Triomphe de la cité
En
l'espace de quelques millénaires, nos ancêtres ont successivement
découvert l'art (Lascaux), l'agriculture puis l'écriture,...
L'anthropologie récente montre qu’ils ont très tôt goûté l'avantage de
vivre en société, dans des villages, plutôt qu'isolés. L'agriculture est
venue plus tard, comme une conséquence naturelle de la première
urbanisation.Il y a 5000 ans, après les premiers villages et l'agriculture, apparaissaient à Sumer les premières cités-États, en corrélation avec l'invention de l'écriture. L'Histoire témoigne ainsi d'une progression constante des cités et des villes, jusqu'à nos métropoles géantes.
L'être humain est apparu il y a un peu plus de 3 millions d'années mais les premiers hommes
ressemblaient davantage à de grands singes qu'à nous-mêmes. Pendant
longtemps, nos ancêtres parcouraient la terre en chassant et en
cueillant ce qu'ils trouvaient. Ils utilisaient de grossiers outils en
pierre taillée, d’où le nom de Paléolithique (Ancien Âge de la Pierre)
que nous donnons à leur époque. Ils n'étaient alors pas très nombreux
(100.000 tout au plus).
Notre espèce, l’homo sapiens, a moins de 100.000 ans. On en a découvert les premiers squelettes dans la grotte de Cro-Magnon, sur les bords de la Dordogne.
Ces
hommes de Cro-Magnon nous ont laissé de remarquables témoignages de
leur art rupestre dans les grottes de Lascaux (Dordogne) ou Altamira qui
remontent au début des grandes glaciations, il y a 18.000 ans.
Les
grandes glaciations ont permis à des Asiatiques de franchir à pied le
détroit de Béring recouvert par la banquise et d’occuper le continent
américain, achevant ainsi le peuplement de toutes les terres émergées.
Premiers villages
Il
y a 10000 ans, au Moyen-Orient, tout change brusquement. Cette vaste
région (aujourd'hui l'Égypte, Israël, la Palestine et la Jordanie, le
Liban, la Syrie, la Turquie et l'Irak) se couvre à perte de vue de
graminées et de céréales. Ses habitants n'ont plus besoin de beaucoup se
déplacer pour trouver leur nourriture. Aussi choisissent-ils de se
grouper dans de petits villages.
Au fil du temps, ils prennent l'habitude de semer des graines près de leurs maisons. C'est ainsi que naît l'agriculture.
Les villageois conviennent que dans chaque champ, la récolte appartient
à celui qui a semé les graines. Dans chaque village, ils désignent un
chef et un conseil pour arbitrer les querelles de propriété.
Petit
à petit se mettent en place des institutions et des lois semblables aux
nôtres. Grâce aux ressources nouvelles et au supplément de confort
apportés par l’agriculture, la population de la planète croît rapidement
jusqu’à atteindre dix millions d’habitants.
Artisanat et premières villes
Au
bout de quelques milliers d'années, les pluies se faisant plus rares,
les agriculteurs du Moyen-Orient se concentrent sur un territoire en
forme de croissant que nous appelons pour cette raison Croissant
fertile. Dans ce Croissant fertile, de grands fleuves favorisent
l'irrigation des champs et compensent la raréfaction des pluies.
Ces fleuves sont:
- le Nil, qui traverse l'Égypte,
- le Jourdain, qui baigne la Palestine,
- le Tigre et l'Euphrate dont le bassin forme la Mésopotamie (aujourd'hui l'Irak).
- le Nil, qui traverse l'Égypte,
- le Jourdain, qui baigne la Palestine,
- le Tigre et l'Euphrate dont le bassin forme la Mésopotamie (aujourd'hui l'Irak).
Dans
leurs vallées vont naître les premières grandes civilisations humaines.
Les paysans font appel à des artisans pour leur fournir les outils, les
poteries et les vêtements dont ils ont besoin. Ces artisans emploient
des outils en pierre polie, d’où le nom de Néolithique (Nouvel Âge de la
Pierre) donné à leur époque.
Avec
la multiplication des artisans, les villages grandissent et deviennent
de vraies villes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Les
premières villes apparaissent dans une région appelée Sumer, au sud de
la Mésopotamie, autour de la ville actuelle de Bassora. L’une de ces
anciennes villes, Our, est connue pour donner naissance à Abraham,
l’ancêtre du peuple hébreu ou juif, si l’on en croit la Bible.
Naissance de l'écriture
Pour
dénombrer leurs troupeaux, leurs récoltes et leurs biens, les habitants
de Sumer dessinent avec une tige de roseau des nombres et des dessins
(vaches, maisons, pots,...) sur des tablettes en argile humide.
Les
plus habiles simplifient les dessins pour écrire plus vite. Ils ne
représentent pas seulement les objets mais aussi les sons par un signe.
C'est ainsi que naît la première écriture à Sumer, il y a 5.000 ans (soit 3.000 ans avant Jésus-Christ).
À
peu près à la même époque apparaît la métallurgie. L’humanité entre
timidement dans l’Âge des Métaux. Elle n’en est pas encore sortie.
Grâce à l'écriture, les rois qui gouvernent les premières villes transmettent plus facilement leurs ordres à leurs administrés.
Leur
autorité s'accroît et l’on assiste à la naissance de véritables
cités-États avec une administration efficace et des sujets obéissants.
C'est la fin de la Préhistoire et le début de l'Histoire ! « L’Histoire commence à Sumer », dit l’historien Samuel Kramer.
La haute Antiquité
Vers
6.500 avant JC, le Sahara, vaste savane parcourue par de nombreux
troupeaux, se transforme en désert. Son assèchement isole l’Afrique
centrale du reste du monde. Aussi les sociétés africaines ne vont-elles
de longtemps dépasser le stade du Néolithique, ignorant l’écriture et ne
connaissant d’autre source de richesse que la possession d’esclaves… et
de femmes.
Les
habitants du Sahara cherchent leur survie en se regroupant sur les
bords du Nil. Né dans les montagnes d'Éthiopie, le fleuve coule vers la
Méditerranée, au nord, en traversant le désert sur plus de mille
kilomètres. Tous les ans, en septembre, gonflé par la fonte des neiges
d'Éthiopie, le Nil sort de son lit et inonde sa vallée. En se retirant,
au mois de décembre, il laisse dans la vallée un limon très fertile.
Les
paysans arrivent très vite à tirer le meilleur parti des crues du
fleuve. Ils obtiennent en un temps record d'abondantes récoltes de
céréales grâce à des règles strictes pour le partage des terres et
l'entretien des canaux d'irrigation et de drainage. Le roi devient le
garant de l'ordre social indispensable à la gestion des crues. Il est
assisté par de nombreux fonctionnaires et des scribes sélectionnés pour
leur maîtrise de l'écriture. Comme les hommes de cette lointaine époque
ignorent la monnaie, c'est en nature (blé, bétail,...) que les
fonctionnaires collectent les impôts auprès des paysans pour développer
les infrastructures.
Pendant
la crue du fleuve, quand il est impossible de travailler dans la
vallée, les paysans se mettent au service de l'administration royale.
Ils construisent des temples comme celui de Karnak, des palais et des
tombeaux… dont les fameuses pyramides de Gizeh, plus grands monuments
construits de main d’homme.
Ainsi naît l’Égypte,
le premier État de l'Histoire. Le voyageur grec Hérodote, découvrant le
royaume des pharaons sur son déclin, a pu écrire avec justesse : « L'Égypte est un don du Nil ».
Une exceptionnelle stabilité
La
vallée du Nil est unifiée sous l'autorité d'un roi unique, le pharaon,
vers l'an 3.100 avant JC. On estime qu'elle est alors peuplée de 1,5 à 5
millions d'habitants, ce qui est beaucoup au regard des techniques
disponibles (aujourd'hui, le pays compte environ 70 millions
d'habitants).
Le ciment de l'Égypte ancienne est la religion.
À
l'origine, chaque cité avait ses propres divinités. Avec l'émergence
d'un État centralisé, ces divinités sont réunies dans une cosmogonie
commune.
Tous
les habitants partagent la même vision de la création du monde, avec
une place privilégiée pour Rê (plus tard appelé Amon), le dieu-soleil
qui dispense la vie sur la Terre. Sa domination sur les autres dieux du
panthéon égyptien fait dire à certains historiens que la religion des
pharaons était plus proche du monothéisme que du polythéisme.
Une très longue Histoire
Protégée
par son isolement, entre le désert et la mer, l'Égypte des pharaons a
perduré comme État indépendant pendant 25 siècles en conservant les
mêmes coutumes, les mêmes croyances et la même langue. Aucun autre État,
même la Chine, n'a encore réussi semblable performance ! Trente
dynasties de pharaons se sont succédé de l’an 2635 avant JC à l’an 30
avant JC (suicide de Cléopâtre, dernière reine d’Égypte), troublées de
temps à autre par des invasions.
Les pyramides de Gizeh remontent aux premières dynasties.
Beaucoup
plus tard apparaissent d’illustres souverains, comme la reine
Hatchepsout (1503 à 1482 avant JC), qui cultiva la paix et la
prospérité, et le pharaon Ramsès II (1292 à 1213 avant JC), dont nous
pouvons encore contempler la momie.
On doit à Ramsès II le temple d’Abou-Simbel, qui célèbre l’une de ses victoires.
Babylone et Ninive
L’Égypte
ne reste pas longtemps seule ! Les cités-États de la Mésopotamie se
regroupent sous l’égide de l’une d’elles, Babylone (près de l’actuelle
Bagdad). Babylone atteint son apogée sous le long règne d'Hammourabi
(1792 à 1750 avant JC). Ce conquérant est aussi le premier législateur
de l’Histoire. Pour homogénéiser les lois dans son vaste empire, il
conçoit un code de 282 articles dont une copie, sur une stèle de
basalte, est conservée au musée du Louvre.
Le Moyen-Orient passe ensuite sous la coupe des Assyriens, dont la capitale, Ninive, se situe au Kurdistan actuel.
L’Assyrie
atteint son apogée sous le règne d’Assourbanipal, mille ans après
Hammourabi. Assourbanipal étend son empire jusqu’au Nil. Mais 20 ans
après sa mort, l’Assyrie s’effondre et à sa place renaît… Babylone, plus
prospère que jamais.
Nabuchodonosor, roi de Babylone, s’empare de Jérusalem, ville sainte des Hébreux (16 mars 597 avant JC). Une partie de ces derniers sont contraints de s’exiler sur les bords du Tigre.
Le
roi embellit aussi sa capitale. Il construit des jardins suspendus pour
son épouse et rénove la ziggourat, une tour qui a inspiré le mythe
biblique de la « tour de Babel ».
20 ans après sa mort, la Babylonie s’effondre à son tour sous les coups portés par un nouveau venu, Cyrus, « Roi des Rois », empereur des Mèdes et des Perses.
Cyrus réduit Babylone au rang de capitale provinciale et permet aux Hébreux de regagner leur pays.
La Perse est le premier empire à vocation universelle. Son fondateur Cyrus le Grand
soumet presque tous les peuples du Moyen-Orient à son autorité en
respectant leurs dieux et leurs coutumes. Cela lui vaut d’être souvent
accueilli en libérateur. Darius 1er poursuit sa politique. Il fonde une
nouvelle capitale, Persépolis, dont les ruines témoignent encore de la
splendeur et de l’ancienneté de la civilisation perse (ou iranienne).
Mais
il éprouve des déboires inattendus avec un petit groupe de cités des
bords de la mer Égée. De celles-ci l’Histoire se souviendra bien plus
que de la grande Perse...
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