Le
 principe d’une autorité centrale inattaquable se « sclérose » et 
dégénère lorsqu’il est affirmé à travers un système qui contrôle tout, 
qui enrégimente tout et qui intervient partout selon la fameuse formule 
« Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État ». Si l’on 
ne précise pas en quels termes on doit concevoir cette 
inclusion, une formule de ce genre ne peut valoir que dans le cadre d’un
 étatisme de type soviétique, étant donné les prémisses matérialistes, 
collectivistes et mécanicistes de celui-ci : non pour un système de type
 traditionnel reposant sur des valeurs spirituelles, sur la 
reconnaissance du sens de la personnalité et sur le principe 
hiérarchique.
C’est pourquoi, dans la polémique 
politique, on a pu concevoir un commun dénominateur en parlant d’un 
totalitarisme de Droite et d’un totalitarisme de gauche : ce qui est une
 véritable absurdité. L’État traditionnel est organique, mais non 
totalitaire. Il est différencié et articulé, il admet des zones 
d’autonomie partielle. Il coordonne et fait participer à une unité 
supérieure des forces dont il reconnaît cependant la liberté. 
Précisément parce qu’il est fort, il n’a pas besoin de recourir à une 
centralisation mécanique : celle-ci n’est réclamée que lorsqu’il faut 
contrôler une masse informe et atomique d’individus et de volontés, ce 
qui fait, d’ailleurs, que le désordre ne pourra jamais être vraiment 
éliminé, mais seulement contenu provisoirement. Pour reprendre une 
heureuse expression de Walter Heinrich, l’État authentique est omnia potens, non omnia facens,
 c’est-à-dire qu’il détient au centre un pouvoir absolu qu’il peut et 
doit faire valoir sans entraves en cas de nécessité ou dans les 
décisions ultimes, au-delà du fétichisme de l’ « État de droit » ; mais 
il n’intervient pas partout, il ne se substitue pas à tout, il ne vise 
pas à imposer une vie de caserne (au sens négatif), ni un conformisme 
niveleur, au lieu de la reconnaissance libre et du loyalisme ; il ne 
procède pas à des interventions impertinentes et imbéciles du domaine 
public et de l’ « étatique » dans le domaine privé. L’image 
traditionnelle, c’est celle d’une gravitation naturelle de secteurs et 
d’unités partielles autour d’un centre qui commande sans contraindre, 
agit par son prestige, par une autorité qui, certes, peut avoir recours à
 la force, mais qui s’en abstient le plus possible. La preuve de la 
force effective d’un État est donnée par la mesure de la marge qu’il 
peut concéder à une décentralisation partielle et rationnelle. 
L’ingérence systématique de l’État ne peut être un principe que dans le 
socialisme d’État technocratique et matérialiste.
Par contraste, la tâche essentielle de 
l’État authentique est de créer un certain climat général, immatériel en
 un certain sens, selon ce qui fut propre à tous les régimes de l’époque
 précédente. Telle est la condition nécessaire afin qu’un système où la 
liberté est toujours le facteur fondamental prenne forme de manière 
pratiquement spontanée et fonctionne de façon juste, avec un minimum 
d’interventions rectificatrices.
Julius Evola, http://la-dissidence.org
Extrait de "Le fascisme vu de Droite" (1964)
Déniché sur le Front de la Contre-Subversion
 
 
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