Comme
l’a rappelé Adriano Romualdi, « le porc est un élément typique de la
culture primitive des Indo-Européens et est lié à de très anciens rites,
comme le suovetaurilium romain, ainsi que l’attestent des
sites bien visibles encore aujourd’hui ». Les Grecs aussi sacrifiaient
le cochon, notamment dans le cadre des mystères d’Éleusis. Chez les
Celtes et aussi chez les Germains (notamment les Lombards), nous
retrouvons la trace de ces sacrifices de suidés. Le porc domestique est
de fait l’animal le plus typique de la première culture agro-pastorale
des pays nordiques. Parmi
d’autres auteurs, Walther Darré nous explique que cet animal avait une
valeur sacrée chez les peuples indo-européens de la préhistoire et de la
protohistoire : « ce n’est pas un hasard si la race nordique
considérait comme sacré l’animal typique des sédentaires des forêts de
caducifoliés de la zone froide tempérée (…) et ce n’est pas un hasard
non plus si lors des confrontations entre Indo-Européens et peuples
sémitiques du bassin oriental de la Méditerranée, la présence du porc a
donné lieu à des querelles acerbes ; le porc, en effet, est l’antipode
animal des climats désertiques ».
Il
nous paraît dès lors naturel que les patriciens des tribus
indo-européennes, lors des cérémonies matrimoniales, continuaient à
souligner les éléments agraires de leur culture, en sacrifiant un porc,
qui devait être tué à l’aide d’une hache de pierre. Nous avons donc
affaire à un sens du sacré différent chez les Indo-Européens et chez les
Sémites, qui considèrent les suidés comme impurs mais qui, rappelle
Frazer, ne peuvent pas le tuer : « à l’origine — explique-t-il —, les juifs vénéraient plutôt le porc qu’ils ne l’abhorraient ».
Cette explication de Frazer se confirme par le fait qu’à la fin des
temps d’Isaïe, les juifs se réunissaient secrètement dans des jardins
pour manger de la viande de suidés et de rongeurs selon les
prescriptions d’un rite religieux. Ce type de rite est assurément très
ancien. En somme, conclut Romualdi, « la familiarité de la présence de
porcins est un des nombreux éléments qui nous obligent à voir les
Indo-Européens des origines comme un peuple des forêts du Nord ».
Dans
sa signification symbolique, le porc est associé à la fertilité et son
sacrifice est lié à la vénération due aux dieux et à la conclusion des
pactes et traités. Avec la prédominance du christianisme dans l’Europe
postérieure à l’antiquité classique, le porc a progressivement hérité de
significations que lui attribuaient les peuples sémitiques, notamment
on a finit par faire de lui le symbole de l’impudicité, des passions
charnelles, de la luxure, avant de l’assimiler au diable. Dans la Bible,
en effet, le “gardien de cochons”, image de l’Indo-Européen
agropastoral des premiers temps, est une figure méprisée et
déshonorante, comme le fils prodigue de la parabole, réduit à garder les porcs d’un étranger.
► Alberto Lombardo, article paru dans La Padania, 30 juillet 2000. (tr. fr. : Robert Steuckers)
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