Dans
un monde musulman déstabilisé, les chrétiens, assimilés à l'ennemi
occidental, sont redevenus les cibles privilégiées du fanatisme haineux,
comme le prouve l'actualité des derniers mois. Mais le phénomène est
ancien, et récurrent.
La philosophie de l'histoire qui prévaut dans nos sociétés occidentales, imprégnée du dogme du progrès, du respect des droits de l'homme, du modèle démocratique et libéral, apparaît, s'agissant des minorités chrétiennes en pays musulmans, battue en brèche par la réalité ; l'intervention américaine en Irak, les mouvements insurrectionnels, loin d'améliorer le sort des chrétientés locales, ont marqué le début d'un calvaire dont elles désespèrent de voir le bout. Pour prendre la mesure du phénomène, il faut se référer à l'ouvrage de Claude Lorieux, Chrétiens d'Orient en terres d'islam, paru en 2001, avant la tragédie du 11 Septembre et ce qui s'ensuivit. Constat accablant.
Synthèse remarquable
Spécialiste du Proche-Orient, Lorieux avait eu de nombreuses occasions de visiter les Églises de Turquie, Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Palestine, Iran, Égypte, Soudan, et même les communautés réduites à la clandestinité de la péninsule arabique. Si l'on excepte le drame des chrétiens de Khartoum, qui devrait trouver un dénouement heureux du fait de la partition du pays, la situation, partout ailleurs, loin de s'améliorer, n'a cessé de se dégrader tandis que les mouvements islamistes, favorisés par la chute des dictatures laïques, prenaient de l'ampleur. Le cas irakien en donne l'exemplaire démonstration puisque des communautés, protégées par Saddam Hussein, se sont, depuis la chute du régime, retrouvées exposées à la vindicte de leurs concitoyens musulmans, acculées à la fuite ou à la mort. Par ces aspects liés à l'actualité, le travail de Lorieux a vieilli, mais reste, outre un instantané de l'état des chrétientés d'Orient avant 2001 qui a pris valeur historique, l'une des plus claires et remarquables synthèses tentées sur le passé de ces communautés, leurs espoirs, leurs rêves, leurs malheurs. Ce qui en fait un ouvrage de référence indispensable.
Récent, celui de Jean-Michel Cadiot, Les Chrétiens d'Orient, ne saurait ni l'égaler, ni le remplacer. Certes, il fait le point sur cent millions de catholiques, orthodoxes, nestoriens, coptes, maronites, syriaques, chaldéens, protestants, invraisemblablement regardés, tant par leurs compatriotes que par la communauté internationale, comme convertis à la foi de l'Europe, eux qui demeurèrent fidèles à leur religion ancestrale quand leurs voisins passaient à celle du conquérant arabe ou turc. Certes, il y a là des points de vue intéressants. Hélas, tout cela apparaît embrouillé dans des pages où se mêlent considérations historiques trop vastes, jugements désolés sur l'incapacité chrétienne à se fondre dans un oecuménisme fraternel, et impuissance à cerner le sujet, de sorte que l'on ne sait plus ni où ni quand commencent et finissent ces chrétientés d'Orient.
Épuration ethnique
Si l'on se souvient des massacres d'Arméniens orchestrés, dès 1896, par Abdul Hamid, puis, en 1915, par les Jeunes Turcs désireux d'en finir avec une communauté soupçonnée de tendre la main aux Alliés, l'épuration ethnique de la Cilicie, en 1909, prise entre ces bains de sang, a sombré dans l'oubli. La réédition des reportages de la journaliste arménienne Zabel Essayan, Dans les ruines, remet en pleine lumière ces massacres d'Adana. Il demeure malaisé de comprendre les raisons de la sauvage flambée de violence qui tua trente mille Arméniens, souvent rescapés des tueries de 1896 réfugiés dans la paisible Cilicie. Arrivée sur les lieux deux mois après ce déchaînement d'atrocités, Zabel Essayan, intellectuelle francophone pénétrée d'idéologies des lumières, constata, ramenée brutalement à ses origines, ce dont la barbarie humaine est capable. Son récit est un témoignage halluciné, incantatoire : tueries, tortures, enfants et adolescentes convertis de force, abjurations de désespérés que l'apostasie ne sauva pas toujours, détresse des survivants, héroïsme d'hommes qui firent tête aux égorgeurs et réussirent parfois à couvrir la fuite des leurs, avant de succomber sous le nombre, ou d'être pendus pour rébellion... Tout cela emblématique de la tragédie arménienne, du cortège de souffrances d'un peuple qui paya cher l'honneur d'avoir été le premier royaume chrétien du monde, mais d'une telle force, d'une telle violence que ce texte terrifiant devient hymne poignant à la mémoire de toutes les victimes de toutes les tueries d'une Histoire définitivement tragique.
Aux massacres d'Arméniens succéda l'exode des Grecs, achevé en 1955, de sorte qu'il ne demeure dans ce qui fut l'Empire byzantin qu'une poignée de chrétiens dispersés, en but aux persécutions d'un État décidé à éradiquer ce qu'il considère comme des minorités allogènes potentiellement hostiles. Cette réalité, occultée à l'heure où l'on cherche à nous convaincre de l'intérêt d'une adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, contrebalance rêveries et sympathies engendrées par la lecture de Loti ou Farrère... Sébastien de Courtois connaît cette attristante ambivalence et cherche à la comprendre à travers un Périple en Turquie chrétienne aux accents de requiem. Il y a cette haine qui ne désarme pas, absurde, sanglante, illustrée par l'assassinat annoncé d'un journaliste arménien coupable de rappeler certains faits, dire certaines choses, que les poursuites judiciaires n'avaient pas fait taire. Les chrétiens assassinés en Turquie ne sont pas rares ; cela explique la prudence des autres. Ces expropriations qui privent les Églises de leurs biens et favorisent leur disparition. Entre un présent inquiétant et un passé grandiose dont les traces deviennent indiscernables dans un pays qui ne favorise pas la restauration de monuments chrétiens, la promenade, documentée, passionnante, jamais hostile ni partisane, invite à se poser nombre de questions, d'une brûlante actualité.
Voyage en Palestine
Qui s'est rendu à Bethléem voilà trente ans se souvient de l'accueil chaleureux réservé aux pèlerins par les Palestiniens chrétiens, majoritaires. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 10 % d'une population arabe prise au piège de l'Intifada et de l'occupation israélienne. Les autres ont eu le choix entre l'exil et la conversion à l'islam qui leur rendait une identité malmenée de toutes parts. Telle est l'une des réalités de ces Chrétiens en Terre Sainte dont les médias ne parlent que pour moquer leurs divisions et leurs querelles autour du Saint Sépulcre. Le mérite de Catherine Dupeyron est d'aller plus loin, de souligner qu'au-delà d'une diminution évidente de leur nombre, nous assistons à une redistribution des cartes. Tandis que disparaissent les Églises orientales, surgissent des mouvements évangélistes apocalyptiques venus chercher dans la vallée de Josaphat les signes des derniers temps... Tout cela éclaire un aspect intéressant d'une certaine politique américaine au Proche-Orient. Il n'y a pas de quoi être rassuré.
Le triomphe mérité du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, a popularisé la quête mystique et fraternelle du prieuré trappiste Notre-Dame de l'Atlas. Donné envie, aussi, de mieux connaître ces moines qui avaient choisi de rester dans une Algérie déchirée au risque d'en mourir. Force est cependant d'admettre que les ouvrages remis en vente à cette occasion se révèlent décevants. Passion pour l'Algérie de l'Américain John Kiser a servi de référence durant le tournage. Cela s'admet si l'on considère le soin mis à retracer le parcours, le quotidien, les motivations, la vie des sept frères martyrs. Cette recherche est unique, énorme, précieuse. Mais Kiser est américain. Il pense, analyse, commente en Américain dont l'ignorance profonde, quasi-invincible des façons d'être et de l'histoire du reste du monde n'entame pas l'arrogance et la prétentieuse bonne conscience. Peu importe qu'il ne saisisse rien à ce que furent les rapports franco-algériens. Il s'est fait sa vision des événements, anticolonialiste et sereine. Il explique, péremptoire, que, face à un FLN bon et héroïque, l'armée française et l'OAS ont multiplié les crimes, avant de pousser leurs compatriotes à fuir le pays indépendant et fraternel qui allait naître. C'est odieux. Reste la possibilité de sauter les premiers chapitres. Si le coeur vous en dit.
L'Église en Algérie
Publié à l'origine sous le titre Une espérance à perte de vie, le reportage que Jean-Luc Barré consacra à l'été 1996 à l'état de l'Église en Algérie ressort sous le label Tibhirine. Or, il n'est presque jamais question des moines dans ce texte qui met en évidence les désillusions de prêtres, religieux, prélats jadis acquis à la cause FLN, par idéalisme chrétien sincère, semble-t-il, pour qui le réveil fut amer et sanglant. C'est finalement à un musulman, Kebir Ammi, que l'on doit le livre le plus fraternel, le plus consolant sur les relations entre les deux fois et les deux cultures. Sur les pas de saint Augustin est un périple attachant, d'un bord à l'autre de la Méditerranée, à la recherche de l'enfant de Thagaste, avec les Confessions pour guide. Écrit dans une langue délicieuse, ce texte donne l'indicible regret de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être...
Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 – Du 17 mars au 6 avril 2011
✓ Claude Lorieux : Chrétiens d'Orient en terres d'islam, Perrin , 370 p., 21,19 €.
✓ Jean-Michel Cadiot : Les Chrétiens d'Orient, Salvator, 335 p., 22,50 €.
✓ Zabel Essayan : Dans les ruines, Phébus, 302 p., 23 €.
✓ Sébastien de Courtois : Périple en Turquie chrétienne, Presses de la Renaissance, 270 p., 18,50 €.
✓ Catherine Dupeyron : Chrétiens en Terre Sainte, Albin Michel, 285 p., 19 €.
✓ John Kiser : Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine, Nouvelle Cité, 480 p., 24 €.
✓ Jean-Luc Barré : Tibhirine, une espérance à perte de vie, Fayard, 165 p., 12 €.
✓ Kebir Ammi : Sur les pas de saint Augustin, Presses de la Renaissance, 155 p., 8 €.
La philosophie de l'histoire qui prévaut dans nos sociétés occidentales, imprégnée du dogme du progrès, du respect des droits de l'homme, du modèle démocratique et libéral, apparaît, s'agissant des minorités chrétiennes en pays musulmans, battue en brèche par la réalité ; l'intervention américaine en Irak, les mouvements insurrectionnels, loin d'améliorer le sort des chrétientés locales, ont marqué le début d'un calvaire dont elles désespèrent de voir le bout. Pour prendre la mesure du phénomène, il faut se référer à l'ouvrage de Claude Lorieux, Chrétiens d'Orient en terres d'islam, paru en 2001, avant la tragédie du 11 Septembre et ce qui s'ensuivit. Constat accablant.
Synthèse remarquable
Spécialiste du Proche-Orient, Lorieux avait eu de nombreuses occasions de visiter les Églises de Turquie, Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Palestine, Iran, Égypte, Soudan, et même les communautés réduites à la clandestinité de la péninsule arabique. Si l'on excepte le drame des chrétiens de Khartoum, qui devrait trouver un dénouement heureux du fait de la partition du pays, la situation, partout ailleurs, loin de s'améliorer, n'a cessé de se dégrader tandis que les mouvements islamistes, favorisés par la chute des dictatures laïques, prenaient de l'ampleur. Le cas irakien en donne l'exemplaire démonstration puisque des communautés, protégées par Saddam Hussein, se sont, depuis la chute du régime, retrouvées exposées à la vindicte de leurs concitoyens musulmans, acculées à la fuite ou à la mort. Par ces aspects liés à l'actualité, le travail de Lorieux a vieilli, mais reste, outre un instantané de l'état des chrétientés d'Orient avant 2001 qui a pris valeur historique, l'une des plus claires et remarquables synthèses tentées sur le passé de ces communautés, leurs espoirs, leurs rêves, leurs malheurs. Ce qui en fait un ouvrage de référence indispensable.
Récent, celui de Jean-Michel Cadiot, Les Chrétiens d'Orient, ne saurait ni l'égaler, ni le remplacer. Certes, il fait le point sur cent millions de catholiques, orthodoxes, nestoriens, coptes, maronites, syriaques, chaldéens, protestants, invraisemblablement regardés, tant par leurs compatriotes que par la communauté internationale, comme convertis à la foi de l'Europe, eux qui demeurèrent fidèles à leur religion ancestrale quand leurs voisins passaient à celle du conquérant arabe ou turc. Certes, il y a là des points de vue intéressants. Hélas, tout cela apparaît embrouillé dans des pages où se mêlent considérations historiques trop vastes, jugements désolés sur l'incapacité chrétienne à se fondre dans un oecuménisme fraternel, et impuissance à cerner le sujet, de sorte que l'on ne sait plus ni où ni quand commencent et finissent ces chrétientés d'Orient.
Épuration ethnique
Si l'on se souvient des massacres d'Arméniens orchestrés, dès 1896, par Abdul Hamid, puis, en 1915, par les Jeunes Turcs désireux d'en finir avec une communauté soupçonnée de tendre la main aux Alliés, l'épuration ethnique de la Cilicie, en 1909, prise entre ces bains de sang, a sombré dans l'oubli. La réédition des reportages de la journaliste arménienne Zabel Essayan, Dans les ruines, remet en pleine lumière ces massacres d'Adana. Il demeure malaisé de comprendre les raisons de la sauvage flambée de violence qui tua trente mille Arméniens, souvent rescapés des tueries de 1896 réfugiés dans la paisible Cilicie. Arrivée sur les lieux deux mois après ce déchaînement d'atrocités, Zabel Essayan, intellectuelle francophone pénétrée d'idéologies des lumières, constata, ramenée brutalement à ses origines, ce dont la barbarie humaine est capable. Son récit est un témoignage halluciné, incantatoire : tueries, tortures, enfants et adolescentes convertis de force, abjurations de désespérés que l'apostasie ne sauva pas toujours, détresse des survivants, héroïsme d'hommes qui firent tête aux égorgeurs et réussirent parfois à couvrir la fuite des leurs, avant de succomber sous le nombre, ou d'être pendus pour rébellion... Tout cela emblématique de la tragédie arménienne, du cortège de souffrances d'un peuple qui paya cher l'honneur d'avoir été le premier royaume chrétien du monde, mais d'une telle force, d'une telle violence que ce texte terrifiant devient hymne poignant à la mémoire de toutes les victimes de toutes les tueries d'une Histoire définitivement tragique.
Aux massacres d'Arméniens succéda l'exode des Grecs, achevé en 1955, de sorte qu'il ne demeure dans ce qui fut l'Empire byzantin qu'une poignée de chrétiens dispersés, en but aux persécutions d'un État décidé à éradiquer ce qu'il considère comme des minorités allogènes potentiellement hostiles. Cette réalité, occultée à l'heure où l'on cherche à nous convaincre de l'intérêt d'une adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, contrebalance rêveries et sympathies engendrées par la lecture de Loti ou Farrère... Sébastien de Courtois connaît cette attristante ambivalence et cherche à la comprendre à travers un Périple en Turquie chrétienne aux accents de requiem. Il y a cette haine qui ne désarme pas, absurde, sanglante, illustrée par l'assassinat annoncé d'un journaliste arménien coupable de rappeler certains faits, dire certaines choses, que les poursuites judiciaires n'avaient pas fait taire. Les chrétiens assassinés en Turquie ne sont pas rares ; cela explique la prudence des autres. Ces expropriations qui privent les Églises de leurs biens et favorisent leur disparition. Entre un présent inquiétant et un passé grandiose dont les traces deviennent indiscernables dans un pays qui ne favorise pas la restauration de monuments chrétiens, la promenade, documentée, passionnante, jamais hostile ni partisane, invite à se poser nombre de questions, d'une brûlante actualité.
Voyage en Palestine
Qui s'est rendu à Bethléem voilà trente ans se souvient de l'accueil chaleureux réservé aux pèlerins par les Palestiniens chrétiens, majoritaires. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 10 % d'une population arabe prise au piège de l'Intifada et de l'occupation israélienne. Les autres ont eu le choix entre l'exil et la conversion à l'islam qui leur rendait une identité malmenée de toutes parts. Telle est l'une des réalités de ces Chrétiens en Terre Sainte dont les médias ne parlent que pour moquer leurs divisions et leurs querelles autour du Saint Sépulcre. Le mérite de Catherine Dupeyron est d'aller plus loin, de souligner qu'au-delà d'une diminution évidente de leur nombre, nous assistons à une redistribution des cartes. Tandis que disparaissent les Églises orientales, surgissent des mouvements évangélistes apocalyptiques venus chercher dans la vallée de Josaphat les signes des derniers temps... Tout cela éclaire un aspect intéressant d'une certaine politique américaine au Proche-Orient. Il n'y a pas de quoi être rassuré.
Le triomphe mérité du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, a popularisé la quête mystique et fraternelle du prieuré trappiste Notre-Dame de l'Atlas. Donné envie, aussi, de mieux connaître ces moines qui avaient choisi de rester dans une Algérie déchirée au risque d'en mourir. Force est cependant d'admettre que les ouvrages remis en vente à cette occasion se révèlent décevants. Passion pour l'Algérie de l'Américain John Kiser a servi de référence durant le tournage. Cela s'admet si l'on considère le soin mis à retracer le parcours, le quotidien, les motivations, la vie des sept frères martyrs. Cette recherche est unique, énorme, précieuse. Mais Kiser est américain. Il pense, analyse, commente en Américain dont l'ignorance profonde, quasi-invincible des façons d'être et de l'histoire du reste du monde n'entame pas l'arrogance et la prétentieuse bonne conscience. Peu importe qu'il ne saisisse rien à ce que furent les rapports franco-algériens. Il s'est fait sa vision des événements, anticolonialiste et sereine. Il explique, péremptoire, que, face à un FLN bon et héroïque, l'armée française et l'OAS ont multiplié les crimes, avant de pousser leurs compatriotes à fuir le pays indépendant et fraternel qui allait naître. C'est odieux. Reste la possibilité de sauter les premiers chapitres. Si le coeur vous en dit.
L'Église en Algérie
Publié à l'origine sous le titre Une espérance à perte de vie, le reportage que Jean-Luc Barré consacra à l'été 1996 à l'état de l'Église en Algérie ressort sous le label Tibhirine. Or, il n'est presque jamais question des moines dans ce texte qui met en évidence les désillusions de prêtres, religieux, prélats jadis acquis à la cause FLN, par idéalisme chrétien sincère, semble-t-il, pour qui le réveil fut amer et sanglant. C'est finalement à un musulman, Kebir Ammi, que l'on doit le livre le plus fraternel, le plus consolant sur les relations entre les deux fois et les deux cultures. Sur les pas de saint Augustin est un périple attachant, d'un bord à l'autre de la Méditerranée, à la recherche de l'enfant de Thagaste, avec les Confessions pour guide. Écrit dans une langue délicieuse, ce texte donne l'indicible regret de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être...
Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 – Du 17 mars au 6 avril 2011
✓ Claude Lorieux : Chrétiens d'Orient en terres d'islam, Perrin , 370 p., 21,19 €.
✓ Jean-Michel Cadiot : Les Chrétiens d'Orient, Salvator, 335 p., 22,50 €.
✓ Zabel Essayan : Dans les ruines, Phébus, 302 p., 23 €.
✓ Sébastien de Courtois : Périple en Turquie chrétienne, Presses de la Renaissance, 270 p., 18,50 €.
✓ Catherine Dupeyron : Chrétiens en Terre Sainte, Albin Michel, 285 p., 19 €.
✓ John Kiser : Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine, Nouvelle Cité, 480 p., 24 €.
✓ Jean-Luc Barré : Tibhirine, une espérance à perte de vie, Fayard, 165 p., 12 €.
✓ Kebir Ammi : Sur les pas de saint Augustin, Presses de la Renaissance, 155 p., 8 €.
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