Hippolyte
Jean Giraudoux est né le 29 octobre 1882 à Bellac en Haute-Vienne. Fils
cadet d'un père employé des Ponts-et-chaussées, puis percepteur, il
manifestera toute sa vie son attachement à cette petite sous-préfecture
de 2 400 habitants, disant : « Ma ville natale est Bellac. Je ne m'excuserai pas d'y être né !
» Il se révélera dès l'enfance un excellent élève, premier au
certificat d'études dans son canton, avant d'obtenir le prix
d'excellence au lycée de Châteauroux. Il ne gardera pas un excellent
souvenir de l'« affreux Châteauroux, animé comme un cimetière
». Les habitants de cette ville ne lui en tiendront pas rigueur puisque
le lycée de Châteauroux porte aujourd'hui le nom de Jean Giraudoux...
Il poursuit de brillantes études, termine sa seconde année de Khâgne avec le prix d'excellence et obtient le premier prix de version grecque, en 1902, au concours général. Entré à l'École normale supérieure de Paris, il se passionne pour la culture allemande. Plus tard, il définira la rue d'Ulm comme une école spirituelle. Giraudoux écrira : « Je ne dirai pas que tous ceux qui sortent d'elle ont de l'esprit, mais ils sont les serviteurs de l'esprit, c'est-à-dire les adversaires de la matière [...], ils n'acceptent pas le poids du monde. » Sa subite vocation de germaniste a notamment comme source l'irrépressible envie d'effectuer un séjour à l'étranger. Ce sera Munich où il fera la connaissance de Paul Morand qui entraînera son mentor et ami dans une « fête inimitable et joyeuse » qui contribuera à ce que Giraudoux se détourne de la perspective d'une carrière dans l'enseignement. Il va choisir, comme Morand la "Carrière". Il échouera en 1909 au prestigieux concours des ambassades mais se rattrapera l'année suivante au « petit concours » des consulats. C'est en 1909 que paraît son premier livre, Provinciales, remarqué par André Gide.
La Première Guerre mondiale éclate. Giraudoux aura une conduite héroïque. Insoucieux du danger, il est blessé dès septembre 1914 « à l'aine et sur l'Aisne ». À peine guéri, il fera des pieds et des mains pour retourner au front. Affecté au corps expéditionnaire d'Orient, sa brillante conduite au feu lui vaudra d'être deux fois blessé. Il sera promu sous-lieutenant et chevalier de la Légion d'honneur. Démobilisé en 1919, il revient à la diplomatie et à la littérature et sera enfin reçu au « Grand Concours ». Il écrit des livres, telle La guerre de Troie n 'aura pas lieu ayant pour thème le cynisme des politiciens et la différence entre l'histoire telle que les dirigeants la montrent au peuple et telle qu'elle se passe réellement. Il écrit Pleins pouvoirs en début 1939, qui lui vaudra sa nomination comme commissaire à l'Information dans le gouvernement Daladier.
Frappé par la décadence de la France, il apprenait aux Français que leur patrie n'était pas une idée abstraite mais une personne, un être de chair et de sang, avec une mission de « grandeur et de magnificence, de splendeur et d'imagination », qu'il ne fallait pas laisser dépérir. Il adjurait les Français de se reprendre, de ne pas se laisser glisser sur la pente molle du laisser-aller et de la décadence. Dans cet important essai politique, il demande notamment l'adoption d'une politique d'immigration, « afin de constituer, au besoin avec des apports étrangers, un type moral et culturel ». On devine que Giraudoux n'évoque pas dans ce texte une immigration venue du Tiers Monde... Sa préférence va vers une « immigration Scandinave éminemment souhaitable », à l'exclusion de « ces races primitives ou imperméables dont les civilisations, par leur médiocrité ou leur caractère exclusif, ne peuvent donner que des amalgames lamentables », symbolisées selon lui par les Arabes. Pendant la guerre, il se tiendra à distance des passions politiques et de toute forme d'engagement. Il refusera le poste de ministre de France à Athènes proposé par Vichy mais entretiendra des relations personnelles avec plusieurs membres du gouvernement. Son fils Jean-Pierre avait quant à lui rejoint Londres dès juillet 1940. En 1942, il affirmera « l'impossibilité d'une véritable rencontre entre les deux cultures (française et allemande) tant que durerait la guerre ». On lui proposera de quitter la France. Il refuse, arguant de la nécessité de livrer en France une « lutte d'influence avec l'Allemagne ». Jean Giraudoux meurt le 31 janvier 1944, à Paris. Évoquant « Giraudoux l'Athénien » dans son ouvrage Le défilé des réfractaires, Bruno de Cessole a cette formule : « Quel écrivain français peut se flatter d'avoir excellé à la fois dans la course à pied, la version grecque, le poker, la métaphore, la diplomatie et le théâtre ? » L'auteur répond : « Le seul merle blanc qui ait jamais assumé un tel éclectisme c'est, bien sûr, Giraudoux. »
R.S. Rivarol du 25 janvier 2013
Il poursuit de brillantes études, termine sa seconde année de Khâgne avec le prix d'excellence et obtient le premier prix de version grecque, en 1902, au concours général. Entré à l'École normale supérieure de Paris, il se passionne pour la culture allemande. Plus tard, il définira la rue d'Ulm comme une école spirituelle. Giraudoux écrira : « Je ne dirai pas que tous ceux qui sortent d'elle ont de l'esprit, mais ils sont les serviteurs de l'esprit, c'est-à-dire les adversaires de la matière [...], ils n'acceptent pas le poids du monde. » Sa subite vocation de germaniste a notamment comme source l'irrépressible envie d'effectuer un séjour à l'étranger. Ce sera Munich où il fera la connaissance de Paul Morand qui entraînera son mentor et ami dans une « fête inimitable et joyeuse » qui contribuera à ce que Giraudoux se détourne de la perspective d'une carrière dans l'enseignement. Il va choisir, comme Morand la "Carrière". Il échouera en 1909 au prestigieux concours des ambassades mais se rattrapera l'année suivante au « petit concours » des consulats. C'est en 1909 que paraît son premier livre, Provinciales, remarqué par André Gide.
La Première Guerre mondiale éclate. Giraudoux aura une conduite héroïque. Insoucieux du danger, il est blessé dès septembre 1914 « à l'aine et sur l'Aisne ». À peine guéri, il fera des pieds et des mains pour retourner au front. Affecté au corps expéditionnaire d'Orient, sa brillante conduite au feu lui vaudra d'être deux fois blessé. Il sera promu sous-lieutenant et chevalier de la Légion d'honneur. Démobilisé en 1919, il revient à la diplomatie et à la littérature et sera enfin reçu au « Grand Concours ». Il écrit des livres, telle La guerre de Troie n 'aura pas lieu ayant pour thème le cynisme des politiciens et la différence entre l'histoire telle que les dirigeants la montrent au peuple et telle qu'elle se passe réellement. Il écrit Pleins pouvoirs en début 1939, qui lui vaudra sa nomination comme commissaire à l'Information dans le gouvernement Daladier.
Frappé par la décadence de la France, il apprenait aux Français que leur patrie n'était pas une idée abstraite mais une personne, un être de chair et de sang, avec une mission de « grandeur et de magnificence, de splendeur et d'imagination », qu'il ne fallait pas laisser dépérir. Il adjurait les Français de se reprendre, de ne pas se laisser glisser sur la pente molle du laisser-aller et de la décadence. Dans cet important essai politique, il demande notamment l'adoption d'une politique d'immigration, « afin de constituer, au besoin avec des apports étrangers, un type moral et culturel ». On devine que Giraudoux n'évoque pas dans ce texte une immigration venue du Tiers Monde... Sa préférence va vers une « immigration Scandinave éminemment souhaitable », à l'exclusion de « ces races primitives ou imperméables dont les civilisations, par leur médiocrité ou leur caractère exclusif, ne peuvent donner que des amalgames lamentables », symbolisées selon lui par les Arabes. Pendant la guerre, il se tiendra à distance des passions politiques et de toute forme d'engagement. Il refusera le poste de ministre de France à Athènes proposé par Vichy mais entretiendra des relations personnelles avec plusieurs membres du gouvernement. Son fils Jean-Pierre avait quant à lui rejoint Londres dès juillet 1940. En 1942, il affirmera « l'impossibilité d'une véritable rencontre entre les deux cultures (française et allemande) tant que durerait la guerre ». On lui proposera de quitter la France. Il refuse, arguant de la nécessité de livrer en France une « lutte d'influence avec l'Allemagne ». Jean Giraudoux meurt le 31 janvier 1944, à Paris. Évoquant « Giraudoux l'Athénien » dans son ouvrage Le défilé des réfractaires, Bruno de Cessole a cette formule : « Quel écrivain français peut se flatter d'avoir excellé à la fois dans la course à pied, la version grecque, le poker, la métaphore, la diplomatie et le théâtre ? » L'auteur répond : « Le seul merle blanc qui ait jamais assumé un tel éclectisme c'est, bien sûr, Giraudoux. »
R.S. Rivarol du 25 janvier 2013
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