Dans
une Gaule divisée, envahie pas les foules d'immigrés fuyant des hordes
encore plus barbares, seuls les Francs apparaissaient capables de
réunifier le pays, sans hostilité envers le christianisme.
Cette année-là, l'officier wisigoth Odoacre mettait fin à l'empire romain d'Occident en déposant le 4 septembre à Ravenne le dernier empereur, le jeune et dérisoire Romulus Augustule, et en renvoyant les insignes impériaux à Zénon, l'empereur d'Orient, régnant à Constantinople. Le fait ne fut pas en soi très marquant car, depuis le sac de Rome par le wisigoth Alaric Ier en 410, le pouvoir ne cessait plus de passer entre les mains des officiers barbares.
Le sang des martyrs
Toutefois, pour la Gaule, cela laissait prévoir un avenir de ténèbres et de terreur. Plus aucune force ne pourrait désormais protéger ce pays, autrefois perle de l'empire romain, qui, irrigué par le sang de multiples martyrs, de saint Pothin et sainte Blandine à saint Irénée et saint Denis, affirmait déjà fortement sa personnalité chrétienne. Au IVe siècle, saint Martin avait répandu sa lumière et la bonne nouvelle de ses miracles, mettant en place l'ébauche des structures paroissiales. Puis avaient déferlé les invasions : tout semblait perdu.
En 476, le pays de nos ancêtres, envahi pas les foules d'immigrés fuyant devant des hordes encore plus barbares, se trouvait partagé en cinq. L'Aquitaine et le Sud de la Loire étaient aux mains des Wisigoths, qui, après avoir occupé les berges du Danube, s'y rendirent indésirables, pillèrent Rome en 410, comme nous l'avons vu, et, finalement, se virent en 418 offrir par le faible empereur Honorius des terres autour de Toulouse. Un grand quart ouest (Celtes d'Armorique et de Bretagne) se barricadait derrière ses traditions de foi et de langue. Au nord, les Francs étaient une confédération des peuples germains qui, après avoir constitué longtemps des troupes auxiliaires pour Rome, s'étaient établis en Belgique seconde (région de Tournai) et occupaient des terres allant de Reims à Amiens et à Boulogne.
Les Burgondes, d'origine sans doute norvégienne, avaient quelque temps gardé la frontière rhénane pour les Romains, avant de s'établir autour de Genève, puis de déborder sur la Saône, Lyon et la vallée du Rhône. Le centre du pays était resté gallo-romain, avec les évêques et les officiers qui maintenaient les légions, mais leurs hommes étaient souvent d'origine barbare. Ce sont les évêques (saint Nicaise de Reims, saint Germain d'Auxerre, saint Loup de Troyes, saint Aignan d'Orléans) qui regroupaient les populations apeurées : crosse en main, ils parvenaient à arrêter dans ses pillages le barbare quand même parfois sensible au mystère. Dans le même sens agissait naguère Ætius, fils d'officier, lequel, après avoir passé son enfance en Pannonie comme compagnon d'Attila, roi des Huns, se retrouva, en tant que maître de la milice romaine, le dernier espoir de la Gaule. Tout en continuant de proposer l'hospitalité aux Barbares nouveaux venus, il parvenait à s'entendre à peu près avec les uns et les autres.
L'espérance chrétienne
Mais, avec les Huns qui se remirent en mouvement ce fut très différent ; il fallut chasser ces bêtes féroces avec toute la force du désespoir et Ætius ne serait jamais venu à bout de son ancien ami Attila si Geneviève, vingt-huit ans, vierge consacrée de Nanterre, d'origine mi-franque mi-gauloise, n'avait prié fort et forcé les femmes de Lutèce à se refuser à leurs maris si ceux-ci parlaient de fuir. Alors ce fut la victoire des champs Catalauniques en 451, à laquelle participèrent Gallo-Romains, Wisigoths, Burgondes et Francs. Une union allait-elle se réaliser ? Hélas, l'empereur Valentinien III, jaloux, fit assassiner Ætius trois ans plus tard, avant de mourir lui-même sous les coups des amis d'Ætius. Vraiment la Rome impériale se mourrait sans rémission. Pour tout compliquer, deux des principales peuplades barbares, Burgondes et surtout Wisigoths, étaient devenues les adeptes quasi fanatiques d'une fausse religion, l'arianisme - ce christianisme au rabais qui, pour ne pas heurter les prétendus intellectuels, faisait quasiment l'impasse sur le "scandaleux" mystère du dieu fait homme et dévaluait le sacrifice de la Croix. Une religion qui eût dénaturé la Gaule.
Or il apparaissait de plus en plus que l'on ne pouvait rien attendre de la petite enclave latine regroupée à Soissons autour d'Ægidius, successeur d'Ætius, et encore moins avec Syagrus, fils de celui-ci, que plus personne n'écoutait. La seule force apparaissant non hostile au christianisme et capable de réunifier le pays était celle des Francs. Déjà saint Remi, évêque de Reims, entretenait des relations amicales avec leur roi Childéric, fasciné par l'héritage de Rome. De son mariage avec Basine, Childéric avait un fils, Clovis, âgé de dix ans en 476 au moment de l'effondrement de l'empire ; quelle exaltante mission s'ouvrait à lui : faire renaître Rome sous le signe de la Croix ! Puisque 2011 marque le 1 500e anniversaire de la mort du célèbre roi des Francs, nous nous devons de faire revivre son oeuvre essentielle pour comprendre l'identité française.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 6 au 19 janvier 2011
Cette année-là, l'officier wisigoth Odoacre mettait fin à l'empire romain d'Occident en déposant le 4 septembre à Ravenne le dernier empereur, le jeune et dérisoire Romulus Augustule, et en renvoyant les insignes impériaux à Zénon, l'empereur d'Orient, régnant à Constantinople. Le fait ne fut pas en soi très marquant car, depuis le sac de Rome par le wisigoth Alaric Ier en 410, le pouvoir ne cessait plus de passer entre les mains des officiers barbares.
Le sang des martyrs
Toutefois, pour la Gaule, cela laissait prévoir un avenir de ténèbres et de terreur. Plus aucune force ne pourrait désormais protéger ce pays, autrefois perle de l'empire romain, qui, irrigué par le sang de multiples martyrs, de saint Pothin et sainte Blandine à saint Irénée et saint Denis, affirmait déjà fortement sa personnalité chrétienne. Au IVe siècle, saint Martin avait répandu sa lumière et la bonne nouvelle de ses miracles, mettant en place l'ébauche des structures paroissiales. Puis avaient déferlé les invasions : tout semblait perdu.
En 476, le pays de nos ancêtres, envahi pas les foules d'immigrés fuyant devant des hordes encore plus barbares, se trouvait partagé en cinq. L'Aquitaine et le Sud de la Loire étaient aux mains des Wisigoths, qui, après avoir occupé les berges du Danube, s'y rendirent indésirables, pillèrent Rome en 410, comme nous l'avons vu, et, finalement, se virent en 418 offrir par le faible empereur Honorius des terres autour de Toulouse. Un grand quart ouest (Celtes d'Armorique et de Bretagne) se barricadait derrière ses traditions de foi et de langue. Au nord, les Francs étaient une confédération des peuples germains qui, après avoir constitué longtemps des troupes auxiliaires pour Rome, s'étaient établis en Belgique seconde (région de Tournai) et occupaient des terres allant de Reims à Amiens et à Boulogne.
Les Burgondes, d'origine sans doute norvégienne, avaient quelque temps gardé la frontière rhénane pour les Romains, avant de s'établir autour de Genève, puis de déborder sur la Saône, Lyon et la vallée du Rhône. Le centre du pays était resté gallo-romain, avec les évêques et les officiers qui maintenaient les légions, mais leurs hommes étaient souvent d'origine barbare. Ce sont les évêques (saint Nicaise de Reims, saint Germain d'Auxerre, saint Loup de Troyes, saint Aignan d'Orléans) qui regroupaient les populations apeurées : crosse en main, ils parvenaient à arrêter dans ses pillages le barbare quand même parfois sensible au mystère. Dans le même sens agissait naguère Ætius, fils d'officier, lequel, après avoir passé son enfance en Pannonie comme compagnon d'Attila, roi des Huns, se retrouva, en tant que maître de la milice romaine, le dernier espoir de la Gaule. Tout en continuant de proposer l'hospitalité aux Barbares nouveaux venus, il parvenait à s'entendre à peu près avec les uns et les autres.
L'espérance chrétienne
Mais, avec les Huns qui se remirent en mouvement ce fut très différent ; il fallut chasser ces bêtes féroces avec toute la force du désespoir et Ætius ne serait jamais venu à bout de son ancien ami Attila si Geneviève, vingt-huit ans, vierge consacrée de Nanterre, d'origine mi-franque mi-gauloise, n'avait prié fort et forcé les femmes de Lutèce à se refuser à leurs maris si ceux-ci parlaient de fuir. Alors ce fut la victoire des champs Catalauniques en 451, à laquelle participèrent Gallo-Romains, Wisigoths, Burgondes et Francs. Une union allait-elle se réaliser ? Hélas, l'empereur Valentinien III, jaloux, fit assassiner Ætius trois ans plus tard, avant de mourir lui-même sous les coups des amis d'Ætius. Vraiment la Rome impériale se mourrait sans rémission. Pour tout compliquer, deux des principales peuplades barbares, Burgondes et surtout Wisigoths, étaient devenues les adeptes quasi fanatiques d'une fausse religion, l'arianisme - ce christianisme au rabais qui, pour ne pas heurter les prétendus intellectuels, faisait quasiment l'impasse sur le "scandaleux" mystère du dieu fait homme et dévaluait le sacrifice de la Croix. Une religion qui eût dénaturé la Gaule.
Or il apparaissait de plus en plus que l'on ne pouvait rien attendre de la petite enclave latine regroupée à Soissons autour d'Ægidius, successeur d'Ætius, et encore moins avec Syagrus, fils de celui-ci, que plus personne n'écoutait. La seule force apparaissant non hostile au christianisme et capable de réunifier le pays était celle des Francs. Déjà saint Remi, évêque de Reims, entretenait des relations amicales avec leur roi Childéric, fasciné par l'héritage de Rome. De son mariage avec Basine, Childéric avait un fils, Clovis, âgé de dix ans en 476 au moment de l'effondrement de l'empire ; quelle exaltante mission s'ouvrait à lui : faire renaître Rome sous le signe de la Croix ! Puisque 2011 marque le 1 500e anniversaire de la mort du célèbre roi des Francs, nous nous devons de faire revivre son oeuvre essentielle pour comprendre l'identité française.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 6 au 19 janvier 2011
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