Bernard Plouvier
En ce mois de juillet 2023, où les tant célébrées « contre-offensives ukrainiennes » - qui devaient écraser les troupes russes et reprendre tout le terrain perdu en février-mars 2022 – se traînent lamentablement depuis le printemps, gagnant non des kilomètres, mais quelques centaines de mètres, et « libérant » non pas des villes d’ailleurs peuplées de Russes depuis l’ère stalinienne, mais quelques hameaux, les « cerveaux » du Pentagone et de la CIA accouchent de leurs commentaires.
Et ils sont gratinés : ils redécouvrent… ce qu’Alliés et Centraux avaient compris progressivement de 1915 à 1918 !
D’abord, rien ne se passe jamais comme prévu, ni dans les événements ni dans le planning – avec une seule exception : le Blitzkrieg prodigieux de la Wehrmacht à l’Ouest en mai-juin 1940, durant lequel une armée moins nombreuse et moins nantie de chars (d’ailleurs mal armés), mais associée à une force aérienne bien plus puissante, et d’un dynamisme à toute épreuve, avait écrasé diverses forces très disparates, où les généraux étaient des ganaches incapables de coordonner forces terrestres et forces aériennes, où les transmissions étaient lamentables, dont les combattants étaient amollis par huit mois de quasi-inaction, où enfin le motif d’entrée en guerre – empêcher les Allemands de reprendre une terre germanique (Dantzig et son Hinterland) – avait disparu d’entrée de jeu.
Comme en 1939, la propagande actuelle présente très mal le motif de guerre : le sort des Russes opprimés par les Ukrainiens, à direction extrêmement corrompue. Les Allemands de Dantzig et du Korridor étaient brimés par les Polonais de 1919 à 1939… on reconnaît volontiers que cette notion ne transparaît pas des merveilleux travaux des « historiens » de l’ère shoahtique !
Les génies US redécouvrent l’importance du camouflage (déjà démontrée en 1915 par les Français et les Allemands), face au rôle majeur de l’artillerie guidée non plus par observateur fixe mais par drones. À dire vrai dès 1939, la Luftwaffe guidait les artilleurs de la Heer par transmissions radio instantanées, mais du côté de l’US-Army, il y eut tant de « bavures » coûteuses en hommes et même en généraux US, en Italie ou en France, que cette coopération ne semble pas avoir été une spécialité nord-américaine - les GI’s parlaient d’ailleurs de « The US-Luftwaffe » pour stigmatiser les conséquences de la criminelle incompétence du service de coordination au sein de l’US-Army.
Les génies redécouvrent l’importance tactique des petites unités, rompues à l’action de commandos ultra-mobiles : l’équivalent des Stoss-Truppen allemandes (1917-18) ou des Corps francs français (1917-18, puis en 1939-40), repris par les Britanniques à compter de 1941. Mais hier comme aujourd’hui, l’action de ces petites unités est limitée à des coups d’épingle (très appréciés des journaleux, comme ils l’étaient durant la Grande guerre), si elle n’est pas suivie immédiatement par une action puissante d’une ou plusieurs divisions – ce fut le cas de la prise de Riga en septembre 1917, puis dans la zone de Caporetto en octobre 1917.
Dès 1915, de remarquables troupiers français (André Maginot) et allemands (Willy Röhr) réclamaient la formation et l’utilisation de ce type d’unité mobile précédant l’action de grosses unités sur un objectif tactique de grande importance. Et même à l’heure des satellites et des drones d’observation, l’infiltration des lignes adverses pour identifier les unités et ramener des prisonniers pour les interroger reste d’actualité… les interrogatoires ne sont sûrement pas plus rudes qu’ils ne l’étaient durant la Grande Guerre ou la Seconde édition !
Et oui, c’est à l’échelon tactique (chef de compagnie ou de section, voire encore plus bas dans la hiérarchie) que se gagne ou se perd un bout de terrain dans une guerre de position ! On le sait depuis les offensives criminelles des fous furieux Joffre, v. Falkenhayn, Cadorna, où une résistance acharnée de défenseurs héroïques peut briser une offensive précédée d’une débauche d’artillerie.
Après avoir reconnu l’importance du péril aérien (bien connu depuis les offensives de 1918, ce que de Gaulle, coincé dans ses Oflag depuis 1916 n’avait pu percevoir, à la différence d’un Guderian) de nos jours lié aux drones et aux missiles, les « cerveaux » nord-américains redécouvrent « l’effarante dépense en munitions ». Si nos actuels génies s’étaient penchés sur l’An 1914, ils sauraient que dès le mois de septembre, toutes les armées devaient économiser les tirs (canons et fusils) du fait de « l’effarante » chose que nul « stratège » n’avait prévu.
Que les logisticiens de 1914 n’aient pas prévu l’énorme gaspillage en munitions – en gros, il aura fallu 5 tonnes d’obus pour tuer un ennemi, durant la Grande Guerre ! -, cela peut se comprendre. Les Européens, rompus aux expéditions coloniales, estimaient que « tout serait réglé en trois mois ». Mais qu’un siècle plus tard, les soi-disant génies d’états-majors redécouvrent le phénomène témoigne d’une seule chose : la nullité de l’enseignement de l’histoire. De fait, cette matière est devenue un simple objet de propagande et non une source de renseignements précis pouvant étayer de solides réflexions et instaurer une organisation efficace.
Car on n’improvise pas du jour au lendemain l’accroissement majeur de la production d’usines travaillant pour l’effort militaire, surtout après quelques décennies où les clowns des universités, de la politicaille et des media avaient promis « la fin de l’histoire » !
Il serait temps de rappeler aux moins sots de nos contemporains que la guerre est une réalité universelle et diachronique et que la quasi-totalité des guerres ont une finalité de domination économique. Là encore, l’enseignement dogmatique de l’histoire jure avec les faits réels.
Ces deux années 2022-2023 feraient sourire de pitié l’observateur ayant un minimum de connaissances historiques, s’il ne s’agissait d’une triste affaire initiée par le couple Obama-Biden dès 2014 avec le putsch de Kiev, dans le but d’accroître la puissance du monstre US à la poursuite de la chimère rooseveltienne – celui d’un Globe terrestre américanisé… une triste affaire de mégalomanie qui entraîne la mort de milliers d’Européens, victimes innocentes de la folie des grandeurs de politiciens vendus à l’hyper-capital.
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