La Sardaigne, avec ses paysages montagneux et ses vastes plaines, abrite un trésor archéologique unique : les nuraghes, près de huit mille tours monumentales de pierre, vestiges d’une civilisation méconnue. Cette culture, florissante durant l’âge du bronze et du fer (entre 1800 et 800 avant J.-C.), nous a laissé des structures en forme de tours fortifiées qui témoignent d’un savoir-faire architectural avancé. Ce peuple mystérieux, bien qu’isolé et pacifique, maîtrisait des techniques complexes, dont celle du tholos – construction en dôme qui exige une précision étonnante.
Les nuraghes sont éparpillés dans des endroits inaccessibles et intacts, protégés par la végétation dense des montagnes sardes. Cette dispersion de structures laisse supposer une organisation en villages indépendants et une société sans hiérarchie centrale. Les membres de cette communauté vivaient de l’élevage, de la polyculture, et étaient aussi de remarquables artisans de bronze, comme en témoignent les bronzetti, petites figurines détaillant des scènes de vie quotidienne ou des cérémonies. Les sépultures en forme de têtes de taureau, surnommées « tombes des géants », révèlent également un système funéraire égalitaire où les morts étaient enterrés collectivement, sans distinction sociale, une rareté pour l’époque.
Avec le XIIe siècle avant J.-C., la dimension spirituelle de cette société devient plus apparente. Des sites sacrés dédiés à l’eau, comme des puits et des fontaines, apparaissent, confirmant que les rituels religieux jouaient un rôle majeur chez les Nuragiques. Ces pratiques autour de l’eau soulignent leur connexion à la nature et leur dépendance aux ressources locales. Cette spiritualité et cet attachement au territoire ont permis à cette civilisation de prospérer, bien que leurs échanges culturels avec le reste de la Méditerranée soient encore peu connus.
Ce n’est que dans la seconde moitié du XXe siècle que la civilisation nuragique a attiré l’attention des archéologues, intrigués par ces structures monumentales et ce mode de vie énigmatique. Les recherches actuelles, tant sur le terrain qu’en laboratoire, cherchent à démêler l’origine de cette société, sa façon de vivre, et les raisons de son déclin. Cette campagne de fouilles récente pourrait lever le voile sur une civilisation qui, loin des grands empires de l’époque, a su se forger un destin unique et durable en Méditerranée.
L’héritage des Nuragiques, bien que resté longtemps ignoré, devient aujourd’hui une source d’inspiration pour mieux comprendre les civilisations anciennes, leur rapport à la nature et aux structures sociales. La Sardaigne, avec ses nuraghes, invite ainsi à une redécouverte de l’histoire méditerranéenne à travers les yeux d’un peuple visionnaire et ingénieux, dont les traditions demeurent gravées dans la pierre.
Voir le reportage d’Arte ci-dessous.
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