samedi 1 janvier 2011

Henri de la Rochejaquelein

Henri du Vergier, comte de la Rochejaquelein, naquit le 30 août 1772 au château de la Durbelière à Saint Aubin de Baubigné, près de Châtillon. Très jeune, il se passionne pour la vie militaire, et entre à 16 ans à l'école de Sorrèze dans le Tarn. Cette abbaye bénédictine fondée dès les premiers carolingiens, a toujours été un haut lieu d'études en France. C'est le Roi Louis XVI qui, au XVIII°Siècle, l'érigea en Ecole Royale Militaire où seront formés pendant plus de deux siècles les futurs cadets.
Fraichement sorti d'une des plus prestigieuses écoles de France, il entre dans la Garde Constitutionnelle du Roy Louis XVI. Le 10 août 1792, lors de l'assaut du Palais des Tuileries par les révolutionnaires, le Deuxième Lieutenant de la Garde lutte pour sauver son Roy, voyant tous ses camarades succomber à l'assaut de ceux que l'on surnomme déjà les “sans-culottes”… Il sera sauvé par un autre futur chef vendéen Charles de Bonchamps.
Dans la capitale, le vent sanglant de la “Chasse aux Royalistes” commence à se lever, et le jeune Henri sent que la révolte continue de croitre dans les rangs républicains. Il quitte donc Paris et son Roy pour aller dans les Deux-Sèvres, où son cousin Lescure, également futur chef vendéen, le cachera pendant quelques temps. Peu de temps après, il quitte ses hôtes et retourne vivre dans son château en Vendée. Ses hôtes seront faits prisonniers peu de temps après, et seront enfermés dans la prison de Bressuire.
En ce début de l'année 1793, la révolte gronde dans les régions contre les excès des républicains. La levée de 300 000 hommes vient d'être voté, et les abus se multiplient ! Quelques 4000 paysans se lèvent contre ce régime sanglant qui vient de faire exécuter le Roy de France, et qui a fait un massacre à Machecoul le 11 Mars. Le 13 Avril 1793, ils arrivent près de Châtillon, où le Comte de la Rochejaquelein demeurait depuis quelques mois. Ces hommes venus de toutes parts le réclament et désirent qu'il devienne leur chef. Le sang noble du jeune Henri ne fait qu'un tour et, n'écoutant que l'idéalisme propre aux jeunes gens de 19 ans, il prend la tête de cette petite armée et lance ces fameuses paroles, qui résonnent encore dans tous les coeurs royalistes de France :
” Si j'avance, suivez moi ; si je recule, tuez moi ; si je meurs, vengez moi !”

A la tête de son armée, il libère Bressuire des mains des républicains, et rend la liberté à Lescure, qui était prisonnier sur parole. Le 4 Mai, L'Armée Catholique et Royale approche de Thouars où elle remporta une victoire éclatante. Henri de la Rochejaquelein entra le premier dans la citadelle réputée imprenable, et n'écoutant que son courage, il permit aux royalistes de défaire les républicains. A l'issu de cette bataille les insurgés récupèrent 12 canons, 7000 fusils et 20 caissons.
Ils relâchent la quasi-totalité des prisonniers et récupèrent de nombreux transfuges, dont la ville de Baugé. Ils libèrent le général Quétineau, ardent républicain défenseur de la ville de Thouars, et lui propose de rejoindre les rangs royalistes. Celui-ci refuse l’offre pourtant généreuse, et resta fidèle à la république. L’Histoire a voulu que Quétineau meure quelques temps plus tard, victime de la Terreur instauré par les siens.
Le 16 mai 1793, la Grande Armée Catholique et Royale arrive devant Fontenay, petite ville située en vaste plaine. Gros problème : l'armée royaliste, composée essentiellement de paysans, se bat par embuscades et se cachent derrière les buissons. Ici, aucune cache, aucun buisson… Il faudra affronter les républicains en armée régulière, à découvert donc…Le combat tourne à la débâcle, et les royalistes sont rapidement défaits et abandonne canons et munitions sur le champ de bataille…
Fin mai, un nouveau combat approche. L'armée Catholique et Royale s'est reformée et reprend confiance en elle. Henri De La Rochejaquelein porte pour l'occasion ses traditionnels mouchoirs rouges de Cholet (à sa ceinture pour tenir ses pistolets, à son cou et autour de la tête). Ses officiers lui demandent d’abandonner cette tenue trop reconnaissable mais il refuse. Alors tous ses soldats décident d’adopter les mouchoirs afin qu’ils ne soient plus une cause de danger pour lui. La ville tremble sous les coups de butoirs de l'armée de Bonchamps, les courageux royalistes entonnent leurs cantiques et l'on entend plus dans la ville que les “Vexilla Regis” !
Le 14 Août 1793, Henri de la Rochejaquelein est aux côtés de D’Elbée pour s’emparer de Luçon. De nombreux vendéens perdirent la vie pendant cette bataille, et la Vendée subissait de son côté des attaques de toutes parts ! L’Armée Catholique et Royale retourne donc en Vendée pour la défendre.
Le 1°Septembre, la Convention vote la loi dite « des suspects », et publie le décret qui permet l’envoi de l’armée de Mayence en Vendée. Les différentes colonnes, dont la colonne infernale de Tureau, commencent leur basse besogne dès le 6 Septembre. La Terreur bleue commence, les familles vendéennes sont massacrées, les femmes violées et les enfants tués. Des villes entières brûlent, des villages sont réduits en cendres et l’on ne compte plus le nombre de noyés dans la Loire, les exécutions sommaires et autres méfaits… Les chefs vendéens vont essayer de stopper cette folie sanguinaire.
Henri de la Rochejaquelein
L’exode de l’Armée Catholique et Royale commence. Connu sous le nom de « Virée de Galerne », cette marche qui s’écoula pendant plusieurs mois, fut un des moments les plus douloureux de l’histoire de France. Le passage de la Loire le 18 Octobre, au lendemain d’une lourde défaite royaliste à Cholet, est un véritable défi pour les chefs vendéens : faire passer 80 000 soldats, femmes et enfants !
La Loire, fleuve capricieux connu pour les dangers de la navigation, séparait les Vendéens de leur objectif. Au petit matin, les vendéens embarquent sur une vingtaine de mauvaises barques… Sur les deux jours de traversée, une seule femme trouva la mort.
Et les voici sur la rive droite du fleuve, mais ils n’ont plus de généralissime. D’Elbée, blessé à Cholet, a trouvé asile sur l’île de Noirmoutier. Les chefs se réunissent en un conseil de guerre pour élire le généralissime qui aura l’honneur de conduire la Vendée à la victoire. Lescure, mortellement blessé, propose le jeune Henri de la Rochejaquelein pour le remplacer. Le conseil accepte, Henri est nommé généralissime de la Grande Armée.
Il propose aussitôt de marcher sur Angers ou Nantes, mais l’arrivée du Chevalier de Saint Hilaire parlant d’une flotte considérable en préparation dans les ports anglais, modifie sa décision et dirige la marche de l’armée vers la Normandie. Les Blancs s’emparent de Château-Gontier, le 21 Octobre et partent pour Laval. La ville est emportée le 23 Octobre.
Le 27, toutes les forces républicaines retrouvent l’Armée Catholique et Royale. Kléber, au Comité de Salut Public, le 28 Octobre, rend hommage à Henri De La Rochejaquelein : « … alors, sans direction supérieure, nous avons tâché de ramener la victoire sous notre drapeau ; mais les brigands déployaient une tactique inaccoutumée. Nous avions contre nous leur impétuosité vraiment admirable et l’élan qu’un jeune homme leur communiquait. Ce jeune homme, qui s’appelle Henri De La Rochejaquelein, et dont ils ont fait leur généralissime après le passage de la Loire, a bravement gagné ses éperons. Il a montré dans cette malheureuse bataille une science militaire et un aplomb dans les manoeuvres que nous n’avions pas retrouvés chez les brigands depuis Torfou. C’est à sa prévoyance et à son sang froid que la République doit cette défaite, qui a consterné nos troupes ; mais, quel que soit son empire sur l’esprit des paysans, il est bien difficile qu’il puisse longtemps se maintenir au milieu d’un pays qui n’est plus la Vendée… »
Le 14 Novembre, l’Armée Catholique et Royale atteint Granvilles et ses hautes murailles. Un long combat les attend, et de nombreux soldats mourront bravement… Face à une défaite de plus en plus prévisible vu l’absence d’aide de la part des Anglais, les Vendéens battent en retraite vers Avranches.
Epuisés, ils atteignent Angers le 3 Décembre et dès le lendemain, vaincus, ils se dirigent vers Le Mans. Ils pénètrent dans la ville le 10 Décembre et décident d’y rester quelques jours pour y soigner de nombreux blessés et malades.
Le 12 décembre alors que les vendéens se reposent, toutes les armées républicaines présentes outre Loire convergent sur la ville. Face à un tel afflux de bleus, les insurgés sont écrasés. La défaite vendéenne se transforme bientôt en massacre, les républicains égorgent et massacrent tous les vendéens à leur portée. Le représentant Benaben l'écrit en ces termes : « J'ai vu sur le bord de la route, une centaine qui étaient tous nus et entassés les uns sur les autres comme des cochons qu'on aurait voulu saler. »
Deux jours après le début des combats les rues sont jonchées de cadavres. Les 15 000 rescapés s’enfuient en direction de Laval. Ils espèrent franchir la Loire et rentrer chez eux.
Mais c’est sans compter l’arrivée d’un bataillon républicain qui interrompt leur traversée à Ancenis. Seuls Stofflet et la Rochejaquelein, accompagnés d'un peu plus d'un millier d'hommes parviennent à repasser la Loire le 16 décembre. Ils sont séparés du reste de la troupe, parmi lesquels Marigny, Talmont et Fleuriot. Ces hommes devenus sans nouvelle de la Rochejaquelein vont 4 jours plus tard se donner un nouveau généralissime en la personne de Fleuriot.
De La Rochejaquelein et Stofflet trouvent des bateaux et passent la Loire avec quelques centaines de soldats. Ils devaient rendre compte de la situation des Républicains sur l’autre rive. Les bleus, sur des barques canonnières, tirent quelques coups de canons et une cavalerie venue de Saint Florent met en fuite De La Rochejaquelein et Stofflet. Ils restent plusieurs semaines sans troupes, obligés de se déguiser en paysans pour parcourir les paroisses, alors que le reste de l’armée et la foule qui n’a pas pu traverser, se dirigent vers Savenay où ils vont être anéantis.
Il propose son aide à Charette mais c'est sans compter la fierté de se dernier qui ne daigne lui offrir qu’une place sous son commandement. Il refuse et s’installe en forêt de Vezins avec Stofflet où ils recomposent leur armée.
Le 28 Janvier 1794, un peu moins d’un an après avoir pris la tête des insurgés de Châtillon, et à 21 ans à peine, Henri est tué dans une embuscade bleue. Il fut un exemple de courage, de dévouement et de fidélité, digne descendant des preux chevaliers des temps jadis.
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