La religion celtique a ceci de particulier, qu'elle ne possède pas seulement des prêtres, comme les religions grecque, romaine et germanique. Mais est formée d'une classe sacerdotale hiérarchisée et organisée, profondément structurée. Fondé sur le savoir, la hiérarchie sacerdotale comportait de nombreux grades et des spécialisations qui excluaient toute ambiguïté.
Savants, philosophes.....
Guides religieux des peuples celtiques, ils sont chargés du culte-des-cultes, de l'éducation, de la réflexion commune, de l'établissement d'une philosophie.
Leurs compétences sont multiples :
- druides au sens religieux, théologiens,
- ovates (mages adeptes de la civilisation naturelle),
- bardes (chroniqueurs, poètes, passeurs de mémoire collective et de la culture).
[ - Strabon (IV-4) fut l'un des rares à tenter d'opérer une distinction au sein de cette classe sacerdotale :
« On rend de très grands honneurs à trois sorte d'hommes : les bardes, les vates et les druides ; les bardes sont chanteurs et poètes, les vates sacrificateurs et physiologues, les druides outre les sciences de la nature, étudient la philosophie morale. »
- Cicéron dans De Divinatione (I-40) fait ce portrait :
« La divination n'est même pas négligée en Gaule. Parmi les druides, j'ai connu cet Eduen Diviciacos, ton hôte et admirateur qui prétendait connaître les lois de la nature, ce que les Grecques appellent physiologie ; il prédisait ce qui devait arriver, soit par des augures, soit par conjoncture. »
- Diodore de Sicile (V-28) assure que :
« La doctrine pythagoricienne prévaut parmi eux, enseignant que les âmes des hommes sont immortelles et revivent dans un autre corps. »
- Lucain est l'un des rares auteurs classiques à avoir saisi cette perception de l'illimité qui caractérise les Celtes :
« D'après les druides, les âmes ne descendent ni dans les demeures silencieuses de l'Erèbe(1), ni dans les profondeurs des pâles royaumes de Pluton. Le même souffle les anime dans un autre monde, et la mort n'est que le milieu d'une longue existence. » ]
(1) Erèbe représente la partie la plus ténébreuse des enfers. Il est le fils du Chaos et le frère (et l'époux) de la Nuit. (Nyx) ...
La première et peut-être la plus importante doctrine des druides est inscrite dans l'étymologie(2) de leur nom : dru-ui-des « les très savants », la science étant à prendre ici dans l'acceptation triple de sagesse, de science sacrée et de connaissance.
Le nom de druide conjugue la sagesse, la connaissance et le savoir, par l'étymologie réelle et la force (c'est-à-dire essentiellement la capacité de traduire leur savoir en pratique) par l'étymologie symbolique.
(2) Science qui étudie l’origine et l’histoire des mots et des locutions.
C'est en application ou en conséquence de ce symbolisme que l'on rencontre parfois des druides qui font la guerre ou qui portent des armes.
La caste des druides est au sommet de la hiérarchie.
En raison de son statut et du prestige attaché à sa fonction, parce qu'il juriste, il est le détenteur « des relations diplomatiques pour prévenir la guerre ou régler les compensations après l'agression ». Il est aussi le gardien de la mémoire de la « tribu ».
Pour certains auteurs les druides seraient les successeurs des hommes-médecine du Chamanisme archaïque et devinrent peu à peu les hommes du savoir.
« Progressivement, les hommes de savoir, groupés en confrérie comme l'étaient déjà les chamanes, devinrent hommes de réflexion, autrement dit des philosophes. À ce point donné, la mutation était achevée : les druides avaient remplacé les chamanes. » (Marc Questin, La tradition magique des druides)
Les druides dictaient le dogme et la morale, réglaient la liturgie des cérémonies religieuses, observaient les mouvements des astres afin d'établir le calendrier nécessaire à la tenue des grandes fêtes annuelles, pansaient les blessures, réduisaient les fractures, pratiquaient la magie et transmettaient au coeur des forêts leur enseignement aux jeunes aristocrates de moins de vingt ans.
Les futurs druides recevaient une éducation scientifique et théorique, qui durait vingt ans. Comme les pythagoriciens, les druides formaient une sorte de secte qui cherchait à reproduire son savoir et à le prolonger dans le temps.
N'utilisant pas l'écriture, ils transmettaient toutes leurs connaissances de manière orale. Certains se cantonnaient à un domaine précis tandis que les plus compétents acquièrent une vue encyclopédique sur les sciences de leur temps, on pressentaient ainsi une sorte de « hiérarchie savante » chez les druides. Les aristocrates faisaient parfois venir à domicile un maître, druide ou intellectuel.
« Les druides dissertent abondamment sur les astres et leurs mouvements, sur la grandeur du monde et de la Terre, et sur la nature des choses, sur la puissance des dieux immortels. » (J. César)
Un exemple frappant de la connaissance des astres par les druides est la célèbre cruche de Brno Haloměrěce, retrouvée en 1941 sur la nécropole celtique du même nom. Celle-ci en effet possède sur son pourtour la représentation du ciel de Brno en 280 av J.C dont la constellation du Cygne, un ciel d'été et la constellation du Taureau un ciel d'hiver. On trouve aussi les Gémeaux, et le soleil à ses deux solstices.
Depuis la Haute Antiquité, la plupart des peuples gaulois élisaient chaque année, un chef pour la gestion des affaires intérieures ( le vergobret) et désignaient un stratège pour la guerre. D'après Strabon, ce système existaient depuis au moins le Ve-IVe siècle av J.C. Cette élection d'un magistrat civil et la désignation d'un magistrat militaire était une réponse particulièrement efficace à toute tentative de tyrannie ou de restauration des anciennes monarchies.
Dans l'établissement de ces magistratures et de constitutions qui les accompagnaient, les druides ont joué un rôle prépondérant dont témoigne une autre règle, également mentionnée par César à propos des Éduens : le verbroguet est élu sous la présidence des/et avec les prêtres.
Les druides choisissaient ou faisaient choisir les hommes qui avaient leur confiance. Il est probable que souvent, c'était un des leurs qui devenait magistrat, c'est le cas de Diviciac (Diviciacos), chez les Éduens.
Les constitutions des civitates gauloises montraient une réelle originalité. Les chefs avaient des pouvoirs définis et limités, les assemblées populaires, guerrière et sénatoriale leurs opposaient un contre-pouvoir efficace, mais en sous-main les druides exerçaient une influence majeure.
Contrairement à l'opinion de César, qui affirma que le point essentiel de la doctrine des druides serait la morale, les historiens des religions celtiques comme Vendryes ou N.L. Scoested considère que les notions d'ordre moral ou philosophique - au sens humaniste du mot - en sont absentes à peu de chose près ; on a conservé qu'un seul précepte en usage, sous forme d'une triade, ce qui devait être un mode d'expression courant : honorer les dieux, fuir le mal, pratiquer la bravoure. C'est l'unique vestige d'un enseignement qui devait développer la croyance en l'immortalité de l'âme et exalter le courage et le mépris de la mort, si l'on croît ce qu'en ont pu connaître ses contemporains.
Enfin, l'enseignement devait transmettre toutes les formules et les rites des cérémonies religieuses. Or, il paraît certain que plus encore chez les Gaulois que chez les autres peuples que l'on appelle «primitifs», la religion embrasse tout le cycle des connaissances, comme elle paraît avoir déterminé chez eux tout le cycle de la vie quotidienne, marquant les grands événements comme les besognes familières.
Ce caractère commun à différents peuples, est plus fortement marqué en civilisation celtique que partout ailleurs, puisque les druides sont à la fois prêtres et enseignants, seuls prêtres et seuls enseignants.
Le druidisme n'est pas mentionné par les Galli en Italie, non plus dans les Alpes. La thèse qu'il serait venu des Îles britanniques, n'a pas été réfutée jusqu'ici et d'autant moins, que pour le centre continental de la région des Carnutes - correspondant aux citées ultérieures de Chartres et d'Orléans - des contacts avec des «experts» druidiques d'outre-Manche sont mentionnés.
Certaine pour la Gaule, l'immolation des victimes humaines, cette pratique, l'est moins pour les Galli d'Italie : les Romains qui les ont connu le mieux et le plus longtemps, n'en parlent pas... ce qui suggère une relation de cause à effet entre la présence des druides et le sacrifice humain.
- Diodore de Sicile ajoute que les philosophes sont aussi des devins : « Ces devins à qui on accorde une grande autorité, prédisent l'avenir en observant les oiseaux... C'est surtout quand ils consultent les présages pour quelques grands intérêts qu'ils pratiquent un rituel incroyable et bizarre. Après avoir consacré un homme, ils le frappent avec une épée et quand la victime est tombée, ils prédisent l'avenir d'après la chute, l'agitation des membres et écoulement du sang... »
Même si les druides choisissaient de préférence des criminels comme victimes, les sacrifices ritualisés d'êtres humains, horrifiaient les Romains. Tibère puis Claude les interdirent définitivement. Ce n'est donc pas seulement pour des raisons politiques que le pouvoir des druides et le pouvoir romain s'excluaient réciproquement. Les druides avaient compris tout de suite le danger des influences romaines pour l'emprise qu'ils avaient sur l'âme des populations celtiques... Leur succès limité dans l'appel à la lutte contre César indique ainsi les limites de cette emprise avant même la victoire des Romains.
Royauté
[ La « royauté », fonction de chef spirituel propre aux peuples indo-européens remonte à des temps forts anciens et n'avait qu'une réalité très affaiblie dans la Gaule des cinq siècles précédent la conquête romaine. C'est d'ailleurs ce qu'indiquent tous les témoignages historiques disponibles... Cette « royauté » avait tout l'air d'une magistrature suprême, accordée pour une durée déterminée, par le sénat ou aux aspirations de la jeunesse.
Les quelques « rois » gaulois qui ont laissé des traces dans l'histoire ont en effet deux particularités concomitantes, celle de ne pas avoir obtenu leur titre de façon héréditaire, et celle d'avoir été nommé par le sénat. ]
Il y avait une impossibilité théologique, doctrinale et pratique du druide de devenir roi ou du roi de devenir druide.
Le druide et le roi étaient les deux parties, indissociables et solidaires, d'un tout qui se nomme souveraineté. Le druide et le roi étaient souverains dans la mesure où le druide conseillait le roi, c'est-à-dire l'autorité spirituelle, et où le roi mettait en pratique le conseil du druide, c'est-à-dire exerçait le pouvoir temporel.
Jamais le druide ne contrariait le roi quand ce dernier n'avait commis aucune faute mettant en péril l'essence de la royauté. Il ne le contraignait non plus à faire quelque chose contre son gré.
L'autorité spirituelle du druide n'était pas transposable ou transformable en pouvoir temporel.
Avec la suppression de la royauté, la montée d'oligarchies et d'ambitions nobiliaires, il restait aux druides les choses de la religion et l'enseignement traditionnel. Mais dans ces deux domaines, ils ont été concurrencés, immédiatement, d'une part, par l'instauration du culte impérial et la diffusion de la religion romaine officielle et d'autre part par la fondation d'écoles latines ou l'enseignement qui n'était plus oral mais écrit, ne pouvait inclure la littérature orale gauloise.
Quand la Gaule fut sous domination romaine, la religion ne fut pas oubliée des administrateurs, si le clergé et le culte lui-même furent respectés, ils subirent des transformations, moins volontaires qu'indirectes. Les druides gaulois étaient des nobles.
... Comme l'ensemble de la noblesse, ils se retrouvèrent parmi les cadres locaux de l'administration des cités. Auguste (27 av J.C.) se contente d'interdire la fonction de druide et le culte druidique, (les sacrifices) à tous les citoyens romains et à tous ceux qui prétendaient le devenir. Rapidement le clergé gaulois vit son recrutement se tarir. Avec lui, c'est le culte et toute la mémoire religieuse des Gaulois qui s'appauvrit pour disparaître presque entièrement.
Sources :
Religions et histoires N°10
Dossier pour la science N°61
http://jfbradu.free.fr/lesceltes./savoi ... ruides-htm.
Archéologia octobre 2007
Actualité de l'histoire janvier 2008
La civilisation celtique : Christian.J.Guyonvarch, Françoise Le Roux
La société celtique : Christian.J.Guyonvarch, Françoise Le Roux
Les Gaulois : Jean-Louis Brunaux
Les Gaulois : Régine Pernou
Histoire de France / Les origines : karl Ferdinand Werner
Pat
Savants, philosophes.....
Guides religieux des peuples celtiques, ils sont chargés du culte-des-cultes, de l'éducation, de la réflexion commune, de l'établissement d'une philosophie.
Leurs compétences sont multiples :
- druides au sens religieux, théologiens,
- ovates (mages adeptes de la civilisation naturelle),
- bardes (chroniqueurs, poètes, passeurs de mémoire collective et de la culture).
[ - Strabon (IV-4) fut l'un des rares à tenter d'opérer une distinction au sein de cette classe sacerdotale :
« On rend de très grands honneurs à trois sorte d'hommes : les bardes, les vates et les druides ; les bardes sont chanteurs et poètes, les vates sacrificateurs et physiologues, les druides outre les sciences de la nature, étudient la philosophie morale. »
- Cicéron dans De Divinatione (I-40) fait ce portrait :
« La divination n'est même pas négligée en Gaule. Parmi les druides, j'ai connu cet Eduen Diviciacos, ton hôte et admirateur qui prétendait connaître les lois de la nature, ce que les Grecques appellent physiologie ; il prédisait ce qui devait arriver, soit par des augures, soit par conjoncture. »
- Diodore de Sicile (V-28) assure que :
« La doctrine pythagoricienne prévaut parmi eux, enseignant que les âmes des hommes sont immortelles et revivent dans un autre corps. »
- Lucain est l'un des rares auteurs classiques à avoir saisi cette perception de l'illimité qui caractérise les Celtes :
« D'après les druides, les âmes ne descendent ni dans les demeures silencieuses de l'Erèbe(1), ni dans les profondeurs des pâles royaumes de Pluton. Le même souffle les anime dans un autre monde, et la mort n'est que le milieu d'une longue existence. » ]
(1) Erèbe représente la partie la plus ténébreuse des enfers. Il est le fils du Chaos et le frère (et l'époux) de la Nuit. (Nyx) ...
La première et peut-être la plus importante doctrine des druides est inscrite dans l'étymologie(2) de leur nom : dru-ui-des « les très savants », la science étant à prendre ici dans l'acceptation triple de sagesse, de science sacrée et de connaissance.
Le nom de druide conjugue la sagesse, la connaissance et le savoir, par l'étymologie réelle et la force (c'est-à-dire essentiellement la capacité de traduire leur savoir en pratique) par l'étymologie symbolique.
(2) Science qui étudie l’origine et l’histoire des mots et des locutions.
C'est en application ou en conséquence de ce symbolisme que l'on rencontre parfois des druides qui font la guerre ou qui portent des armes.
La caste des druides est au sommet de la hiérarchie.
En raison de son statut et du prestige attaché à sa fonction, parce qu'il juriste, il est le détenteur « des relations diplomatiques pour prévenir la guerre ou régler les compensations après l'agression ». Il est aussi le gardien de la mémoire de la « tribu ».
Pour certains auteurs les druides seraient les successeurs des hommes-médecine du Chamanisme archaïque et devinrent peu à peu les hommes du savoir.
« Progressivement, les hommes de savoir, groupés en confrérie comme l'étaient déjà les chamanes, devinrent hommes de réflexion, autrement dit des philosophes. À ce point donné, la mutation était achevée : les druides avaient remplacé les chamanes. » (Marc Questin, La tradition magique des druides)
Les druides dictaient le dogme et la morale, réglaient la liturgie des cérémonies religieuses, observaient les mouvements des astres afin d'établir le calendrier nécessaire à la tenue des grandes fêtes annuelles, pansaient les blessures, réduisaient les fractures, pratiquaient la magie et transmettaient au coeur des forêts leur enseignement aux jeunes aristocrates de moins de vingt ans.
Les futurs druides recevaient une éducation scientifique et théorique, qui durait vingt ans. Comme les pythagoriciens, les druides formaient une sorte de secte qui cherchait à reproduire son savoir et à le prolonger dans le temps.
N'utilisant pas l'écriture, ils transmettaient toutes leurs connaissances de manière orale. Certains se cantonnaient à un domaine précis tandis que les plus compétents acquièrent une vue encyclopédique sur les sciences de leur temps, on pressentaient ainsi une sorte de « hiérarchie savante » chez les druides. Les aristocrates faisaient parfois venir à domicile un maître, druide ou intellectuel.
« Les druides dissertent abondamment sur les astres et leurs mouvements, sur la grandeur du monde et de la Terre, et sur la nature des choses, sur la puissance des dieux immortels. » (J. César)
Un exemple frappant de la connaissance des astres par les druides est la célèbre cruche de Brno Haloměrěce, retrouvée en 1941 sur la nécropole celtique du même nom. Celle-ci en effet possède sur son pourtour la représentation du ciel de Brno en 280 av J.C dont la constellation du Cygne, un ciel d'été et la constellation du Taureau un ciel d'hiver. On trouve aussi les Gémeaux, et le soleil à ses deux solstices.
Depuis la Haute Antiquité, la plupart des peuples gaulois élisaient chaque année, un chef pour la gestion des affaires intérieures ( le vergobret) et désignaient un stratège pour la guerre. D'après Strabon, ce système existaient depuis au moins le Ve-IVe siècle av J.C. Cette élection d'un magistrat civil et la désignation d'un magistrat militaire était une réponse particulièrement efficace à toute tentative de tyrannie ou de restauration des anciennes monarchies.
Dans l'établissement de ces magistratures et de constitutions qui les accompagnaient, les druides ont joué un rôle prépondérant dont témoigne une autre règle, également mentionnée par César à propos des Éduens : le verbroguet est élu sous la présidence des/et avec les prêtres.
Les druides choisissaient ou faisaient choisir les hommes qui avaient leur confiance. Il est probable que souvent, c'était un des leurs qui devenait magistrat, c'est le cas de Diviciac (Diviciacos), chez les Éduens.
Les constitutions des civitates gauloises montraient une réelle originalité. Les chefs avaient des pouvoirs définis et limités, les assemblées populaires, guerrière et sénatoriale leurs opposaient un contre-pouvoir efficace, mais en sous-main les druides exerçaient une influence majeure.
Contrairement à l'opinion de César, qui affirma que le point essentiel de la doctrine des druides serait la morale, les historiens des religions celtiques comme Vendryes ou N.L. Scoested considère que les notions d'ordre moral ou philosophique - au sens humaniste du mot - en sont absentes à peu de chose près ; on a conservé qu'un seul précepte en usage, sous forme d'une triade, ce qui devait être un mode d'expression courant : honorer les dieux, fuir le mal, pratiquer la bravoure. C'est l'unique vestige d'un enseignement qui devait développer la croyance en l'immortalité de l'âme et exalter le courage et le mépris de la mort, si l'on croît ce qu'en ont pu connaître ses contemporains.
Enfin, l'enseignement devait transmettre toutes les formules et les rites des cérémonies religieuses. Or, il paraît certain que plus encore chez les Gaulois que chez les autres peuples que l'on appelle «primitifs», la religion embrasse tout le cycle des connaissances, comme elle paraît avoir déterminé chez eux tout le cycle de la vie quotidienne, marquant les grands événements comme les besognes familières.
Ce caractère commun à différents peuples, est plus fortement marqué en civilisation celtique que partout ailleurs, puisque les druides sont à la fois prêtres et enseignants, seuls prêtres et seuls enseignants.
Le druidisme n'est pas mentionné par les Galli en Italie, non plus dans les Alpes. La thèse qu'il serait venu des Îles britanniques, n'a pas été réfutée jusqu'ici et d'autant moins, que pour le centre continental de la région des Carnutes - correspondant aux citées ultérieures de Chartres et d'Orléans - des contacts avec des «experts» druidiques d'outre-Manche sont mentionnés.
Certaine pour la Gaule, l'immolation des victimes humaines, cette pratique, l'est moins pour les Galli d'Italie : les Romains qui les ont connu le mieux et le plus longtemps, n'en parlent pas... ce qui suggère une relation de cause à effet entre la présence des druides et le sacrifice humain.
- Diodore de Sicile ajoute que les philosophes sont aussi des devins : « Ces devins à qui on accorde une grande autorité, prédisent l'avenir en observant les oiseaux... C'est surtout quand ils consultent les présages pour quelques grands intérêts qu'ils pratiquent un rituel incroyable et bizarre. Après avoir consacré un homme, ils le frappent avec une épée et quand la victime est tombée, ils prédisent l'avenir d'après la chute, l'agitation des membres et écoulement du sang... »
Même si les druides choisissaient de préférence des criminels comme victimes, les sacrifices ritualisés d'êtres humains, horrifiaient les Romains. Tibère puis Claude les interdirent définitivement. Ce n'est donc pas seulement pour des raisons politiques que le pouvoir des druides et le pouvoir romain s'excluaient réciproquement. Les druides avaient compris tout de suite le danger des influences romaines pour l'emprise qu'ils avaient sur l'âme des populations celtiques... Leur succès limité dans l'appel à la lutte contre César indique ainsi les limites de cette emprise avant même la victoire des Romains.
Royauté
[ La « royauté », fonction de chef spirituel propre aux peuples indo-européens remonte à des temps forts anciens et n'avait qu'une réalité très affaiblie dans la Gaule des cinq siècles précédent la conquête romaine. C'est d'ailleurs ce qu'indiquent tous les témoignages historiques disponibles... Cette « royauté » avait tout l'air d'une magistrature suprême, accordée pour une durée déterminée, par le sénat ou aux aspirations de la jeunesse.
Les quelques « rois » gaulois qui ont laissé des traces dans l'histoire ont en effet deux particularités concomitantes, celle de ne pas avoir obtenu leur titre de façon héréditaire, et celle d'avoir été nommé par le sénat. ]
Il y avait une impossibilité théologique, doctrinale et pratique du druide de devenir roi ou du roi de devenir druide.
Le druide et le roi étaient les deux parties, indissociables et solidaires, d'un tout qui se nomme souveraineté. Le druide et le roi étaient souverains dans la mesure où le druide conseillait le roi, c'est-à-dire l'autorité spirituelle, et où le roi mettait en pratique le conseil du druide, c'est-à-dire exerçait le pouvoir temporel.
Jamais le druide ne contrariait le roi quand ce dernier n'avait commis aucune faute mettant en péril l'essence de la royauté. Il ne le contraignait non plus à faire quelque chose contre son gré.
L'autorité spirituelle du druide n'était pas transposable ou transformable en pouvoir temporel.
Avec la suppression de la royauté, la montée d'oligarchies et d'ambitions nobiliaires, il restait aux druides les choses de la religion et l'enseignement traditionnel. Mais dans ces deux domaines, ils ont été concurrencés, immédiatement, d'une part, par l'instauration du culte impérial et la diffusion de la religion romaine officielle et d'autre part par la fondation d'écoles latines ou l'enseignement qui n'était plus oral mais écrit, ne pouvait inclure la littérature orale gauloise.
Quand la Gaule fut sous domination romaine, la religion ne fut pas oubliée des administrateurs, si le clergé et le culte lui-même furent respectés, ils subirent des transformations, moins volontaires qu'indirectes. Les druides gaulois étaient des nobles.
... Comme l'ensemble de la noblesse, ils se retrouvèrent parmi les cadres locaux de l'administration des cités. Auguste (27 av J.C.) se contente d'interdire la fonction de druide et le culte druidique, (les sacrifices) à tous les citoyens romains et à tous ceux qui prétendaient le devenir. Rapidement le clergé gaulois vit son recrutement se tarir. Avec lui, c'est le culte et toute la mémoire religieuse des Gaulois qui s'appauvrit pour disparaître presque entièrement.
Sources :
Religions et histoires N°10
Dossier pour la science N°61
http://jfbradu.free.fr/lesceltes./savoi ... ruides-htm.
Archéologia octobre 2007
Actualité de l'histoire janvier 2008
La civilisation celtique : Christian.J.Guyonvarch, Françoise Le Roux
La société celtique : Christian.J.Guyonvarch, Françoise Le Roux
Les Gaulois : Jean-Louis Brunaux
Les Gaulois : Régine Pernou
Histoire de France / Les origines : karl Ferdinand Werner
Pat
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