Le célèbre historien 
Michel Winock définissait dans ses ouvrages deux formes de nationalisme,
 le nationalisme « ouvert » et le nationalisme « fermé ».
Le nationalisme « ouvert » qui se caractériserait par une nation généreuse, solidaire, combattant pour la liberté et le nationalisme « fermé » se caractériserait par la peur du déclin, le repli sur soi et le rejet.
Le nationalisme « ouvert » qui se caractériserait par une nation généreuse, solidaire, combattant pour la liberté et le nationalisme « fermé » se caractériserait par la peur du déclin, le repli sur soi et le rejet.
Cette théorie est 
abondamment relayée dans le milieu universitaire, aucun étudiant de fac 
d’histoire ou de Sciences Po n’a pu passer à côté. On pourrait la relier
 à une phrase célèbre du Général De Gaulle : « Le patriotisme c’est 
aimer son pays et le nationalisme c’est détester celui des autres ». 
Entre la théorie universitaire et cette citation du Général De Gaulle, 
l’idée d’une opposition fondamentale entre ceux qui ont une conception 
ouverte de la France et ceux qui ont une conception fermée, sous 
entendant par là que tous ceux qui sont rétifs à l’ouverture, le sont 
aussi « à l’autre », « au progrès », « au vivre ensemble », etc… bref le
 nationalisme « fermé » ou le nationalisme « tout court » ce serait pour
 ceux qui ont peur d’un monde qui change, de la mondialisation. Des gens
 peu éduqués aux idées courtes. Pourtant il faudrait faire un léger 
rappel historique pour replacer ce qu’est historiquement le 
nationalisme.
Le sentiment national va naître historiquement aux alentours de la Révolution française. Si la France est une vieille nation dont le sentiment national commence à se forger dès le Moyen Âge, les historiens considèrent que le sentiment national se diffuse en Europe entre la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. La France est d’ailleurs le pays à l’origine de ce changement, à la fois en imposant l’idée de souveraineté nationale, mais aussi en faisant prendre conscience aux autres peuples de leur spécificité. C’est surement à cette période que va concrètement naître le sentiment national allemand qui se prolongera par l’unité nationale entre 1862 et 1871. C’est la victoire contre le Second empire français qui sera le ciment de cette unité et la racine d’une inimitié féroce entre les deux nations.
Le sentiment national va naître historiquement aux alentours de la Révolution française. Si la France est une vieille nation dont le sentiment national commence à se forger dès le Moyen Âge, les historiens considèrent que le sentiment national se diffuse en Europe entre la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. La France est d’ailleurs le pays à l’origine de ce changement, à la fois en imposant l’idée de souveraineté nationale, mais aussi en faisant prendre conscience aux autres peuples de leur spécificité. C’est surement à cette période que va concrètement naître le sentiment national allemand qui se prolongera par l’unité nationale entre 1862 et 1871. C’est la victoire contre le Second empire français qui sera le ciment de cette unité et la racine d’une inimitié féroce entre les deux nations.
Ce qui forge le 
nationalisme c’est donc la conscience d’appartenir à un peuple ayant une
 histoire, une langue, un territoire en commun. Bien sur avec quelques 
nuances. Ainsi en Allemagne, la question linguistique, qui se superpose 
assez largement à la question raciale dans le courant du XIXe siècle va 
être un élément déterminant du nationalisme allemand, alors qu’en France
 le socle national sera surtout associé au processus unificateur de 
l’Etat. La langue, le territoire et l’héritage historique sont 
essentiellement liés à l’Etat. Nous pouvons ajouter à cela l’impérieuse 
nécessité d’un ennemi commun, seul moyen d‘unifier des groupes humains 
disparates. Il est donc important dans tout processus intégrateur ou 
unificateur de désigner un ennemi à combattre ou à abattre, cela n’est 
donc pas propre au nationalisme, mais le nationalisme a fonctionné sur 
ce mode. Que ce soit la Sainte Alliance en 1815, l’unité italienne ou 
l’unité allemande contre l’Autriche ou l’OTAN en 1948, à chaque fois il a
 fallu désigner un ennemi pour impliquer une dynamique unitaire. C’est 
également la raison d‘être de l’antifascisme, c’est donc un processus 
assez classique, tout à fait banal, même. Le nationalisme français a 
donc du se trouver des ennemis : l’Anglais dans les colonies, l’Allemand
 sur le continent, pour se cimenter. A cela nous pouvons rajouter les 
non moins habituels « ennemis de l’intérieur », ce que Charles Maurras 
appelle les quatre états confédérés ( Juif, Protestant, Maçon,
 Métèque). C'est-à-dire tout ceux accusés de dissoudre le corps social, 
de menacer cette cohésion souvent réalisée au prix de sacrifices sur les
 champs de bataille.
Il faut donc bien 
comprendre que derrière l’image d’un nationalisme fermé, se cache en 
fait le désir d’une unification puissante. Le nationaliste aspire à 
l’unité, mais à une unité basée sur un héritage et non simplement sur 
des valeurs communes, comme le pseudo-nationalisme républicain (au sens 
de la république française actuelle), le nationalisme « ouvert ».
Il ne peut y avoir de 
nationalisme que si nous avons conscience à la fois d’être les héritiers
 d’une histoire commune, celle de la France et si nous combattons un 
ennemi commun hostile à la nation. Aujourd’hui notre ennemie c’est 
l’Union Européenne ainsi que l’influence des Etats-Unis d’Amériques. Le 
« combat pour la race blanche » ce n’est pas du nationalisme la 
« défense de l’identité européenne » non plus. En revanche cela ne 
signifie pas que le nationalisme français ne doit pas se baser sur une 
conception ethnique de la nation, du fait de l’importance de l’héritage,
 pour favoriser l’unité du corps social et politique et pour bâtir une 
nation organique.
Cependant nous 
pourrions noter qu’il faut se questionner autant sur le concept de 
nationalité que sur celui de citoyenneté. En France on désigne par 
nationalité le lien juridique entre un individu et l’Etat et la 
citoyenneté comme un ensemble de droits et de devoir, mais ce sont des 
définitions propres au cadre républicain français qui sont très 
largement abusives. Par exemple ces définitions différent dans le 
contexte russe : la nationalité russe se base sur des critères 
ethno-culturels et la citoyenneté est définie comme l’appartenance à 
l’Etat « russien ». Un tel modèle appliqué en France impliquerait 
nécessairement de se questionner sur le fait de reconnaître plusieurs 
nationalités (bretonne, basque, corse, alsacienne, etc…) en plus d’une 
nationalité « française » et de définir la citoyenneté « française » 
comme l’appartenance à l’Etat, cadre de l’unité, mais deviendrait alors 
un « empire » comme le fut l’empire allemand ou l’empire russe, 
c'est-à-dire un Etat pour plusieurs peuples, plusieurs nationalités. 
Peut-il y avoir un nationalisme français tout en reconnaissant 
l’existence d’autres nationalités au sein même de son territoire? Est-il
 pertinent de recourir à cette dichotomie dans le cadre Français à une 
époque où la maîtrise des langues régionales est peu répandue et où les 
mobilités internes au territoire sont telles qu’il est de plus en plus 
difficile pour les individus de se rattacher à une région historique 
précise ? Quelle place pour les descendants d’européens (polonais, 
italiens, espagnols, belges, suisse, etc…) dans cette configuration ? 
N’est-il pas plus simple de considérer qu’il existe une seule nation, la
 nation française, composée d’européens de langue française tout en 
reconnaissant l’existence de cultures régionales fortes ?
Il convient en tout 
cas de ne pas utiliser le terme de « nationalisme » de façon abusive 
pour désigner tout et n’importe quoi à l’extrême-droite (ou non) de 
l’échiquier politique. Si il faut réfléchir au nationalisme que nous 
voulons fonder tout en restant fidèle à ce qu’est historiquement le 
nationalisme, il faut aussi rester prudent face à ceux qui parlent de 
nationalisme pour parler d’autres choses : l’identitarisme ou le 
suprématisme par exemple. Nous aurons l’occasion d‘y revenir.
Jean
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/01/06/le-malentendu-du-nationalisme-5263637.html
 
 
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