique, théorique et pratique
aux éditions Déterna) . Comme on voit, ce journaliste qui se serait
suicidé un beau jour de 1877 n’y allait pas avec le dos de la cuiller
non plus sous le second empire, et comme on voit l’époque est froidement
immobile : « De la lassitude des idées et du choc des révolutions
sont sorties des sociétés froides et désabusées qui sont arrivées à
l’indifférence en politique comme en religion, qui n’ont plus d’autre
stimulant que les jouissances matérielles, qui ne vivent plus que par
l’intérêt, qui n’ont d’autre culte que l’or, dont les mœurs mercantiles
le disputent à celles des juifs qu’ils ont pris pour modèles.
Croyez-vous que ce soit par amour de la liberté en elle-même que les
classes inférieures essayent de monter à l’assaut du pouvoir ? C’est par
haine de ceux qui possèdent ; au fond, c’est pour leur arracher leurs
richesses, instrument des jouissances qu’ils envient. »
Voici ce que dit Drumont de l’essai magnifique de Toussenel, son inspirateur et modèle : « Pamphlet,
étude philosophique et sociale, œuvre de poète, de penseur, de
prophète, l’admirable livre de Toussenel est tout cela à la fois et ma
seule ambition, je l’avoue, après de longues années de labeur
littéraire, serait que mon livre pût prendre place près du sien dans la
bibliothèque de ceux qui voudront se rendre compte des causes qui ont
précipité dans la ruine et dans la honte notre glorieux et cher pays. »
Waterloo est bien sûr une grave défaite, mais ce n’est pas tout à
fait la défaite, la « Fin de l’Histoire » au sens hégélien. On peut dire
que la fin de la France, plus que 1815, c’est 1830. Et l’Europe va
suivre. En ce livre éloquent repasse tout le régime philippiste, plus
décent d’apparence que notre République, au fond presque aussi pourri
qu’elle, écrit Drumont.
Et Toussenel : « La révolution de juillet, c’est la victoire
d’Hastings de la féodalité financière. De ce jour-là, celle-ci a
commencé à se douter un peu de sa puissance. »
Pourquoi la Bible ne fait pas le moine
Je reprends sur Toussenel et le Bible. Attention, ce qu’il écrit est choquant, vraiment.
« Satan, le dieu des armées, le dieu du carnage, le dieu méchant,
le dieu jaloux, le dieu inique qui punit la femme de Loth du crime de
ses filles, qui commande à Abraham le meurtre de son fils. Le vrai Dieu,
le Dieu de l’Évangile, celui qui se révèle par l’amour, celui qui a mis
au cœur du père la tendresse paternelle, n’a jamais commandé à un père
d’égorger son enfant ; car cet abominable crime serait une offense à sa
loi.
Non, le Dieu de l’Évangile, qui a prescrit aux hommes de s’aimer
comme des frères, et dont la sainte loi est gravée dans nos cœurs à
tous, n’est pas le même qui a dicté au sombre législateur du Sinaï
l’exécrable formule œil pour œil, dent pour dent, et qui ordonne à ses
fidèles d’exterminer sans pitié tous ceux qui ne prononcent pas purement
schibboleth. »
La banque, l’argent, la dette et l’hypothèque : rien de nouveau ! La
domination financière est avant tout, comme celle de Joseph dans la
Genèse, psychologique. Joseph un expert et donc il embobine le pharaon
par son interprétation préfreudienne des rêves. Idem aux temps modernes,
explique Toussenel : « Si bien que le juif a frappé tous les États
d’une nouvelle hypothèque et d’une hypothèque que ces États ne
rembourseront jamais avec leurs revenus. L’Europe est inféodée à la
domination d’Israël. Cette domination universelle que tant de
conquérants ont rêvée, les juifs l’ont en leurs mains. Le dieu de Juda a
tenu parole aux prophètes et donné la victoire aux fils de Macchabée.
Jérusalem a imposé le tribut à tous les empires. La première part du
revenu public de tous les États, le produit le plus clair du travail de
tous les travailleurs, passe dans la bourse des juifs sous le nom
d’intérêts de la dette nationale. Et notez bien que pas un juif n’a fait
œuvre utile de ses mains, depuis le commencement du monde. »
Quant au pape Toussenel avait compris bien avant les cathos
intégristes qui ramènent tout à Vatican II de quoi il en retournait (je
dois dire que Céline aussi dans Bagatelles)…
Il y a longtemps que le Dieu de l’Évangile n’a plus de vicaire
ici-bas ! Le vicaire du Christ, c’est un vieillard qui emprunte aux
juifs, qui proteste contre les chemins de fer et qui donne sa
bénédiction aux bourreaux de la Pologne catholique.
Encore le pontife n’avait-il pas publié un affreux bouquin avec le rabbin Skorka et reçu Shimon Peres en premier lieu !
La nouvelle féodalité arachnéenne
Toussenel comme Tocqueville voit avec effroi la nouvelle féodalité apparaître. Sa fonction de crétiniser l’humanité : « La
féodalité industrielle, plus lourde, plus insatiable que la féodalité
nobiliaire, saigne une nation à blanc, la crétinise et l’abâtardit, la
tue du même coup au physique et au moral. Son despotisme est le plus
déshonorant de tous pour une nation généreuse.
Le travailleur, réduit à l’état de bête de somme bien nourrie,
perd bientôt sa dignité d’homme, et accepte le joug du capital pour un
temps indéterminé. »
On croirait du Céline !
Toussenel le premier en France utilise l’image de l’araignée, cet
arthropode aux pouvoirs surnaturels, pour décrire le rôle du banquier
dans la vie moderne : « C’est surtout l’araignée, cet admirable et
saisissant emblème du boutiquier. Un insecte hideux, toutes griffes,
tout yeux, tout ventre, mais sans poitrine, c’est-à-dire de place pour
le cœur ! —L’araignée tend sa toile comme le trafiquant sa boutique,
dans tous les lieux, dans tous les passages où il y a des mouches ou des
chalands à prendre. »
Le monde moderne est un monde d’intermédiaires, de médiatiques, de middle men
(le nom de la nouvelle princesse Windsor) ; c’est l’époque de la pub
dans la presse, et de l’agence Reuters, créée à l’époque de Balzac par
un juif alaman.
Tous ces gens-là vivent de privilèges, et leur fortune est basée sur
la misère et les discordes publiques. Il est évident que les avocats,
les avoués et les journalistes périraient si les citoyens ne se
querellaient pas entre eux, et si les gouvernés étaient d’accord avec
les gouvernants.
Les lois minables et bâclées votées un peu partout ne choquent que les idiots ; elles ont un but démocratique bien précis : « Les
avocats qui vivent des obscurités et des imperfections de la loi, ne
peuvent pas raisonnablement travailler de bon cœur à éclaircir les
textes et à perfectionner les Codes. Ils ont, à la conservation des
mauvaises lois, le même intérêt que les louvetiers à la conservation des
loups. »
L’horreur historique anglaise
Toussenel traite beaucoup aussi dans son livre de la malédiction
anglaise, cette nation maudite qui est responsable de la défaite
française, puis allemande, puis européenne, blanche puis même humaine,
et qui est au service de la Bête depuis Bacon ou bien Cromwell. Je cite
Léon Bloy au passage et son journal – c’est au moment de la guerre des
Boers : « L’univers entier fait des vœux pour la défaite des
Anglais. C’est la première fois, je pense, qu’une pareille unanimité
s’est vue. Je ne me lasse pas d’admirer qu’un grand homme à peu près
sans Dieu, Napoléon, ait eu l’intuition prophétique de la délivrance du monde par l’humiliation ou la destruction de l’Angleterre. »
Voici Toussenel ; c’est bien épique aussi l’anglophobie des familles.
« Je ne sache pas qu’aucune autre nation ait pesé sur le monde
d’un poids aussi écrasant que la nation anglaise, ait coûté à l’humanité
autant de larmes, ait motivé autant d’accusations contre la justice de
Dieu.
Le Normand, le plus féroce de tous les barbares, a fait croire à
l’existence de l’ogre. L’Europe continentale du Moyen Âge n’était pas
éloignée de prendre les guerres civiles de l’Angleterre pour les
convulsions d’un peuple de damnés. La croyance générale était au XVe
siècle, que Dieu seul pouvait quelque chose contre cette engeance de
Satan. Un des plus grands rois de l’Angleterre, le même qui a doté sa
patrie d’une religion, et qui s’en est fait pape, le roi Henri VIII prit
cinq femmes et en fit assassiner trois par la main du bourreau. Les
persécutions religieuses ordonnées par la vierge Elisabeth et par le
puritain Cromwell, dépassent en raffinements d’atroce cruauté, tout ce
que l’histoire des empereurs de Rome et d’Istanbul nous avait laissé de
plus édifiant dans le genre. »
Les horreurs de pensée anglaise sont toutes présentes à cette époque.
On laisse Toussenel nous décrire l’avortement et le contrôle des
naissances : « Malthus, effrayé du problème de l’exubérance de
population, déclare positivement que la société peut refuser à l’enfant
le droit de vivre. Ses disciples vont plus loin et développent sa thèse.
Ils demandent en plaisantant qu’on décerne des récompenses nationales
aux mères qui ont bien mérité de la patrie, en immolant le fruit de
leurs entrailles; ils veulent que l’on dépose les restes des tendres
victimes dans de somptueux cimetières patriotiques, où ces mères
lacédémoniennes puissent venir respirer l’âme de leurs enfants dans le
parfum des roses!… Cette théorie de la prime à l’infanticide, a obtenu
quelques succès près de la population des districts manufacturiers
d’Angleterre. Beaucoup de mères, dans ces pays-là, allaitent leurs
enfants avec du laudanum, pour se débarrasser de leurs caresses
importunes, et le procédé, assure-t-on, réussit à merveille. »
Comme s’il pensait au crétin libéral Bastiat, Toussenel règle leur compte d’un trait de plume aux économistes libéraux : « Laissez
faire nos économistes de France, et ils en arriveront bientôt à de
semblables théories. Il ne se dit pas une sottise en Angleterre qui ne
trouve son écho chez nous. »
Et il comprend que le « complot Illuminati » ou cabalistique ou des Lumières a plusieurs siècles déjà : « Ah!
Que Voltaire et Montesquieu savaient bien ce qu’ils faisaient, quand
ils allaient en Angleterre pour voir des hommes libres ! II n’y a que
cette Grande-Bretagne protestante pour produire des Hudson-Lowe et des
maîtres philanthropes qui interdisent à leurs serfs le boire et le
manger ! »
Il traite très bien de l’affaire de la guerre d’opium, 1843, motivée par un certain Sassoon d’origine très certaine : « L’Angleterre
a armé pour défendre les intérêts de ses marchands; elle a réduit
l’empereur, qui voulait sauver ses peuples du poison, à opter entre ce
poison et la destruction de toutes ses villes…. L’Angleterre achetait du
thé à la Chine chaque année pour des sommes énormes. Le commerce de la
compagnie des Indes avait besoin d’un objet de retour pour balancer
cette dépense de numéraire. Elle trouva ce précieux moyen d’échange dans
l’opium. Mais l’opium est un poison, et l’empereur de la Chine prohiba à
l’entrée de ses États la denrée vénéneuse. »
J’ai cité Chateaubriand, j’y reviens. Notre dernier grand homme
politique et littéraire a bien compris le rôle subversif et méphitique
de l’île sorcière : « Ainsi ces Anglais qui vivent à l’abri dans
leur île, vont porter les révolutions chez les autres ; vous les trouvez
mêlés dans les quatre parties du monde à des querelles qui ne les
regardent pas : pour vendre une pièce de calicot, peu leur importe de
plonger une nation dans toutes les calamités.
On ne nous dira pas que l’on n’avait pas été prévenus, et en
français encore. Le génie français fut celui de la lucidité, et il l’est
resté. Mais comme Toussenel est considéré comme mineur, j’en remets
une, de citation de Chateaubriand avant qu’on ne brûle ou caviarde ses
bouquins » (Mémoires, T.II, L.20, ch. 6).
Remueur de tout, Napoléon imagina vers cette époque le grand
Sanhédrin : cette assemblée ne lui adjugea pas Jérusalem ; mais, de
conséquence en conséquence, elle a fait tomber les finances du monde aux
échoppes des Juifs, et produit par là dans l’économie sociale une
fatale subversion.
Nicolas Bonnal. http://francephi.com
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