L’ex- Armée de libération est rattrapée par ses crimes de guerre.
Révélations sur les “héros” kosovars.
Ils s’appellent Ramush Haradinaj, Fatmir Limaj, Fahredin Gashi ou Azem Syla. Ces anciens responsables de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) ont occupé ou occupent encore d’importantes fonctions politiques, héritées après la dissolution de la guérilla. Héros nationaux pour les Kosovars, criminels de guerre pour les Serbes, ils jouissaient jusqu’à présent d’une totale impunité.
Selon le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), le conflit de 1998-1999 entre la Serbie et sa province du Kosovo, devenue un État indépendant en 2008, a fait autour de 10 000 morts chez les Kosovars, quelque 3 000 chez les civils et militaires serbes. D’après la Croix-Rouge, environ 1 800 personnes sont toujours portées disparues, dont un millier d’Albanais du Kosovo. Sur les neufs Serbes jugés par le TPIY pour leur rôle au Kosovo, un seul a été acquitté (l’ancien président Milan Milutinovic), alors que sur les six Kosovars accusés par le TPIY, pas moins de quatre ont été libérés, malgré les lourdes charges pesant sur eux.
« Des détachements de l’UCK lynchaient, enlevaient et massacraient aveuglément des Serbes et des gens d’autres origines, surtout des Roms, pour leur simple appartenance ethnique », rappelle Carla Del Ponte, ex-procureur général du TPIY. Elle évoque ses difficultés à prouver les crimes commis par les anciens guérilleros : « Les Albanais redoutaient tant l’UCK qu’ils refusaient de parler des atrocités qu’elle avait commises et même de prêter leur concours au Tribunal, de peur des représailles… Je pense que certains juges du Tribunal redoutaient d’être la cible des Albanais.»
La peur est peut-être en train de changer de camp. À la fin de juillet, le TPIY a surpris en ordonnant, pour la première fois, de rejuger l’ancien premier ministre kosovar Ramush Haradinaj et ses deux coaccusés, Idriz Balaj et son oncle Lahi Brahimaj, trois anciens combattants de l’UCK soupçonnés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Une peine de vingt-cinq ans de prison avait déjà été requise contre eux : les deux premiers furent acquittés en première instance le 3 avril 2008, et seul Lahi Brahimaj fut condamné à six ans de prison. « La chambre de première instance n’a pas pris les mesures suffisantes pour empêcher l’intimidation des témoins, qui a pu imprégner le procès, a expliqué le juge Patrick Robinson. Cette erreur a mis à mal l’équité du procès et a entraîné une erreur judiciaire.»
Âgé de 42 ans, leader du parti de l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), Haradinaj a été premier ministre du Kosovo de décembre 2004 à mars 2005, date de son inculpation. Il était commandant de l’UCK dans la région ouest. Sous ses ordres, Balaj et Brahimaj dirigeaient les “Aigles noirs”, une unité spéciale chargée des sales besognes. Les trois hommes sont suspectés d’avoir enlevé, torturé et exécuté plus de 60 civils serbes et albanais entre mars et septembre 1998. Par Michel Arnaud
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