Les
premiers vrais agresseurs, dans l'histoire de l'humanité, se
déplaçaient sur des chars. Toute agression déclenche une réaction de
défense, équivalente en intensité ou non. Aussi, avant de voir comment
les peuples conducteurs de chars et les cavaliers qui leur succédèrent
ont changé le monde civilisé, devons-nous commencer par étudier les
moyens par lesquels les habitants sédentaires des terres fertiles
tentaient de protéger du vol et de la dévastation ce qu'ils avaient
réussi à conquérir sur la nature.
L'exemple de Jéricho montre
que les tout premiers agriculteurs étaient capables de mettre leurs
habitations à l'abri de l'ennemi, même si nous ignorons encore qui
étaient ceux-ci. S'agissait-il de pillards cherchant à razzier les
produits stockés ou d'autres cultivateurs attirés par les terres et les
sources de Jéricho pour se les approprier ? Ou bien encore des vandales
menaçant de tout piller et détruire ? La première explication semble la
plus probable. Les peuples venant de régions désertiques désirent
rarement devenir fermiers, et l'histoire regorge d'épisodes de
vandalisme inutile qui nous incitent plutôt à penser que ces maraudeurs
ont vite compris que le parasitisme leur profitait davantage que le rapt
ou le pillage. Si c'était bien le cas à Jéricho, nous devons plutôt
considérer ses murs et sa tour non seulement comme un refuge – la première des trois formes que peut prendre une fortification – mais aussi comme une forteresse, la seconde de ces formes.
Une
forteresse n'est pas simplement un endroit pour se mettre à l'abri des
attaques surprise mais aussi un lieu de défense active, une base d'où
l'on peut rayonner pour tenir les pillards aux abois et exercer un
contrôle militaire sur toute la région où sont établis les intérêts. Il
existe une vraie symbiose entre une forteresse et son environnement.
Un refuge est un lieu offrant un abri à court terme et qui n'a
d'utilité que face à un ennemi n'ayant pas les moyens de s'attarder dans
le voisinage ou dont la stratégie d'attaque est grossière (raids contre
des cibles faibles) ; les villes médiévales du Sud-Est de la France,
perchées au sommet des collines escarpées de la Provence pour servir
d'asiles contre les incursions des pirates musulmans en sont de parfaits
exemples. Une forteresse, au contraire, doit commander une région
suffisamment productive pour entretenir une garnison en temps normal et,
en cas d'attaque rapprochée, être assez vaste et sûre pour abriter,
nourrir et protéger cette garnison. C'est pourquoi les bâtisseurs de
forteresses ont toujours dû opérer un choix entre une fausse économie
consistant à bâtir trop petit, et le gaspillage que représenteraient des
défenses trop coûteuses pour être achevées ou trop grandes par rapport
aux hommes dont on disposait. Les royaumes des croisés, surtout à leur
déclin, hésitaient à accroître encore leurs fortifications car les
garnisons qu'ils pouvaient y déployer étaient de plus en plus réduites.Les forteresses diffèrent aussi des refuges par les caractéristiques qu'elles doivent posséder. Il est suffisant qu'un refuge soit assez solide pour dissuader un attaquant de lancer un assaut qui s'avérerait pour lui trop difficile. Les "guerriers primitifs" tels que les Maring s'abritaient derrière les palissades cernant leurs villages; les Maoris se protégeaient dans leurs pa situés au sommet des collines. Ils échappaient de la sorte aux expéditions ou aux raids, leurs assaillants ne disposant pas d'équipements ni de ravitaillement suffisants pour soutenir un siège et demeurer longtemps éloignés de chez eux. Les forteresses, construites de manière caractéristique par des sociétés plus évoluées et par conséquent plus riches, doivent être capables de résister aux attaques d'adversaires mieux équipés en machines de siège, possédant leur propre ravitaillement ou le contrôle d'une ligne de communication leur permettant de s'approvisionner. C'est pourquoi le tracé de la forteresse doit englober une source d'alimentation en eau – surtout si elle doit servir de protection à un grand nombre –, ainsi que des magasins et suffisamment d'espace vital. Par-dessus tout, elle doit fournir à la garnison les moyens de mener une défense active : plates-formes contrôlant un champ de tir au-dessus de la zone d'attaque, portes renforcées par lesquelles des contre-offensives peuvent être lancées aux moments favorables.
Jusqu'à l'apparition de la poudre, tous les assauts menés contre les forteresses devaient être menés de près. C'était le cas, par définition, de l'attaque la plus élémentaire, l'escalade, les assiégeants tentant de gravir les murs à l'aide d'échelles ; mais c'est également vrai pour ce que les spécialistes militaires appelèrent plus tard les "sièges volontaires" à l'aide de béliers et de catapultes ainsi que de contre-fortifications équipées de tours. Reconnaissons que le lancement de projectiles récompensait rarement l'effort qu'il demandait : un mur épais absorbait aisément les coups directs lancés par des engins dont la force de projection dépendait de contrepoids ou de ressorts à torsion. En outre, de par leur conception même, ces engins ne permettaient pas de tirer des projectiles selon un angle d'attaque efficace. C'était là l'avantage de la poudre : le projectile suivait une trajectoire stable, on pouvait le diriger vers le point où un mur risque le plus de s'écrouler, c'est-à-dire vers ses fondations.
Pour cette raison, les bâtisseurs de forteresses ont toujours cherché à empêcher les assaillants d'accéder aux fondations et à procurer aux défenseurs des positions de tir élevées. Ce qui est fascinant à Jéricho, c'est justement que ses constructeurs, à l'aube de l'art des fortifications, semblent avoir deviné tous les dangers pouvant constituer une vraie menace et trouvé le moyen de s'en protéger. Les douves sèches, par exemple, empêchent les attaquants placés sur une plate-forme d'approcher des murs de fondation, tout en constituant une zone de combats toute prête (dans des conditions différentes, avec un sol imperméable, moins d'évaporation et davantage d'eau, ce serait alors des douves pleines). Les murs d'enceinte, trois fois plus élevés que la taille d'un homme, exigeaient de tout assaillant qui chercherait à l'aborder à l'aide d'une échelle de suivre un parcours très exposé. Il est d'ailleurs probable que ces murs étaient également dotés de plates-formes de combats. Enfin, la tour surplombant les enceintes donnait aux défenseurs un avantage supplémentaire en hauteur.
Les ingénieurs militaires ont ajouté très peu de choses à ces trois types de défense – murs, douves, tours – au cours des huit mille ans séparant la construction de Jéricho de l'apparition de la poudre. Les principes étaient posés. Toutes les autres améliorations ne sont que des perfectionnements de ce que les bâtisseurs de Jéricho avaient conçu. On construisit des murs extérieurs autour des murs intérieurs – c'est la "multivallation" –, on plaça des obstacles sur le rebord des douves (comme il y en eut peut-être à Jéricho, aujourd'hui disparus). On ajouta des forteresses intérieures (les citadelles) et des tours furent placées sur le côté extérieur des murs plutôt qu'à l'intérieur, pour permettre des tirs de côté. Sur des sites particulièrement importants, des constructions avancées – représentant elles-mêmes des forteresses en miniature – furent édifiées pour protéger une porte ou empêcher l'ennemi d'occuper une position avantageuse. Mais, en règle générale, on peut dire que les architectes militaires n'ont pas fait plus de progrès après Jéricho que les imprimeurs après la Bible de Gutenberg.
Les forteresses sont le produit de petits royaumes ou de royaumes divisés. Elles se multiplient lorsqu'une autorité centrale n'a pu s'instaurer, lorsqu'elle doit combattre âprement pour assurer sa défense ou quand elle s'est totalement effondrée. Les fortifications grecques de Turquie ou de Sicile, par exemple, ont été édifiées pour protéger des établissements commerciaux privés dans les premières années de la colonisation. En Angleterre, entre 1066 et 1154, les Normands élevèrent environ 900 châteaux pour soumettre plus étroitement les Anglo-Saxons aux lois normandes. Ces châteaux variaient en taille selon le temps nécessaire à leur construction. Certains ne requirent qu'un millier de journées/hommes, d'autres jusqu'à 24 000. Les forts romains de la ligne "saxonne", tels que ceux de Reculver ou de Pevensey, avaient pour rôle d'empêcher les pillards germains venus par la mer – quand le déclin de la puissance romaine les rendit plus audacieux – d'entrer dans les estuaires du Sud-Est de l'Angleterre. Il serait toutefois plus exact de considérer les forts du rivage saxon non comme des forteresses individuelles mais plutôt comme des défenses stratégiques. Celles-ci peuvent être continues, tel le mur d'Hadrien quand il était en bon état, mais se composent le plus souvent de points forts isolés placés de manière à se soutenir mutuellement et à empêcher une attaque frontale de l'ennemi sur une trop grande étendue. Par leur nature, les défenses stratégiques sont les plus coûteuses à bâtir et entretenir ; elles impliquent la présence d'une garnison, et leur présence est donc toujours un signe de richesse et de développement politique avancé.
Les villes fortifiées de Sumer, une fois que Sargon les eut placées sous le contrôle d'un pouvoir central, peuvent être considérées comme un ensemble stratégique (bien que ce soit là le résultat d'une accumulation et non d'une conception globale). Le premier système stratégique conçu à l'origine engendra les forts de Nubie, bâtis par les pharaons de la douzième dynastie à partir de 1991 avant notre ère. Ils s'étendaient le long du Nil sur une longueur de 400 kilomètres, entre la première et la quatrième cataracte, et furent créés pour couvrir à la fois la défense du fleuve et du désert. La distance qui les séparait les uns des autres permettait des communications, peut-être par signaux de fumée. Les vestiges archéologiques révèlent une conception des fortifications à laquelle les constructeurs des futures défenses stratégiques ne trouvèrent rien à ajouter. Les premiers forts situés près de la première cataracte, dans une région où la vallée est assez large pour assurer la subsistance d'une population agricole, avaient pour mission de protéger celle-ci et, en même temps, de barbare ainsi que la vallée du haut Nil, nettement plus étroite. Des documents écrits nous révèlent que ces forts en amont avaient été conçus pour former une frontière exclusivement militaire. Senusret III s'était d'ailleurs fait élever une statue portant cette inscription: "j'ai tracé ma frontière après avoir navigué vers le sud plus loin que mes pères. J'ai accru ce qui m'avait été légué Celui qui, digne de Ma Majesté, saura défendre cette frontière, sera comme mon fils. Mais quiconque l'abandonnera ou ne luttera pas pour la défendre ne sera pas l'un de mes fils." Cette inscription a été trouvée au fort de Semna et date de 1820 avant notre ère. La statue n'a pas été retrouvée, mais on en a découvert une autre de ce même pharaon datant de 1479, ce qui prouve clairement que son injonction d'avoir à tenir les positions qu'il avait conquises avait été prise au sérieux.
La politique de l'Égypte sur ses frontières a été un modèle pour les impérialistes ultérieurs, partout dans le monde. À Semna, trois forts sont disposés de telle sorte qu'ils contrôlent le fleuve à partir des deux rives, et des tunnels permettent d'y amener de l'eau. Un mur de briques faites de boue séchée protège sur plusieurs kilomètres la route menant vers le sud, du côté des terres. Les trois forts contiennent de vastes greniers dont deux suffisent à l'approvisionnement de plusieurs centaines d'hommes pendant un an. Les produits provenaient sans doute du centre d'approvisionnement d'Askut, situé à l'arrière, une forteresse construite sur une île et vraisemblablement destinée à servir de grenier à grains. Une autre inscription nous apprend quels étaient les devoirs de la garnison : "Barrer le passage à tout Nubien... allant vers le nord, à pied ou en bateau, ainsi qu'à son bétail. Exception faite pour un Nubien se rendant à Iken pour échanger des marchandises ou porter un message officiel." Au large des forts, les Égyptiens entretenaient dans le désert une patrouille formée de Nubiens du désert que l'on appelait Medjay. (Parmi les "Dépêches de Semna", des papyrus trouvés à Thèbes, figure un compte rendu typique : "La patrouille partie surveiller la frontière du désert est revenue et m'a rapporté ce qui suit : Nous avons trouvé trace de 32 hommes et de 3 ânes.") Des officiers britanniques ayant l'expérience de la frontière nord-ouest de l'Inde reconnaîtraient immédiatement la tactique égyptienne. Comme les Égyptiens, les Britanniques entretenaient une zone administrative où d'importantes garnisons protégeaient la population locale; plus en avant, dans une autre zone, d'importantes garnisons occupent des forts à des fins militaires et, encore plus en avant, se trouve une zone "tribale" où seules les routes étaient défendues tandis que les régions environnantes étaient surveillées par des milices tribales, les fusiliers Khyber et les éclaireurs Tochi, milices recrutées parmi les populations contre lesquelles, à l'origine, cet ensemble défensif compliqué avait été conçu.
Il n'est donc pas étonnant que les plans de Jéricho et ceux des forts de la seconde cataracte se reproduisent à travers le temps et l'espace. Il n'est même pas tellement surprenant qu'ils aient été conçus si tôt. L'homme cherche sans cesse à intégrer dans un système d'autoprotection les éléments d'architecture et d'urbanisme, rares mais variés, dont il dispose. Des constructions comme celles de Jéricho ou Semna étaient donc prévisibles. Tout aussi logique aussi – bien qu'inspirée par des facteurs plus psychologiques – était la tactique consistant à transformer des braconniers en garde chasse (Medjay, Khyber), suivant l'idée qu'un contrôle primaire d'une frontière entre la civilisation et la barbarie est plus efficace lorsqu'on soudoie ceux qui vivent du mauvais côté de la barrière.
Il serait cependant faux d'en déduire que les principes ayant influencé les constructions de Jéricho et de Semna se sont ensuite largement et rapidement disséminés de par le monde. La population de Jéricho était riche en ces temps-là, les pharaons de la XIIè dynastie encore plus. Ailleurs, l'humanité demeura pauvre et dispersée jusque très tard dans le IIe millénaire avant notre ère. Ce n'est que durant le Ier millénaire que des défenses furent dressées autour des villages dans de nombreuses contrées. Les archéologues ont noté la trace d'une colonie grecque établie au IXè siècle à Smyrne l'Ancienne et protégée par des fortifications et un mur de défense garni de bastions en pierres taillées. Ils repérèrent également d'autres établissements fortifiés du vie siècle dans des endroits aussi éloignés l'un de l'autre que Saragosse en Espagne et Biskupin en Pologne. Des enceintes au sommet de collines, les "forts de l'âge du fer" si fréquents en Angleterre où l'on en a identifié 2 000, ont sans doute surgi dans le Sud-Est de l'Europe dès le IIIè millénaire. Mais ce n'est qu'au Ier millénaire qu'ils devinrent très répandus. Les historiens ne sont toujours pas d'accord sur leur rôle – ébauches de villes ou refuges temporaires ? – ni sur les circonstances politiques ayant entraîné leur construction. Il est probable que, de même que le pa maori, ces défenses furent le produit d'une société devenue tribale où des groupes voisins cherchaient à mettre leurs biens à l'abri des pillards, mais nous n'en sommes pas certains. Tout ce que nous savons, c'est que les fortifications se répandirent du sud-est au nord-est de l'Europe pendant le Ier millénaire, tandis que les défenses portuaires étaient établies tout le long des côtes de la Méditerranée et de la mer Noire, quand les Grecs et les Phéniciens commencèrent à ouvrir des comptoirs commerciaux loin de leur patrie. Il ne fait pas de doute que les forts ont suivi cette avancée des échanges commerciaux. Stuart Piggott, spécialiste de préhistoire urbaine, suggère l'existence d'une grande voie commerciale à double sens reliant les ports côtiers fortifiés de la Méditerranée aux places fortes de France et d'Allemagne. Sur cette voie circulaient le vin, la soie, l'ivoire et même des singes et des paons (un singe de Barbarie fut envoyé à un roi de l'Ulster) et, en retour, de l'ambre, des fourrures, des peaux, de la viande salée et des esclaves.
À la fin du Ier millénaire, des fortifications se dressaient partout dans la zone tempérée. En Chine, les premières villes ne possédaient pas de murailles de défense, et les matériaux les plus élémentaires faisaient défaut dans les grandes plaines de loess dépouillées d'arbres. Des enceintes en terre battue (pisé) firent néanmoins leur apparition sous la dynastie Chang, vers 1500-1000 avant notre ère, laquelle exerça la première autorité centralisée. Notons que l'idéogramme yi, qui signifie "ville", comporte les symboles d'une enceinte et d'un homme agenouillé en signe de soumission ce qui suggère que, comme ce fut souvent le cas ailleurs, en Chine le fort était une institution permettant d'exercer un contrôle social aussi bien qu'une défense. Dans la Grèce historique, après la sombre période consécutive à l'effondrement de la civilisation minoenne, les cités-États renaissantes s'entourèrent naturellement de murailles, comme le firent aussi, à la même époque, celles d'Italie, y compris Rome. Lorsque Alexandre le Grand entama sa marche conquérante à travers la Perse et l'Inde au IVè siècle avant notre ère, les stratèges s'attendaient à trouver leur chemin bloqué par des forteresses chaque fois qu'ils avançaient dans des régions peuplées.
Mais une multiplication de forteresses révélait tout autant la faiblesse que l'absence de pouvoir central. Entre 335 et 325, Alexandre dut mener au moins 20 sièges, mais aucun dans les limites de l'empire perse. Comme il convenait à un puissant État, le territoire intérieur de la Perse était défendu sur ses frontières. Les trois batailles qui opposèrent Alexandre à l'armée perse, celles du Granique, d'Issos et de Gaugamèles, se déroulèrent en terrain découvert. C'est seulement après avoir soumis la Perse et l'Inde qu'Alexandre dut revenir à la tactique de sièges qu'il avait employée pour forcer les portes de l'empire. Les Romains, eux, menèrent un siège après l'autre pour étendre leur territoire, d'Agrigente (l'un des plus anciens ports fortifiés de Sicile) jusqu'à Alésia, une gigantesque colline fortifiée celtique où César vainquit Vercingétorix en 52 avant notre ère. Au cours de leur avance depuis les Alpes jusqu'à l'Écosse et au Rhin, ils dotèrent également le paysage de ces forts rectangulaires que les soldats des légions étaient entraînés à édifier à la fin de chaque jour de marche en territoire ennemi. Leurs plans standard, avec quatre portes et une place centrale pour les cérémonies, ressemblent étrangement à ceux des villes de la Chine classique et servirent aussi de modèles aux principales villes romaines implantées en territoire conquis. Aujourd'hui encore, sous le coeur moderne de villes comme Londres, Cologne et Vienne, gisent les ruines des forts carrés des légions romaines.
Mais, au sein de l'empire romain pacifié, les conquérants n'élevèrent pas de fortifications : "La plupart des villes gauloises se sont développées en terrain découvert et ont été laissées sans défenses". C'était là une résultante de la pax romana : des villes ouvertes, des voies de communications sûres et l'absence de frontières intérieures sur toute l'étendue de l'Europe occidentale. Les fortifications assurant cette paix se trouvaient certainement ailleurs, mais les historiens de Rome débattent encore pour savoir comment ce système de défense fonctionnait. On peut voir les vestiges évidents de fortifications aux frontières, les plus visibles se trouvant dans les parties centrales du mur d'Hadrien. On peut encore déceler des traces de la muraille d'Antonin qui marque une avancée encore plus profonde des Romains au nord de l'Angleterre, ainsi que des tronçons du limes, le long du Rhin et du Danube, du fossatum africae, à la lisière du désert, au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye, ou du limes syriae qui s'étendait du golfe d'Aqaba et du nord de la mer Rouge jusqu'aux sources de l'Euphrate et du Tigre. S'agit-il là de "frontières scientifiques" comme le pensent certains historiens, ou simplement de traces marquant les limites du contrôle effectif exercé par les armées romaines pour prévenir les désordres aux frontières économiques effectives du monde méditerranéen. Ce contrôle s'exerçait parfois seulement sur le plan local, parfois au niveau stratégique, à titre de menace. Dans son ouvrage, The Grand Strategy of the Roman Empire, Edward Luttwak émet l'idée convaincante que les Romains, comme les Britanniques en Inde, ont clairement conçu le plan de ce qui pouvait être défendu et de ce qui ne l'était pas, tout en variant, en pratique et selon leurs impératifs, leurs méthodes de défense : d'abord une puissante armée centrale, puis une défense locale et, finalement, un mélange des deux tactiques, moins satisfaisant. Les adversaires de Luttwak ne croient pas à une telle cohérence, surtout en ce qui concerne les frontières orientales. Pour Benjamin Isaac, Rome a mené pendant longtemps une politique d'agression contre les Perses et les Parthes, et les fortifications orientales doivent être considérées comme des voies de communication défendues réservées aux corps expéditionnaires. C.R. Whittaker, quant à lui, pense qu'il y avait en permanence des troubles locaux sur de nombreuses frontières et que les défenses romaines, comme celles des Égyptiens en Nubie ou des Français en Algérie pendant la guerre de 1954-1962 (la ligne Morice), avaient principalement pour fonction de maintenir les ennemis à distance des paisibles cultivateurs 13.
Ce qui est certain, c'est que, dans tous les temps et à peu près partout, la croissance de l'autorité centrale s'est accompagnée de la construction de défenses stratégiques, des plus simples telles que le Dyke d'Offa (une entreprise considérable malgré tout ayant requis, au fil du temps, des dizaines de milliers de journées/hommes de travail), entre l'Angleterre anglo-saxonne et le Pays de Galles celtique, aux plus élaborées, telle que la structure complexe et encore mystérieuse de la Grande Muraille de Chine. Il demeure extrêmement difficile de définir l'exacte fonction de ces défenses dont la variété exclut toute généralisation. Ainsi en est-il de la frontière militaire des Habsbourg – la Krajina – avec les pays ottomans. Elle avait pour rôle d'empêcher les Turcs d'entrer. Or sa construction rendait davantage hommage à la puissance turque qu'à celle de l'Autriche, bien que les Habsbourg fussent une dynastie plus ancienne. Par contraste, la chaîne de forteresses bâties à grand prix pour protéger dans les années 1860 les ports britanniques des côtes sud et est (76 étaient achevées ou en cours de construction en 1867) constituait une réponse à une menace hypothétique venant de France. Elle témoignait peut-être aussi d'une méfiance névrotique à l'égard des bateaux de guerre cuirassés de fer car les Anglais avaient toujours, jusque-là, confié leur défense à des fortifications en bois. La chaîne de forteresses de Louis XIV, le long des frontières orientales françaises, visait un objectif agressif qui consistait à étendre, pas à pas, la puissance de la France dans les pays contrôlés par les Habsbourg. Cela semble encore plus évident avec la cherta, une ligne de fortifications improvisées construite à l'est par les tsars dès le XVIè siècle dans les régions sauvages de la steppe. Son but était de refouler les nomades au sud des monts Oural et d'ouvrir un chemin de peuplement vers la Sibérie. Mais la cherta ne pouvait s'étendre qu'avec l'appui à demi consenti des Cosaques qui, purent de telle sorte s'établir librement sous le contrôle des Moscovites.
Ce rôle mi-défensif, mi-oppressif était également celui de la Grande Muraille de Chine, comme le pense Owen Lattimore, le plus grand historien des frontières avec Frederick Jackson Turner. Dans une communication, demeurée célèbre, qu'il fit en 1893 à l'American Historical Association, Turner suggéra que l'idée de la frontière mouvante, offrant des terres libres à tous ceux qui sont prêts à s'aventurer vers l'ouest, a été décisive dans la formation du caractère national américain –exubérant, énergique, curieux – et qu'elle assure aux États-Unis la permanence de la démocratie. En ce qui concerne la Grande Muraille de Chine, Lattimore croit, au contraire, qu'elle représente une autre forme de frontière, tout à fait différente. Il est vrai qu'elle n'était pas fixe : débutant par l'interconnexion d'un certain nombre de murs locaux élevés par les souverains régionaux qui cherchaient à protéger leurs États embryonnaires, son tracé fut finalement fixé par la dynastie Chin, au IIIè siècle avant notre ère, le long de la frontière séparant les terres occupées par l'agriculture irriguée de celles réservées aux pasteurs (grosso modo les vallées fluviales et la steppe). Selon Lattimore, ni les Chin, ni aucune autre dynastie qui leur succéda, ne réussit à obtenir que la Grande Muraille suivît un tracé rectiligne : parfois il avançait vers le nord pour englober le plateau des Ordos dans la courbe du fleuve Jaune, parfois il disparaissait alors qu'on trouvait de nombreux prolongements et des réalignements à son extrémité occidentale, là où elle atteignait le plateau du Tibet. En fin de compte, avec tous ses bras et ses ramifications, la Grande Muraille représente une longueur totale de près de 6 500 kilomètres. Lattimore pense que tous ces contours et détours expriment moins la croissance ou l'effacement du pouvoir des dynasties que la poursuite d'une chimère. En vérité, les empereur successifs cherchèrent à établir une frontière "scientifique" sur un parcours où un sol propice à l'agriculture voisinait avec des terres destinées à être abandonnées aux pasteurs nomades. Mais un tel tracé était impossible à trouver car non seulement les deux zones se trouvaient séparées par une troisième, d'écologie mixte, mais cette dernière elle-même se déplaçait avec les changements du climat – sécheresse ou retour de l'humidité – à l'intérieur de la grande masse continentale de l'Eurasie. Tenter de contraindre l'écologie en colonisant les zones frontalières avec des paysans chinois produisit en fait une aggravation, le "mieux" devenant l'ennemi du bien... Les villageois, en particulier ceux implantés dans la grande courbe du fleuve Jaune, tendaient à devenir nomades quand survenait la sécheresse et, de ce fait, gonflaient la masse des peuples cavaliers qui venaient assiéger la Muraille par vagues successives. Leurs attaques annihilèrent les efforts des commandements frontaliers pour siniser les semi-nomades dont l'habitat naturel était la zone intermédiaire.
Dans ces circonstances, il n'est pas surprenant que les Chinois n'aient jamais détruit les enceintes autour des villes près desquelles les villages des terres irriguées s'étaient d'abord établis. Aux époques où la dynastie était puissante, elles servaient de centres pour l'administration impériale. Durant les périodes de troubles causées par les attaques des nomades contre le trône, elles demeuraient des refuges de la tradition impériale qui, toujours, renaissait et sinisait les conquérants. Les enceintes des villes étaient considérées à juste titre comme des symboles de civilisation (sous les Ming, 500 d'entre elles furent entièrement reconstruites), tout comme la Grande Muraille elle-même. Mais, en fait, elles n'étaient rien de plus que des accessoires du système impérial dont le pouvoir essentiel résidait dans les croyances philosophiques chinoises en matière d'organisation sociale. Ces croyances restaient vivaces, pas vraiment parce qu'elles imprégnaient la société du sommet à la base (elles tendaient à rester la propriété culturelle des propriétaires fonciers et de la classe officielle), mais surtout parce que le nombre d'étrangers ayant réussi à conquérir le pouvoir fut relativement faible. Il s'agissait de peuples de la steppe qui, à un point dont ils n'avaient eux-mêmes pas conscience, avaient été subtilement sinisés par un contact permanent avec la civilisation qui les attirait sur sa frontière fortifiée. Dans ce sens, la Grande Muraille fut elle-même un outil de civilisation, un diaphragme à travers lequel les idées en puissance filtraient pour modérer la barbarie de ceux qui frappaient sans cesse à ses portes.
La civilisation classique de l'Occident n'eut pas une pareille chance. A la différence des Chinois, les Romains furent assaillis par un déferlement soutenu de très nombreux barbares dont trop peu avaient pu être romanisés par un contact régulier avec la civilisation pour que celle-ci pût être préservée. À partir du milieu du IIIè siècle de notre ère, quand les pillards barbares lancèrent sur la Gaule des assauts plus puissants et plus fréquents, l'administration provinciale commença à bâtir des murailles autour des villes. Au Vè siècle, 48 villes seulement avaient été fortifiées, la plupart dans les régions frontalières ou près des côtes. En Espagne, elles n'étaient que 12 et en Italie, au sud de la vallée du Pô, seule Rome avait conservé ses défenses. Des chaînes de forts furent élevées le long de la mer Noire, de la Manche et des côtes atlantiques et, le long du Rhin et du Danube, le limes fut renforcé. Une fois ces défenses frontalières conquises, cependant, l'empire occidental s'ouvrait à l'assaillant. Les royaumes barbares qui succédèrent à Rome n'eurent pas besoin de se fortifier au début, en admettant qu'ils aient su le faire. Les incursions successives d'envahisseurs que la romanisation n'avait absolument pas touchés - pillards venus par mer de Scandinavie, Arabes, peuples de la steppe d'Asie centrale - ne rencontrèrent aucune défense stratégique et seulement de rares fortifications intérieures. Il n'est pas étonnant que la courageuse tentative de Charlemagne pour recréer un empire paneuropéen ait été réduite à néant par leurs assauts.
Finalement, l'Europe occidentale fut à nouveau fortifiée mais sur un modèle qui aurait inquiété les dynasties chinoises. La mystérieuse reprise des échanges commerciaux, entre 1100 et 1300, peut-être due à l'accroissement tout aussi mystérieux de la population européenne de 40 à 60 millions d'âmes, ramena la vie dans les villes. Grâce au développement d'une nouvelle économie monétaire, on put disposer des sommes nécessaires pour se mettre à l'abri du danger derrière des murs. La ville de Pise, par exemple, s'entoura en 1155 d'un fossé creusé en deux mois et complété l'année suivante par une muraille continue, garnie de tours. Toutefois les villes nouvellement fortifiées n'utilisèrent pas leur immunité pour étayer l'autorité royale mais pour réclamer des droits et des libertés. Pise, par exemple, forte de sa nouvelle défense, défia l'empereur Frédéric Barberousse. Pendant ce temps, dans un processus que les Chinois auraient jugé encore plus alarmant, les seigneurs locaux couvraient activement toute l'Europe occidentale de leurs châteaux, d'abord simples retranchements puis, à partir du Xè siècle, ("mottes" plus redoutables et, finalement, véritables forteresses de pierre. Certains de ces châteaux étaient la propriété du roi ou de ses vassaux mais, peu à peu, la majorité d'entre eux se rangea dans une catégorie que l'on pourrait qualifier de bastions "adultérins", vrais noyaux de désobéissance et de révolte. Pour les justifier, on évoquait toujours la menace des païens – Vikings, Avars ou Magyars – qui nécessitait un endroit sûr pour abriter les chevaux de guerre et les hommes d'armes. Mais, en réalité, l'Europe manquant à la fois de défenses stratégiques et de pouvoirs centraux puissants, les seigneurs profitaient de ces circonstances pour asseoir leur autorité locale.
La multiplication des châteaux à une telle échelle – dans le Poitou, où l'on dénombrait seulement trois châteaux avant les incursions des Vikings, il y en eut 39 au XIè siècle tandis que, dans le Maine, on en comptait 62 en 1100 alors qu'il n'y en avait aucun avant le Xè siècle, le même schéma se répétant ailleurs – a finalement neutralisé les avantages ainsi obtenus et entraîné des luttes locales pour l'obtention du pouvoir. Car, quand chaque seigneur garde sa cour en armes – soutenu par l'autorité centrale qui croit encourager ainsi la lutte contre les envahisseurs –, cela ne conduit qu'à des guerres locales endémiques. Si les rois donnèrent des autorisations pour la construction de châteaux, ils s'appuyèrent parallèlement sur leurs grands vassaux pour tenter de mettre au pas, chaque fois qu'ils le pouvaient, les seigneurs "adultérins". Il ne fallait pas longtemps pour construire un château – une centaine d'hommes pouvaient édifier une petite motte en dix jours – mais, une fois construit, il devenait beaucoup plus difficile d'en contrôler ou d'en réduire la puissance, surtout si le châtelain s'enracinait dans ses ambitions. Les châteaux étaient beaucoup plus puissants que les moyens de siège disponibles à l'époque. Cette situation dura longtemps, depuis l'édification de Jéricho jusqu'à l'apparition de la poudre.
Les spécialistes d'histoire ancienne sont fascinés par les pratiques et les machines de siège que les fouilles de Mésopotamie et d'Égypte ont révélées : béliers, échelles d'escalade, tours de siège, puits de mine. Des écrits relatant des sièges en Grèce révèlent en 398-97 avant notre ère l'existence de catapultes, le plus ancien moyen pour lancer des projectiles. La représentation la plus ancienne d'un bélier, d'un modèle très peu solide bien qu'apparemment protégé par un toit, nous vient d'Égypte et date de 1900 avant notre ère. Celle d'une échelle d'assaut est de 500 ans plus ancienne. Un bélier beaucoup plus impressionnant, monté sur une carapace équipée de roues, peut être observé sur un bas-relief sculpté d'un palais de Mésopotamie. Il date du IXè siècle avant notre ère. On y voit aussi une scène représentant des ingénieurs creusant une sape sous un mur. Un autre bas-relief datant du VIIIè siècle avant notre ère, toujours en Mésopotamie, montre une tour mobile de siège. À cette époque, on connaissait déjà le moyen de construire des rampes pour combler les douves et atteindre le sommet des murs. Les assiégeants avaient aussi de grands boucliers pour protéger les archers quand ils tiraient sur leurs adversaires perchés sur les parapets du château. Il est fait également allusion à l'usage de feu pour attaquer les portes et peut-être aussi l'intérieur des fortifications. Les techniques de siège courantes comportaient aussi l'interruption de l'approvisionnement en eau, lorsque c'était possible, et bien sûr la famine.
Toutes ces machines de siège dont ont disposé les chefs militaires jusqu'à l'apparition de la poudre ont été imaginées entre 2400 et 390 avant notre ère. Aucune de ces techniques, excepté la famine, n'offrait un moyen certain ni même efficace de prendre une fortification. Selon Polybe, un stratège classique, la méthode la plus rapide consistait à exploiter l'orgueil des défenseurs ou d'obtenir un effet de surprise. La traîtrise était un autre procédé. On lui doit la chute d'Antioche, tombée aux mains des croisés en 1098, et celle de nombreuses autres forteresses. En dehors de ces méthodes, les assiégeants pouvaient rester des mois durant à l'extérieur des murs, à moins de découvrir un point faible ou d'en créer eux-mêmes un. Château-Gaillard fut pris en 1204 en passant par une galerie de latrines qui n'était pas gardée. En revanche Rochester, dont le roi Jean se rendit maître en 1215, perdit son aile sud après que l'ennemi eut creusé une sape et mis le feu aux charpentes soutenant les galeries, consumant au passage la graisse de quarante porcs gras qui étaient stockés là. La forteresse fut finalement prise parce que la garnison manqua de ravitaillement après 50 jours d'un siège sans relâche, l'un des plus grands que l'Angleterre connut à cette époque et longtemps encore après.
La prise de Jérusalem par les croisés en 1099 au moyen d'une tour de siège fut un événement exceptionnel attribué, pour une part, à la faiblesse de la garnison et, pour l'autre, aux motivations religieuses des assaillants. En général, et jusqu'à l'apparition de la poudre, l'avantage, lors d'un siège, était toujours du côté des défenseurs tant qu'ils prenaient la précaution de veiller à leur approvisionnement et ceci pour un temps convenu. Dans la guerre de siège de l'Occident médiéval en effet, les deux parties se mettaient d'accord sur une limite de temps à l'expiration de laquelle, si des forces de secours n'étaient pas venues soutenir les assiégés, ceux-ci étaient autorisés à sortir librement. Les assaillants pouvaient d'ailleurs eux-mêmes se trouver à court de nourriture ou, plus probablement, être victimes de maladies dans leurs camps malsains. Une telle convention était donc appréciée de toutes les garnisons.
Nous devons cependant traiter avec une certaine réserve ces représentations de sièges ou de machines de siège en tant que documents sur l'art de la guerre au cours des siècles précédant l'apparition de la poudre. De tout temps, on a demandé aux artistes chargés de représenter la guerre de montrer l'aspect sensationnel plutôt que la réalité documentaire. De ce point de vue, les peintures murales et les bas-reliefs sculptés d'Égypte et d'Assyrie représentent des triomphes royaux sous les murailles des villes qui ne constituent pas plus un témoignage fiable de l'époque que les portraits héroïques de Napoléon peints par David ou Le Gros n'illustrent le comportement réel de l'empereur sur le champ de bataille. Et il en a sans doute toujours été ainsi depuis que le premier peintre de la cour a été chargé de représenter le premier roi conquérant. Les fortifications et les machines destinées à les détruire constituaient des sujets tout trouvés pour les artistes mais nombre de ces peintures peuvent nous entraîner à commettre des erreurs d'interprétation et ne suffisent donc pas à nous renseigner sur la guerre défensive aux temps précédant l'âge de la poudre.
Nous pouvons conclure par les remarques suivantes : des forteresses solidement défendues et bien approvisionnées étaient difficiles à prendre, et cela à toutes les époques antérieures à la poudre. Ces forteresses exprimaient aussi une certaine méfiance à l'égard du pouvoir central et un moyen d'intimider les citoyens libres ou les paysans, comme nous le verrons plus tard. Il fut toujours difficile de faire coïncider ces constructions avec les frontières naturelles ; elles étaient coûteuses à construire, entretenir, approvisionner et garnir d'hommes. Finalement, leur puissance dépendait de la volonté et des capacités de l'autorité qu'elles devaient défendre. Ils ont travaillé en vain ceux qui construisirent des défenses en pensant qu'elles sauraient résister toutes seules.
John KEEGAN http://www.theatrum-belli.com
In Histoire de la guerre (volume II : La Pierre)
Editions L'esprit frappeur, 2000
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