Après
avoir donné une digne capitale à son royaume, Clovis entreprend
soumettre ou chasser les Burgondes et les Wisigoths. Toulouse tombe
bientôt aux mains des Francs.
Cette année-là, la vingt-septième année de son règne sur les Francs saliens, la douzième de son règne en tant que roi chrétien de la Gaule, Clovis, quarante-deux ans, travaillait toujours à ébaucher ce qui serait un jour la France. La première urgence était de donner à son royaume une capitale digne ; depuis longtemps déjà il songeait, à la suite de son père Chilpéric, à Lutèce, la cité gauloise des Parisii, dont la situation géographique était remarquable. Mais la vierge consacrée Geneviève gardait le lieu qu'elle avait sauvé d'Attila et de ses Huns en 451 et qu'elle interdisait à Clovis tant qu'il serait païen. Maintenant plus d'obstacle ! Aussi à peine séchées ses larmes après la mort de sa soeur préférée Alboflède, le roi de Francs prépara-t-il son entrée : « Cette fois, dit Anne Bernet, point de murailles hérissées d'hommes en armes, ni de portes fermées, Geneviève cédait la cité au roi converti. Lutèce s'achetait par une messe, Clovis en faisait l'expérience... »
Face à Gondebaud
Mais il fallait aussi bien vite rebâtir l'unité du pays, autrement dit soumettre ou chasser les Burgondes et les Wisigoths, occupants hérétiques. Les premiers, dans la vallée de la Saône et de Rhône, étaient les moins fanatisés de la secte arienne ; leur roi Gondebaud était l'oncle de la reine des Francs Clotilde, et Avit, l'évêque (catholique) de Vienne avait ses entrées à la Cour. Pour faire plier Gondebaud, Clovis s'appuya sur le dernier frère de celui-ci, Godegisile, qui avait échappé au massacre fratricide et gouvernait la région de Genève tout en aspirant à la couronne burgonde entière. Clovis fonça donc avec une armée impressionnante sur Gondebaud qu'il rencontra à Dijon, mais celui-ci, refusant de voir Godegisile, courut s'enfermer à Avignon, où, pour s'en sortir, il dut promettre à Clovis, parti à sa poursuite, de verser un tribut annuel. Godigisile croyant son heure arrivée, fit de la résistance dans Vienne, mais Gondebaud, avec l'aide d'un traître, l'extirpa après l'avoir tué de sa propre main, ainsi que l'évêque arien qui s'interposait. Finalement Gondebaud honora ses promesses d'Avignon. Mieux, il maria sa petite-fille Suavégotta, fille de Sigismond, à Thierry, fils d'un premier mariage (païen) de Clovis, fit édicter des lois favorables aux catholiques et reçut lui-même le baptême des mains d'Avit. « De menace qu'il était, écrit Anne Bernet, l'État burgonde devenait partenaire et soutien, et la religion catholique dont Clovis s'était fait le champion, remportait une éclatante victoire. »
Un combat singulier
Restaient les Wisigoths, qui occupaient tout le Sud-Ouest du pays, jusqu'aux Cévennes. Les catholiques attendaient une intervention de Clovis qui les libérerait des persécutions renouvelées du roi Alaric II. Avec l'accord d'Anastase, l'empereur d'Orient très inquiet de constater les visées expansionnistes des Goths hérétiques, Clovis, au printemps 507, pria saint Martin à Tours avec son armée qui s'engagea à ne pas piller, puis passa la Loire. Arrivé au bord de la Vienne, il se crut cerné, mais une gracieuse biche lui fit miraculeusement deviner un gué, dans lequel lui et tous ses hommes s'engouffrèrent. De la cathédrale de Poitiers s'éleva alors une fantastique et miraculeuse lumière, preuve que saint Hilaire, qui avait toute sa vie combattu l'arianisme, était avec eux. La bataille eut lieu à Vouillé et fut sans merci. Selon la coutume elle se termina par un combat singulier, un corps à corps entre les deux chefs : Clovis ne fit qu'une bouchée d'Alaric trop amolli dans les palais toulousains, tandis que son jeune fils Amalaric s'enfuyait tremblant au-delà des Pyrénées pour reconstituer un royaume autour de Tolède... Toulouse tomba aux mains des Francs, Clovis était maintenant maître de la Gaule sauf de l'Armorique dans la péninsule bretonne, farouchement indépendante, et du pays d'Arles qui demeurait wisigoth, allié des Ostrogoths d'Italie.
Notre temps aurait intérêt à réfléchir au comportement de notre premier roi chrétien. Celui-ci, lui-même enfant d'immigré mais plus qu'intégré, eut à faire face à des invasions à coloration religieuse. Il n'a pas dit : les religions posent un problème, mais toutes les religions se valent, donc répondons par la laïcité absolue pour n'avoir pas d'histoires, auquel cas la France ne serait pas restée chrétienne. Il a accueilli les Burgondes en les convertissant, il a chassé les Wisigoths avec leur religion théocratique et tyrannique qui faillit s'imposer mais dont il a prouvé qu'elle n'avait aucun d'avenir. C'est pour cela que remontant de Bordeaux où il avait passé l'hiver, Clovis reçut dans Tours pavoisée un envoyé de l'empereur Anastase lui conférant les insignes consulaires et le diadème des César, signe qu'il avait su ressusciter en Occident Rome sous le signe de la Croix.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 17 février au 2 mars 2011
Cette année-là, la vingt-septième année de son règne sur les Francs saliens, la douzième de son règne en tant que roi chrétien de la Gaule, Clovis, quarante-deux ans, travaillait toujours à ébaucher ce qui serait un jour la France. La première urgence était de donner à son royaume une capitale digne ; depuis longtemps déjà il songeait, à la suite de son père Chilpéric, à Lutèce, la cité gauloise des Parisii, dont la situation géographique était remarquable. Mais la vierge consacrée Geneviève gardait le lieu qu'elle avait sauvé d'Attila et de ses Huns en 451 et qu'elle interdisait à Clovis tant qu'il serait païen. Maintenant plus d'obstacle ! Aussi à peine séchées ses larmes après la mort de sa soeur préférée Alboflède, le roi de Francs prépara-t-il son entrée : « Cette fois, dit Anne Bernet, point de murailles hérissées d'hommes en armes, ni de portes fermées, Geneviève cédait la cité au roi converti. Lutèce s'achetait par une messe, Clovis en faisait l'expérience... »
Face à Gondebaud
Mais il fallait aussi bien vite rebâtir l'unité du pays, autrement dit soumettre ou chasser les Burgondes et les Wisigoths, occupants hérétiques. Les premiers, dans la vallée de la Saône et de Rhône, étaient les moins fanatisés de la secte arienne ; leur roi Gondebaud était l'oncle de la reine des Francs Clotilde, et Avit, l'évêque (catholique) de Vienne avait ses entrées à la Cour. Pour faire plier Gondebaud, Clovis s'appuya sur le dernier frère de celui-ci, Godegisile, qui avait échappé au massacre fratricide et gouvernait la région de Genève tout en aspirant à la couronne burgonde entière. Clovis fonça donc avec une armée impressionnante sur Gondebaud qu'il rencontra à Dijon, mais celui-ci, refusant de voir Godegisile, courut s'enfermer à Avignon, où, pour s'en sortir, il dut promettre à Clovis, parti à sa poursuite, de verser un tribut annuel. Godigisile croyant son heure arrivée, fit de la résistance dans Vienne, mais Gondebaud, avec l'aide d'un traître, l'extirpa après l'avoir tué de sa propre main, ainsi que l'évêque arien qui s'interposait. Finalement Gondebaud honora ses promesses d'Avignon. Mieux, il maria sa petite-fille Suavégotta, fille de Sigismond, à Thierry, fils d'un premier mariage (païen) de Clovis, fit édicter des lois favorables aux catholiques et reçut lui-même le baptême des mains d'Avit. « De menace qu'il était, écrit Anne Bernet, l'État burgonde devenait partenaire et soutien, et la religion catholique dont Clovis s'était fait le champion, remportait une éclatante victoire. »
Un combat singulier
Restaient les Wisigoths, qui occupaient tout le Sud-Ouest du pays, jusqu'aux Cévennes. Les catholiques attendaient une intervention de Clovis qui les libérerait des persécutions renouvelées du roi Alaric II. Avec l'accord d'Anastase, l'empereur d'Orient très inquiet de constater les visées expansionnistes des Goths hérétiques, Clovis, au printemps 507, pria saint Martin à Tours avec son armée qui s'engagea à ne pas piller, puis passa la Loire. Arrivé au bord de la Vienne, il se crut cerné, mais une gracieuse biche lui fit miraculeusement deviner un gué, dans lequel lui et tous ses hommes s'engouffrèrent. De la cathédrale de Poitiers s'éleva alors une fantastique et miraculeuse lumière, preuve que saint Hilaire, qui avait toute sa vie combattu l'arianisme, était avec eux. La bataille eut lieu à Vouillé et fut sans merci. Selon la coutume elle se termina par un combat singulier, un corps à corps entre les deux chefs : Clovis ne fit qu'une bouchée d'Alaric trop amolli dans les palais toulousains, tandis que son jeune fils Amalaric s'enfuyait tremblant au-delà des Pyrénées pour reconstituer un royaume autour de Tolède... Toulouse tomba aux mains des Francs, Clovis était maintenant maître de la Gaule sauf de l'Armorique dans la péninsule bretonne, farouchement indépendante, et du pays d'Arles qui demeurait wisigoth, allié des Ostrogoths d'Italie.
Notre temps aurait intérêt à réfléchir au comportement de notre premier roi chrétien. Celui-ci, lui-même enfant d'immigré mais plus qu'intégré, eut à faire face à des invasions à coloration religieuse. Il n'a pas dit : les religions posent un problème, mais toutes les religions se valent, donc répondons par la laïcité absolue pour n'avoir pas d'histoires, auquel cas la France ne serait pas restée chrétienne. Il a accueilli les Burgondes en les convertissant, il a chassé les Wisigoths avec leur religion théocratique et tyrannique qui faillit s'imposer mais dont il a prouvé qu'elle n'avait aucun d'avenir. C'est pour cela que remontant de Bordeaux où il avait passé l'hiver, Clovis reçut dans Tours pavoisée un envoyé de l'empereur Anastase lui conférant les insignes consulaires et le diadème des César, signe qu'il avait su ressusciter en Occident Rome sous le signe de la Croix.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 17 février au 2 mars 2011
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