lundi 20 mai 2013

« Cendres », le feu qui couve par Claude BOURRINET


Ceux qui pensent lier l’Histoire, comme des Lilliputiens tentant de river au sol un Gulliver dont la grandeur les terrasse, vivent dans l’illusion, le mensonge libéral, bien qu’ils se réclament de la réalité. Mais quelle réalité ? Quel moulin prend-on pour un géant ? Quel mécanisme infernal nous condamne-t-il à tourner en rond perpétuellement, dans une ivresse mortifère et douloureuse, en guise de combat dérisoire et perdu d’avance ?
C’est cette réalité illusoire, ce mirage aux alouettes, ce fantasme destructeur, que révèle, dans sa nature obscène, le pamphlet de Vincent Vauclin, Cendres, paru récemment.
Les références, en exergue des trois grandes parties de ce brûlot, ne laissent guère de doute sur la tonalité du propos. Deux d’entre elles, Guénon et Evola, nous convient à penser selon la logique de la grande Tradition, autrement dit selon l’angle du pessimisme méta-historique : la modernité, vecteur principiel du capitalisme, est aussi le stade suprême de la décadence. Vincent Vauclin, pour imager cette « dévastation » utilise d’abord la métaphore du cyclone pour, ensuite, employer celle du cancer ce  lent processus d’infection qui détruit notre système immunitaire.
Jamais, en effet, une période historique n’a connu une telle déchéance, au point qu’on peut parler d’« âge sombre ». L’oxymore « dictature hédoniste » rend compte de cette emprise totalitaire sur les corps et les esprits, d’autant plus profonde qu’elle est amplement voulue et s’apparente à une servitude volontaire.
Nous avons affaire à un mécanisme parfait, qui flatte les bas-instincts et les pulsions par des sollicitations matérialistes et misérables, un matraquage de plaisirs abêtissants, source de régression intellectuelle et psychologique. Cette dépossession de soi-même déréalise la personne, la déracine, et la transforme en nomade standardisé par l’industrie du vice.
Cette société sans valeurs et sans foi, parodie de façon grotesque, dans le champ de la consommation et du spectacle, la religion véritable. Mais le sacré inversé s’incarne surtout dans la transgression : indifférenciation sexuelle et générationnelle, qui abolit les frontières, détruit le groupe naturel, discrédite l’autorité pour encourager le narcissisme, abolition du caractère sacré de la vie ravalée à sa dimension matérialiste, immersion dans l’univers de la virtualité, de l’abstraction numérique, qui crée l’illusion d’une démocratie, mais qui est surtout source de contrôle.
Des lobbies et groupements de connivence, dont le mythe fondateur, la Shoah, est protégé par des lois liberticides, tirent, en effet, profit, à l’échelle mondiale, d’une société déstructurée qu’ils voudraient maîtriser totalement.
Or c’est aussi un système qui nourrit ses propres contradictions, dont l’une est de ne pas parvenir à satisfaire les rêves qu’il engendre.
Deux conséquences naissent de cette impossibilité à atteindre des objectifs avoués, deux réactions sont provoquées par cette frustration permanente : une violence souvent pathologique, sur soi-même ou autrui, et une révolte endémique, latente ou déclarée.
C’est cette dernière qu’il faudrait organiser, dans un ordre « organique » dont le but serait de transmettre et d’aguerrir. Il ne s’agit pas non plus de s’égarer dans de fausses luttes, qui prennent les symptômes pour des causes.
« L’embrasement est proche », conclut ce brillant essai, clair et vif, qui ressemble parfois au fameux pamphlet L’insurrection qui vient.
Il est toujours rassurant et réjouissant d’apprendre l’existence d’un témoignage qui, s’ajoutant à d’autres, suscite ce courant de plus en plus puissant dont la force emportera un jour toutes les digues qu’un monde laid et minable tente d’ériger pour empêcher la colère et la justice de s’exprimer. De plus en plus de jeunes prennent conscience des réalités d’un univers faux et destructeur, dans lequel ils se sentent mal à l’aise, et le réseau Dissidence contribue efficacement à l’essor de la cause.
Bien qu’on puisse formuler quelques nuances sur la responsabilité réelle de la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État dans l’avènement d’une société de décadence, de même qu’on peut analyser avec plus de souplesse le rôle véritable des lobbies apatrides (dont l’action est bien sûr réelle), et que l’on s’interrogera sur le bien fondé de la foi dans des révoltes populaires, dont on voudrait bien qu’elle soit fondée, on lira avec profit ce petit ouvrage de 88 pages, que l’on peut télécharger gratuitement sur www.la.dissidence.org, ou bien www.vincent-vauclin.com, ou que l’on peut commander sur ces sites pour une modique somme.
• Vincent Vauclin, Cendres. Croisade contre le Monde moderne, TheBookEdition.com, 2013, 88 p., 7 €

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