Malgré la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, l’ancienne Byzance sut, au fil des siècles, rivaliser avec les splendeurs antiques de la ville éternelle de Rome ainsi qu’imposer sa domination sur une partie du bassin méditerranéen. Malheureusement pour elle, le schisme de 1054 ainsi que l’hostilité et la jalousie des royaumes émergents d’Occident l’isolèrent politiquement et religieusement. Laissée seule face à un ennemi terrible, Constantinople ne put empêcher l’érosion de son territoire face à un adversaire de plus en plus puissant. Ainsi, l’émergence d’un islam conquérant porté par les Ottomans fit débuter le long déclin d’un empire marqué par la perte successive de l’Égypte, de la Terre sainte et, enfin, peu à peu, de l’Anatolie. Une situation de plus en plus alarmante qui permit aux armées ottomanes d’arriver jusqu’au porte même de Constantinople, en l’an 1453.
Malgré les appels à l’aide faits aux princes et aux rois d’Europe, seules quelques troupes venues d’Italie vinrent aider les derniers défenseurs épuisés de Constantinople qui, du haut des antiques remparts de la ville, firent face aux dizaines de milliers de soldats ottomans ainsi qu’à leurs redoutables canons. Le sultan Mehmed II, fin tacticien, fit établir une véritable ceinture de fer autour de la cité sous la forme d’un blocus afin qu’aucun ravitaillement ni aucune aide ne puissent parvenir aux Byzantins. Ce fut ainsi une flotte composée de plus d’une centaine de navires qui encercla la rade du port de Constantinople et qu’aucune arme, même le terrible feu grégeois, n’aurait pu anéantir.
Après de courageux combats et une lutte acharnée, l’empereur Constantin XI finit par succomber sous le coup des cimeterres ottomans et des balles des janissaires, au cours d’un assaut en ce 29e et funeste jour du mois de mai 1453. Avec la disparition de leur basileus mais aussi l’effondrement de leurs murailles cédant face aux feux des bombardes, les derniers soldats abandonnèrent leur poste ainsi que la cité et ses habitants. Ces derniers et leurs biens furent livrés aux pillages, au carnage ainsi qu’à l’horreur de l’esclavage pour ceux qui refusèrent d’abjurer leur foi chrétienne. Ce jour de malheur et de calamité marqua ainsi par le sang la fin de l’Empire romain d’Orient.
Mehmed II, vainqueur et conquérant, fit de celle qui deviendrait la Sublime Porte la nouvelle capitale de son immense domaine. Il n’hésita pas à marquer la cité dans ses édifices afin de montrer à tous ses adversaires la supériorité de sa civilisation et de sa religion. Ainsi le sultan fit transformer la majestueuse basilique Sainte-Sophie en mosquée. Cet acte fut d'ailleurs répété par le président turc, Recep Erdoğan, en 2020, et cela, malgré le changement, en 1934, du statut de l’ancien édifice religieux en musée. Erdoğan, le nouveau sultan qui, à l'heure où sera publié cet article, joue sa réélection !
Il faut évoquer comment Sainte-Sophie fut transformée en mosquée, ce 29 mai 1453, il y a tout juste 570 ans. Un terrible sacrilège au cours duquel les prêtres furent massacrés sur l'autel avant que l'imam, en présence du sultan, ne monte en chaire pour proclamer le nom d'Allah. Effondrement d’une civilisation, la chute de Constantinople marqua la fin d’un pouvoir millénaire remontant aux origines de l’antique Rome.
Eric de Mascureau
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