Les historiens comme Henri Amouroux, François-Georges Dreyfus ou un homme politique et essayiste tel qu'Alain Griotteray ont bien montré que, durant la Deuxième Guerre mondiale, les premiers résistants français furent de droite et de très nombreux collaborateurs de gauche. Cette vérité commence à peine à émerger dans notre hexagone sinistré par la pensée unique.
Journaliste et historien rigoureux, Jean-Claude Valla confirme, s'intéressant de près et avec honnêteté au combat des socialistes dans la Collaboration. En premier lieu, il s'attache à décrire le parcours et les idées du socialiste pacifiste Marcel Déat, dirigeant du premier parti politique collaborationniste, le Rassemblement national populaire (RNP). Préconisant une collaboration franco-allemande radicale, Déat venait de la SFIO et défendra les principes d'une république laïque, anticléricale et totalitaire. Stigmatisant l' «attentisme» de Vichy dès 1940, il se convertit à un « national-socialisme à la française » jusqu'au-boutiste et milite plus largement en faveur d'un socialisme révolutionnaire européen unifié en rupture totale avec la réaction bourgeoise et le capitalisme d'obédience anglo-saxonne. Et Valla de nous brosser les portraits d'autres socialistes nationaux engagés dans la Collaboration : Charles Spinasse, Hubert Lagardelle, Claude Jamet, Ludovic Zoretti, sans oublier Georges Soulès plus connu sous le nom de Raymond Abellio.
Ne réduisant pas son champ d'investigation à la France, Jean Claude Valla consacre plus d'un chapitre au socialiste planiste belge Henri De Man (1885-1953), Président du Parti ouvrier belge (POB), ancien ministre socialiste des Travaux publics, puis des Finances, De Man est à la fois un intellectuel et un homme politique réaliste, qualités conjuguées d'une extrême rareté.
Une anecdote méconnue nous est livrée par Valla : en 1940, De Man dîne à l'ambassade d'Allemagne à Paris avec le chef rexiste Léon Degrelle auquel il s'était opposé dans les années 1930 en Belgique. Conviés par Otto Abetz et se retrouvant en compagnie du SS-Standartenfuhrer Helmut Knochen, les deux hommes discutent de différents projets. Un seul retient vraiment leur attention, qui les amènera à se revoir quelques semaines plus tard : ils veulent former un gouvernement De Man-Degrelle pour la Belgique ! Le projet échouera de peu, en raison du refus d'Adolf Hitler de voir cette alliance se nouer.
Ce numéro double des Cahiers libres d'Histoire associe toutes les qualités de rigueur historique, de précision des références, de vigueur stylistique, de nuances idéologiques et d'originalité du point de vue. Les nombreuses photos assorties de commentaires résumés, les multiples notes et l'index final sont également très précieux. Un maître ouvrage sur le sujet de la Collaboration.
Les Socialistes et la Collaboration, De Jaurès à Hitler, par Jean-Claude Valla, Les Cahiers libres d'Histoire n°13-14, Editions de la Librairie nationale, 198 pages, 22,00 euros
A.-G. J. Choc du Mois Octobre 2006
Journaliste et historien rigoureux, Jean-Claude Valla confirme, s'intéressant de près et avec honnêteté au combat des socialistes dans la Collaboration. En premier lieu, il s'attache à décrire le parcours et les idées du socialiste pacifiste Marcel Déat, dirigeant du premier parti politique collaborationniste, le Rassemblement national populaire (RNP). Préconisant une collaboration franco-allemande radicale, Déat venait de la SFIO et défendra les principes d'une république laïque, anticléricale et totalitaire. Stigmatisant l' «attentisme» de Vichy dès 1940, il se convertit à un « national-socialisme à la française » jusqu'au-boutiste et milite plus largement en faveur d'un socialisme révolutionnaire européen unifié en rupture totale avec la réaction bourgeoise et le capitalisme d'obédience anglo-saxonne. Et Valla de nous brosser les portraits d'autres socialistes nationaux engagés dans la Collaboration : Charles Spinasse, Hubert Lagardelle, Claude Jamet, Ludovic Zoretti, sans oublier Georges Soulès plus connu sous le nom de Raymond Abellio.
Ne réduisant pas son champ d'investigation à la France, Jean Claude Valla consacre plus d'un chapitre au socialiste planiste belge Henri De Man (1885-1953), Président du Parti ouvrier belge (POB), ancien ministre socialiste des Travaux publics, puis des Finances, De Man est à la fois un intellectuel et un homme politique réaliste, qualités conjuguées d'une extrême rareté.
Une anecdote méconnue nous est livrée par Valla : en 1940, De Man dîne à l'ambassade d'Allemagne à Paris avec le chef rexiste Léon Degrelle auquel il s'était opposé dans les années 1930 en Belgique. Conviés par Otto Abetz et se retrouvant en compagnie du SS-Standartenfuhrer Helmut Knochen, les deux hommes discutent de différents projets. Un seul retient vraiment leur attention, qui les amènera à se revoir quelques semaines plus tard : ils veulent former un gouvernement De Man-Degrelle pour la Belgique ! Le projet échouera de peu, en raison du refus d'Adolf Hitler de voir cette alliance se nouer.
Ce numéro double des Cahiers libres d'Histoire associe toutes les qualités de rigueur historique, de précision des références, de vigueur stylistique, de nuances idéologiques et d'originalité du point de vue. Les nombreuses photos assorties de commentaires résumés, les multiples notes et l'index final sont également très précieux. Un maître ouvrage sur le sujet de la Collaboration.
Les Socialistes et la Collaboration, De Jaurès à Hitler, par Jean-Claude Valla, Les Cahiers libres d'Histoire n°13-14, Editions de la Librairie nationale, 198 pages, 22,00 euros
A.-G. J. Choc du Mois Octobre 2006
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