mardi 7 mai 2024

1959/1960, les débuts de la guerre civile au Laos

 

La guerre civile laotienne allait durer de 1959 à 1975, année de la prise du pouvoir par les Communistes du Phatet-Lao. Mais comment a-t-elle commencé? Voici ce qu’en dit l’universitaire André Fontaine (1921-2013) dans son livre qui fait référence, “L’histoire de la guerre froide” (L’extrait est tiré page 429-430 du tome 2 de l’édition poche du livre):

“Comme s’il ne suffisait pas d’avoir ajouté aux échéances berlinoise et congolaise qui l’attendaient à la Maison-Blanche un rendez-vous cubain, les interventions intempestives de la C.I.A. venaient encore de ranimer au Laos un nouveau théâtre de guerre froide, et même tiède. L’armistice de 1954 avait prévu que les deux bataillons des forces communistes – le Phatet-Lao – qui occupaient les provinces contiguës au Viêt-Nam seraient intégrés dans l’armée royale. Après d’interminables discutions un accord avait fini par intervenir en 1959 sur les modalités de cette intégration. Mais le Phatet-Lao réclama à la dernière minute davantage que ce qui lui était promis: les forces royales tentèrent de désarmer ses troupes; celles-ci réussirent à prendre le large, rejointes un peu plus tard par deux cents officiers et soldats de l’armée régulière. Des combats sporadiques s’engagèrent et la presse américaine se remplit des informations les plus fantaisistes sur la participation massive du Viêt-Nam du Nord à des opérations qui pourtant n’engagèrent jamais que des effectifs extrêmement limités. Le 31 décembre 1959, au milieu de la confusion générale, le général Phoumi Nosavan prit le pouvoir à Vientiane, la capitale, avec la bénédiction et les dollars de la C.I.A., instaurant un régime ouvertement pro-occidental et organisant des élections truquées, au cours desquelles pas un opposant ne put passer.

Phatet-Lao

Le 9 aout 1960, grâce à un autre coup d’Etat, un capitaine de 26 ans, Kong-Lé, s’emparait de Vientiane. Il annonçait son intention de «consolider la nation, la religion, le trône et la constitution», de maintenir la neutralité du Laos et faisait appel au prince Souvanna Phouma, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale.

Souvanna Phouma

Le tandem Kong-Lé-Souvanna Phouma était probablement ce qui convenait le mieux à ce pays, si pacifique que ses soldats, parait-il, ont l’habitude de tirer trop haut, de manière à ne pas risquer d’atteindre l’ennemi. Winthrop Brown, l’ambassadeur des Etats-Unis, était bien de cet avis. Mais la C.I.A. tenait Kong-Lé pour un crypto-communiste, et persuada Phoumi Nosavan de repousser ses propositions de collaboration ce qui eut pour effet de rejeter davantage Souvanna Phouma vers le Phatet-Lao. Le 9 décembre 1960, Phoumi Nosavan déclencha une offensive contre les neutralistes, amenant Souvanna Phouma à s’adresser aux Russes. Ceux-ci, trop heureux de s’immiscer dans un pays qui jusqu’alors était la chasse gardée des Américains et des Chinois, mirent sur pied à toute allure un pont aérien. Il n’empêcha pas la chute de Vientiane, le 18, mais permit à Kong-Lé et au Phatet-Lao, qu’il était allé rejoindre, de s’emparer de plusieurs positions importantes, et notamment de l’essentielle plaine des Jarres. Pour masquer ses difficultés, le gouvernement mis en place par Phoumi Nosavan affirma le 31 décembre que le pays était l’objet d’une agression de la part de «sept bataillons nord-vietnamiens».

Lorsque le 19 janvier 1961, Eisenhower exposa a son successeur la situation au Laos, il s’excusa de lui laisser une telle «pagaille». Le mot aurait pu s’appliquer à l’ensemble des problèmes auxquels allait devoir s’attaquer sans perdre de temps le nouveau président des Etats-Unis.”

André Fontaine

source:http://lagazetteducitoyen.over-blog.com/2019/09/1959/1960-les-debuts-de-la-guerre-civile-au-laos.html

https://reseauinternational.net/1959-1960-les-debuts-de-la-guerre-civile-au-laos/

Lettre d’un résistant fusillé : Le Parisien caviarde les références catholiques et à la « France éternelle »

 

Henri Fertet est né le 27 octobre 1926 à Seloncourt, dans le Doubs, et est baptisé à Verdun le 15 mai 1927 à l’église Saint-Victor. Mort fusillé le dimanche 26 septembre 1943 à Besançon, il fut un résistant français.
Membre du Groupe Guy Mocquet, il est arrêté par les Allemands le 2 juillet à 3 heures 30 et fusillé le dimanche 26 septembre 1943 à 7 heures 36 à la Citadelle de Besançon, à l’âge de 16 ans, avec 15 de ses camarades.
Il fut compagnon de la Libération à titre posthume (décret du 7 juillet 1945) mais aussi Chevalier de la Légion d’honneur. Il reçut également la croix de guerre 1939-1945, la Médaille de la Résistance, la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945 ainsi que la Médaille des Déportés et Internés Résistants. Cette lettre est un témoignage bouleversant
 


La Lettre publiée dans Le Parisien

« Chers parents, ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, [ce] que j’ai souffert de ne plus vous voir [.
..] pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait […] Avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé au vrai amour filial […] Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première Nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. […] Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai “Sambre et Meuse” parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris […] Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille.
Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les 4 au ciel. Qu’est-ce que cent ans ? […] Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir. Mille baisers.
Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans. »
Le Parisien


La Lettre dans son intégralité

Besançon, prison de la Butte (Doubs)
26 septembre 1943
Chers parents,
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vu si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, [ce] que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir sur moi votre tendre sollicitude que de loin, pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez douter de ce que je vous aime aujourd’hui, car avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être, après la guerre, un camarade parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué ; j’espère qu’il ne faillira point à cette mission désormais sacrée.
Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement mes plus proches parents et amis, dites-leur toute ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et cousins, Henriette. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. À ce propos, Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jacquin, mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez le “Comte de Monte-Cristo” à Emeurgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice Andrey de La Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.
Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon cher Papa, mes collections à ma chère maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.
Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.
Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.
Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai “Sambre et Meuse” parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris.
Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur les “trois petits nègres”, il en reste un. Il doit réussir.
Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille.
Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les quatre, bientôt au ciel. Qu’est-ce que cent ans ?
Maman rappelle-toi :
“Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs Qui, après leur mort, auront des successeurs.”
Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir.
Mille baisers. Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans.
H. Fertet.
Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire.
Expéditeur : Monsieur Henri Fertet, Au ciel, près de Dieu.
(Merci à Maximus)

https://www.fdesouche.com/2015/05/09/le-parisien-publie-la-lettre-dun-jeune-resistant-fusille-les-references-au-cure-leveque-et-la-france-eternelle-sont-caviardees/

lundi 6 mai 2024

Les discours du Prince Nicolas Machiavel (1469-1527)

 

Machiavel

À la fin du XVe siècle, l'Italie, le berceau de la Renaissance et du capitalisme commerçant, était divisée en une multitude de principautés qui se querellaient sans cesse, malgré qu'elles fussent trop faibles pour s'opposer aux visées expansionnistes des royaumes de France et d'Espagne et du Saint Empire. L'instabilité caractérisait la vie politique, car les gouvernements de ces petits États changeaient au gré des insurrections populaires ou des intrigues ourdies par les grandes familles, les retournements d'alliance entre principautés étaient fréquents, enfin les vaincus ou les plus faibles faisaient souvent appel aux puissances étrangères qui convoitaient les territoires italiens.

La carrière diplomatique

C'est dans ce pays riche mais déchiré que naquit Nicolas Machiavel, en 1469. En ce temps, Laurent de Médicis, dit le Magnifique, un monarque esthète et protecteur des arts, régnait sur Florence. Son falot successeur, Pierre II, fut chassé de la ville en 1494, parce qu'il avait négocié avec le roi Charles VIII au détriment des libertés de la ville. L'instigateur de la révolte, le moine fanatique Savonarole, instaura une théocratie, mais il fut à son tour renversé et exécuté en 1498. Les insurgés rétablirent l'ancienne république et, la même année, Machiavel entrait à son service.

Il prit d'abord la fonction de secrétaire à la Seconde Chancellerie qui traitait des affaires intérieures. Très vite, les autorités reconnurent son érudition et sa vivacité d'esprit et il passa au Conseil des Dix qui lui se chargeait des affaires étrangères et des questions militaires. Au cours des quatorze années suivantes, le gouvernement lui confiera de nombreuses missions diplomatiques, il rencontra ainsi la plupart des personnalités politiques de son temps, comme César Borgia, Louis XII ou l'empereur Maximilien Ier (le grand père de Charles Quint).

Dans les mêmes fonctions, il tâta des arts militaires. À l'époque, la plupart des États ne possédaient pas d'armée permanente, ils louaient les services de mercenaires, les Condottieri qui commandaient leurs troupes privées. Les Condottieri s'avéraient souvent peu fiables, ils agissaient en fonction de leurs intérêts personnels, ils changeaient parfois de camps ou ils cessaient une campagne lorsque la solde ne suivait pas. Pour remédier à ce problème, Machiavel proposait de constituer une armée nationale. Suivant ses conseils, le gouvernement leva une milice dont Machiavel devint le secrétaire en 1506. Pendant trois ans, il arpenta le territoire de Florence pour recruter et organiser la nouvelle armée. En 1509, il assista au long siège de Pise que l'armée florentine avait investi.

Mais les événements allaient bientôt mettre un terme à la carrière de Machiavel. Le pape Jules II s'allia avec l'empereur Maximilien et le roi d'Espagne contre Louis XII afin de bouter les Français hors d'Italie. Or Florence soutenait le roi de France et le sort des armes ne lui fut pas favorable. La victoire de la Sainte Ligue entraîna le retour des Médicis au pouvoir à Florence et, malgré les efforts qu'il déploya pour les séduire, Machiavel entra en disgrâce. Pire, il fut impliqué dans un complot et jeté en prison, mais en il sortit à la faveur d'une amnistie décrétée pour fêter l'accession au pontificat de Jean de Médicis sous le nom de Léon X en 1513.

L'œuvre littéraire

Exilé, il se retira dans sa petite propriété de San Casciano. À maintes reprises, mais en vain, il sollicita un poste à la Seigneurie des Médicis. Jusqu'alors, il avait surtout écrit des rapports diplomatiques dont la clarté et la pénétration étaient appréciées en haut lieu. il avait également versé avec bonheur dans l'art épistolaire. Ses lettres de jeunesse nous font découvrir un personnage jouisseur et farceur que l'écrivain Somerset Maugham a mis en scène, avec un humour très britannique, dans son joyeux roman La Mandragore.

Dans sa retraite, il entreprit la rédaction de ses Discours sur la première décade de Tite Live, un commentaire des dix premiers livres de son histoire de Rome de l'auteur antique qui couvre la période allant de la fondation de Rome à l'an 9 av. JC et comprenait 142 livres dont 35 seulement nous sont parvenus.

En 1513, il interrompit son travail d'exégèse pour rédiger d'un jet la première version de son œuvre la plus célèbre, Le Prince, qu'il dédicaça à Laurent II de Médicis dans l'espoir de rentrer en grâce. Il acheva ensuite les Discours, puis repris et peaufina "Le Prince" en 1519. De son vivant, les deux œuvres ne circuleront que sous la forme de manuscrits et elles ne furent imprimées qu'après sa mort. Le Prince fut inscrit à l'index des livres proscrits par l’Église en 1559 et le Concile de Trente, qui relança la Sainte Inquisition, ordonna de brûler les livres sulfureux de Machiavel.

De 1520 à 1526, il rédigea une monumentale Histoire de Florence que Jules de Médicis, le futur pape Clément VII, lui avait commandée. Dans le métier d'historien, il innova par son approche rationnelle et critique qui refusait tout recours aux explications miraculeuses ou magiques des événements. Par ailleurs, il écrivit des poésies et du théâtre, dont La Mandragore, sa meilleure pièce, qui inspirera le "Malade imaginaire" de Molière.

Deux livres à mettre en regard

Le Prince et Les Discours doivent se lire en parallèle, l'un ne se comprend pas sans référence à l'autre, bien qu'il s'agisse d'ouvrages de facture fort différentes. Il importe de lire de concert Le Prince qui est une sorte de manuel pour l'homme d’État et "Les Discours" qui présentent la politique du point de vue du peuple. Le Prince, auquel Machiavel doit sa notoriété, séduit parce qu'il est d'une lecture aisée, le style en est concis et limpide, l'auteur enchaîne les hypothèses et raisonnements en les illustrant d'exemples tirés de l'histoire antique et de son expérience personnelle. Ce petit livre est subdivisé en vingt six chapitres aux intitulés clairs. Dans un premier temps, l'auteur présente les différentes manières d'acquérir et de conserver une principauté. Ensuite, il analyse les principes fondamentaux de la politique intérieure et extérieure. Puis, il décrit la figure du Prince, l'homme d’État idéal. Enfin, dans le dernier chapitre, il appelle à la venue d'un Prince qui réunisse les Italiens l'Italie sous son autorité. Au contraire, Les Discours constituent un ouvrage nettement plus long et touffu, il semble au premier abord difficile de suivre le cours sinueux des subtiles pensées de Machiavel. Souvent aussi, la lecture de cette somme rebute l'homme contemporain par ses références récurrentes à la culture classique. La plupart des chapitres se terminent, à l'instar des fables, par une sorte de leçon politique. Machiavel ne nous livre pas une simple apologie des institutions romaines, il recourt sans cesse à des comparaisons avec de événements contemporains et il établit que la grandeur de Rome résulta du constant conflit entre les patriciens et la plèbe.

Aperçu de la pensée machiavélienne

Selon Machiavel, la politique consiste avant tout à fonder un ordre nouveau et ensuite à conserver le nouvel État, de sorte qu'elle se réduit au pouvoir et à son exercice. En cela, Machiavel innove radicalement et il rompt avec l'école qui s'inspirait des théories d'Aristote dont on avait redécouvert l'œuvre aux alentours de 1300. Dans l'esprit des aristotéliciens, la vie s'interprète en termes de "fins" et de biens" hiérarchisés. Autrement dit, la politique est un moyen de réaliser un idéal. L'homme, cet "animal rationnel", s'épanouit au sein de la cité en pratiquant des vertus qui sont à la fois civiques et morales. Toute l'activité politique tend vers un bien supérieur, qu'il soit naturel ou révélé. "La Cité" de Platon ou "L'Utopie" de Thomas Moore offrent deux beaux exemples de cette conception du politique, dans les deux cas, un philosophe rêve un univers dont la perfection fait par contraste ressortir les défauts de la société réelle. Par ce truchement, ils critiquaient leur monde respectif, le premier la démocratie athénienne décadente, le second l'Angleterre de son temps. De son côté, l’Église se servait du discours aristotélicien pour justifier ses prétentions sur la souveraineté terrestre. En effet, dans un monde christianisé, la fin supérieure ne pouvait être que l'accomplissement du message divin.

En décrétant que la politique est avant tout un ensemble de pratiques, Machiavel déplace la question morale. Autrement dit, il affirme que le bien ou la fin ne peut naître que du mal appliqué avec raison, discernement et pondération. En effet, il ne s'agit plus de réaliser un idéal, mais bien de fonder un nouvel État. Pour ce faire, le Prince a besoin d'autres qualités que l'homme vertueux. Il utilise selon les circonstances la loi ou la force, la crainte ou la séduction, la vérité ou le mensonge. D'où la fameuse citation tronquée "La fin justifie les moyens" signifiant que pour parvenir à créer un bien (le nouvel État), le Prince devra souvent user de méthodes réprouvées par la morale.

Pour autant, Machiavel n'est ni amoral ou immoral, il refoule la question en dehors de l'action et la situe au niveau des objectifs, car ce qui motive l'action du Prince est la fondation d'un État et l'institution de lois bonnes pour la multitude, lui-même est au-delà de la morale et on ne peut le juger que sur le résultat de son action. « Quand l'acte accuse, le résultat excuse » affirme-t-il dans Les Discours !

Le Prince veut soulager le peuple en le délivrant de l'oppression. La fondation d'un ordre nouveau, entreprise ô combien périlleuse, car l'homme craint et résiste au changement, passe par l'alliance du Prince et du Peuple contre les Grands et l’Étranger. Dans cette lutte, le Prince incarne le principe actif, il apporte et suscite le changement, alors que le rôle du peuple est de maintenir et conserver le nouvel ordre établi. Ici aussi, Machiavel introduit une nouveauté en faisant du peuple un acteur de la politique, alors qu'auparavant il n'en était que le spectateur et la victime.

Contrairement à ce que pourrait faire croire une lecture unilatérale du Prince, Machiavel opte pour la république, qu'il a d'ailleurs servie pendant toute sa carrière. L'avantage de la république sur la monarchie réside dans le fait que, une fois bien établies, les lois, permettent à l’État de se maintenir, même s'il n'a plus d'homme exceptionnel à sa tête. Au contraire, les monarchies déclinent ou s'éteignent quand leurs dirigeants manquent de caractère.

De la vertu et de la fortune du Prince

Le Prince possède deux qualités essentielles : la vertu et la fortune. La vertu renvoie à l'initiative et au discernement dont il doit faire preuve dans l'action. Elle reste équivoque car elle oscille sans cesse entre la justice et la force. Elle se manifeste à la fois comme puissance et légitimité. Mais les modèles de vertu ne sont jamais parfaits et chaque héros est différent, car les événements et les situations historiques étant dissemblables, les princes se distinguent parce qu'ils ne vivent pas les mêmes circonstances et n'affrontent pas les mêmes situations. Seul demeure la figure de l'homme d’État qui regarde la réalité en face et s'y adapte pour vaincre, quitte au sacrifice de ses propres convictions. (Quand Henri IV abjure le protestantisme pour devenir roi, il fait acte de machiavélisme). Quant à la fortune, elle ne signifie pas seulement la chance, mais plutôt la situation historique qui favorise plus ou moins les projets du Prince. L'homme d’État évalue les forces en présence, juge du moment opportun de l'action, il combat la nécessité. Lorsqu'il agit, il exploite par sa vertu la marge de liberté que lui offre la fortune. Machiavel a donc une vision volontariste de l'histoire, mais il ne nie pas pour autant les contraintes matérielles, estimant que le Prince maîtrise environ la moitié des faits et de leurs causes.

Bien que Machiavel consacre de nombreuses pages à la force militaire, la ruse n'en demeure pas moins l'arme principale du Prince qui « doit savoir bien user de la bête, il en doit choisir le renard et le lion ; car le lion ne se peut défendre des rets, le renard des loups ; il faut donc être renard pour connaître les filets, et lion pour faire peur aux loups. Ceux qui veulent simplement faire les lions, ils n'y entendent rien ». Machiavel aspirait à la venue d'un héros rédempteur qui unifiât l'Italie. Cette union devait reposer sur l'alliance du Prince au peuple contre les Grands, c'est-à-dire les seigneurs féodaux. Avec Machiavel, nous assistons à la naissance de l’État moderne. En effet, le Prince n'incarne plus la souveraineté divine comme les rois du Moyen Âge, il exerce une fonction en tant qu'égal du peuple, sans le toiser ni le dédaigner.

La postérité rouge et noire de Machiavel

On sait que Le Prince fut souvent commenté et encore plus souvent décrié. Un des cas les plus célèbres est L'antimachiavel écrit par le jeune roi Frédéric II qui pourtant appliqua durant son règne une politique des plus machiavéliques. En ce sens, il suivait les préceptes du Prince qui doit paraître bon, malgré ses actes. Comme nous ne pouvons passer en revue le flot d'écrits suscités par l’œuvre de Machiavel, nous nous intéresserons ici à la lecture qu'en ont faite les penseurs communistes et fascistes.

Les socialistes citent peu souvent Machiavel et leurs jugements sur ses écrits sont divergents. Un Proudhon dans sa Philosophie de la misère traite Machiavel de "théoricien du despotisme" et considère que le florentin n'avait envisagé la société que sous l'angle de "l'inégalité et de l'antagonisme". En revanche, dans L'idéologie allemande, Marx le place aux côtés d'auteurs anciens, tels que Hobbes et Spinoza, qui présentaient la force comme fondement du droit. De cette manière, la politique devenait une sphère autonome qui devait être analysée en dehors des considérations morales. Quant à Lénine, curieusement, il ne s'intéressait pas à Machiavel.

Sans doute, Antonio Gramsci, le fondateur du parti communiste italien, fut le marxiste qui étudia le plus l'œuvre du florentin. Il faut dire qu'il avait du temps libre, puisqu'il rédigea ses Notes sur Machiavel, la politique et l’État modernes dans les prisons de Mussolini. Gramsci considère non sans raison que Le Prince n'est pas un traité théorique mais un manuel pour l'homme d'action. Machiavel a souvent été détesté parce qu'il dévoile le secret du pouvoir, met à nu ses mécanismes, enlève le masque des politiciens qui cachent leurs actions sous le couvert de mobiles moraux ou religieux. Et les leçons de Machiavel peuvent servir tant aux gouvernants qu'au prolétariat, car le Prince nouveau auquel Machiavel aspire n'est pas un quelconque tyran, mais bien le peuple qui devra se choisir un chef. Ainsi agiront les masses jacobines puis bolcheviques qui sacrifieront les intérêts individuels au bien commun de la révolution populaire. Sous sa plume, Machiavel devient le "premier penseur à formuler l'idée de la nation italienne, le théoricien de la classe dominée, qui lui enseigne les conditions de son émancipation, et le fondateur du réalisme scientifique jugé en son essence révolutionnaire" !

Celui qui avait jeté Gramsci en prison admirait aussi Machiavel, mais ne l'interprétait pas de la même manière… Dans sa jeunesse, Mussolini avait soutenu une thèse sur Machiavel et, en 1924, préfaçant une réédition de ses œuvres, il le transforma en écrivain préfasciste. Comme le florentin, le Duce croyait les hommes versatiles et méchants, mais il voyait dans le Prince une figure de l’État qui seul représente l'intérêt général et l'ordre harmonieux. Le peuple, cette masse d'égoïstes indisciplinés, ne possédait pas la souveraineté et la volonté populaire n'était qu'une farce. Dans l'esprit de Mussolini, le Prince nouveau incarne l’État et l’État, c'est le Duce.

Autant dire, qu'il n'a pas compris un élément fondamental des écrits de Machiavel : le Prince ne s'identifie pas à l’État, il exerce ses fonctions en son sein, au profit du peuple, tout en (re)connaissant et utilisant les défauts intrinsèques aux hommes. Certes, leur nature ne changera pas, mais l'organisation de la société (la Loi) peut en partie remédier à leur imperfection et favoriser le développement de leurs qualités. À son tour, une grande nation engendrera de nouveaux Princes ou un Prince collectif.

Frédéric Kisters, Devenir n°18, 2001.

http://www.archiveseroe.eu/recent/164

La culture, la France et l’universel

 

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Par Gérard Leclerc

Reconnaissons qu’à Droite – nouvelle ou ultra – on saoule les patriotes de la fameuse guerre culturelle d’Antonio Gramsci. Mais tous ces afficionados sont-ils réellement en capacité de comprendre ce qui se cache derrière la culture. Sont-ils capables de savoir si culture universelle et culture française sont compatibles ?

C’est le thème de la réflexion que notre ami Gérard Leclerc a menée, pour la revue bi-mensuelle Royaliste, parue le 17 janvier 2024. Il l’a intitulée « La culture, la France et l’universel ». On s’y retrouve en bonne compagnie avec Péguy, Corneille, Fourquet, Élias, Malraux, Ellul.

Le remplacement de Rima Abdul Malak par Rachida Dati au ministère de la rue de Valois relève de la pure manœuvre politique. Il est pour le moins problématique de lui trouver un sens culturel. On ne connaissait pas d’appétence particulière de la maire du VIIe arrondissement, ancienne garde des Sceaux, pour les questions relevant de ce domaine, au demeurant essentiel. L’ancienne titulaire de la fonction avait beaucoup plus de titres pour exercer une telle mission même si on peut être réservé sur son orientation idéologique. On ne relève pas sans inquiétude une telle désinvolture, alors même que le pouvoir prétend concentrer son attention sur l’avenir de l’école. Il y a une étroite correspondance entre l’objet de l’enseignement et celui de la culture qui relèvent l’un et l’autre du même souci philosophique. À ce propos, j’ai souvent cité le texte de Charles Péguy sur « la crise de l’enseignement » : « il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie ; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie elles-mêmes ; elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générale ; ou si l’on veut les crises de vie générale, les crises de vie sociales s’aggravent, se ramassent, culminent en crises de l’enseignement, qui semblent particulières ou partielles, mais qui en réalité sont totales, parce qu’elles représentent le tout de la vie sociale… » (Pour la rentrée, 1904, Œuvres en prose complètes, I, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », pp. 1390-1392).

Que pourrait bien dire aujourd’hui le directeur des Cahiers de la Quinzaine ? Ayant été à l’école de la IIIe République, dont il avait tant reçu, il serait sans doute stupéfait du gouffre qui s’est créé en un siècle. Et j’ose à peine deviner sa colère devant un ministre, pourtant crédité d’une sérieuse volonté de réforme, proposant des cours d’empathie pour remédier aux mœurs sauvages des élèves. On est à mille lieues du commentaire du Polyeucte de Corneille et de ses délicatesses… Certes, on peut objecter à cela que ce sont les dures réalités de l’époque qui s’imposent à l’encontre d’un idéalisme hors de saison. Je me souviens de m’être heurté, il y a quelques années, à la presque totalité des directeurs d’établissements catholiques d’un département de l’Ouest, lorsque j’ai exprimé mon regret de l’abandon de la culture générale, dont j’avais bénéficié durant mes années de formation : « Vous n’y pensez pas ! C’est aujourd’hui impossible ! » C’est donc bien la preuve que Péguy avait raison : la crise de l’enseignement, plus généralement celle de la culture, est liée à une crise générale de société. Jérôme Fourquet, en se réclamant de Norbert Élias, parle de phénomène de décivilisation. Mais alors, comment s’opposer à une dérive d’une telle ampleur ? Ne retrouve-t-on pas le procès fait par Malraux à une civilisation « qui n’a su construire ni un temple, ni un tombeau » ?

Malraux, justement ! C’est lui qui, aux origines de la Ve République, avait été engagé par son fondateur à mener un combat qui consistait à « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, assurer la plus vaste audience au patrimoine culturel et favoriser la création des œuvres d’art et de l’esprit qui l’enrichissent ». Tel était du moins l’intitulé du décret de nomination qui instituait le nouveau ministère de la Culture, installé dans une aile du Palais royal. Le grand écrivain avait pris très au sérieux sa mission, expliquant qu’il fallait faire pour la culture ce que Jules Ferry avait fait pour l’école. A posteriori, cette référence au fondateur de l’école publique ne peut qu’interroger. L’évident déclin de celle-ci n’explique-t-il pas le destin erratique des maisons de la culture disséminées sur le territoire national et dont le bouillon de culture produirait l’esprit soixante-huitard ? On peut porter un jugement circonspect sur la gestion du ministère, tel Jean Lacouture, biographe de l’écrivain. Ses coups d’éclat sans lendemain, ses percées audacieuses suivies de brusques retraites s’apparentaient à la stratégie d’un hussard « dont le jeune Malraux porta quelques semaines l’uniforme à Strasbourg ».

Reste l’intention première, ne serait-ce qu’au travers du passage durable et effervescent de Jack Lang rue de Valois. Cette création unique d’une instance étatique vouée à la sauvegarde du patrimoine et à son extension n’était-elle pas digne de notre génie national ? Encore faut-il s’entendre sur son contenu. On peut craindre une rétraction dans le sens d’une étroitesse d’esprit, alors qu’il s’agit d’atteindre l’universel. Nul plus que Malraux n’en était persuadé : « Si la qualité du monde est la matière de toute culture, la qualité de l’homme en est le but : c’est elle qui la fait, non somme de connaissances, mais héritière de grandeur… » Nous devrions être les héritiers de la plus vieille noblesse du monde et ne pas oublier que « Rome accueillait dans son Panthéon les dieux des vaincus » (Les Voix du silence, André Malraux, Gallimard, 1951).

Culture universelle, culture française, les deux notions sont-elles compatibles ? On se souvient de la polémique soulevée par Emmanuel Macron lors de sa première campagne présidentielle : « Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse ». Nul n’a jamais nié que notre culture soit diverse, cela n’empêche pas une unité qui se réfère d’abord à la langue qui, à travers les siècles, a donné naissance à de nouveaux surgeons littéraires, faisant preuve de fécondité et de renouveau dans la continuité d’un fleuve en mouvement. Et le même Emmanuel Macron s’est contredit sur le sujet, ne serait-ce qu’avec la restauration du château de Villers-Cotterêts devenant « Cité internationale de la langue française ». Une langue qu’il définissait lors de l’inauguration comme « fondatrice de notre rapport au monde ».

Il y a bel et bien une culture française comme il y a une culture russe et une culture chinoise. Par ailleurs la spécificité de l’Europe est d’être constituée de nations qui sont autant d’aires originales de civilisation. Seule une conception technocratique, voire saint-simonienne, considère notre continent comme susceptible d’une unification arbitraire, arasant toutes nos différences. Mais voilà qui nous renvoie à la question posée par Jacques Ellul avec tant d’instance : « Culture et technique sont-elles compatibles ou n’appartiennent-elles pas à des registres tout à fait hétérogènes ? » La réponse d’Ellul est sans équivoque : « La technique ne concerne en rien le sens de la vie et récuse toute relation aux valeurs (jamais une technique n’a pu tolérer un jugement de valeur, de bien et de mal, sur ses activités). Ses critères d’existence et de fonctionnement sont qualitativement autres. Elle ne peut donner un sens à la vie, elle ne peut ouvrir sur de nouvelles valeurs. » Accoupler les deux termes est un abus de sens et de non-sens.

On a pu accuser l’auteur du Bluff technologique (1988) d’exagération et d’archaïsme. Mais il faut bien convenir que le défi posé par l’existence d’une Silicon Valley exige une réponse de la part de la culture avec ses ressources inépuisables. Il s’agit alors de placer ses espoirs du côté de la renaissance des humanités !

https://www.actionfrancaise.net/2024/05/05/la-culture-la-france-et-luniversel/

Devant la justice pour avoir découvert près de 2000 pièces gauloises près d’Alésia (art de 2015)

 

pièces gauloises

La chasse au trésor en valait-elle la peine ? En octobre 2012, six archéologues amateurs ont découvert près de 2 000 pièces gauloises datant probablement du Ier siècle avant Jésus-Christ à Laignes (Côte-d’Or), près de Dijon. Ils souhaitaient garder le silence sur leur trouvaille mais ont été trahis par les réseaux sociaux. Ces fouilleurs doivent être jugés, vendredi 19 juin, devant le tribunal correctionnel de Dijon pour « vol de mobilier archéologique » et « fouilles clandestines ». Ils risquent jusqu’à 100 000 euros d’amende et sept ans d’emprisonnement.

Tout avait pourtant bien commencé pour ces Indiana Jones en herbe. Le site 20 minutes rapporte qu’en octobre 2012, cette petite bande s’est rendue, de nuit, dans un champ non loin du site du siège d’Alésia. […] Ils déterrent ainsi près de 2 000 pièces d’or gauloises, un butin estimé à environ 200 000 euros. […]

Pour les archéologues, la perte scientifique est inestimable : « L’archéologie est une science. Quand ils ont retiré les pièces de la terre, ces amateurs n’ont pas pris les précautions nécessaires. Nous ne saurons donc jamais exactement à quoi correspond ce trésor. On ne peut désormais qu’émettre des hypothèses », commente Franck Faucher interrogé par 20 minutes.

France Inter relaie pourtant une explication avancée par plusieurs archéologues. Cette monnaie aurait été émise par Jules César pour « récompenser les mercenaires gaulois qui l’ont aidé durant le siège d’Alésia ». Un de ces hommes aurait donc pu enterrer ses deniers à l’endroit où les accusés les ont déterrés, à une journée de marche d’Alésia, dans l’espoir de les récupérer plus tard. Mais l’hypothèse ne pourra probablement jamais être vérifiée. […]

Le Monde

https://www.fdesouche.com/2015/06/19/devant-la-justice-pour-avoir-decouvert-pres-de-2000-pieces-gauloises-pres-dalesia/

dimanche 5 mai 2024

La guerre et le facteur humain

 

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Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-fattore-umano/

Des sources généralement considérées comme faisant autorité (Bloomberg et autres) rapportent qu'en Ukraine, l'application de l'IA aux stratégies de guerre s'est révélée être un échec total.

En effet, les ingénieurs et stratèges du Pentagone pensaient qu'avec l'utilisation de l'Intelligence Artificielle, fournie par les Etats-Unis, les forces de Kiev l'emporteraient facilement sur celles de Moscou.

Parce que leurs stratégies auraient été guidées par des données objectives, filtrées par un système transversal de détection informatique. Et organisées par l'IA. Évitant les limites de l'erreur humaine.

Mais ce n'est pas le cas. Pour ne citer qu'un exemple, la précision de tir des Russes, qui s'appuie encore sur l'homme, est plusieurs fois supérieure à celle des Ukrainiens. Tirs télécommandés, pour ainsi dire, par des systèmes informatiques sophistiqués.

Je ne suis pas un technicien et je ne prétends pas avoir d'expertise en la matière. Je me réfère cependant aux données des agences en question.

Ce qui m'amène à réfléchir.

Sur la guerre et... le facteur humain.

Car, dans l'Art de la guerre, ce qui s'est peu à peu perdu, c'est précisément cela. Le "facteur humain". C'est-à-dire l'importance de l'homme qui se bat. Avec ses mérites et ses défauts. Son héroïsme et sa peur.

Et c'est une grave perte. Surtout dans ce que l'on appelle l'Occident. Qui a cru remplacer cela par la "technique". En fait, il a déshumanisé la guerre. Celle-ci, que nous l'aimions ou non (et je comprends que nous ne l'aimions pas), est un élément fondamental de notre histoire. Et de notre vie.

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Notre civilisation commence avec l'Iliade. Achille contre Hector. Et ce que nous sommes, ce que nous avons été pendant des siècles, des millénaires, vient de là.

Homme contre homme. L'épreuve des armes. De la vaillance. L'aristia. Une image qui a perduré presque jusqu'à aujourd'hui. Elle s'est transformée en stratégie. Qui est, en effet, l'art. Sanglant. Mais de l'art. Et donc dépendant de la vaillance, de l'habileté et de l'intelligence des hommes.

Car il ne s'agit plus seulement de force physique et de courage. César n'était pas particulièrement apte au combat. Mais c'était un génie de la stratégie. Il en va de même pour Napoléon, qui semble avoir eu peur de la confrontation physique. Mais il a dominé la bataille grâce à son intelligence. Par son génie stratégique. Qui dépassait de loin les limites de la force physique. Ou de la brute, selon les cas.

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Ainsi, jusqu'à la Grande Guerre. Qui était une guerre de masses. Et de matériaux. Où la puissance technique a commencé à compter plus que l'intelligence stratégique. Et la vaillance sur le champ de bataille.

Ernst Jünger l'a compris avec lucidité. Dans "Les orages d'acier", il raconte l'affrontement entre l'homme et la machine. Il s'agit toujours de l'Iliade, mais l'un des deux adversaires n'est plus humain. C'est le pouvoir de la technologie. Qui vient de la richesse. De l'argent.

C'est pourquoi Ezra Pound a écrit qu'il est impossible pour un poète moderne d'ignorer l'économie. Tout comme il était impossible pour Homère de ne pas parler de la guerre.

L'économie, l'intérêt et le pouvoir économique ne font pas que déclencher des guerres. Elles en déterminent l'issue. La victoire dépend des moyens dont on dispose. En fin de compte, de la richesse et de la technologie. Qui ne sont pas... humaines.

L'Amérique a incarné et incarne cette vision différente de la guerre. Qui caractérise désormais l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler l'Occident collectif.

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Une vision qui s'est affirmée lors de la guerre de Sécession. La vaillance des Cavaliers gris de Lee a été vaincue par la supériorité matérielle des Vestes bleues de Grant.

Bloody Shiloh en est la preuve.

Mais ce nouveau paradigme, cette conception de la guerre comme puissance matérielle et non comme valeur humaine, a commencé à montrer des failles après la Seconde Guerre mondiale.

Au Viêt Nam, le rapport de force matériel était tout à fait en faveur des Américains. Pourtant, ils ont perdu.

Incapacité à comprendre l'environnement. Et les hommes, les Vietcongs, qui vivaient et combattaient dans cet environnement.

Le général David Petreus l'explique lucidement dans son essai historique.

Et l'histoire s'est répétée. Avec les talibans, par exemple.

Attention. Aucune sympathie idéologique pour les Viets ou les Talibans. Juste le constat que l'idée que les guerres ne se gagnent que par la supériorité des moyens et de la technologie, sans l'homme, s'avère progressivement en faillite.

De plus en plus faillible, à mesure que le facteur humain perd de son importance. Moins pris en compte. Jusqu'à cette tentative de remplacer les décisions humaines par celles d'une Intelligence Artificielle aseptisée. Comme dans un cauchemar issu de l'imagination de Philip K. Dick.

Je ne sais pas comment se terminera la guerre en Ukraine. Et ce n'est d'ailleurs pas ce qui m'intéresse aujourd'hui.

Mais, si les informations de Bloomberg sont vraies, nous pourrions avoir la preuve que le facteur humain ne peut pas être remplacé par quelque chose d'artificiel. Dans la guerre, comme dans toutes les autres activités fondamentales de la vie.

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/05/02/la-guerre-et-le-facteur-humain.html

La Terreur jacobine de 1789 à 1794 ne serait-elle qu’une autre révolution de couleur ?

 

par Matthew Ehret.

Bien avant que le terme « révolution de couleur » n’existe dans notre lexique géopolitique, la technique consistant à diriger les foules enclines à la violence vers le renversement de leurs gouvernements avait été affinée au fil des siècles. Enflammer la vindicte d’une foule et la diriger vers le renversement des structures politiques établies ne demandait que de l’argent, de la propagande et quelques rhétoriciens sans grande valeur morale.

J’ai été choqué de découvrir, à la lecture des études 2001-2002 publiées par l’historien américain Pierre Beaudry « Why France Did Not Have a French Revolution » [Pourquoi la France n’a pas vécu la Révolution française – NdT] et « Jean-Sylvain Bailly : le Benjamin Franklin de la Révolution française[1]» [Le Benjamin Franklin de la Révolution française – NdT], que le récit commun de la Révolution française n’est guère plus qu’un mythe britannique qui ne ressemble guère ou pas du tout à la réalité.

Le monde en 1789

L’époque était propice aux affaires humaines. Le succès de la Révolution américaine, finalisé par le Traité de Paris de 1783, avait envoyé des bouffées d’espoir dans le monde entier. L’idée que la longue nuit de l’empire qui avait saigné l’Ancien monde pendant des lustres pourrait s’achever était électrisante. Généralement admis par tous, l’anéantissement de l’ordre héréditaire devait entrer en Europe par la France pour qu’il se produise au-delà des Treize Colonies [les Colonies britanniques qui deviendront les États fondateurs des États-Unis – NdT]. Bien que des patriotes de nombreux pays d’Europe aient aidé les Américains (y compris les Russes, les Allemands, les Polonais et les Irlandais), la France fut en fin de compte le pays qui avait le plus soutenu la lutte de la Révolution américaine, des milliers de soldats français s’étant joints au combat sous l’égide du marquis de La Fayette soutenus par une aide financière, politique et militaire essentielle qui fut prodiguée tout au long du conflit.

D’éminentes personnalités républicaines françaises comme le marquis de La Fayette et Jean Sylvain-Bailly ont été les plus grands artisans de ce mouvement en Europe qui ont même bénéficié du soutien d’un monarque aux sympathies républicaines qui croyait sincèrement que l’objectif du droit et du gouvernement était de l’ordre du bien commun. En ce temps-là, ce n’était pas facile à trouver.

Connu sous le nom de Serment du Jeu de paume, le premier acte de la révolution se tient le 20 juillet 1789 sous la direction de Bailly, alors maire de France et premier président d’une nouvelle organisation appelée Assemblée nationale — la première institution représentative de l’histoire de France dotée d’une l’autorité co-égale à celle du roi. Cette assemblée a décidé de créer une constitution qui a rapidement formulé un magnifique document fondateur connu sous le nom de Déclaration des droits de l’Homme. Le marquis de La Fayette prend la tête de la nouvelle Garde nationale et un programme d’éducation des citoyens est lancé. Une monarchie constitutionnelle qui introduirait un système de valeurs dans une moulinette géopolitique totalement incompatible avec tout système construit autour d’une élite héréditaire était en préparation… et tout cela sans effusion de sang !

Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

En 1793, Bailly et la majorité de ses plus proches alliés avaient été décapités par les Jacobins. Des scientifiques comme Antoine Lavoisier ont été guillotinés au cri de la devise jacobine « La République n’a pas besoin de savants, ni de chimistes ; le cours de la justice ne peut être suspendu » (la science était élitiste après tout). Lafayette a quant à lui choisi de sauver sa tête en s’échappant le 19 août 1792, devenant prisonnier dans un donjon des Habsbourg pendant quatre ans[2]. Le roi Louis XVI — grand ami de la cause américaine et participant à la monarchie constitutionnelle — a perdu la sienne en janvier 1793, rejoint par son épouse neuf mois plus tard.

En 1794, la révolution n’était connue que sous le nom de « Terreur » et a mérité ce nom puisque plus de quarante mille personnes ont été exécutées sur une très courte période. La France baignait dans son sang tandis que les alliances de pouvoir rebondissaient entre les Jacobins de « gauche » sous le contrôle de Maximilien Robespierre, Marat et Danton, et les Girondins de « droite » et les monarchistes de l’aile opposée. À chaque changement de pouvoir, des vagues d’exécutions frappaient toutes les parties. La France est devenue un État policier avec une police secrète intégrée dans les quartiers pauvres et les marchés, prenant note de toutes les critiques du gouvernement, du prix du pain et des grimaces, conduisant les plaignants sans méfiance au mieux en prison, au pire à la guillotine.

Bientôt, une absence totale de pouvoir porterait un jeune général républicain nommé Napoléon Bonaparte à prendre le pouvoir et à s’ériger en empereur héréditaire de France de la manière la moins républicaine qui soit, ouvrant un règne de quinze années de guerre contre l’Europe [dites guerres napoléoniennes- NdT].

Alors en quoi les choses ont mal tourné ?

On trouve le premier indice dans le fait que les banquiers anglo-suisses qui ont financé les guerres napoléoniennes étaient ceux-là mêmes qui ont provoqué la décapitation économique de la France qui la transformera en terreur sanguinaire. Tout comme l’art des ajustements structurels du FMI et de la Banque mondiale et des prêts conditionnels qui ont cours de nos jours, le ministre des Finances d’alors, Jacques Necker, a non seulement contracté une masse de dettes impayables entre 1786 et 1789, mais il a également imposé une austérité qui a paralysé la résilience de la nation. Le professeur Beaudry écrit :

« Dans le Traité de Paris de 1783 reconnaissant l’indépendance américaine, la France avait accepté les dispositions de libre-échange exigées par la Grande-Bretagne pour son contrôle du commerce atlantique. Puis, dans un traité franco-britannique distinct de 1786, la France avait consenti des accords de libre-échange suicidaires et absolus qui ont ruiné l’économie française du jour au lendemain. De deux pour cent de croissance physique annuelle réelle à la fin des années 1770 et au début des années 1780, les secteurs français du textile, du transport maritime et de l’exploitation minière ainsi que son agriculture sombraient dans la dépression et les immédiates famines qui s’ensuivirent. Les budgets royaux s’effondraient, tandis que l’agent du Britannique Lord Shelburne, le banquier suisse Jacques Necker, était nommé ministre français des Finances à plusieurs reprises, puis Premier ministre ».

La réserve céréalière française fut rendue « économiquement illégalle » par l’accord de libre-échange conclu avec la Grande-Bretagne, permettant à cette dernière d’acheter tout le grain français que sa population pouvait manger, et plus encore. Lorsque la majorité des récoltes françaises fut détruite par une tempête de grêle dévastatrice en juin 1788, une famine continue éclata et le roi de France supplia la Grande-Bretagne de lui racheter du grain pour nourrir les masses affamées, ce à quoi la perfide Albion a simplement répondu par la négative après avoir tenu réunion.

Lorsque les troupes françaises ouvrirent le feu sur les masses armées affamées qui avaient encerclé la forteresse de la Bastille le 14 juillet 1789, l’enfer se déchaîna et libéra un génie que personne ne put jamais remettre dans la bouteille. La forteresse fut prise d’assaut, ses soldats et ses gouverneurs décapités, et le peuple commença à crier pour que Necker et Orléans deviennent les sauveurs de la France. Il faut dire que la presse jacobine en diffusait l’idée auprès du grand public depuis un certain temps déjà.

Le duc Grand maître de la maçonnerie française avait élaboré un stratagème pour devenir un « roi jacobin » avec l’intention d’appliquer le « système britannique » en France sur le modèle de l’équilibre du pouvoir britannique constitué d’une Chambre des communes, d’une Chambre des Lords et d’un monarque. Cependant, il n’était que troisième au titre de la succession monarchique française (le Roi Louis XVI avait un fils), et c’est dans ce contexte qu’une tentative d’assassinat sur la personne du roi français eut lieu le 17 juillet 1789 pendant laquelle un tireur d’élite de haut vol visa le carrosse royal sur le pont Louis XV, ratant de peu le roi et tuant une femme qui se trouvait là.

Le 23 juin 1789, c’est un Necker désespéré qui adressa au roi un message qui disait en substance : « Sire, il vous faut maintenant accéder aux souhaits raisonnables de la France et vous résigner à adopter la Constitution britannique ». La fille de Necker, Madame de Staël, qui a enregistré ce message, a fait remarquer que l’offre de Necker était la même que celle qui a été adoptée lorsque la France redevint une monarchie en 1814, ce qui coïncidait avec la restauration des monarchies et le Congrès de Vienne, si chèrement défendue par Henry Kissinger.

Le roi survivra encore deux ans et demi, mais à ce moment-là, la chance d’Égalité s’était évaporée. Consumé par le monstre qu’il avait libéré, il fut guillotiné le 6 novembre 1793.

Les années restantes de la Révolution française ont été caractérisées par des guerres menées à l’étranger et un désordre social, politique et économique sur le sol français. Les plumes incendiaires de centaines d’écrivains radicaux anglo-suisses entretenus par Jeremy Bentham sont devenus les voix de la rage qui allait diriger la terreur jacobine. Bientôt, des vagues de décapitations allait devenir la norme sous l’autorité tyrannique de Maximilien Robespierre dont la « profonde » contribution philosophique à la révolution érigeait en règle la vertu pour tous les citoyens révolutionnaires, mais cette vertu devait être conduite par la terreur.

Sa soif de sang n’a fait que croître, ce qui l’amena à conclure que la véritable cause des injustices de la France était le christianisme lui-même. Partant de ce postulat, il créa une nouvelle religion basée sur des motifs pervers appelée « le Culte de l’Être Suprême », et procéda à la révision complète du système calendaire par un système décimal. Le « Calendrier révolutionnaire français » utilisait dix jours par semaine et se basait sur les saisons. Il espérait que la population perdrait bientôt tout sens de l’existence du dimanche et serait purifiée du parasite de la superstition. Même les plus fidèles partisans de Robespierre pensaient qu’il était allé trop loin, et il fut lui aussi rapidement guillotiné.

En fin de compte, ni le plan Shelburn-Orléans pour un roi jacobin ni le plan Bailly-Lafayette pour une monarchie constitutionnelle n’ont abouti. Mettant momentanément fin à l’époque monarchique, une médiocre ébauche de République voyait le jour sur les cendres d’un traumatique bain de sang purgatif qui avait tué tous les potentiels dirigeants. C’est alors que Gaspard Monge participe à la création de la fameuse École Polytechnique qui jouera un rôle clé dans la création des différents contingents de cadres scientifiques et de militaires, si nécessaires à garantir la survie de la France au milieu des années de guerre qui ont suivi. Gaspard Monge a commenté la situation en disant « qu’il vaut mieux avoir des républicains sans République qu’une République sans républicain ».

Quelle leçon peut-on retenir de ces événements ?

Une révolution n’est pas une bonne ou une mauvaise chose. On lui attribue sa valeur en fonction de l’effet qu’elle a sur les populations et du principe causal dont elle est issue. Contrairement à l’opinion populaire, les révolutions ne sont jamais spontanées et se produisent toujours avec des catalyseurs qui s’inspirent des principes fondamentaux de la nature humaine et des forces historiques.

La FORME qu’un gouvernement prend après une révolution est moins importante que beaucoup ne le pensent aujourd’hui. Si une révolution en faveur de la démocratie se produit quelque part dans le monde, quelle importance peut-elle bien avoir si une élite héréditaire gère le système par le haut ? Cela fait-il de la révolution socialiste une meilleure révolution ? Pas si ses leaders ne se soucient pas vraiment du bien-être du peuple. Quelle que soit la forme de gouvernement, les qualités requises à son aptitude morale se basent sur son engagement envers le bien-être général de tous ses citoyens et de ses voisins ! S’engage-t-elle dans un programme politico-économique et culturel fondé sur l’amélioration constante des esprits, des cœurs et de la vie de tous, ou est-elle vouée au pillage des masses pour le bénéfice de quelques-uns ?

En gardant ces questions à l’esprit, la seule VRAIE révolution qui se déroule aujourd’hui sur Terre et qui reflète le même esprit républicain de 1789 qui animait Jean-Sylvain Bailly, Benjamin Franklin et le marquis de La Fayette est la Nouvelle route de la soie chinoise. Tout ce qui tente à se faire passer pour une révolution en opposition à cette nouvelle dynamique, n’est qu’une contrefaçon sociopathique.

[1] D’autres travaux de Beaudry liés à ses études sur la Révolution française se trouvent dans son livre France, Canada and the American Revolution [« La France, le Canada et la Révolution américaine », ouvrage non traduit en français – NdT] qui se trouve ici dans son intégralité [en anglais – NdT]

[2] L’histoire de La Fayette a été immortalisée dans le chef-d’œuvre singulier de Beethoven, Fidelio. Beethoven, ardent partisan de Friedrich Schiller et de la cause républicaine, croyait à l’instar d’une majorité des plus grands artistes, qu’une ère de raison créatrice s’ouvrait ; ils l’ont cru jusqu’au sabotage de la Révolution française. En évaluant les échecs psycho-spirituels des élites et des masses pendant la Révolution française, Schiller lui-même écrivit ses Lettres Esthétiques (1794) dans lesquelles il disait qu’« un moment d’importance a rencontré un peuple faible »

source : The Jacobin Terror 1789-1794: Just Another Color Revolution?

Traduction : Sott.net

via:https://fr.sott.net/article/34389-La-Terreur-jacobine-de-1789-a-1794-ne-serait-elle-qu-une-autre-revolution-de-couleur

https://reseauinternational.net/la-terreur-jacobine-de-1789-a-1794-ne-serait-elle-quune-autre-revolution-de-couleur/

Que l’Homme soit la cause du réchauffement climatique, voilà qui ne nous paraît ni prouvé ni certain

 Chronique de Paysan Savoyard (n° 318 – Mai 2024)

La modification du climat, qui se traduit notamment par un certain réchauffement, constitue une réalité indéniable. Selon les scientifiques, la température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de déjà 1 degré par rapport à l’époque préindustrielle et le processus de réchauffement se poursuit. Pour notre part, nous ne contestons nullement la réalité du changement de climat en cours, dont tout un chacun peut constater les effets. La responsabilité de l’activité humaine dans le phénomène ne nous paraît pas certaine, en revanche, et encore moins prouvée.

On sait que la Terre a enregistré au cours de son histoire de multiples modifications d’une ampleur considérable. Les continents n’ont pas toujours existé, les terres émergées n’ayant formé longtemps qu’un seul bloc. La mer était présente dans des endroits aujourd’hui très éloignés du littoral, comme dans le bassin parisien. Elle s’étendait aussi dans les Alpes, où les montagnes ne lui ont succédé que par la suite. Pour ce qui est du climat, l’Europe, par exemple, a connu des périodes tropicales aussi bien que des périodes glaciaires. L’Homme n’existant pas à toutes ces époques, il va sans dire que ces changements formidables enregistrés par la Terre ne peuvent lui être imputés.

Depuis son apparition, l’Homme a connu lui-aussi des modifications considérables de son environnement. C’est ainsi que le climat sur Terre a vu se succéder les périodes glaciaires et interglaciaires. Nous vivons actuellement une période interglaciaire, la dernière glaciation ayant pris fin il y a 10 000 ans avant JC environ, permettant à l’Homme d’adopter, en Europe et au Proche-Orient, un nouveau mode de vie fondé sur la sédentarité, l’agriculture et l’élevage. Au cours des périodes glaciaires, la température moyenne en Europe est plus basse d’une dizaine de degrés par rapport à celle que nous connaissons aujourd’hui. La glace recouvre l’Europe jusqu’à la latitude de Londres. Les glaciers alpins vont jusqu’à Lyon et mesurent 3 kilomètres d’épaisseur. Le niveau de la mer est inférieur de 120 mètres à celui que nous connaissons actuellement. Pendant ces périodes préhistoriques, ce n’est évidemment pas l’activité des très faibles populations humaines qui peut être à l’origine de ces bouleversements.

Pour mettre en cause la responsabilité humaine dans la modification climatique en cours, les écologistes désignent les effets de la « révolution industrielle ». Or cette affirmation nous paraît fortement contestable. Le réchauffement du climat, en effet, a commencé dès la première moitié du XIXe siècle. Par exemple en Europe, les glaciers alpins se sont mis à fondre durant le premier tiers du XIXe siècle, avant donc le début de la révolution industrielle, qui commence dans les années 1840. L’augmentation forte de la population mondiale ne se produit, elle, qu’au début du XXe siècle, bien après donc le début du réchauffement.

Le réchauffement, commencé au début du XIXe siècle, succède à une période de 400 ans, entre 1400 et 1800 environ, pendant laquelle le climat, sans être glaciaire, était nettement plus froid qu’aujourd’hui, et que les historiens, notamment E. Leroy-Ladurie récemment décédé, ont appelée « petit âge glaciaire ». Avant 1400, au bas Moyen-âge, le climat était sensiblement le même qu’actuellement. Ces changements, là encore, n’ont rien eu à voir avec l’activité humaine.

Pour mettre en cause les effets de l’activité humaine, les écologistes insistent sur la brutalité du changement de climat en cours et l’accélération du réchauffement. Rien de nouveau pourtant, là encore : la sortie de la dernière période glaciaire, par exemple, a été également, à ce qu’on lit, très soudaine et rapide. Quant au processus de réchauffement en cours, on peut sans doute, à l’échelle géologique, le considérer comme rapide. Encore faut-il avoir conscience qu’il a commencé il y a déjà plus de deux siècles…

Pour s’en tenir aux modifications climatiques, il est possible, à ce qu’on lit, qu’elles soient avant tout causées par la modification du trajet effectué par la Terre autour du Soleil, entraînant un changement des conditions de l’ensoleillement. Cette modification, dont l’existence est semble-t-il scientifiquement établie, intervient de façon périodique et régulière, selon une temporalité qui correspond à l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires. Si l’on suit cette hypothèse, l’activité humaine n’est pas la cause, et en tout cas pas la cause principale, du changement de climat en cours.

Nous ne disons pas qu’il faut se désintéresser de la lutte contre la pollution, qu’il s’agisse des gaz à effet de serre ou des autres polluants. Si le lien entre l’activité humaine et la modification climatique n’est ni prouvé ni certain, comme nous venons de le voir, la lutte contre la pollution n’en est pas moins tout à fait souhaitable puisqu’elle a des conséquences négatives sur la santé. De façon générale il est évidemment préférable de mener des politiques de réduction des consommations d’énergies et de matières non renouvelables, de réduction des déchets, ou de préservation des paysages.

A condition de ne pas tomber dans l’hystérie et la mauvaise foi. Quand les écolos ressassent de façon obsessionnelle le thème du changement climatique, ils versent dans l’hystérie : comme on l’a vu plus haut, la Terre a enregistré des modifications multiples, autrement plus spectaculaires que celles que nous connaissons actuellement et sans lien avec la présence humaine. D’autre part, à l’aune de ceux que l’Homme a déjà connus, le changement en cours n’est pas si considérable : l’Humanité pourra s’y adapter, comme elle a toujours su le faire dans le passé.

Quand les mêmes écologistes dénoncent la responsabilité première des Occidentaux, occultant par exemple la question de la surpopulation en Afrique ou en Asie, ils sont de mauvaise foi. Un reportage (TF1, JT de la mi-journée du 30/04) nous apprend que la Chine a construit des dizaines de bâtiments consacrés au ski en salle toutes saisons, à coup de réfrigérateurs géants et de canons à neige, dans des villes où la température l’été atteint les 40 degrés… Silence total des pseudo écolos sur ce type de sujet…

C’est qu’en réalité, comme nous le disions dans une précédente chronique, ces gens qui nous harcèlent avec le changement de climat, qui veulent nous dénoncer, nous culpabiliser, nous taxer encore davantage, nous réprimer, nous punir et bouleverser notre mode de vie, ces militants mal intentionnés sont de faux écolos. Ce sont en revanche de vrais gauchistes, avant tout soucieux de nuire le plus possible aux sociétés et aux peuples occidentaux, au nom de leur idéologie égalitaire et internationaliste. Les escrologistes…

https://leblogdepaysansavoyard.wordpress.com/2024/05/01/que-lhomme-soit-la-cause-du-rechauffement-climatique-ne-nous-parait-ni-prouve-ni-certain/

Archéologie – Dans l’Aube, découverte exceptionnelle d’une tombe princière celte (art de 2015)

 Sur le chaudron mis au jour à Lavau (Aube), une anse est décorée d'une tête du dieu grec Achéloos.

Sur le chaudron mis au jour à Lavau (Aube), une anse est décorée d’une tête du dieu grec Achéloos.

Une «tombe princière» celte, datant du Ve siècle avant Jésus-Christ, est en cours de fouille par les équipes de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) à Lavau dans l’Aube.
Les archéologues ont découvert mercredi une chambre funéraire intacte, de 14m² , contenant une pièce de bronze monumentale et finement ornée parmi un riche mobilier d’origine grec ou italique.

Cette sépulture rivalise par sa magnificence avec celle de Vix (Côte-d’Or), où une « tombe à char » datant du VIe siècle avait été découverte en 1953.
Toutes deux témoignent de la culture funéraire et de la hiérarchie sociale de la civilisation celtique dite du Hallstatt.
Un site celte avait déjà été découvert à Buchères, et fouillé depuis 2005 par l’INRAP sur l’emprise du parc logistique aménagé par le Conseil Général. Cet espace de 260 hectares est occupé par l’Homme depuis le Néolithique. En 2013, de nombreuses tombes gauloises encore intactes (avec épées) ont été mises au jour et de nombreuses pièces d’armements et des bijoux y ont été découverts.
L’Est-Eclair

https://www.fdesouche.com/2015/03/04/archeologie-dans-laube-decouverte-exceptionnelle-dune-tombe-princiere-celte/