Quel crime avait-elle commis ? Dossier vide, absence de preuves, accusations fausses, juges partiaux, réquisitoire attendu, défense inutile, verdict écrit d'avance : tel fut le procès de Marie-Antoinette. Emmanuel de Waresquiel ne se contente pas de relater une nouvelle fois cet épisode honteux. En bon chercheur, le spécialiste des XVIIIe et XIXe siècles, biographe de Talleyrand et de Fouché, est allé dans les archives pour consulter les pièces originales du procès, comme pour fouiller, ce qui n'avait jamais été fait, la biographie des jurés. Son enquête va jusqu'à reconstituer la topographie des lieux, aujourd'hui occupés par la Ière chambre du tribunal de grande instance de la cour d'appel de Paris. Le récit, remarquablement écrit, se lit d'un trait. Moins de trois jours auront été nécessaires pour conduire à l'échafaud une femme dont le seul tort était d'être archiduchesse d'Autriche, reine de France, veuve d'un roi sacrifié, mère d'un roi potentiel.
En conclusion, l'auteur s'adonne à une belle méditation sur cette figure tragique qui, toute sa vie, avait cherché à échapper à son destin, puis avait décidé, enfin, de le rejoindre : « Elle a été reine, elle a fait son métier de reine, elle en a été grandie et elle en est morte. » Un livre à la fois personnel et d'une rigueur historique totale : saluons cette réussite.
Juger la reine. 14-15-16 octobre 1793, d'Emmanuel de Waresquiel, Tallandier, 368 p., 22,50 €.
Repris du Figaro Magazine du 9 & 10 septembre
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