mercredi 21 janvier 2009

18 juillet 1918 : le calvaire de la Sainte Russie

A Iekaterinbourg (aujourd'hui Sverdlovsk), dans l'Oural, des coups de feu claquent dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. Le bruit des détonations arrive étouffé, à l'extérieur car la tuerie qui vient d'avoir lieu s'est produite dans la cave de la maison Ipatiev. C'est là que gisent, dans une mare de sang, les corps martyrisés du tsar Nicolas II, de l'impératrice-Alexandra et de leurs cinq enfants. Les bolcheviks marquent, par cet assassinat collectif, leur volonté d'éradiquer le passé de la Russie. Il s'agit, à l'imitation des révolutionnaires français de 1793 guillotinant le roi et la reine ; d'appliquer le principe proclamé par l'Internationale : « du passé, faisons table rase ». Cette volonté de « table rase », de nier un héritage historique par l'élimination physique ce ceux qui en sont l'incarnation hautement symbolique, est la commune caractéristique de toutes les grandes utopies collectives, de toutes les idéologies messianiques. Il faut « exterminer la race des vipères » selon l'expression imagée utilisée par un pape médiéval à l'encontre de la dynastie honnie des Hohenstaufen. Dès leur arrivée au pouvoir, à l'automne 1917, les bolchéviks n'ont d'ailleurs rien eu de plus pressé que de créer, le 7 décembre, une police politique, la Tchéka, dont le nom seul va très vite devenir synonyme de terreur et de mort pour des millions de personnes.
Victime de la logique exterminationniste des bolcheviks, Nicolas II avait pourtant, au cours de son règne, été poussé, par son tempérament pacifique, à des solutions de conciliation : il avait ainsi espéré faire triompher en Europe l'idée de la paix en prenant l'initiative, en 1899, de la première Conférence internationale de la paix à La Haye. Mais cette bonne volonté ne pouvait rien devant l'implacable enchaînement des événements qui, après avoir plongé dans la guerre, en, 1914, une Russie qui n'y était en rien préparée (et pansait encore les blessures reçues lors de la guerre russo-japonaise de 1905), conduisit à la révolution de 1917.
Désemparé devant la montée des périls, déstabilisé par l'influence néfaste de Raspoutine, personnage extrêmement trouble finalement éliminé par des officiers, Nicolas II se croit contraint, le 15 mars 1917, à l'abdication - souhaitée par la Douma (assemblée nationale) et les chefs militaires - lorsqu'il se retrouve prisonnier de cheminots révolutionnaires, qui ont bloqué le train impérial. D'abord gardé à vue avec sa famille à Tsarkoïe Selo, le tsar est transféré à Tobolsk, en Sibérie, en septembre 1917, car le nouveau pouvoir craint un coup de force d'officiers restés fidèles à la monarchie. Un nouveau transfert conduit, en avril 1918, la famille impériale sur les lieux de son supplice. Lequel est expliqué, voire justifié, par les «historiens» politiquement corrects par l'avancée d'un corps de Russes blancs en direction de l'Oural ...
Aujourd'hui résonne à nouveau, de Moscou à Saint-Pétersbourg, le cri de « Vive la Sainte Russie ! ».
P V National Hebdo du 13 au 19 juillet 1995

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