mardi 29 octobre 2024

La nuit du 4 août 1789. Quelles conséquences pour la Bretagne ?

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La nuit du 4 août 1789 marque un tournant décisif dans l’histoire de la France, et plus particulièrement dans celle de la Bretagne. Cette nuit-là, l’Assemblée constituante abolit d’un coup les privilèges de la noblesse et du clergé, ainsi que les droits féodaux. Cet événement, qui sonne le glas de l’Ancien Régime, aura des répercussions profondes et durables sur la Bretagne.

Contexte de la nuit du 4 août

En 1789, la France est en proie à une crise sociale et économique profonde. La convocation des États généraux en mai 1789 et la formation de l’Assemblée nationale constituante ont conduit à une montée des revendications populaires et à une effervescence révolutionnaire. La Grande Peur, une série de révoltes paysannes contre les seigneurs, se répand dans les campagnes, y compris en Bretagne, accentuant la pression sur l’Assemblée pour qu’elle prenne des mesures radicales.

Plusieurs figures marquantes ont joué un rôle clé lors de cette nuit historique. Parmi eux, le vicomte de Noailles et le duc d’Aiguillon, deux aristocrates, ont proposé l’abolition des privilèges féodaux. Leur intervention a été soutenue par des députés de différentes régions, y compris ceux de Bretagne, qui voyaient dans cette mesure une réponse aux attentes de leurs concitoyens.

Avant la Révolution, la Bretagne était une province aux particularismes marqués. Elle conservait de nombreuses institutions héritées de son passé, comme les parlements, les États de Bretagne et les justices seigneuriales. Ces particularismes avaient permis à la Bretagne de préserver une certaine autonomie vis-à-vis du pouvoir royal. La noblesse bretonne, en particulier, jouissait d’un prestige et d’un pouvoir considérables.

Les décisions prises

Au cours de la nuit du 4 août, l’Assemblée nationale constituante a adopté plusieurs décrets d’importance majeure :

  1. Abolition des droits féodaux : Les droits seigneuriaux, qui permettaient aux nobles de percevoir des redevances et d’exercer des juridictions particulières sur les terres et les personnes, ont été abolis sans indemnité.
  2. Suppression des privilèges : Les privilèges fiscaux, judiciaires et honorifiques dont jouissaient la noblesse et le clergé ont été supprimés, établissant l’égalité devant la loi et l’impôt.
  3. Fin des corvées et des dîmes : Les corvées, travaux obligatoires que les paysans devaient effectuer pour le seigneur, ainsi que les dîmes, impôts en nature prélevés par l’Église, ont été abolis.

Conséquences pour les libertés en Bretagne

La nuit du 4 août fut vécue comme un choc en Bretagne. Les privilèges de la noblesse et du clergé bretons, solidement ancrés dans les traditions locales, étaient soudainement remis en cause. La suppression des droits féodaux, comme la dîme ou les corvées, bouleversait profondément les rapports sociaux et économiques. Si une partie de la noblesse bretonne adhéra aux idées nouvelles, une autre y vit une atteinte à ses privilèges et à son pouvoir.

Cependant, l’intégration de la Bretagne dans un cadre national centralisé a suscité des tensions. La fin des particularismes locaux et des privilèges de la noblesse bretonne a été ressentie comme une perte d’identité et d’autonomie régionale. Les États de Bretagne, qui jouissaient d’une certaine indépendance dans la gestion des affaires locales, ont été dissous, centralisant davantage le pouvoir à Paris.

Impact sur l’autonomie bretonne

L’abolition des privilèges féodaux a eu des répercussions profondes sur l’autonomie bretonne. La dissolution des États de Bretagne a entraîné la perte d’un organe représentatif crucial pour la région. De plus, les réformes administratives qui ont suivi ont intégré la Bretagne dans un réseau national de départements, réduisant encore son autonomie politique. La Révolution française et l’abolition des privilèges accélérèrent le processus de centralisation de l’État, au détriment des particularismes bretons. Les institutions provinciales furent progressivement affaiblies et les pouvoirs locaux réduits.

La Révolution ouvrit la voie à l’émergence de nouvelles élites, issues de la bourgeoisie et du tiers état, qui prirent progressivement le pouvoir en Bretagne.

Conclusion

La nuit du 4 août 1789 a marqué un moment charnière dans l’histoire de la Bretagne et de la France. En abolissant les privilèges féodaux et en supprimant les droits seigneuriaux, l’Assemblée nationale constituante a jeté les bases d’une société plus égalitaire. Pour la Bretagne, ces réformes ont apporté à la fois des libertés nouvelles mais aussi des privations, et la fin de l’autonomie régionale. La complexité de ces changements a laissé une empreinte durable sur l’histoire bretonne, façonnant son identité et son parcours politique au cours des siècles suivants.

Guy-Gabriel-François-Marie Le Guen de Kerangall : un acteur méconnu de l’histoire bretonne

Guy-Gabriel-François-Marie Le Guen de Kerangall, né le 27 mars 1746 à Landivisiau, est un personnage fascinant de l’histoire bretonne et française. Négociant en textiles et vins, ce notable local, connu sous le nom de juloded, fut élu député de la sénéchaussée de Lesneven à l’Assemblée nationale constituante. Contrairement aux nobles influents comme le duc d’Aiguillon et le vicomte de Noailles, Le Guen de Kerangall n’était pas un aristocrate mais un représentant de la bourgeoisie bretonne.

Le 4 août 1789, après les interventions des nobles, Le Guen de Kerangall monta au perchoir de l’Assemblée. Son discours, d’une vingtaine de minutes, fut mal assuré mais sincère, souvent interrompu par des ovations, notamment de ses collègues bretons. Vêtu de l’habit traditionnel breton, il dénonça les injustices du système féodal et légitima les révoltes paysannes, connues sous le nom de la Grande Peur, qui secouaient les campagnes françaises .

Le discours de Le Guen de Kerangall était soutenu par le puissant Club Breton, un groupe de députés bretons influents qui jouaient un rôle majeur dans les débats révolutionnaires. Ce club, en conflit avec le pouvoir central depuis des décennies à cause des taxes et des impôts imposés, voyait en la Révolution une opportunité de changement.

Les réformes adoptées cette nuit-là furent révolutionnaires. Elles incluaient l’abolition des droits féodaux, des privilèges de la noblesse et du clergé, ainsi que des corvées et des dîmes. Ces mesures furent perçues comme une libération des chaînes de la féodalité, particulièrement en Bretagne où les paysans souffraient lourdement des exactions seigneuriales .

Cependant, ces réformes eurent aussi des effets négatifs sur l’autonomie bretonne. La dissolution des États de Bretagne et l’intégration de la région dans le cadre centralisé de la France affaiblirent l’identité et l’autonomie politiques locales. Les Bretons, historiquement légitimistes, acceptèrent difficilement ces changements, bien que beaucoup aient finalement intégré le nouveau système, surtout lorsque leurs élites accédèrent au pouvoir.

Après son discours retentissant, Le Guen de Kerangall ne chercha pas à rester sous les feux des projecteurs. Il retourna à Landivisiau, où il fut maire, avant d’être brièvement emprisonné pendant la Terreur. Libéré, il continua à vivre dans sa ville natale jusqu’à sa mort en 1817.

Bibliographie

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  • Le Roux, Yves. La Bretagne des Lumières. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1996.
  • Le Roux, Yves. Histoire de la Bretagne. Paris : Presses Universitaires de France, 2008.
  • Furet, François. La Révolution française. Paris : Hachette, 1988.
  • Lefebvre, Georges. La Grande Peur de 1789. Paris : Armand Colin, 1932.
  • Tackett, Timothy. Le Roi s’enfuit : Varennes et l’origine de la Terreur. Paris : La Découverte, 2004.
  • Vovelle, Michel. La Chute de la monarchie : 1787-1792. Paris : Seuil, 1972.
  • Croix, Alain. La Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles : La vie, la mort, la foi. Paris : Maloine, 1981.
  • Le Goff, Tanguy. La Bretagne et la Révolution française. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 1989.

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