En
fait, il débute à la GPU dans l’espionnage industriel. Il sera
notamment décoré pour avoir réussi à voler aux Suédois un procédé de
fabrication de roulements à bille. Après ces amusettes, les choses
sérieuses vont commencer. Dans un premier temps, à partir de 1929, il
deviendra l’adjoint d’Artur Artuzov qui dirige à ce moment-là l’INO (voir article d’hier).
Puis
il le remplace à la tête des services secrets en mai 1935. Il va enfin
pouvoir donner la pleine mesure de sa personnalité affable.
Sa
tâche principale va être de traquer et d’éliminer – poliment – tous les
opposants, ou présumés tels, de Staline. Essentiellement des émigrés
russes blancs et les trotskystes. Parmi les principales opérations à son
actif, on peut citer : - le kidnapping du général blanc Evgenii Miller,
à Paris en 1937. Le général sera exécuté à Moscou en mai 1938. -
l’assassinat d’Ignace Reiss en Suisse, également en 1937. Reiss était un
ex-agent du NKVD décidé à rompre avec Moscou - la liquidation de bon
nombre d’opposants en Espagne durant la guerre civile.
En 1936, il aura la charge d’extorquer les fausses confessions destinées à charger les accusés du 1er procès de Moscou (Zinoviev, Kamenev et cie). Loquace de nature, il racontera à ses subordonnés, Leiba Lazarevich Felbing, dit Alexander Orlov, et Samuel Ginsberg, dit Walter Krivitsky, qui le relatent dans leurs Mémoires – des veinards qui ont apparemment eu le temps de les écrire – ses méthodes pour briser ces vieux bolcheviques.
Son chef direct était le patron du NKVD, Iagoda. Or, comme on l’a vu, Iagoda tombe en 1937 et se voit remplacé par « le nain sanguinaire », Nikolai Yezhov.
Ce dernier va immédiatement se livrer à une chasse aux sorcières à
l’intérieur de ses services pour éliminer tous les proches de son
prédécesseur. Dans un premier temps, Slutsky sera cependant épargné afin
d’éviter la défection d’agents à l’étranger.
Mais
ce répit est de courte durée. Il mourra le 17 février 1938. Comment ?
Rien n’est simple avec les agents secrets. On a donc le choix entre deux
versions :
-
Il est mort empoisonné à l’acide cyanhydrique dans le bureau de Mikhail
Frinovsky – l’un des chefs du NKVD - à la Loubianka après avoir
dégusté du thé et des gâteaux (il n’était pourtant pas invité par Agatha
Christie)
-
Il a été assassiné par injection de poison dans le bras toujours dans
les mêmes locaux, toujours par Frinovsky ou ses sbires, et toujours sur
ordre de Yezhov.
Quelle
que soit la version choisie, le résultat sera de toute façon le même
et aucun des témoins de ce regrettable incident ne survivra longtemps,
ni n’aura le temps d’écrire ses Mémoires. Tous disparurent durant les grandes purges, y compris Frinovsky. Et Yezhov aussi, d’ailleurs. http://france-licratisee.hautetfort.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire