Les Mérovingiens sont la dynastie qui régna sur une très grande partie de la France et de la Belgique actuelles, ainsi que sur une partie de l'Allemagne et de la Suisse, du Ve siècle jusqu'au milieu du VIIIe siècle.
Cette lignée est issue des peuples de Francs saliens qui étaient établis au Ve siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique (Childéric Ier).
L'histoire des Mérovingiens est marquée par l'émergence d'une forte
culture chrétienne parmi l'aristocratie, l'implantation progressive de
l'Église dans leur territoire et une certaine reprise économique
survenant après l'effondrement de l'Empire romain.
Origine
La dynastie mérovingienne est issue de l'aristocratie franque. Les Francs, réunis en ligue depuis le IIIe siècle de notre ère, se sont progressivement installés dans le nord-est de l'Empire romain.
Dès les premières années de l'Empire, des groupes migrants plus ou
moins homogènes n'ont cessé de se déplacer d'est en ouest, poussés par
d'autres migrants venus d'orient, et attirés en Gaule par la stabilité de la Pax Romana. Les premiers Francs
pénètrent dans l'Empire légalement, certains sont intégrés dans l'armée
romaine et peuvent espérer y faire une grande carrière (voir Richomer et Arbogast), d'autres s'installent dans l'Empire comme colons. Par la suite, les migrations franques dans le nord de la Gaule s'intensifient avec le déclin de l'autorité romaine et la chute de l'Empire d'Occident.
Enrichies par leur service auprès de Rome, certaines grandes familles
franques acquièrent un pouvoir local non négligeable. L'une d'entre
elles, celle de Childéric Ier et de son fils Clovis, va s'imposer et fonder la première dynastie royale franque.
Histoire générale et personnalités
Le premier représentant historique de la dynastie mérovingienne, Childéric Ier, fils de Mérovée, dominait l'ancienne province romaine de Belgique Seconde au nom de l'Empire. Son fils Clovis, roi en 481, n'est lui-même à l'origine qu'un des nombreux petits rois sous le gouvernement desquels se répartissaient les Francs Saliens. Son royaume, qui devait correspondre à peu près à l'étendue de l'ancienne cité romaine de Tournai, ne lui fournissant pas les forces nécessaires pour mener à bien l'attaque qu'il méditait contre Syagrius,
officier romain auquel obéissait encore la région d'entre Loire et
Seine, il associa à son entreprise ses parents, les rois de Thérouanne et de Cambrai.
Mais il profita seul de la victoire. Syagrius défait, il s'appropria
son territoire et employa la suprématie écrasante dont il jouissait
désormais sur ses anciens égaux, pour se débarrasser d'eux. Soit par
violence, soit par ruse, il les renversa ou les fit périr, fut reconnu
par leurs peuples et en quelques années étendit son pouvoir à toute la
région que le Rhin encercle de Cologne à la mer. Les Alamans qui, établis en Alsace et en Eifel, menaçaient le nouveau royaume d'une attaque par l'est, furent battus et annexés à la fin du Ve siècle. S'étant ainsi assuré la possession de toute la Gaule septentrionale du Rhin à la Loire, le roi des Francs put se consacrer à la conquête de la riche Aquitaine, dominée par les Wisigoths et leur roi Alaric II. Converti au catholicisme aux alentours de l'an 500Note 1, Clovis put éventuellement prétexter de leur hérésie (les Wisigoths adhéraient à l'arianisme) pour leur faire la guerre : il les battit à Vouillé en 507 et porta la frontière jusqu'aux Pyrénées. Le royaume des Burgondes (auxquels il s'était allié en épousant Clotilde, fille du roi Chilpéric II), de même que la Provence, le séparaient encore de la Méditerranée. Théodoric, roi des Ostrogoths, n'entendait pas laisser le royaume des Francs s'étendre jusqu'aux portes de l'Italie : Clovis dut donc renoncer à la Provence que Théodoric, pour plus de sûreté, annexa à son propre royaume1. Cette expansion rapide du royaume des Francs (latin regnum francorum) fut facilitée par sa conversion au catholicisme qui lui assura l'appui de l'aristocratie gallo-romaine et de l'Église catholique. Il installera sa capitale à Paris vers 507.
A sa mort en 511, Clovis n'avait pas réglé sa succession et le royaume fut partagé entre ses quatre fils. Selon Grégoire de Tours, la région de Metz revint à Thierry, Orléans à Clodomir, Paris à Childebert et Soissons à Clotaire. Pour Bruno Dumézil2, mais également pour Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux3,
il ne faut pas comprendre ce partage comme une division stricte du
royaume. Les quatre frères sont rois en même temps mais l'intégrité du regnum francorum
est en partie conservée, ce qui explique la relative facilité avec
laquelle certains rois mérovingiens parviennent à réunifier le royaume à
la mort de leurs frères (dont ils sont parfois eux-mêmes responsables).
Cela n'a rien d'inédit si l'on compare cette succession à celles de
certains empereurs romains comme Constantin Ier. C'est cette très fragile entente de circonstance entre les frères qui explique également la conquête de la Burgondie vers 534 par Childebert et Clotaire (à la demande de leur mère Clotilde selon Grégoire de Tours) puis de la Provence. Le royaume fut réunifié en 558 par Clotaire Ier,
puis divisé à nouveau entre les fils de ce dernier en 561. Trois
grosses entités territoriales se forment progressivement au sein du
royaume : Neustrie, Austrasie et Bourgogne (l'Aquitaine passant sous l'autorité d'une dynastie de ducs indépendants). En 613, Clotaire II, petit-fils de Clotaire Ier, parvient à réunifier de nouveau le royaume des Francs. Comme le précise Bruno Dumézil, loin de régresser par suite de ces partages, « la superficie du monde franc double entre la mort de Clovis et la fin du VIe siècle »2.
Les
historiens ont longtemps considéré que le partage du royaume entre les
fils, à la mort du roi, manifestait le fait que les peuples germaniques,
et les Francs en particulier, considéraient le royaume comme un patrimoine personnel du roi et que la notion d’État leur était inconnue. Bruno Dumézil explique cependant que la notion romaine de "fisc" n'avait alors pas disparue et qu'une liste précise des terres "publiques" était tenue par les rois mérovingiens2.
Cette
réflexion sur la portée des partages successifs du royaume ne doit
cependant pas masquer la réalité des conflits sanglants qu'a connus la
dynastie mérovingienne à la fin du VIe siècle. Grégoire de Tours les rapporte longuement dans ses Dix livres d'histoires :
Une querelle familiale opposa en effet pendant près de cinquante ans les deux fils de Clotaire Ier, à savoir Chilpéric Ier et Sigebert Ier, ainsi que leurs conjointes respectives, Frédégonde et Brunehilde. Selon Grégoire de Tours, Frédégonde, maîtresse de Chilpéric Ier, fit assassiner la femme de celui-ci, Galswinthe, une princesse wisigothique. La sœur de Galswinthe, Brunehilde, également épouse de Sigebert Ier, demanda alors à son mari de réagir en demandant une compensation en réparation du meurtre. Chilpéric Ier
parut d'abord se soumettre mais, ne tenant pas ses engagements, la
guerre finit par éclater entre les frères. On analyse souvent ce conflit
comme la manifestation, à l'échelle du royaume, du principe de la "faide", le droit à la vengeance, comparable à la loi du Talion.
Le bilan de ce conflit familial est lourd :
- Sigebert Ier est assassiné en 575 ;
- Brunehilde épouse Mérovée (fils de Chilpéric Ier), mais il est assassiné, peut-être à l'instigation de Frédégonde, en 577 ;
- Clovis, un autre fils de Chilpéric Ier, disparaît également : Frédégonde est soupçonnée car ne survivent que ses propres fils ;
- Chilpéric Ier est assassiné en 584, peut-être sur l'ordre de Brunehilde, par vengeance, ou de Frédégonde, suite à une affaire d'adultère ;
- Childebert II, fils de Sigebert Ier, meurt empoisonné en 596, peut-être à l'instigation de Frédégonde ;
- Brunehilde se fait supplicier en 613 suite à sa défaite contre Clotaire II, fils de Chilpéric Ier et Frédégonde.
Au terme de ces cinquante années de conflit, Clotaire II parvient à réunifier le royaume des Francs, non sans avoir éliminé les gêneurs et les prétendants au trône. Il rassemble ainsi :
- l'Austrasie : l'est de la France actuelle, l'est de la Belgique actuelle et les régions rhénanes ;
- la Neustrie : le nord-ouest de la France actuelle (sans la Bretagne) ;
- la Bourgogne : l'ancienne Burgondie, c'est-à-dire l'actuelle Bourgogne, le nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).
On attribue à Clotaire II (584-629), l'édification d'un château à Clichy dans les Hauts-de-Seine, site probablement découvert à l'occasion d'une chasse. Rien ne permet d'en imaginer la forme ni l'importance. Cependant Clotaire II, en 626, y réunit un concile des évêques et princes de Neustrie et de Bourgogne. Son fils Dagobert Ier, roi des Francs de 629 à 639, s'y maria avec Gomatrude en 629, ce qui laisse penser que le palais avait quelque importance.
Parmi les deux fils de Clotaire II, Charibert et Dagobert, le premier mourut prématurément en 632, et son fils Chilpéric décéda peu de temps après, ce qui permit l'unification du territoire. Le court règne de Dagobert Ier
marqua alors une période d'apogée et de relative paix dans le royaume
mérovingien. C'est également sous son règne que se placent les dernières
conquêtes en direction de la Germanie, permettant d'atteindre le Danube.
Le dernier siècle mérovingien est celui de l'ascension politique d'une famille aristocratique d'Austrasie appelée à un bel avenir : les Pippinides. Dès le règne de Clotaire II, Pépin Ier de Landen s'allie au roi contre Brunehilde, et obtient la mairie du palais d'Austrasie. Ses descendants, Grimoald puis Pépin II de Herstal, parviennent à la conserver par intermittence et s'emparent pour un temps de la mairie du palais de Neustrie, à la fin du VIIe siècle. En 717, un fils bâtard de Pépin II, Charles Martel, arrive sur le devant de la scène en devenant à son tour maire du palais d'Austrasie. Il doit alors faire face à la résistance de l'aristocratie neustrienne menée par Raganfred, maire du palais de Neustrie
depuis 715. Les Neustriens ont fait d'un moine obscur nommé Daniel un
roi mérovingien qui s'impose difficilement sous le nom de Chilpéric II. A sa mort en 721, ne laissant aucun héritier, c'est au tour de Charles Martel de sortir un mérovingien d'un monastère pour en faire un roi : Thierry IV. Ce dernier ne possédera jamais la réalité du pouvoir et s'effacera face à son puissant maire du palais. A la mort de Thierry IV en 737, Charles Martel est tellement influent qu'il peut se passer de roi jusqu'à sa propre mort en 741. Son fils, Pépin III le Bref, lui succède, et même s'il prend d'abord le parti de placer un dernier mérovingien sur le trône en 743 (Childéric III), ce sera pour mieux le déposer huit ans plus tard et se faire élire roi à sa place. C'est le temps de la dynastie carolingienne.
La royauté mérovingienne
Comme l'explique Régine Le Jan4, le roi mérovingien est détenteur d'une certaine sacralité, bien qu'il ne bénéficie pas du rituel clérical du sacre, à la différence des rois wisigoths ou des rois carolingiens. Régine Le Jan affirme qu'il ne faut pas réduire cette sacralité à sa dimension magique et païenne (le heil), mais qu'il existe encore, au VIe siècle notamment, la possibilité d'une sacralité chrétienne non contrôlée par le clergé. Cette sacralité s'exprime dans les fonctions assumées par le roi mérovingien et se manifeste par de multiples rituels.
Les fonctions du roi mérovingien
Noyau de tradition
Comme chez d'autres peuples germaniques du Ve siècle, l'institution royale naît chez les Francs par le contact avec Rome.
La nécessité d'un interlocuteur faisant autorité et l'influence du
modèle romain produisent une nouvelle forme d'organisation politique.
Les divers peuples germaniques,
éclatés et pluriethniques, se construisent une cohésion en
cristallisant leur identité autour d'une figure royale qui fait office
de "noyau de tradition" (Traditionskern)4. Ainsi les Francs existent-ils dès le moment où un chef se dit "roi des Francs" (rex francorum)
et qu'il propose à ceux qui le suivent d'accepter sa propre ascendance
(remontant jusqu'à un passé mythique) comme celle du peuple dans son
intégralité. Le roi tire de ses ancêtres, historiques ou mythiques, une
puissance charismatique, le heil, qu'il entretient par ses
victoires guerrières et qui légitime sa position. L'institution royale
se place alors au-dessus des groupes de parenté et des chefs de lignages, prétendant ainsi assurer leur cohésion et leur prospérité.
Loi et paix, conquête et prospérité
Les
fonctions de paix et de fécondité sont d'origine divine : en les
canalisant et en les contrôlant, l'institution royale se façonne une
légitimité sacrale. Le roi tend ainsi à concentrer dans sa personne la
fonction de juridiction,
pour garantir la paix, et la fonction guerrière, pour assurer la
prospérité de son peuple. La concentration en une personne de ces deux
fonctions, souvent assumées dans les sociétés polythéistes par deux dieux distincts, est facilitée par l'adoption du monothéisme : le christianisme et son dieu unique et indivisible assoit la sacralité d'une royauté unique et indivisible4.
La paix est assurée par la création de la loi: c'est une fonction sacrée, à la fois juridique et religieuse ; l'Ancien Testament est d'ailleurs souvent appelé "Loi". Le roi formule le droit et le fait respecter. Ainsi Clovis réunit-il le premier concile d'Orléans en 511 et met la loi salique par écrit, probablement avant 507 selon Régine Le Jan4. De la même façon, « Clotaire II et Dagobert ont affirmé fortement leur autorité juridico-religieuse en réunissant un concile à Paris et en promulguant l'édit de 614, puis la loi des Ripuaires et la première loi des Alamans »4. Clotaire II est d'ailleurs assimilé par le clergé à David, roi législateur et juge.
La
prospérité est assurée par les guerres, que le roi mène annuellement, à
la belle saison, afin d'agrandir le territoire apte à produire des
richesses, tout en amassant du butin qu'il partage avec ses fidèles.
Succession chez les Mérovingiens
Lors
du traité entre l'Empire Romain et les Francs Saliens, que dirigent des
rois qui deviendront les Mérovingiens de l'historiographie, il est
rappelé que la succession à la charge de Général reste la prérogative du
Princeps romain. Rapidement, celui-ci n'est plus en mesure d'imposer
ses choix; il ne peut donc que les valider, à la demande du général qui a
pris le commandement après la mort de son prédécesseur. Dans les faits,
le général, roi pour son peuple, est nommé selon les usages germaniques
qui prévalent au sein de son peuple, et ce choix est validé par le Princeps9.
Le
royaume franc était considéré d’après la tradition germanique comme un
bien patrimonial, c’est-à-dire que le royaume constituait le domaine
familial du roi. Il n’y avait plus de distinction entre l’État, sa
personne et son bien. Les victoires militaires aboutissaient donc à
l’accroissement de la propriété familiale du roi. Ce partage était issu
de la loi salique germanique. Cette loi excluait les femmes de la succession tant qu’il restait des héritiers mâles.
Ainsi à la mort du roi, le royaume était divisé entre ses enfants de
sexe masculin même si une femme peut hériter d'un domaine en pleine
possession et non simplement comme usufruitière. Le titre de roi des Francs, ou Rex Francorum
en latin, est générique. Il se transmet du père au fils, d'une
génération à l'autre, dans la même famille, celle des Mérovingiens.
Il faut néanmoins savoir que l'expression loi salique désigne deux réalités bien différentes.
- Dans le haut Moyen Âge, il s'agit d'un code de loi élaboré, selon les historiens, entre le début du IVe siècle et le VIe siècle pour le peuple des Francs dits « saliens », dont Clovis fut l'un des premiers rois. Ce code, rédigé en latin, et comportant de forts emprunts au droit romain10, établissait entre autres les règles à suivre en matière d'héritage à l'intérieur de ce peuple.
- Plusieurs siècles après Clovis, dans le courant du XIVe siècle, un article de ce code salique fut exhumé, isolé de son contexte, employé par les juristes de la dynastie royale des Valois pour justifier l'interdiction faite aux femmes de succéder au royaume de France directement issu de celui des Francs. À la fin de l'époque médiévale et à l'époque moderne, l'expression loi salique désigne donc les règles de succession au trône de France. Ces règles ont par ailleurs été imitées dans d'autres monarchies européennes. L'éviction des femmes du pouvoir par cette loi rattachée à une tradition franque mérovingienne puis carolingienne a été célébrée ou critiquée dès le XIIIe siècle11,12.
Conséquences politiques
Plusieurs parties de territoires pouvaient être réunies par la force ou si l’un des frères mourait sans enfants.
Le
partage du royaume créa donc des conflits fratricides dictés par la
convoitise qui étaient généralement suivis par des meurtres en série ou
des guerres entre royaumes frères. Fustel de Coulanges voit dans cette royauté mérovingienne « un despotisme tempéré par l'assassinat »13.
Prenons l’exemple de Clovis Ier :
sa mort a été suivie du premier partage du royaume entre ses quatre
fils : Théodoric, Clodomir, Childebert, Clotaire. Clodomir mourut lors
d’une des nombreuses conquêtes qu’entreprirent les quatre frères. Les
autres massacrèrent alors leurs neveux pour écarter tout héritier sauf saint Cloud
qui se fit tondre (la chevelure des rois mérovingiens était légendaire,
ils tenaient leur force et leur charisme de leurs cheveux qu’ils
laissaient longs). Théodoric mourut après avoir envahi la Thuringe.
Ses successeurs le suivirent rapidement suite aux guerres incessantes.
Clotaire envahit le territoire de son frère aîné. Childebert mourut peu
après sans descendance. Clotaire réunifia donc entièrement le royaume
franc. Mais ce fut à la mort de ce dernier que les choses se sont
réellement envenimées. Clotaire mourut avec quatre héritiers : Caribert,
Chilpéric, Gontran, Sigebert. On procéda donc à un second partage du
royaume qui fut suivi d’une longue « saga familiale » tragique
confrontant la famille de Sigebert et Chilpéric. Cette querelle
familiale, largement alimentée par la haine entre leurs épouses
respectives, Brunehilde et Frédégonde, tourna rapidement à la guerre civile (connue sous le nom de faide royale).
Lorsque Sigebert épousa Brunehilde (fille réputée belle, intelligente…), son frère, jaloux, épousera Galswinthe, la sœur de Brunehilde,
qui finira finalement étranglée dans son lit par la maîtresse et future
épouse de Chilpéric, Frédégonde. La haine s’installera donc entre les
deux couples. Les territoires francs passeront de mains en mains.
Finalement Sigebert et Chilpéric seront tous deux assassinés par
Frédégonde. Les deux reines, toutes deux tutrices s’affronteront en
tuant neveux, cousins et oncles afin de mettre leurs fils respectifs sur
le trône.
La haine que se voueront Frédégonde et Brunehilde
aggravera la division Austrasie – Neustrie. Elle fera perdre toute
unité au royaume et freinera le développement de la dynastie
mérovingienne. Les conflits familiaux profiteront, par ailleurs, aux
maires du palais. Ces guerres vont appauvrir les rois alors que les
maires du palais vont s’enrichir et ainsi bénéficier d'un pouvoir
croissant qui vont les amener jusqu’au trône avec l'avènement de Pépin
le Bref.
Économie et administration sous les Mérovingiens
Jusqu'au règne de Dagobert Ier,
l'État mérovingien ne se distingue pas fondamentalement de la tradition
romaine. Après les troubles profonds dus aux invasions, l'état social
du pays reprend son ancien caractère romain. Les terres du fisc impérial
passent bien dans les mains du roi mais les grands propriétaires
gallo-romains ont, sauf de rares exceptions, conservé leurs domaines,
organisés comme ils l'étaient sous l'Empire. Le commerce reprend
lentement son activité. Marseille,
centre du grand commerce maritime avec l'Orient, reçoit ces marchands
syriens que l'on retrouve d'ailleurs dans les villes importantes du sud
de la Gaule et qui, avec les Juifs, sont les principaux marchands du
pays. Les villes de l'intérieur conservent une bourgeoisie de
commerçants parmi lesquels il en est qui, en plein VIe siècle, nous sont connus comme des notables riches et influents.
Grâce
à ce commerce régulier qui maintient dans la population une importante
circulation de marchandises et d'argent, le trésor du roi, alimenté par
les tonlieux,
dispose de ressources importantes, au moins aussi considérables que
celles qu'il retire du revenu des domaines royaux et du butin de guerre.
Cette civilisation tombe dans une certaine décadence mais elle conserve ses traits essentiels.
Les
fonctionnaires importants, choisis parmi les grands, font preuve, à
l'égard du pouvoir, d'une singulière indépendance et l'impôt n'est
souvent prélevé par le comte
qu'à son profit personnel. L'affaiblissement de l'ancienne
administration romaine, coupée de Rome, et dont le roi maintient avec
peine les derniers vestiges, permet à l'aristocratie des grands
propriétaires de prendre, en face du roi et dans la société, une
position de plus en plus forte. C'est surtout dans le Nord, en Austrasie, où la romanisation est presque complètement effacée, qu'elle s'assure, dès le VIIe siècle, une prépondérance absolue.
Cette
aristocratie, dont l'action grandit sans cesse, n'a rien d'une
noblesse. Elle ne se distingue pas du reste de la nation par sa
condition juridique, mais seulement par sa condition sociale. Ceux qui
la composent sont, pour parler comme leurs contemporains, des grands (majores), des magnats (magnates), des puissants (potentes),
et leur puissance dérive de leur fortune. Tous sont de grands
propriétaires fonciers : les uns descendent de riches familles
gallo-romaines antérieures à la conquête franque, les autres sont des
favoris que les rois ont largement pourvus de terres, ou des comtes qui
ont profité de leur situation pour se constituer de spacieux domaines.
Qu'ils soient romains ou germaniques de naissance, les membres de cette
aristocratie forment un groupe lié par la communauté des intérêts, et
chez lequel n'a pas tardé à disparaître et à se fondre dans l'identité
des mœurs, la variété des origines. A mesure que l’État, auquel ils
fournissent les plus importants de ses agents, se montre plus incapable
de garantir la personne et les biens de ses sujets, leur prépondérance
s'affirme davantage. Leur situation personnelle profite des progrès de
l'anarchie générale et l'insécurité publique augmente sans cesse leur
influence privée. En tant qu'officiers du roi, les comtes traquent et rançonnent les populations qu'ils sont censés protéger[non neutre] ;
mais à partir du moment où ces personnes leur auront cédé leurs terres
et leurs personnes et seront venus s'annexer à leurs domaines, ces mêmes
comtes, en tant que grands propriétaires, étendront sur eux leur
puissante sauvegarde. Ainsi les fonctionnaires mêmes de l’État
travaillent contre l’État[réf. nécessaire],
et en étendant sans cesse sur les hommes et les terres leur clientèle
et leur propriété privée, ils enlèvent au roi ses sujets directs et ses
contribuables.
Le
rapport qui s'établit entre les puissants et les faibles ne relève pas
simplement du rapport économique entre un propriétaire et son tenancier.
Né du besoin d'une protection effective au sein d'une société livrée à
l'anarchie[non neutre],
il crée entre eux un lien de subordination qui s'étend à la personne
tout entière. Le contrat de recommandation, qui apparaît dès le VIe siècle, donne au protégé le nom de vassal (vassus) ou de serviteur, au protecteur le nom d'ancien ou de seigneur (senior).
Le seigneur est tenu non seulement de pourvoir à la subsistance de son
vassal, mais de lui fournir d'une manière permanente secours et
assistance et de le représenter en justice. L'homme libre qui se
recommande conserve les apparences de la liberté, mais en fait, il est
devenu un client, un sperans du senior.
Ce
protectorat que le seigneur exerce sur les hommes libres en vertu de la
recommandation, il l'exerce naturellement aussi et avec plus
d'intensité sur les hommes qui appartiennent à son domaine, anciens
colons romains attachés à la glèbe ou serfs descendant d'esclaves
romains ou germaniques dont la personne même, en vertu de la naissance,
est sa propriété privée. Sur cette population dépendante, il possède une
autorité à la fois patriarcale et patrimoniale qui tient tout ensemble
de la justice de paix et de la justice foncière. Il n'y a là, au début,
qu'une simple situation de fait. Mais rien n'illustre mieux
l'impuissance de l’État que l'obligation dans laquelle il s'est trouvé
de la reconnaître[non neutre]. À partir du VIe siècle,
le roi accorde, en nombre toujours croissant, des privilèges
d'immunité. Il faut entendre par là des privilèges concédant à un grand
propriétaire (le plus souvent une propriété ecclésiastique) l'exemption
du droit d'intervention des fonctionnaires publics dans son domaine. L'immuniste
est donc substitué sur sa terre à l'agent de l’État. Sa compétence,
d'origine purement privée, reçoit une consécration légale. Cependant, il
est délicat d'affirmer que l’État capitule devant l'immuniste, car la compétence de ce dernier émane du roi et s'exerce en son nom.
La situation est d'autant plus grave[non neutre]
que des propriétés du roi lui-même, qui avaient compris à l'origine
tout le domaine foncier de l'Etat romain, il ne subsiste plus, à la fin
de la période mérovingienne, que d'insignifiants débris[réf. nécessaire].
Lambeau par lambeau, en effet, elles ont été cédées à l'aristocratie en
vue d'acheter sa fidélité. Les partages continuels de la monarchie
entre les descendants de Clovis, la séparation et la réunion alternatives des royaumes de Neustrie, d'Austrasie et de Bourgogne,
le remaniement continuel des frontières et les guerres civiles qui en
étaient la suite, furent pour les grands une excellente occasion de
marchander leur dévouement aux princes que le hasard des héritages
appelait à régner sur eux et qui, pour s'assurer la couronne, étaient
tout prêts à sacrifier le patrimoine de la dynastie.
Pour la première fois une opposition va se manifester entre l'aristocratie romanisée[réf. nécessaire] de Neustrie, et les grands d'Austrasie, restés beaucoup plus proches des mœurs et des institutions germaniques[réf. nécessaire].
L'avènement de l'aristocratie amène naturellement les influences
locales à se manifester ; la diversité se substitue ainsi à l'unité
royale.
La
conquête de la Méditerranée par les Musulmans devait précipiter
l'évolution politique et sociale qui s'annonçait. Jusqu'alors, au milieu
d'une société qui glissait vers le régime de la propriété seigneuriale,
les villes s'étaient maintenues vivantes par le commerce, et avec elles
une bourgeoisie libre.
Dans la seconde moitié du VIIe siècle, tout commerce cesse sur les côtes de la Méditerranée occidentale. Marseille, privée de navires, meurt asphyxiée, et toutes les villes du midi, en moins d'un demi-siècle, tombent dans une totale décadence[non neutre].
À travers tout le pays, le commerce, que n'alimente plus la mer,
s'éteint ; la bourgeoisie disparaît avec lui ; il n'existe plus de
marchands de profession, plus de circulation commerciale, et, par contre
coup, les tonlieux cessent d'alimenter le trésor royal, incapable de faire face désormais aux dépenses du gouvernement.
L'aristocratie
représente, dès lors, la seule force sociale. En face du roi ruiné,
elle possède, avec la terre, la richesse et l'autorité ; il ne lui reste
plus qu'à s'emparer du pouvoir14.
Lent déclin des Mérovingiens
À partir de 639 (à la fin du règne de Dagobert Ier) commença l'époque des souverains que le biographe de Charlemagne, Eginhard, nomma les rois fainéants, au IXe siècle dans sa Vita Karoli (Vie de Charlemagne),
cela pour légitimer la prise de pouvoir carolingienne. En réalité, leur
inaction s'explique surtout par leur faiblesse et leur impuissance.
Souvent très jeunes – les querelles familiales pour le pouvoir ne leur
laissaient qu'une espérance de vie très faible – les souverains
mérovingiens devinrent les jouets de l'aristocratie.
D'autre part, dans un contexte général de crise économique en Occident,
les richesses acquises par leurs prédécesseurs s'étaient
considérablement amenuisées, suite à l'arrêt des campagnes militaires
pour étendre le royaume, aux détournements de l'impôt et aux dépenses
engagées pour venir à bout des révoltes et pour acheter la fidélité des vassaux.
L'autorité
des Mérovingiens s'affaiblit donc pendant cette période de pauvreté et
de déclin de la monarchie, tandis que s'imposaient peu à peu les maires
du palais ("major domus").
À
l'origine simple intendant, le maire du palais devint avec le temps le
réel administrateur du royaume en raison de son rôle central dans les
relations avec l'aristocratie franque. Étant issu de celle-ci, en effet,
le maire du palais défendait naturellement les intérêts des nobles, ce
qui valut aux détenteurs de la charge un prestige croissant.
Progressivement,
la charge de maire du palais consista notamment à déclencher les
guerres, à négocier les accords avec les pays voisins, à nommer les évêques, les ducs et les comtes.
Des trois maires du palais, celui de Bourgogne disparut assez tôt, puis la lutte s'engagea entre les deux autres.
L'aristocratie foncière d'Austrasie, plus puissante que les grands propriétaires de Neustrie,
parce que plus éloignée du roi et de l'ancienne administration romaine,
était avantagée dans un État presque exclusivement basé sur la richesse
foncière. Entre le maire d'Austrasie, Pépin de Herstal, qui représentait les grands, et le maire de Neustrie, Ebroïn,
resté fidèle à l'ancienne conception royale, la lutte était inégale :
Pépin triompha. Dès lors, il n'y eut plus qu'un maire du palais pour
toute la monarchie et ce fut la famille des Pippinides
qui la fournit. Depuis longtemps, elle jouissait dans le nord du
Royaume d'une situation qu'elle devait à sa richesse foncière. Ses
domaines étaient nombreux, surtout dans cette région mi-romane
mi-germanique dont Liège, alors un simple village, forme le centre, et se répandaient dans la Hesbaye, le Condroz et l'Ardenne ; Andenne et Herstal étaient ses résidences favorites. De riches mariages augmentèrent encore son ascendant. De l'union de la fille de Pépin de Landen et du fils d'Arnoul de Metz naquit Pépin de Herstal, déjà cité plus haut, qui fut le premier à exercer véritablement la régence dans toute la monarchie franque.
Lorsque les Musulmans envahirent l'Aquitaine, le successeur de Pépin de Herstal, Charles Martel vint leur offrir le combat dans les plaines de Poitiers
et l'élan de la cavalerie musulmane se brisa contre les lignes de son
infanterie lourde. L'invasion arrêtée reflua ; les Musulmans ne
conservèrent en Gaule que les environs de Narbonne, d'où Pépin le Bref devait les expulser en 759.
Le triomphe de Poitiers acheva de faire de Charles Martel
le maître du royaume. Il en profita pour lui donner une solide
organisation militaire.Jusqu'à lui, l'armée ne s'était composée que des
hommes libres, levés dans les comtés en temps de guerre. C'était une
simple milice de fantassins, s'équipant à leurs frais, difficile à
réunir, lente dans ses mouvements. Après Poitiers, Charles résolut de
créer, à l'exemple des Arabes, une cavalerie qui put se porter
rapidement au-devant de l'ennemi et remplacer l'avantage du nombre par
celui de la mobilité. Une telle nouveauté supposait une transformation
radicale des usages antérieurs. On ne pouvait imposer aux hommes libres
ni l'entretien d'un cheval de guerre, ni l'acquisition du coûteux
équipement de cavalier, ni le long et difficile apprentissage du combat à
cheval.
Pour
atteindre ce but, il fallait donc créer une classe de guerriers
possédant les ressources correspondant au rôle qu'on attendait d'eux.
Une large distribution des terres fut faite aux vassaux les plus
robustes du maire du palais, qui n'hésita pas à séculariser, à cette
fin, bon nombre de biens d’Église. Chaque homme d'armes gratifié d'une
tenure ou, pour employer le terme technique, d'un bénéfice, fut tenu d'y
élever un cheval de guerre et de fournir le service militaire à toute
réquisition. Un serment de fidélité renforça encore ces obligations. Le vassal
qui n'était au départ qu'un serviteur devint ainsi un soldat dont
l'existence fut assurée par la possession d'un lopin de terre.
L'institution se répandit très rapidement dans tout le royaume. Les
immenses domaines de l'aristocratie permettaient à chacun de ses membres
de se constituer une troupe de cavaliers, et ils n'y manquèrent pas. Le
nom primitif de bénéfice disparut un peu plus tard, remplacé par celui
de fief.
Mais l'organisation féodale elle-même, pour l'essentiel, se trouve dans
les mesures prises par Charles Martel. Ce fut la plus grande réforme
militaire que l'Europe ait connue avant l'apparition des armées
permanentes. Elle devait d'ailleurs exercer une répercussion profonde
sur la société et sur l’État. Dans son fond, elle n'était qu'une
adaptation de l'armée à une époque où le grand domaine dominait toute la
vie économique et elle eut pour conséquence de donner à l'aristocratie
foncière la puissance militaire avec la puissance politique. la vieille
armée des hommes libres ne disparut pas, mais elle ne constitua plus
qu'une réserve à laquelle on recourut de moins en moins15.
Les
rapports de Charles Martel avec l’Église n'avaient pas été harmonieux.
Celle-ci lui reprocha ses sécularisations et lui tint rancune qu'il ait
refusé de venir au secours de la Papauté pressée par les Lombards alors
que le pape Grégoire III
lui avait fait l'honneur d'une ambassade spéciale chargée de lui
remettre solennellement les clefs du tombeau des apôtres. Moins absorbé
par la guerre, son fils Pépin le Bref,
qui lui succéda en 741 à la mairie du palais et au gouvernement du
royaume, entretint très rapidement des relations suivies avec Rome.
Au
moment où il prit le pouvoir, les missions anglo-saxonnes chez les
Germains païens d'au delà du Rhin venaient de commencer sous la
direction de Saint Boniface.
Pépin lui montra tout de suite un zèle et une bienveillance auxquels
les apôtres du christianisme n'étaient pas habitués. Les motifs lui en
étaient d'ailleurs inspirés par l'intérêt politique. Il comprenait que
le moyen le plus efficace de pacifier les Frisons, les Thuringiens, les Bavarois et les Saxons
et de préparer l'annexion future, était de commencer par les convertir.
D'où l'intérêt qu'il prit aux projets de Boniface, l'appui qu'il lui
accorda, ses faveurs à l'égard du siège de Mayence qui, érigé en métropole de la nouvelle Église germanique, rattachait celle-ci, dès sa naissance, à l’Église franque.
Boniface
cependant, fils soumis de la papauté en sa qualité d'Anglo-Saxon, ne
s'était mis à l’œuvre qu'après avoir demandé et reçu l'assentiment et
les instructions de Rome. Il se trouva ainsi, grâce aux relations qu'il
entretenait avec le maire du palais, l'intermédiaire naturel entre
celui-ci et le pape. Or, chacun d'eux, ayant besoin de l'autre, ne
demandait qu'à se rapprocher de lui. Pépin, déjà roi de fait, aspirait à
l'être en droit. Mais il hésitait à enlever sa couronne à son
possesseur légitime, en qui vivait encore une longue tradition
dynastique. Afin d'accomplir le coup d'État, il fallait pouvoir
s'abriter sous la plus haute autorité morale qui fût, en obtenant
l'approbation du pontife romain. Le pape confronté à une situation
intenable avait également besoin de Pépin. En effet, le moment était
venu de rompre avec l'empereur byzantin, dont le césarisme hérétique
devenait de plus en plus arrogant, et qui laissait, par impuissance ou
mauvaise volonté, les Lombards s'avancer jusqu'aux portes de Rome (Le roi lombard Aistulf s'emparera d'ailleurs de l'Exarchat de Ravenne en 751).
L'alliance se conclut facilement. En 751, des députés de Pépin allèrent gravement demander au pape Zacharie
s'il ne convenait pas que le titre royal appartînt plutôt à celui qui
exerçait l'autorité suprême qu'à celui qui n'en possédait que
l'apparence. Non moins gravement, le pape corrobora leur opinion sur ce
point de morale politique. Quelques semaines plus tard, Pépin se faisait proclamer roi par une assemblée de grands. Le dernier descendant de Clovis, Childéric III,
fut tondu et envoyé dans un monastère où il finit ses jours. On ignore
la date de sa mort. Jamais peut-être aucune dynastie de disparut au
milieu d'une telle indifférence et à la suite d'un coup d’État plus
aisé.
Pour assurer sa légitimité, Pépin fut sacré roi en 754, à Saint-Denis par le pape Étienne II. Son couronnement marqua, par la suite, l'avènement de la dynastie des Carolingiens.
Postérité des Mérovingiens
La dynastie des Mérovingiens s'éteint avec Childéric III
et son fils Thierry. Les généalogistes ont longtemps cherché à en
trouver des descendants ignorés mais aucune certitude n'a pu être mise à
jour. Les prétentions des Carolingiens à descendre des Mérovingiens par
une fille de Clotaire Ier sont reconnues comme fictives. Plusieurs pistes ont été néanmoins mises en avant par les historiens.
- Selon Christian Settipani, la meilleure probabilité concerne l'origine de Berthe, épouse de Pépin le Bref, dont la famille se transmettaient les noms de Bertrade, Charibert et Thierry tous mérovingiens16 même si ce rattachement ne peut être démontré.
- Selon David H. Kelley, le roi Egbert de Wessex (802-839) pourrait se rattacher à ses deux homonymes rois de Kent, Egbert Ier (664-673) et Egbert II (796-798), le premier ayant pour grand-mère et arrière-grand-mère deux princesses mérovingiennes17,18,19.
- Plusieurs
princesses mérovingiennes ont eu une destinée qui nous est inconnue et
certaines d'entre elles ont pu être mariées dans l'aristocratie et faire
souche comme par ailleurs des bâtards royaux ; on retrouverait là
l'origine de certains saints que leur biographie présente comme
d'origine royale ou de certains nobles dont les noms laissent
conjecturer la même origine20. On peu citer les cas de :
- Lanthilde, la sœur de Clovis Ier ;
- Chrodlindis, épouse de l'Agilolfide Chrodoald21.
- Saint Rupert (Robert) de Salzbourg, probable robertien et évêque de Worms, apôtre de la Bavière, regali progenie francorum22 ;
- la femme de saint Rieul, évêque de Reims, fille d'un roi et d'une sœur de saint Nivard, prédécesseur de Rieul à Reims23,Note 2 ;
- l'évêque Mérovée de Poitiers24 ;
- l'évêque Genebaud de Laon25 ;
- les évêques Arbogast et Chararic de Chartres26 ;
- l'évêque Sunnon de Cologne 27.
Notes
- ↑ Les débats des historiens sont encore vifs au sujet de cette date. Certains placent la conversion dès 496 tandis que d'autres ne l'imaginent pas avant 511.
- ↑ Christian Settipani pense que le roi en question n'est pas Childéric II mais Clotaire II ou Dagobert Ier.
Références
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- ↑ a, b et c L'Histoire n°358, novembre 2010, page 44-45.
- ↑ Geneviève Bürher-Thierry et Charles Mériaux, La France avant la France, Belin, 2010, p. 138.
- ↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l Régine Le Jan, « La sacralité de la royauté mérovingienne [archive] », Annales. Histoire, Sciences Sociales, Juin 2003 (58e année), p. 1217-1241.
- ↑ « Beaucoup rapportent que ceux-ci (les Francs) seraient sortis de la Pannonie et auraient d'abord habité les rives du fleuve Rhin ; puis, après avoir franchi le Rhin, ils seraient passés en Thuringe et là ils auraient créé au-dessus d'eux dans chaque pays et chaque cité des rois chevelus appartenant à la première et, pour ainsi dire, à la plus noble famille de leur race », Grégoire de Tours, Histoire des Francs, trad. R. Latouche, Les Belles Lettres, 1963, Livre II, p. 98.
- ↑ Georges Tessier, Le baptême de Clovis, éditions Gallimard, 1964, pp. 265-267.
- ↑ a et b L'Histoire n°358, novembre 2010, page 58-61.
- ↑ Geneviève Bürher-Thierry et Charles Mériaux, La France avant la France, Belin, 2010, p. 188.
- ↑ K. F Werner, naissance de la Noblesse, op. cit.
- ↑ Bruno Dumézil, « Les Francs ont-ils existé? », L'Histoire, n° 339, février 2009, pp. 80-85.
- ↑ Colette Beaune, Naissance de la Nation France, 1993, folio histoire, éd. Gallimard.
- ↑ Éliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir, Volume 1, L'invention de la loi salique (Ve-XVIe siècle), Perrin, 2006.
- ↑ Jean Silve de Ventavon, La légitimité des lys et le duc d'Anjou, Fernand Lanore, 1989 [lire en ligne [archive]], p. 20
- ↑ H. Pirenne, Histoire de l'Europe. Des invasions au XVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939, pp. 36-39
- ↑ H. Pirenne, Histoire de l'Europe. Des invasions au XVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939, pp. 40-42
- ↑ Christian Settipani, La préhistoire des Capétiens (481-987), éd. Patrick Van Kerrebrouck, 1993, p. 134.
- ↑ David H. Kelley, « A new consideration of the Carolingians », New England genealogical register, 101 (1947), p. 109-112.
- ↑ Anthony Richard Wagner, Pedigrees and progress. Essays in the genealogical interpretations of history, Londres, 1975, p. 53, stemma p. 188.
- ↑ David Peter Kirby, The earliest english kings, Cambridge, 1991 (rééd. 1992).
- ↑ Christian Settipani, La préhistoire des Capétiens (481-987), éd. Patrick Van Kerrebrouck, 1993, p. 134-135.
- ↑ Christian Settipani, La préhistoire des Capétiens (481-987), éd. Patrick Van Kerrebrouck, 1993, p. 135.
- ↑ MGH, SRM, VI, p. 157.
- ↑ MGH, SRM, V, p. 160.
- ↑ Martin Heinzelmann, Joseph-Claude Poulain, 1986, p. 23-24.
- ↑ Jackie Lusse, Naissance d'une cité : Laon et le Laonnois du Ve au Xe siècle, 1993, p. 148.
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- ↑ E. Ewig, « Die Namengebung bei den ältesten Frankenkönigen und im Merowingischen Königshaus », Francia, 18, 1 (1991), p. 24.
Bibliographie
- Grégoire de Tours, Histoire des Francs [détail des éditions].
- Georges Tessier, Le baptême de Clovis, éditions Gallimard, 1964 (ISBN 2-07-026218-9).
- André Corvisier, Philippe Contamine (dir.), Histoire militaire de la France. Des origines à 1717., Tome 1, Paris, PUF, 1992, "Quadrige".
- Yves Sassier, Royauté et idéologie au Moyen Âge. Bas-Empire, monde franc, France (IVe-XIIe siècle)., Paris, Armand Colin, 2002.
- Godefroid Kurth, Clovis, le fondateur, Éditions Tallandier, 1896 (réimpr. 2000) (ISBN 2-235-02266-9).
- Jean-Pierre Leguay, L'Europe des Etats et des sociétés barbares (Ve-VIIIe siècle), Paris, Belin, 2002, "Europe et Histoire".
- Régine Le Jan, Les mérovingiens, Que sais-je ?, PUF, 2006 (ISBN 2-13-055481-4).
- Régine Le Jan, Histoire de la France. Origines et premier essor (480-1180), Paris, Hachette Education, 1ère édition 1996, 2007, "Carré Histoire n°31".
- Régine Le Jan, La sacralité de la royauté mérovingienne, Annales. Histoire, Sciences Sociales 2003/6, 58e année, p. 1217-1241.
- Stéphane Lebecq, Les Origines franques, Nouvelle histoire de la France médiévale, volume 1, Paris, Seuil, collection « Points histoire », 1990 (ISBN 2-02-011552-2).
1 commentaire:
"Plusieurs siècles après Clovis, dans le courant du XIVe siècle, un article de ce code salique fut exhumé, isolé de son contexte, employé par les juristes de la dynastie royale des Valois pour justifier l'interdiction faite aux femmes de succéder au royaume de France directement issu de celui des Francs"
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1°) "La dynastie royale des valois", ça n'existe pas. Les valois sont une branche de la dynastie capétienne.
2°) Le royaume de France n'est pas directement issu du royaume des francs : le royaume de France EST le royaume des francs.
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