Il n’y a même pas 60 ans.
Le FLN – organisation séparatiste et terroriste soutenue entre autres par la gauche française et toujours au pouvoir en Algérie - avait décidé, devant l’essoufflement de sa propagande, de passer à une stratégie sanguinaire pour faire « monter la pression » en Algérie française.
Le FLN – organisation séparatiste et terroriste soutenue entre autres par la gauche française et toujours au pouvoir en Algérie - avait décidé, devant l’essoufflement de sa propagande, de passer à une stratégie sanguinaire pour faire « monter la pression » en Algérie française.
Ainsi,
dans le petit village minier d’El Halia, 71 Européens furent massacrés
de la façon la plus ignoble que l’on puisse imaginer. Outre les
égorgements des hommes (après ablation du sexe et vision du viol de
leurs femmes et de leurs filles) et l’éventration des femmes, méthode
habituelle, on note pour la première fois des personnes dépecées,
vraisemblablement tant qu’elles étaient vivantes. Ainsi que des
empalements.
Témoignage :
Massacre des travailleurs de la mine de El Halia le 20 août 1955
par Madame Marie-Jeanne Pusceddu
par Madame Marie-Jeanne Pusceddu
El-Halia est attaqué entre 11 h 30 et midi le 25 août 1955.
C’est
un petit village proche de Philippeville, sur le flanc du djebel
El-Halia, à trois kilomètres environ de la mer. Là vivent 130 Européens
et 2000 musulmans. Les hommes travaillent à la mine de pyrite, les
musulmans sont payés au même taux que les Européens, ils jouissent des
mêmes avantages sociaux. Ils poussent la bonne intelligence jusqu’à
assurer leurs camarades Degand, Palou, Gonzalès et Hundsbilcher qu’ils
n’ont rien à craindre, que si des rebelles attaquaient El-Halia, « on se
défendrait » au coude à coude.
A
11 h 30, le village est attaqué à ses deux extrémités par quatre bandes
d’émeutiers, parfaitement encadrés, et qui opèrent avec un synchronisme
remarquable. Ce sont, en majorité, des ouvriers ou d’anciens ouvriers
de la mine et, la veille encore, certains sympathisaient avec leurs
camarades européens… Devant cette foule hurlante, qui brandit des armes
de fortune, selon le témoignage de certains rescapés, les Français ont
le sentiment qu’ils ne pourront échapper au carnage. Ceux qui les
attaquent connaissent chaque maison, chaque famille, depuis des années
et, sous chaque toit, le nombre d’habitants. A cette heure-là, ils le
savent, les femmes sont chez elles à préparer le repas, les enfants dans
leur chambre, car, dehors, c’est la fournaise et les hommes vont
rentrer de leur travail. Les Européens qui traînent dans le village sont
massacrés au passage. Un premier camion rentrant de la carrière tombe
dans une embuscade et son chauffeur est égorgé. Dans un second camion,
qui apporte le courrier, trois ouvriers sont arrachés à leur siège et
subissent le même sort. Les Français dont les maisons se trouvent aux
deux extrémités du village, surpris par les émeutiers, sont pratiquement
tous exterminés. Au centre d’EI- Halia, une dizaine d’Européens se
retranchent, avec des armes, dans une seule maison et résistent à la
horde. En tout, six familles sur cinquante survivront au massacre. Dans
le village, quand la foule déferlera, excitée par les « you you »
hystériques des femmes et les cris des meneurs appelant à la djihad, la
guerre sainte, certains ouvriers musulmans qui ne participaient pas au
carnage regarderont d’abord sans mot dire et sans faire un geste. Puis
les cris, l’odeur du sang, de la poudre, les plaintes, les appels des
insurgés finiront par les pousser au crime à leur tour. Alors, la tuerie
se généralise. On fait sauter les portes avec des pains de cheddite
volés à la mine. Les rebelles pénètrent dans chaque maison, cherchent
leur « gibier » parmi leurs anciens camarades de travail, dévalisent et
saccagent, traînent les Français au milieu de la rue et les massacrent
dans une ambiance d’épouvantable et sanglante kermesse. Des familles
entières sont exterminées: les Atzei, les Brandy, les Hundsbilcher, les
Rodriguez. Outre les 30 morts il y aura 13 laissés pour morts et deux
hommes, Armand Puscédu et Claude Serra, un adolescent de dix-neuf ans
qu’on ne retrouvera jamais. Quand les premiers secours arrivent,
El-Halia est une immense flaque de sang.
Le
groupe de fellagha est commandé par Zighout Youcef. 123 des personnes
qui l’habitent, de toutes religions, de tous sexes, de tout âge et de
toutes opinions politiques sont massacrés de la façon la plus ignoble
que l’on puisse imaginer. (71 européens, 52 musulmans, 120 disparus).
Outre les égorgements des hommes (après ablation du sexe et vision du
viol de leurs femmes et de leurs filles) et l’éventration des femmes,
méthode habituelle, on note pour la première fois des personnes
dépecées, vraisemblablement tant qu’elles étaient vivantes.
Ce
massacre résulte des nouvelles consignes du FLN qui a échoué dans sa
tentative de mobiliser massivement les français musulmans d’algérie
contre la france, que ce soit par la propagande ou par la terreur. Il a
également échoué dans sa tentative de créer une force militaire
suffisante pour gagner des combats contre l’armée française, par manque
de soutien extérieur susceptible de lui procurer des armes, aussi parce
que les paras et autres troupes de choc, ramenées d’Indochine,
implantent de nouvelles formes de guerre, avec des unités mobiles, et le
début des opérations héliportées. Enfin de plus en plus nombreux sont
les musulmans qui portent les armes françaises, d’abord protection des
sections administratives spéciales nouvellement implantées, gendarmes
des groupes mobiles de sécurité, puis progressivement et de plus en
plus, auto défense des villages et troupes combattantes, les harkis.
Le
FLN a alors décidé de faire régner la terreur, il renforce ses
politiques d’attentat aveugles dans les villes, son extermination
systématique des européens, ses actions de sabotage de récolte, de
routes, de réseau ferré, de lignes téléphoniques qui le conduiront à la
victoire. Il vise aussi les nationalistes modérés type Ferhat Abbas,
dont le neveu, qui gérait sa pharmacie est égorgé pour l’exemple. Abbas
comprendra parfaitement qu’il n’est plus possible de tenter une
troisième force et rejoindra le Caire.
El
Halia aura une autre conséquence, le gouverneur général Soustelle, qui
était venu en algérie avec la volonté de trouver une solution politique,
voyant le massacre, déçu de ses contacts, décide « qu’on ne discute pas
avec des gens comme ça ». Lors de l’enterrement des victimes, les
personnes présentes, menées par le maire, piétineront les gerbes et
couronnes offertes par les autorités préfectorales et militaires et
feront une conduite de Grenoble au sous préfet.
Soustelle
écrira : « Les cadavres jonchaient encore les rues. Des terroristes
arrêtés, hébétés, demeuraient accroupis sous la garde des
soldats….Alignés sur les lits, dans des appartements dévastés, les
morts, égorgés et mutilés (dont une fillette de quatre jours) offraient
le spectacle de leurs plaies affreuses. Le sang avait giclé partout,
maculant ces humbles intérieurs, les photos pendues aux murs, les
meubles provinciaux, toutes les pauvres richesses de ces colons sans
fortune. A l’hôpital de Constantine des femmes, des garçonnets, des
fillettes de quelques années gémissaient dans leur fièvre et leur
cauchemars, des doigts sectionnés, la gorge à moitié tranchée. Et la
gaieté claire du soleil d’août planant avec indifférence sur toutes ces
horreurs les rendait encore plus cruelles «
Le
20 août 1955, « une date terrible, une date inoubliable » dira Yves
Courrière dans son « Histoire de la guerre d’Algérie » (ed.
Taillandier). Ce jour-là, Zighout Youssef, le chef de la willaya 2,
lance la population civile de certains douars du Nord-Constantinois
contre les Européens. A El-Halia, petit centre minier près de
Philippeville, cent trente-deux personnes sont assassinées dans des
conditions barbares. Marie-Jeanne Pusceddu témoigne: Le 20 août 1955
j’étais à El-Halia
Je
m’appelle Marie-Jeanne Pusceddu, je suis pied-noir, née à Philippeville
en 1938 de parents français, d’origine italienne. Mes parents étaient
des ouvriers; toute ma famille, frères, oncles, cousins, travaillait à
la mine d’El-Halia, près de Philippeville. Ce petit village d’El-Halia
n’était qu’un village de mineurs, d’artisans qui travaillaient dur dans
la mine de fer. Il y avait également des ouvriers arabes avec qui nous
partagions, au moment de nos fêtes respectives, nos pâtisseries et notre
amitié. Ils avaient leurs coutumes, différentes des nôtres, nous nous
respections. Nous étions heureux. Les « événements d’Algérie » ont
commencé en 1954. Mais pour nous, la vie était la même, nous ne nous
méfions pas de nos amis arabes.
Je
me suis mariée le 13 août 1955, nous avons fait une belle fête et tous
nos amis étaient là, notamment C., le chauffeur de taxi arabe que nous
connaissions bien. Avec mon mari, nous sommes partis en voyage de noces.
Le 19 août 1955, avec mon mari André Brandy (ingénieur des mines
employé au Bureau de la recherche minière d’Algérie ), nous avons pris
le taxi de C. pour rentrer à El-Halia. Pendant le trajet, C. nous dit :
« Demain, il y aura une grande fête avec beaucoup de viande ». Je lui
répondis: « Quelle fête ? Il n’y a pas de fête ». Je pensais qu’il
plaisantait. Le lendemain, 20 août, tous les hommes étaient au travail à
la mine sauf mon mari. Il était juste midi, nous étions à table, quand
soudain, des cris stridents, les youyous des mauresques et des coups de
feu nous ont surpris. Au même moment, ma belle-sœur Rose, sa petite
dernière Bernadette (trois mois) dans les bras arrive, affolée, suivie
de ses enfants, Geneviève 8 ans, Jean-Paul 5 ans, Nicole 14 ans,
Anne-Marie 4 ans. Son aîné Roger, âgé de 17 ans, était à la mine avec
son père. Avec ma mère, mon frère Roland de 8 ans, Suzanne ma soeur de
10 ans, Olga mon autre soeur de 14 ans et mon mari, nous avons compris
qu’il se passait quelque chose de grave. Les cris étaient épouvantables.
Ils criaient: « Nous voulons les hommes ». Je dis à mon mari : « Vite,
va te cacher dans la buanderie! ».
Nous
nous sommes enfermés dans la maison, mais les fellaghas ont fait
irruption en cassant la porte à coup de hache. A notre grande stupeur,
c’était C., le chauffeur de taxi, « l’ami » qui avait assisté à mon
mariage. Je le revois encore comme si c’était hier. Il nous a poursuivis
de la chambre à la salle à manger, puis dans la cuisine; nous étions
pris au piège. C., avec son fusil de chasse, nous menaçait. Il a
immédiatement tiré sur ma pauvre mère, en pleine poitrine, elle essayait
de protéger mon petit frère Roland. Elle est morte sur le coup avec
Roland dans ses bras, lui aussi gravement atteint. Ma belle-sœur Rose a
été tuée dans le dos. Elle gardait son bébé contre le mur, ma jeune
soeur Olga s’est jetée, dans une crise d’hystérie, sur le fusil, il a
tiré à bout portant, la blessant salement. Il nous narguait avec son
fusil. Bravement et affolée, je lui dis: « Vas-y! Tire! Il ne reste plus
que moi ». Il a tiré, j’ai reçu la balle à hauteur de la hanche, je
n’ai même pas réalisé et il est parti. J’ai pris les enfants, les ai
cachés sous le lit avec moi, mais je souffrais trop et je voulais savoir
si mon mari était toujours vivant. Je suis allée dans la buanderie et
me suis cachée avec lui derrière la volière. Les fellaghas, les fils de
C., sont revenus. lls se dirigeaient vers nous en entendant un bruit,
mais l’un d’eux a dit en arabe: « C’est rien, c’est les oiseaux ». Et
nous sommes restés, apeurés, désemparés, sans bouger jusqu’à cinq heures
de l’après-midi.
Les
cris, les youyous stridents, la fumée, le feu, quel cauchemar ! …Un
avion de tourisme est passé au-dessus du Village et a donné l’alerte.
L’armée est arrivée à dix-sept heures. Et là, nous sommes rentrés dans
la maison pour constater l’horreur. Mon petit frère Roland respirait
encore; il est reste cinq jours dans le coma et nous l’avons sauvé.
Malheureusement, ma soeur Olga a été violée et assassinée, ma soeur
Suzanne, blessée à la tête, elle en porte encore la marque. Puis l’armée
nous a regroupés. Ma famille Azeï, tous massacrés au couteau, la soeur
de ma mère, son mari, ses deux filles dont l’une était paralysée, l’une
des filles qui était en vacances avec son bébé a été, elle aussi,
assassinée à coups de couteau (c’est la fiancée de son frère, qui
s’était cachée, qui a tout vu et nous l’a raconté). Le bébé avait été
éclaté contre le mur. Puis, mon cousin a été tué à coups de fourchette
au restaurant de la mine, le frère de ma mère, Pierrot Scarfoto a été,
lui aussi massacré, en voulant sauver ses enfants, à coups de couteau,
les parties enfoncées dans la bouche, ainsi que mon neveu Roger, âgé de
17 ans. Mon père, sourd de naissance, blessé à coup de couteau, s’était
réfugié dans une galerie abandonnée. Il n’a pas entendu l’armée, on ne
l’a retrouvé que quinze jours plus tard, mort à la suite de ses
blessures. Il a dû souffrir le martyre. Mon jeune frère Julien a été
également massacré.
Treize membres de ma famille ont ainsi été martyrisés, massacrés par le F.L.N.
Je
suis restée à l’hôpital près de trois mois, j’avais fait une hémorragie
interne avec infection, car les balles fabriquées étaient bourrées de
poils, de bris de lames de rasoir. Nous avions échappé à la mort, mais
pas à la souffrance. Mon mari fut muté à Bougie, mais le Chantier ayant
subi une attaque, il a dû fermer; puis à Ampère, près de Sétif, et
finalement au Sahara. Mais les femmes n’étaient pas admises. J’ai été
recueillie avec mes deux frères à Lacaune-les-Bains, chez les soeurs de
Saint-Vmcent-de-Paul, j’y étais déjà venue plus jeune.
Le
fellagha meurtrier de ma famille a été arrêté, j’ai dû venir témoigner
pendant trois ans en Algérie, car j’étais le seul témoin. Mon témoignage
fut mis en doute, du moins la façon dont les miens ont été massacrés.
Ils ont déterré ma mère pour voir si je disais la vérité, je n’en
pouvais plus. On a retiré plusieurs balles et la seule chose de positive
dans tout ce cauchemar, c’est le collier qu’elle portait et que l’on
m’a remis ; collier dont je ne me séparerai jamais.
Marie-Jeanne Pusceddu http://www.contre-info.com
Source : Credit : L’Algérianiste N° 94 juin 2001
Revue culturelle
BP 213
11102 Narbonne cedex
Tél/fax : 04 68 65 05 66
Source : Credit : L’Algérianiste N° 94 juin 2001
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