Le
1er septembre de l'an 338 avant JC, Athènes et Thèbes se heurtent à
l'armée macédonienne. La bataille a lieu à Chéronée, au nord de la
Grèce, en Béotie, non loin du célèbre défilé des Thermopyles.
C'en est fini à tout jamais de l'indépendance des cités grecques et de la plus prestigieuse d'entre elles, Athènes.
Jean-François Zilberman
Un
siècle plus tôt, Athènes dominait le monde grec sous le gouvernement du
grand Périclès. Ses penseurs et ses artistes créaient des oeuvres
vouées à l'immortalité. Mais les guerres intestines ont affaibli les
cités et le petit royaume semi-barbare de Macédoine en a profité pour se
renforcer sous la poigne énergique du roi Philippe II
À
Athènes, Démosthène s'évertue à ouvrir les yeux de ses concitoyens sur
le danger macédonien. Souffrant de bégaiement dans sa jeunesse, il a
réussi à le surmonter à force de volonté et d'énergie et est devenu
l'orateur le plus célèbre de la Grèce antique, consacrant toute sa vie à
la lutte contre Philippe II et Alexandre le Grand.
Ses harangues dénommées Philippiques et Olynthiennes
(du nom d'Olynthe, une cité portuaire conquise par Philippe II),
restent de remarquables témoignages de l'art oratoire. Mais elles ne
suffisent pas à arrêter les phalanges macédoniennes. La langue française
conserve leur souvenir sous la forme d'un nom commun, philippique, qui désigne encore aujourd'hui une harangue violente.
Fin de l'indépendance grecque
À Chéronée, le roi Philippe II de Macédoine et son fils Alexandre remportent une victoire complète grâce à leur infanterie, organisée en redoutables phalanges, et à leur cavalerie, que commande Alexandre, à peine âgé de 18 ans.
Le
jeune prince emporte la décision en taillant en pièces le bataillon des
Thébains. Son père, lui-même remarquable homme d'État et conquérant,
lui aurait lancé, admiratif : «Mon fils, cherche-toi un autre royaume car celui que je te laisse est trop petit pour toi ! »
Désormais, Athènes doit se soumettre comme le reste de la Grèce à un roi à demi-barbare (ou considéré comme tel).
Après
la défaite de Chéronée et l'échec d'un ultime soulèvement, Athènes
entre dans l'alliance macédonienne et participe avec Alexandre le Grand à
la conquête de l'empire perse.
Démosthène
se suicide par le poison quinze ans plus tard, à 62 ans, après avoir
tenté de soulever une nouvelle fois sa cité contre Antipater, le général
macédonien qui a succédé à Alexandre à la tête de la Grèce.
Réconciliation sur le dos des Perses
Ayant soumis la Grèce, Philippe II prend le titre d'hégémon
(guide ou protecteur des Grecs). Il s'apprête à se retourner contre les
Perses de la dynastie achéménide, ceux-là même qui attaquèrent la Grèce
deux siècles plus tôt, à l'époque des guerres dites médiques.
Cette
expédition est destinée à libérer les cités grecques d'Asie, que les
Perses ont à nouveau occupées, ainsi qu'à rapprocher Grecs et
Macédoniens en vue de mettre fin à leurs querelles fratricides.
Mais
Philippe II est assassiné en 336 avant JC par l'un de ses hommes, qui
craint à juste titre la perspective d'une guerre dans la lointaine et
mystérieuse Asie. C'est donc son fils Alexandre III (20 ans) qui reprend
à son compte ce projet.
Avant
de partir à la conquête de l'Asie, le nouveau roi de Macédoine
Alexandre III établit la sécurité sur les frontières nord du royaume, en
Illyrie et le long du Danube.
Les
cités grecques veulent en profiter pour s'émanciper mais Alexandre
réagit avec célérité. Il détruit Thèbes au son des flûtes... À
l'exception de la maison du poète Pindare et des temples. Par contre, il
respecte Athènes, par amour de son passé prestigieux et par souci de se
rallier ses élites.
La route de la gloire
Le
nouveau généralissime des Grecs prépare avec soin l'expédition d'Asie.
Fort d'une autorité charismatique sur ses hommes et entouré d'excellents
généraux (Parménion, Séleucos, Ptolémée, Antigone...), il veille aussi à
bien organiser ses lignes de ravitaillement et ses liaisons avec
l'arrière.
Il
franchit le détroit du Bosphore avec environ 40.000 soldats macédoniens
et grecs, dont 5.000 cavaliers qui lui seront très utiles au plus fort
des combats, et se lance aussitôt à la poursuite de Darius III, le roi
des Perses.
Au
départ, il ne s'agit dans son esprit que d'une expédition punitive
contre les Perses mais au fil des combats, elle va déboucher sur la plus
fabuleuse épopée de tous les temps. -
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