mardi 28 juin 2011

L'imposture de 1936


Les “conquêtes” du Front populaire… Laissez nous rire ! Tout justes des mesures, certes pas mauvaises, mais accordées par des démagogues aux abois à des semeurs de troubles beaucoup plus désireux d'exploiter la misère ouvrière que de lui porter remède. En fait, plusieurs des lois votées en 1936-1937 auraient pu l'être depuis longtemps, si les débats n'avaient été bloqués par… la gauche, et, bien souvent, le centre.

À cela rien d'étonnant pour quiconque fait remonter la question sociale à sa véritable origine, c'est-à-dire 1789. Il s'est agi cette année-là de conditionner les Français à être “libres”, libres non plus au rythme des vieilles libertés, naturelles, familiales, corporatives, provinciales, paroissiales, mais de la “liberté” d'hommes sans attaches et sans transcendance, réduit à l'état d'individus, libres de tout, même de mourir de faim. Cet individualisme forcené eut sa charte dans la Déclaration des droit de l'homme du 26 août 1789, au nom de laquelle furent votés, deux ans plus tard, le décret d'Allarde supprimant les corporations et jurandes, ainsi que les maîtrises, les octrois et aides, et surtout ce monstre de sottise que fut, le 14 juin 1791, la loi Le Chapelier.

De ce jour, l'historien Jean Dumont a daté le commencement d'un “martyrologe ouvrier”. Car la loi fut votée sur fond de répression de grèves d'ouvriers réclamant du pain ! Les décennies qui suivirent furent celles de la révolution industrielle : plus les patrons devenaient puissants, plus l'ouvrier restait isolé. Le travail devient une marchandise dont le prix variait selon le mécanisme de la libre concurrence. Le règne absolu de Mammon….avec le retour à l'esclavage : enfant de dix ans douze heures par jour à l'usine, hommes et femmes trimant quatorze à seize heures par jour pour des salaires de misères, pas même de repos dominical, menace constante de chômage…


Pratiquement personne dans le monde politique ni dans celui des affaires n'avait conscience de la cruauté d'un tel sort. C'était l'avènement du libéralisme, cette philosophie issue des principes de 1789, fondée sur la raison individuelle divinisée, toute tournée vers l'exaltation de l'individu, considérant toute solidarité comme une contrainte, et professant que de la recherche par chacun de son bien particulier sortirait le bien général, comme si le “Progrés” faisait automatiquement concourir l'addition des égoïsmes à l'intérêt général.
 
Dans ce monde soumis à la loi d'airain, et, qui plus est, en train de se déchristianiser, apparut au XIXème siècle le socialisme, lequel n'était qu'un avatar du libéralisme profitant de la destruction des sociétés concrètes pour préconiser l'étatisme, la lutte des classes, et pour les plus “avancés”, l'idée que seule la violence peut arracher aux patrons des concessions. Pour quiconque s'enferme dans une telle optique, le Front populaire peut évidemment apparaître comme une victoire du “peuple” …Lequel déchantera bien vite !


Il serait temps de rendre justice à ceux qui, les premiers, voulurent briser cette spirale infernale, et a qui les classes laborieuses ne savent pas qu'elles doivent beaucoup plus qu'aux hommes de 1936. N'oublions jamais que le premier grand texte social date du 20 avril 1865, deux ans avant le Capital de Karl Marx ; il émanait de l'héritier des Capétiens, Henri V, Comte de Chambord, et, sous forme d'une lettre sur les ouvriers, réclamait contre les nouveaux féodaux la reconstitution de corporations libres, sous l'arbitrage d'un Etat fort et indépendant. En somme, des organisatins de métiers, au sein desquelles, dans la complémentarité des services, patrons et employés se rencontreraient pour résoudre, dans le souci du bien commun et sans tout attendre de l'Etat, les questions relatives aux salaires, aux heures de travail, à l'entraide, aux caisses de retraite, à l'apprentissage, etc.


Ces leçons réalistes, tirées de la grande tradition royale et chrétienne, ne furent hélas pas écoutées par ceux qui, contre pourtant une forte opposition de gauche, votèrent en 1884 la loi Waldeck Rousseau autorisant les syndicats, mais sans préciser si ceux-ci seraient verticaux, donc mixtes, ou horizontaux, purement ouvriers, additionnant des individualismes dans un esprit de lutte des classes. C'est hélas ce mauvais esprit qui prévalut à une époque où, de toutes façons, les pères ou grand-pères des hommes de 36 se souciaient beaucoup plus de créer l'école laïque pour apprendre au peuple à penser “républicain”, que d'aider ce même peuple à vivre décemment dans ses familles, ses usines et ses ateliers.

Toutefois, les grandes idées lancées par le Comte de Chambord ne restèrent pas lettre morte, toute une cohorte de catholiques sociaux en était imprégnée : Frédéric Le Play, Maurice Maignen, Albert de Mun et surtout René de la Tour du Pin, marquis de la Charce, militèrent pendant des décennies pour un ordre social chrétien. Ils aidèrent largement le pape Léon XIII dans la préparation de son encyclique Rerum novarum (15 mai 1891) qui, juste un siècle après l'ignoble loi Le Chapelier, dénonçait la “misère imméritée” et rappelait aux Etats leur devoirs de laisser se constituer des organisations professionnelles.

Qu'en conclure, sinon que comme apôtre du combat social, les bavards du Front populaire font bien pâle figure, et même une inquiétante figure…, comparés aux Français fidèles aux grandes traditions capétiennes.

Michel FROMENTOUX http://www.royalismesocial.com/

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