1) Le texte suivant est extrait du livre Les fils du goulag, publié en 1976 par l’écrivain français d’origine arménienne, Armand Maloumian.
« Oui,
évidemment, c’est atroce, me dit-on souvent, mais enfin, en URSS, il
n’y avait pas de chambres à gaz, de fours crématoires, de camps de la
mort. » Si les milliers de camps d’extermination par le travail,
les camps de mort lente qui existaient et existent encore aujourd’hui,
si les prisons disciplinaires et les camps de concentration ne sont pas
des camps de la mort, que sont-ils ?
Des
fours crématoires et des chambres à gaz, effectivement, je n’en ai
jamais entendu parler. En revanche, des camps du silence, oui. Des camps
où les prisonniers sont enchaînés, oui. Du cannibalisme dans les camps
ou pendant le transport de prisonniers, oui. Des massacres dans les
camps où les gardiens ont ouvert le feu sur des prisonniers sans
défense, oui. D’exterminations de prisonniers politiques irréductibles
par des droits communs armés par les soins des gardiens de haches et de
barres, oui. De cellules où on laisse le prisonnier en linge de corps
par -30° pendant des semaines, oui. De bateaux transportant des
prisonniers où ceux-ci sont jetés vivants à la mer, oui. De prisonniers
enchaînés dans leurs baraques, brûlés vifs à coup de lance-flammes, oui.
De prisonniers tués par des gardiens d’une balle dans la tête, oui. De
prisonniers déchiquetés par des chiens sur l’ordre des gardiens, oui. De
mines de plomb où le prisonnier, atteint de saturnisme au bout de
quelques mois de travail, meurt dans d’atroces douleurs, oui. De la pose
de voies ferrées par -50°, oui.
Tout
cela a bel et bien existé, existe et existera sous des formes plus ou
moins différentes tant que l’URSS sera l’URSS. Si tous ces moyens
d’extermination, de mort lente, ne sont pas l’équivalent dans l’horreur
des fours crématoires et chambres à gaz nazis, que sont-ils alors ? »
2) Quelques réflexions éparses sur le marxisme, extraites de Holocauste de gauche de Anne Yélen
Si
le marxisme, comme il a été dit, est un délire de l’intellect, cela ne
l’a nullement empêché d’être aussi un moyen d’anéantissement des corps.
Par son racisme de classe, qui n’admet pas les différenciations sociales
« verticales », il a fait « plus » sur ce plan que le racisme
biologique de type hitlérien. On ne cesse d’entendre rappeler la mort
des juifs victimes des camps nazis et les pharisiens de s’indigner :
« Plus jamais ça ! » alors que la plupart d’entre eux ont fort bien
supporté, de Lénine à Mao Tsé Toung, les camps aussi terrifiants du
goulag socialiste.
Si
l’on appelle « génocide » l’extermination programmée de populations
sans défense coupables d’être nées dans une ethnie, une classe ou une
religion condamnées, le marxisme, variante extrémiste du socialisme au
même titre que le nazisme [le mouvement d’Hitler se présentait comme
« national-socialiste » et Mussolini fut d’abord un militant socialiste
avant de créer le « Fascio »], s’est rendu coupable de génocides
multiples.
Contrairement
à ce que l’on cherche à nous faire croire, il n’y a pas un marxisme qui
serait bon en lui-même mais dénaturé par des exécutants maladroits :
c’est dans la théorie même que le ver est vrillé, dans son mécanisme de
pensée que gît la perversité.
Comment
s’immuniser contre cette dialectique délétère ? Peut-être en affinant
son esprit de synthèse et de justesse, en examinant les grands problèmes
éternels sous leurs différents aspects sans oublier de les resituer
dans le courant des influences dominantes qui ont présidé à leur
coloration. Sans oublier non plus de les poser au cœur même de ce que
nous sommes, observateurs réagissants.
VOIR le TOUT et en faire le TOUR, recommandait Lanza del Vasto lorsqu’il écrivait : « Quand le marxiste est minoritaire…c’est toujours lui qui tient le beau rôle… C’est
lui qui dénonce les scandales financiers, politiques, policiers,
militaires, coloniaux, judiciaires, qui réclame l’abolition des abus, la
cessation des guerres,…la paix pour le sauvage et pour le nègre…
Mais
dès que débarrassé de ses ennemis, il a enfin les mains libres…dès
qu’il dicte sa loi, il devient inique, brutal, cruel, froid, perfide,
menteur, implacable, impitoyable, inhumain… D’où vient cet étrange retournement ? Il n’y a pas de retournement. Il y a ceci : qu’on voit enfin le tout et qu’on en fait le tour » (extrait de : Les Quatre Fléaux, Denoël, 1959)
Eh
oui, dès que le marxisme a les mains libres…s’installe le goulag. Il
n’y aura pas longtemps à attendre. Le système concentrationnaire
bolchevique naît officiellement le 15 avril 1919, date du décret n° 45
du gouvernement soviétique portant le titre : « Au sujet des camps de
travaux forcés ». Un système qui sera vite perfectionné. Un camp de la
mort, destiné à la suppression physique des détenus, commencera à
fonctionner dès 1921. Il s’appelait Holmogor et était situé près de la ville d’Arkhangelsk.
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