Historiquement - et il importe de le dire encore une fois - la Bosnie Herzégovine n’existe pas. En 1878, le traité de Berlin fit de cette possession turque un protectorat autrichien. En 1908, Vienne annexa purement et simplement cette région qui n’avait jamais eu d’existence nationale.
Ces éléments historiques mis en évidence, la question doit désormais être inscrite dans le contexte géostratégique européo-islamique qui sera déterminant dans la prochaine décennie.
Face à cette réalité, il n’est plus possible de continuer à réagir selon les réflexes dépassés hérités de la guerre froide. La leçon de l’Afghanistan n’a-t-elle pas été comprise ? Au nom de l’anticommunisme, nombreux furent ceux qui soutinrent alors les résistants afghans, faisant ainsi le lit du pire intégrisme musulman.
Dans l’ex-Yougoslavie, devons-nous suivre la même politique et combattre la Serbie nationaliste qui se trouve en première ligne contre l’islam balkanique longtemps assoupi mais qui aujourd’hui se réveille ?
Au nom de nos liens avec les Croates, pouvons-nous prendre le parti des musulmans contre les orthodoxes serbes ?
Revenons à l’histoire pour tenter d’y voir plus clair.
La présence islamique dans les Balkans résulte des conquêtes turques du XVe siècle. Elles ne se sont faites ni dans la fraternité ni dans l’amour du prochain. Constantinople fut prise en 1455 et la déferlante musulmane balaya toute l’Europe balkanique et centrale puisque la Hongrie fut occupée et Vienne assiégée.
Comme dans la Péninsule ibérique, la reconquête chrétienne fut longue et sanglante. En Espagne, elle s’acheva en 1492 avec la reprise de Grenade. Dans les Balkans, elle fut stoppée par les puissances européennes qui ne permirent pas aux chrétiens locaux de libérer la totalité des terres occupées par les Turcs et cela en dépit des victoires remportées durant les terribles guerres balkaniques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.
Les musulmans bosniaques sont des Croates et des Serbes qui ont jadis embrassé la religion de leur conquérant, trahissant ainsi, de force plus que de gré, celle de leurs pères.
Ils constituent les dernières poussières de l’empire turc d’Europe et Ankara ne cesse de rappeler que les musulmans des Balkans sont d’anciens sujets de la Sublime Porte. C’est pourquoi la Turquie arme et soutient les Bosniaques comme l’a reconnu récemment le général Dogan Duresh, ancien chef d’état-major de l’armée turque. Pour les Serbes, la guerre de Bosnie est une guerre sacrée. C’est leur Reconquista. Il ne faut pas y voir le renouveau d’un communisme bien obsolète mais tout simplement, et au contraire, la naissance d’un nationalisme écrasé par le communiste Tito qui était croato-slovène.
Les Serbes sont insultés, calomniés, caricaturés par le quarteron intellectuel qui vampirise nos médias ; de BHL à Glucksman, de Simone Veil au professeur Schwarzenberg, c’est à celui qui tiendra les propos les plus extrémistes et les plus irresponsables. En provoquant à la reconnaissance Internationale de l’inexistante Bosnie, ils ont poussé à la guerre.
Or, les anathèmes et les imprécations ne peuvent rien contre un peuple qui se bat, arc-bouté sur son histoire et sur ses racines. Quelques poignées d’artilleurs et de fantassins viennent d’ailleurs d’infliger au Nouvel Ordre mondial une défaite dont il se relèvera difficilement. Ils viennent surtout de nous donner une leçon de courage. Ils ont osé défier la loi de l’ONU et de Washington.
La victoire serbe constitue la première défaite de notre mortel ennemi le mondialisme qui prétend faire passer les vieux peuples dans son moule idéologique.
Tôt ou tard, l’inexistante Bosnie sera partagée entre Serbes et Croates. Si les musulmans ne veulent pas l’admettre, ils n’ont qu’à partir coloniser l’Anatolie. La mère-patrie turque ne manque pas d’espaces à peupler depuis que, dans les années 1920, des centaines de milliers de Grecs d’Asie mineure y ont été massacrés.
par Bernard Lugan Le Libre Journal de la France Courtoise - n° 53 du 9 décembre 1994
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire