La guerre de Jugurtha (112 à 105 av J.-C.) par l’historien Salluste.
Jugurtha (v. 160-104).
Jugurtha est un roi numide, c’est à dire berbère, qui vivait
au IIe siècle avant J.-C. : il avait découvert qu’il suffisait de verser
beaucoup d’or à un certain nombre de patriciens pour qu’ils soient
prêts à trahir leur patrie. Il en avait conclu que tout était à vendre à
Rome. Ces traîtres manigançaient ensuite pour obtenir du Sénat qu’il
fasse la volonté de Jugurtha.
Selon l’historien Salluste, « À cette époque, notre armée comptait un grand nombre de nobles et d’hommes nouveaux, toujours prêts à préférer la richesse à la vertu et à l’honneur. »
Cependant un certain C. Memmius, tribun de la plèbe, épris de liberté et d’indépendance, exhorte le peuple à défendre la République, en même temps que sa liberté, dans un beau discours :
« Bien des raisons m’éloignent de vous, citoyens : la puissance de la faction (des patriciens), votre résignation, la justice bafouée, et, surtout, les périls réservés à la vertu au lieu de l’honneur. Mais mon zèle pour la chose publique prime tout, et c’est avec douleur que je me vois obligé de vous rappeler à quel point, durant ces quinze dernières années, vous êtes devenus un jouet entre les mains de quelques ambitieux, avec quelle lâcheté vous avez vu périr vos défenseurs sans avoir songé à aucun moment à les venger, jusqu’à quel degré d’avilissement et de turpitude vous avez laissé s’abaisser vos âmes. …
Au cours de ces dernières années vous vous êtes montrés discrètement indignés de voir le trésor public dilapidé… toutes les richesses et tous les honneurs accaparés par les mêmes hommes …
Mais qui sont-ils donc ceux qui ont saisi la République à la gorge ? De pires scélérats dont les mains dégouttent de sang, tout dévorés de la soif de l’or, des monstres orgueilleux et pervers, des hommes qui trafiquent de la probité, de la vertu, de la piété, de tout enfin, honneur ou déshonneur.
… Plus ils sont criminels plus ils sont sûrs d’eux. L’horreur qu’auraient dû leur inspirer leurs crimes, ils la font peser sur votre lâcheté. … Ah ! si vous preniez autant de soin de votre liberté qu’ils déploient d’ardeur pour vous asservir, – assurément la République ne serait pas livrée au pillage comme elle l’est et vos faveurs iraient aux plus méritants et non aux plus insolents. »
Source : Salluste, Guerre de Jugurtha, Gallimard, La Pléïade, 1968, p. 695.
http://histoire.fdesouche.com
Jugurtha (v. 160-104).
Selon l’historien Salluste, « À cette époque, notre armée comptait un grand nombre de nobles et d’hommes nouveaux, toujours prêts à préférer la richesse à la vertu et à l’honneur. »
Cependant un certain C. Memmius, tribun de la plèbe, épris de liberté et d’indépendance, exhorte le peuple à défendre la République, en même temps que sa liberté, dans un beau discours :
« Bien des raisons m’éloignent de vous, citoyens : la puissance de la faction (des patriciens), votre résignation, la justice bafouée, et, surtout, les périls réservés à la vertu au lieu de l’honneur. Mais mon zèle pour la chose publique prime tout, et c’est avec douleur que je me vois obligé de vous rappeler à quel point, durant ces quinze dernières années, vous êtes devenus un jouet entre les mains de quelques ambitieux, avec quelle lâcheté vous avez vu périr vos défenseurs sans avoir songé à aucun moment à les venger, jusqu’à quel degré d’avilissement et de turpitude vous avez laissé s’abaisser vos âmes. …
Au cours de ces dernières années vous vous êtes montrés discrètement indignés de voir le trésor public dilapidé… toutes les richesses et tous les honneurs accaparés par les mêmes hommes …
ils ont vendu à l’ennemi vos lois, votre honneur, tout ce qu’il y a de sacré aux yeux des hommes et des dieux immortels…
Mais qui sont-ils donc ceux qui ont saisi la République à la gorge ? De pires scélérats dont les mains dégouttent de sang, tout dévorés de la soif de l’or, des monstres orgueilleux et pervers, des hommes qui trafiquent de la probité, de la vertu, de la piété, de tout enfin, honneur ou déshonneur.
… Plus ils sont criminels plus ils sont sûrs d’eux. L’horreur qu’auraient dû leur inspirer leurs crimes, ils la font peser sur votre lâcheté. … Ah ! si vous preniez autant de soin de votre liberté qu’ils déploient d’ardeur pour vous asservir, – assurément la République ne serait pas livrée au pillage comme elle l’est et vos faveurs iraient aux plus méritants et non aux plus insolents. »
Source : Salluste, Guerre de Jugurtha, Gallimard, La Pléïade, 1968, p. 695.
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