Alors que le Salon de l'Agriculture ouvrait ses portes à Paris dans un climat rendu morose par le renchérissement des prix agricoles et ses répercussions sur le fameux « panier de la ménagère », l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), appendice de l'ONU, découvrait l'état catastrophique de la planète après un demi-siècle de pillages ... auxquels elle n'est pas étrangère. N'est-ce pas le système mondialement planifié, appuyé sur le productivisme et la prolifération alimentaire génératrice de stocks gigantesques, qui a conçu des procédés de redistribution assurant la survie contre-nature de milliards d'individus, esquivant ainsi la régulation naturelle des flux démographiques ? Ce processus a conduit à l'impasse actuelle. Bientôt sept milliards d'habitants et 9 à l'horizon 2050.
Jusque-là on nous assurait qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter : la technologie garantirait une croissance des productions alimentaires en rapport avec l'essor démographique. On pourrait même, clamait-on, nourrir 13 milliards de personnes. Tout ne serait qu'affaire de redistribution ! Las, de toutes parts montent d'alarmistes prévisions.
La raréfaction des énergies fossiles, dans une économie mondiale où la croissance industrielle débridée, est le moteur de la survie du système, pose soudain de gigantesques interrogations. Nourrir neuf milliards de terriens requiert l'utilisation d'eau, de biotechnologies, de machinisme, de dérivés pétroliers et de carburants en nombre, en puissance et en quantité accrus. Or au-delà des pénuries il apparaît que les dégradations à l'environnement commises par ces technologies au cours des dernières décennies sont irrévocables tandis que la stérilisation des sols s'étend sur des millions d'hectares. Non seulement les productions ont cessé de croître mais elles diminuent. Les « clubs des 100 (quintaux de blé hectare) » ont des difficultés à recruter. Loin de pouvoir nourrir les populations émergentes, de plus en plus nombreuses à vouloir leur part du gâteau, il devient évident que les terres, arables en général, irrémédiablement détruites au cours du XXe siècle, sauf à être rapidement «régénérées», seront incapables de réaliser l'effort de production que la ruche humaine entend leur imposer.
Afin d'inciter les plus gros consommateurs - majoritairement les Blancs - à se restreindre, au risque de faire capoter l'économie mondiale actionnée par l'endettement et le gaspillage, on les terrorise avec les gaz à effet de serre supposés responsables d'un réchauffement induisant une sécheresse qui ajouterait aux pénuries alimentaires. Attisé par le typhon médiatique, le bobard marche. Mais il ne résoudra rien, s'il peut faire gagner du temps à ceux qui redoutent avant tout la prise de conscience des peuples !
ENTRE STÉRILISATION CHIMIQUE ET FAMINE
C'est ainsi que la FAO vient de publier une étude intitulée « Agriculture biologique et sécurité alimentaire ». selon laquelle l'agriculture bio qui, prétend-elle, couvrirait 31 millions d'hectares dans 120 pays pour un marché global de 40 milliards de US$, devrait voir « intégrer ses objectifs et ses actions dans les stratégies nationales de développement agricole et de réduction de la pauvreté » des gouvernements. Outre l'évidente fausseté des chiffres - quels contrôles sont exercés sur la plus grande partie de ces 31 millions d'hectares ? -, on peut s'interroger sur l'utilisation immédiatement faite de cette annonce par les écologistes qui assurent péremptoirement que « l'agriculture biologique pourrait nourrir le monde ».
On voit bien quelle manœuvre se dessine. L'agriculture productiviste et industrielle, ni durable ni supportable, étant condamnée avec raison, comment nourrir les milliards d'être humains qu'annoncent les statistiques ? A l'évidence, si on ne le dit pas ainsi, il n'y a plus de choix qu'entre l'apocalypse chimique et la famine. Les baudruches du genre « agriculture raisonnée » ont eu tôt fait de se dégonfler, ne ralliant que quelques milliers d'opportunistes. Aussi essaie-t-on de faire croire que cette agriculture "bio", dénoncée il n'y a guère encore par les mêmes progressistes, serait la panacée de nature à sauver le monde. Limitation des carburants fossiles, proclame la FAO, retour à la biodiversité avec rotation de cultures, proximité de la main-d'œuvre et des services, réduction des endettements dus aux achats très coûteux d'engrais et pesticides. C'est beau comme l'antique.
De surcroît plusieurs études, émanant d'organismes technologiques et scientifiques hautement respectables, arrivent, providentiellement, pour montrer que, contrairement aux affirmations des pessimistes qui soulignent la moindre productivité du "bio", celui-ci aurait fait la preuve, dans les pays en développement, d'une bien meilleure efficacité que l'agriculture productiviste mécanisée et chimique. L'égalant dans les pays industrialisés.
Au phytogénéticien suédois Norman Borlaug, couronné hier d'un Prix Nobel pour avoir imposé en Inde l'imbécile «révolution Verte», qui proteste que « nous n'allons pas nourrir 6 milliards d'êtres humains avec des engrais biologiques » (lesquels d'ailleurs ont pratiquement disparu), au chimiste anglais John Emsley, sommité mondiale en matière de toxicité chimique, qui assure qu'une conversion planétaire à l'agriculture biologique provoquerait environ 2 milliards de morts, s'oppose un déferlement de néo-écolos pour lesquels la "bio" banalisée et industrialisée sauvera le monde.
DES MILLIONS D'HECTARES DÉVASTÉS
Ainsi, Bill Liebhardt, chercheur de l'Université de Californie, affirme avoir fait produire à du maïs biologique 94 % d'une récolte conventionnelle, 97 % à du blé biologique, 94 % à du soja. Et 100 % à une tomate biologique. De telles mesures, réalisées en laboratoire, n'ont toutefois aucune valeur réelle. N'est-ce pas ce même type de manipulations qui en un siècle ont conduit au gigantesque fiasco de l'agriculture chimique ? Dans la meilleure des hypothèses - et c'est le cas d'une étude menée par l'Institut de Recherche Suisse pour l'Agriculture Biologique ou d'une compilation, réalisée à partir de 200 études faites en Europe et aux Etats-Unis, par Per Endersen de l'Université Cornell-, l'agriculture biologique atteindrait 80 % de la production chimique. Et on ne discutera pas ici du processus inéluctable de dégradation causé par cette dernière. Non plus que de la certitude qu'un jour l'agriculture bio produira en effet plus que l'autre en train de s'autodétruire. On ne s'étendra pas non plus sur les terribles mises en garde de Lydie et Claude Bourguignon (1) : il faut un hectare de culture par habitant pour nourrir les économies développées quand chaque terrien ne dispose plus que de 2 600 m² de terre cultivée.
Alors que chaque année l'érosion dévaste dans le monde la superficie d'une France, trente mètres de limon s'entassent sous le béton et le bitume de Roissy. Combien de générations faudra-t-il pour réanimer une terre épuisée par la chimie et le machinisme ?
VERS LA GRANDE FAMINE ?
On rappellera en revanche - ce qui échappe aux têtes d' œuf mondialistes - que l'agriculture biologique, véritable sacerdoce, capable en effet de rendements voisins de ceux réalisés par la chimique, exige un savoir-faire exceptionnel, de grandes connaissances techniques et un déchiffrage intuitif de la nature. Ce que ne possèdent plus les agriculteurs modernes couverts de diplômes artificiels, et que n'ont jamais su les paysans du Tiers-Monde sur lesquels on se repose pour la vulgarisation de cette pointilleuse technologie. Après avoir depuis un demi-siècle convaincu l'esprit public citadin de la crasse stupidité du bouseux, il est difficile aujourd'hui de faire admettre au plus grand nombre qu'il n'est pas à la portée du premier venu de produire une alimentation saine, sans chimie et sans gigantisme technologique, et d'élever avec doigté des troupeaux sans antibiotiques, hormones ni compléments de synthèse.
On peut douter qu'avec une telle surpopulation globale, quelque mécanisme puisse empêcher la Grande Famine. En tout cas, pour que l'agriculture biologique puisse nourrir la planète, faudra-t-il encore trouver les millions de magiciens indispensables à cette contre-révolution. Ainsi que les sages capables de les instruire. Et ça c'est la quadrature du cercle.
(1) Claude Bourguignon Le Sol, la Terre et les Champs, éd. Le Sang de la Terre. Epuisé. Réédité en février 2008. Voir aussi toute l'œuvre du Japonais Masanobu Fukuoa.
Petrus AGRICOLA. RIVAROL du 29 février 2008
Jusque-là on nous assurait qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter : la technologie garantirait une croissance des productions alimentaires en rapport avec l'essor démographique. On pourrait même, clamait-on, nourrir 13 milliards de personnes. Tout ne serait qu'affaire de redistribution ! Las, de toutes parts montent d'alarmistes prévisions.
La raréfaction des énergies fossiles, dans une économie mondiale où la croissance industrielle débridée, est le moteur de la survie du système, pose soudain de gigantesques interrogations. Nourrir neuf milliards de terriens requiert l'utilisation d'eau, de biotechnologies, de machinisme, de dérivés pétroliers et de carburants en nombre, en puissance et en quantité accrus. Or au-delà des pénuries il apparaît que les dégradations à l'environnement commises par ces technologies au cours des dernières décennies sont irrévocables tandis que la stérilisation des sols s'étend sur des millions d'hectares. Non seulement les productions ont cessé de croître mais elles diminuent. Les « clubs des 100 (quintaux de blé hectare) » ont des difficultés à recruter. Loin de pouvoir nourrir les populations émergentes, de plus en plus nombreuses à vouloir leur part du gâteau, il devient évident que les terres, arables en général, irrémédiablement détruites au cours du XXe siècle, sauf à être rapidement «régénérées», seront incapables de réaliser l'effort de production que la ruche humaine entend leur imposer.
Afin d'inciter les plus gros consommateurs - majoritairement les Blancs - à se restreindre, au risque de faire capoter l'économie mondiale actionnée par l'endettement et le gaspillage, on les terrorise avec les gaz à effet de serre supposés responsables d'un réchauffement induisant une sécheresse qui ajouterait aux pénuries alimentaires. Attisé par le typhon médiatique, le bobard marche. Mais il ne résoudra rien, s'il peut faire gagner du temps à ceux qui redoutent avant tout la prise de conscience des peuples !
ENTRE STÉRILISATION CHIMIQUE ET FAMINE
C'est ainsi que la FAO vient de publier une étude intitulée « Agriculture biologique et sécurité alimentaire ». selon laquelle l'agriculture bio qui, prétend-elle, couvrirait 31 millions d'hectares dans 120 pays pour un marché global de 40 milliards de US$, devrait voir « intégrer ses objectifs et ses actions dans les stratégies nationales de développement agricole et de réduction de la pauvreté » des gouvernements. Outre l'évidente fausseté des chiffres - quels contrôles sont exercés sur la plus grande partie de ces 31 millions d'hectares ? -, on peut s'interroger sur l'utilisation immédiatement faite de cette annonce par les écologistes qui assurent péremptoirement que « l'agriculture biologique pourrait nourrir le monde ».
On voit bien quelle manœuvre se dessine. L'agriculture productiviste et industrielle, ni durable ni supportable, étant condamnée avec raison, comment nourrir les milliards d'être humains qu'annoncent les statistiques ? A l'évidence, si on ne le dit pas ainsi, il n'y a plus de choix qu'entre l'apocalypse chimique et la famine. Les baudruches du genre « agriculture raisonnée » ont eu tôt fait de se dégonfler, ne ralliant que quelques milliers d'opportunistes. Aussi essaie-t-on de faire croire que cette agriculture "bio", dénoncée il n'y a guère encore par les mêmes progressistes, serait la panacée de nature à sauver le monde. Limitation des carburants fossiles, proclame la FAO, retour à la biodiversité avec rotation de cultures, proximité de la main-d'œuvre et des services, réduction des endettements dus aux achats très coûteux d'engrais et pesticides. C'est beau comme l'antique.
De surcroît plusieurs études, émanant d'organismes technologiques et scientifiques hautement respectables, arrivent, providentiellement, pour montrer que, contrairement aux affirmations des pessimistes qui soulignent la moindre productivité du "bio", celui-ci aurait fait la preuve, dans les pays en développement, d'une bien meilleure efficacité que l'agriculture productiviste mécanisée et chimique. L'égalant dans les pays industrialisés.
Au phytogénéticien suédois Norman Borlaug, couronné hier d'un Prix Nobel pour avoir imposé en Inde l'imbécile «révolution Verte», qui proteste que « nous n'allons pas nourrir 6 milliards d'êtres humains avec des engrais biologiques » (lesquels d'ailleurs ont pratiquement disparu), au chimiste anglais John Emsley, sommité mondiale en matière de toxicité chimique, qui assure qu'une conversion planétaire à l'agriculture biologique provoquerait environ 2 milliards de morts, s'oppose un déferlement de néo-écolos pour lesquels la "bio" banalisée et industrialisée sauvera le monde.
DES MILLIONS D'HECTARES DÉVASTÉS
Ainsi, Bill Liebhardt, chercheur de l'Université de Californie, affirme avoir fait produire à du maïs biologique 94 % d'une récolte conventionnelle, 97 % à du blé biologique, 94 % à du soja. Et 100 % à une tomate biologique. De telles mesures, réalisées en laboratoire, n'ont toutefois aucune valeur réelle. N'est-ce pas ce même type de manipulations qui en un siècle ont conduit au gigantesque fiasco de l'agriculture chimique ? Dans la meilleure des hypothèses - et c'est le cas d'une étude menée par l'Institut de Recherche Suisse pour l'Agriculture Biologique ou d'une compilation, réalisée à partir de 200 études faites en Europe et aux Etats-Unis, par Per Endersen de l'Université Cornell-, l'agriculture biologique atteindrait 80 % de la production chimique. Et on ne discutera pas ici du processus inéluctable de dégradation causé par cette dernière. Non plus que de la certitude qu'un jour l'agriculture bio produira en effet plus que l'autre en train de s'autodétruire. On ne s'étendra pas non plus sur les terribles mises en garde de Lydie et Claude Bourguignon (1) : il faut un hectare de culture par habitant pour nourrir les économies développées quand chaque terrien ne dispose plus que de 2 600 m² de terre cultivée.
Alors que chaque année l'érosion dévaste dans le monde la superficie d'une France, trente mètres de limon s'entassent sous le béton et le bitume de Roissy. Combien de générations faudra-t-il pour réanimer une terre épuisée par la chimie et le machinisme ?
VERS LA GRANDE FAMINE ?
On rappellera en revanche - ce qui échappe aux têtes d' œuf mondialistes - que l'agriculture biologique, véritable sacerdoce, capable en effet de rendements voisins de ceux réalisés par la chimique, exige un savoir-faire exceptionnel, de grandes connaissances techniques et un déchiffrage intuitif de la nature. Ce que ne possèdent plus les agriculteurs modernes couverts de diplômes artificiels, et que n'ont jamais su les paysans du Tiers-Monde sur lesquels on se repose pour la vulgarisation de cette pointilleuse technologie. Après avoir depuis un demi-siècle convaincu l'esprit public citadin de la crasse stupidité du bouseux, il est difficile aujourd'hui de faire admettre au plus grand nombre qu'il n'est pas à la portée du premier venu de produire une alimentation saine, sans chimie et sans gigantisme technologique, et d'élever avec doigté des troupeaux sans antibiotiques, hormones ni compléments de synthèse.
On peut douter qu'avec une telle surpopulation globale, quelque mécanisme puisse empêcher la Grande Famine. En tout cas, pour que l'agriculture biologique puisse nourrir la planète, faudra-t-il encore trouver les millions de magiciens indispensables à cette contre-révolution. Ainsi que les sages capables de les instruire. Et ça c'est la quadrature du cercle.
(1) Claude Bourguignon Le Sol, la Terre et les Champs, éd. Le Sang de la Terre. Epuisé. Réédité en février 2008. Voir aussi toute l'œuvre du Japonais Masanobu Fukuoa.
Petrus AGRICOLA. RIVAROL du 29 février 2008
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